2014 KTM X-Bow GT : Engin de distraction massive…
Le temps s’écoule plus lentement dans la folie automobile que partout ailleurs, pensais-je en entrant les coordonnées du saut télémétrique devant me ramener dans la subjectivité relative de mon espace-temps virtuel…, mais, laissant là cette intéressante considération sur la relativité du temps et de l’espace, j’actionnais les propulseurs à effet de Glouk de la KTM X-Bow GT, et réglais le micro-onde sur “décongélation”…
Je n’en menais pas large, sanglé dans mon harnais, queue comprise, complètement contraint…, le supplice était insoutenable et mon angoisse ne pouvait être atténuée…, le bon sens voulant que je reste au volant…, il fallait bien me faire une raison…, pourtant j’aurais bien aimé avoir une femme à coté de moi, attachée dans le siège destiné aux sévices sur la passagère…, sa lourde et opulente poitrine comprimée, les cuisses offertes, attendant peut-être que…, euh…, hum…, bref…, histoire d’y penser un pneu pluche…, ma dernière tentative de séduction à bord d’une Ferrari s’était toutefois soldée par un échec cuisant, à base de vomi de petit-déjeuner sur les genoux de la demoiselle (qui s’était enfuie sans demander le son reste)…
Quelques années auparavant, soucieuse d’élargir sa clientèle de motards, la société autrichienne KTM s’était incrustée en 2008 dans le vortex linéaire coudé résumant le juteux marché des automobiles sportives avec la X-Bow, un engin délirant synonyme de radicalité et se distinguant notamment par son absence de pare-brise…, la direction de KTM composée de personnages atypiques à l’instinct grégaire et aux surprenants pouvoirs psioniques (il me faut vous préciser que les champs azéotropes avoisinants l’usine KTM provoquent des mutations aléatoires sur certaines espèces, plus psychiques que physiques, qui transcendent le temps et l’espace, poursuivant un but connus d’eux seuls…, mais c’est un peu hors contexte)…, avait clairement défini à ses employés les enjeux de l’ultime mission de son département X-Bow : peaufiner son engin de distraction massive pour en faire un véhicule sidéral et sidérant le plus cher possible compte-tenu d’un marché relativement restreint :
Au terme de leur initiation psionique, durant lequel les employés de KTM avaient appris à capter les ondes de flux qui surnagent à la surface de l’esprit des beaufs afin d’en lire la substance…, l’ordre fut clair, limpide, bref, carré et un tantinet autoritaire : Vous aurez le destin du monde entre vos mains. Accompagnés d’ingénieux ingénieurs en complications esthétiques, vous devrez rendre les lignes courbes en volumes carrés en combinant l’alpha-moins au Béta-plus… et arrivés à un point de non-retour vers l’absolu du vide intellectuel, vous y recevrez de nouvelles coordonnées pour le saut télémétrique final…
Pour tenter de remotiver ses troupes, la direction de KTM n’avait eu d’autre choix que d’accepter l’organisation d’un trophée de gobage de Flamby… et c’est un dénommé Karl Klebz qui avait brillamment remporté la partie, usant de sa formidable capacité de gobage… et, après plusieurs années de recherches, l’équipe réussit ce qui paraissait impossible…, équipée de radars à balancement contre-amorti, de fusibles à têtes trouveuses et d’un pare-brise en forme de visière de casque intégral…, la KTM X-Bow-GT démontrait de manière subliminale qu’elle pouvait toujours atteindre la vitesse fabuleuse de douze fois la vitesse d’un noyau de kakeene craché par un klouklouk à poils renâclant, avec un pare-brise “bulle-haute”, ce qui n’était pas rien, que diable !
Le très radical roadster KTM X-Bow GT devenait ainsi un cas à part, une niche dans la niche des roadsters incongrus que peu de gens normaux achètent…, poussant si loin la sportivité intergalactique qu’elle sacrifiait totalement le confort le plus primitif imaginable…, la première version lancée en 2008 était, elle, parvenue à convaincre quelques amateurs de circuit, grâce à des caractéristiques proches de celles d’une voiture de course…, les autres avaient été échaudés par le caractère trop exclusif de l’engin qui ne possédait pas de pare-brise (je le rappelle encore car c’est très important pour comprendre plus ou moins la suite)…
Rouler sur route avec un casque, c’est le quotidien des motards, c’est aussi le quotidien des cosmonautes lorsqu’ils se trouvent dans une fusée ou une capsule spatiale…, mais, pour avoir eu l’opportunité de prendre le volant d’une X-Bow (sans pare-brise), je témoigne que ce n’était pas de tout repos…, j’avais relevé (et subi sans mon consentement actif), de terribles vibrations qui altéraient ma vision de manière constante, m’obligeant à demander des dommages et intérêts qui m’ont permis d’acquérir (pour rien), une Rolls-Royce Phantom Cabrio.
