2014 Lamborghini Aventador LP700-4 Roadster…
Voulant perpétuer à tout prix jusqu’aux tréfonds rugissants d’une civilisation disparue, quelques derniers hères se meuvent péniblement, engoncés, quasi recroquevillés dans la typique position du conducteur fou, accroupi, les jambes écartées mais les pieds en arc de cercle vers le centre, le buste rejeté en arrière mais la tête de travers avec une oreille contre le ciel de toit (mon dieu), tentant de maîtriser un volant tremblotant, le tout dans une chaleur infernale amplifiée par un conditionnement d’air in-réglable et l’inexistence de vraies vitres ouvrables…, cherchant, mais en vain, à noyer le bruit insoutenable de la mécanique par le biais d’une radio débitant une ancienne musique brouillée par les dérèglements magnétiques…
Voilà, ce qu’était la vie à bord d’une Lamborghini Countach, tel qu’en subsiste le souvenir des années ou tout le monde y croyait encore !
Comme une religion, comme un fardeau à porter dans la plus profonde solitude, tous les vieux Lamborghinistes se remémorent quelle était leur épopée, avant que le silence et le vent n’abîment pour toujours ces derniers survivants.
En panne, seuls dans une nuit noire, loin de toute civilisation, à cette époque ou les GSM et GPS n’existaient pas, abandonnés à leur triste sort, ils étaient tendus dans l’espoir, grelottant dans la nuit étoilée, les habits parfois en lambeaux d’avoir tenté une réparation de fortune, regardant le ciel, parlant à un dieu d’ailleurs, tentant de reconstruire dans leur tête une vie qu’ils avaient pourtant toujours voulu fuir.
Mais aussi, parfois, le matin, tentant d’oublier peu à peu les cendres de leur voiture qui avait le don d’auto-combustion…
On ne peut présenter une nouvelle Lamborghini sans, ému…, ouvrir la page sur de tels souvenirs vécus…
Je déplore grandement que ce soit à voir et lire devant l’écran de votre ordinateur, car l’idéal pour revivre ces moments, serait une séance dans une sorte de ciné Paradiso, une salle d’un autre temps, aux fauteuils de velours rouge, au confort rédhibitoire, mais à l’atmosphère extraordinaire de ces petites salles coincées dans une autre époque.
Imaginez…, la rangée de derrière se marre du spectacle, tandis que les bouteilles de bière roulent sur le plancher incliné, et moi je commente chaque segment du film à sketches comme si chacun de vous avait un voisin mal voyant incapable de saisir la moindre scène…
A force de rouler dans vos voitures simples, et de croire en y rêvant, que parce qu’elles sont hors de prix, les Lamborghini (tout comme les Ferrari, Maserati, Pagani, Bugatti et autres)… sont bien meilleures, vous avez oublié ce que pouvait être la peur de ne pas pouvoir démarrer, de ne pas pouvoir freiner, de tomber en panne, la jouissance primaire dans le frisson, la fascination pour l’inexplicable.
Je vous le dit tout net, d’expérience, rouler dans ces machins, c’est comme aller voir des films d’horreur pour le plaisir d’un pitch écrit d’avance, en retrouver les codes, se sentir comme chez soi… dans un univers ou justement personne n’est chez lui…
Nous serions-nous égarés ?
Souvent achetées par erreur, un jour de chance au Tiercé ou au Loto, à moins que ce ne soit un héritage ou une escroquerie réussie, voire un hold-up…, la possession d’une de ces voitures de sport est inévitablement comme un petit détour qu’on croyait sans conséquence, fruit d’un incident de parcours qu’on va revendre ensuite à un autre idiot sous prétexte d’une rénovation, de l’achat d’une cuisine pour Madame ou sous prétexte d’une naissance inopinée…
Que nenni…, ces bestiaux se revendent difficilement à une faune d’abrutis qui vous font perdre des jours de discussions !
C’est la honte, le désespoir, on ne sait pas même se cacher derrière sa main, on se sent perdu, vulnérable, on a les boyaux tordus, les sens aux aguets, affolé.., et on devient fou d’aimer ça…
Faut-il alors que je vous gâche vos rêves, chers lecteurs avides de terreur ?
Sautez dans l’inconnu, mais souvenez-vous : they can see your fear…
Automobili Lamborghini a présenté sous les cocotiers, aux USA, sa nouvelle Aventador LP700-4 Roadster comme étant : “la plus excitante production en série Lamborghini jamais construite et la nouvelle référence dans le monde de l’open-top des super-voitures de sport de luxe”.
Dans la foulée de la réussite commerciale du coupé présenté à l’été 2011, revendiquant plus de 1.300 unités déjà livrées à des clients (je suppose qu’ils ont payés), la Maison au logo de “Raging Bull”, propose maintenant au prix fort (plus de 300.000 euros), la version cabriolet de l’Aventador, affirmant que c’est : “un véhicule qui équilibre parfaitement l’expérience de conduite ultime avec le nec plus ultra dans la voiture de sport de sophistication”.
Le communiqué de presse, n’hésite pas à rajouter des tranches de jambon dans des tartines de phraséologies nauséeuses, pompées dans les pires réponses que certains pondent dans les forums dédiés aux lamborghini, pour y souligner leur indéféctible loyauté : “La nouvelle Lamborghini Aventador LP 700-4 Roadster peut être immédiatement reconnue par le profil particulier de sa partie supérieure, qui s’étend le long des lignes géométriques de conception nouvelle du toit amovible au capot du moteur. Le design du roadster est le résultat d’une étude approfondie sur la meilleure façon de combiner la performance, l’élégance, la facilité d’utilisation et une expérience de conduite qui excite les cinq sens. Le toit en deux parties est entièrement réalisée en fibre de carbone en utilisant diverses technologies telles que RTM et Forged Composite. Ces technologies garantissent une performance maximale esthétique et une rigidité optimale bien que chaque composant est extrêmement léger, pesant moins de 6 kg. Ces deux pièces sont amovibles, faciles à manipuler, légères, facile à fixer, et peuvent être stockées dans le compartiment à bagages avant. En seulement quelques secondes, la Lamborghini Aventador LP 700-4 Roadster peut ainsi être admirée dans toute sa luxueuse beauté”…
Juste au premier coup d’œil, il est à noter que le capot moteur sur le Roadster est différent de la hotte qui sert de capot-couvercle au coupé, à cause de sa “colonne vertébrale” comportant une paire de fenêtres hexagonales connectées sur les côtés comme si elles étaient des plaques de blindage hyper-high-tech.
Leur but est de refroidir le moteur, vidanger l’eau de pluie correctement et, bien sûr, permettre que les beaufs puissent admirer la beauté du V12.
Le conducteur de la Roadster Aventador et son passager, peuvent décider eux-mêmes de quelle intensité dramatiques ils voudraient profiter durant l’expérience de conduite.
Comprenez par-là que ce qu’il faut nommer : “pare-brise arrière”…, influe sur le flux d’air dans le véhicule, mais contrôle aussi l’expérience du bruit du moteur.
Un déflecteur de vent, d’autre part, offre un calme presque complet à l’intérieur de la voiture, même à grande vitesse…, il repose (en paix) sur le cadre de pare-brise avant et peut également être stocké dans le coffre lorsqu’il n’est pas utilisé par les panneaux de toit amovibles…
Dilemme !
Cela signifie que vous avez à choisir, mais que quelque soit ce choix cornélien surréaliste, il est impossible de caser le moindre objet dans ce coffre, qui dépasse à peine le volume d’un slip sale tourné en boule.
La Lamborghini Aventador Roadster est également équipée de fenêtres de portes (gag !) avec des bords biseautés qui sont sont censées assurer un ajustement parfait dans le joint hard-top !
Vous comprendrez que tout cela est assez complexe à mettre en place et s’apparente au calvaire du malheureux propriétaire d’une Morgan +8 des années ’70…
La carrosserie affiche le luxe ultime d’une finition deux tons, les piliers de pare-brise, les deux sections de toit et la zone située aux alentours de la lunette arrière à la hauteur des “nageoires”… sont peints en noir brillant…, l’effet visuel étant celui d’un avion furtif…
L’intérieur a un nouveau look, il y est fait une utilisation intensive d’un cuir pré-ratatiné et fripé appelé Sabbia Nefertoum cousu façon industriel dans un superbe fait main artisanal issu de la tapisserie d’ameublement de Sant ‘Agata Bolognese.
Enfin, la nouvelle Aventador LP 700-4 Roadster dispose également de jantes en 20′ et 21′ relativement agressives, fabriquées en aluminium forgé.
Toute équipée avec son 6,5 litres atmosphérique V12 générant 700 chevaux coupé à une boîte 7 vitesses, la voiture affiche des performances record, accélérant de 0 à 100 km/h en seulement 3 secondes sur le plat et revendiquant une vitesse maximale (inutilisable) de 350 km/h.
Bien sûr, le V12 du Roadster comprend également un système de désactivation des cylindres lorsque le moteur fonctionne à charge partielle, tandis qu’une étrange innovation : arrêt instantané ainsi que le système de démarrage…, comprend des condensateurs haute puissance connus sous le nom de “supercaps”… I
Voilà…, il s’agissait d’une première absolue dans le segment des super-voitures de sport, présentée par moi-même qui me suis rendu spécialement aux USA pour vous en faire profiter…
La nouvelle Lamborghini Aventador LP 700-4 Roadster est un véritable cauchemar qui peut être réalisé et commandé chez tout concessionnaire Lamborghini dans le monde, pour le prix de 300.000 euros, hors taxes, frais et emmerdes…
Je la recommande à tous mes ennemis, détracteurs, et autres abrutis qui me vouent aux gémonies, espérant qu’ils achètent aussi, en prime, une bonne vieille Countach si possible dans sa dernière version défigurée par les ajouts plastiques inesthétiques…
Elle brûle moins vite que la Miura, moins bien aussi, mais procure tout autant de soucis…
Pour ma part, j’ai donné, merci !