Actuellement, après plusieurs années de recherches complexes, la X-Bow est proposée en trois variantes : aux côtés d’une version R toujours aussi radicale et d’une RR non homologuée de 370 chevaux destinée exclusivement aux circuits (sic !), la marque autrichienne a donc réalisé une GT dotée d’un grand pare-brise (gag !)…, dépourvu d’encadrement supérieur, il altère à peine (sic !) le dessin original de la KTM X-Bow… et, comme les montants sont très fins, les designers de KTM parlent d’un champs de vision comparable à celui procuré par l’écran d’un casque intégral…, dont la vision est toutefois déformée par les vitres latérales (articulées sur vérins, elles font office de portes)…
Mais la GT reste une X-Bow, un roadster radical doté d’une coque en fibres de carbone, d’un moteur central arrière, de suspensions réglables, de freins et d’une direction non assistés, de sièges baquets rigides collés à la coque (sic !) et de harnais de sécurité…, techniquement comparable à une voiture de course, elle en affiche également les performances.
Avec un quatre cylindres 2 litres turbo de 285 chevaux et un poids à sec de seulement 847 kg, la KTM X-Bow GT accélère de 0 à 100 km/h en 4,1 secondes, mieux qu’une Porsche 911 Carrera S…, ce qui devrait permettre aux gentlemen drivers amateurs de pilotage dangereux sur routes ouvertes…, de pouvoir se rendre à l’hôpital ou au cimetière dans l’inconfort le plus absolu…, mais, au même titre qu’une Lotus Elise ou une Catheram, cette magnifique mais grotesque version s’adresse aussi aux purs et durs adeptes de voyages sportifs qui se demandent presque tous : KTM va-t-il trop loin dans sa politique commerciale ?
Je suisse allé chercher la réponse derrière le volant alors que la X-Bow GT était arrivée au point zéro de l’espace temporel depuis maintenant trois bonnes semaines sidérales…, ce qui était problématique à plusieurs points de vue et m’obligeait à passer en mode furtif…, or, le brouillard d’invisibilité protonique ne fonctionnant qu’en mouvement, la KTM X-Bow GT se voyait donc contrainte de tourner en rond… et je commençais à me plaindre intérieurement du mal de l’espace, du manque d’espace et du vecteur de gravité inertielle…
Ensuite, bien qu’elle fût équipée de piles à photo-combustible mixte de type nucléaire, la dépense énergétique due aux néons et autres guirlandes à flux concomitants installés pour les fêtes de fin d’année commençait à entamer sérieusement les réserves inergétiques du système de mixage…, enfin… et peut–être surtout, qu’est-ce que je me faisais chier au point zéro absolu…, lieu mythique de la Guerre des Trouneuhars, universellement connu pour son équilibre gravitationnel entre les deux lunes de la planète Kamar-O (le point zéro n’en étant pas moins d’un ennui mortel).
Harnaché dans le fauteuil de contrôle des moteurs métamorphiques, j’ai consulté d’un œil morne les écrans thermodactyles du tableau de commandes…, me faisant tellement chier que je passais de longues minutes à inutillement contrôler la température des sondes plasmiques dont la coque extérieure était revêtue…, révolutionnaires en leurs temps, ces sondes étaient aujourd’hui complètement obsolètes… et ne servaient plus à grand-chose d’autre qu’à enclencher les systèmes anti-incendie dans le coffre, mais les sprinklers avaient été déconnectés, les techniciens n’ayant toujours pas réussi à faire taire les avertisseurs sonores associés.
Excédé, j’avais failli déclencher un véritable incendie pour en finir une bonne fois pour toutes dans cette atmosphère saturée d’oxygraugène pur (forme métastable à 5 atomes), risquant d’être consumé en moins de trente secondes avec l’avantage subliminal d’avoir enfin droit à la paix éternelle…, évidemment, ce qui différenciait la KTM X-Bow GT d’une version classique étant ce pare-brise qui fait débat chez les puristes !
La démarche était pavée de bonnes intentions mais force m’était de constater que cet élément se mariait mal au style général de l’auto et venait défigurer la ligne atypique de cette anguleuse barquette furtive au look de gros kart…, de plus, la pose du pare-brise semblait avoir été finie à la va-vite, dénuée de tout sens de perfectionnisme, c’était dommage, car l’assemblage général de l’auto frisait la perfection psychique, loin de la rusticité typiquement anglaise pour ce genre de sportive.
Pour m’installer à bord, il m’avait fallu enjamber la cellule de vie en évitant de poser un pied sur le flanc en carbone et de m’appuyer sur le pare-brise… au risque de tout casser…, je me suisse dit qu’avec la capote en place, il serait presque impossible de grimper dans la X-Bow GT à moins d’être un gymnaste professionnel ou un mollusque…, après une belle séance de contorsions donc, je suis tombé dans le siège dur et fixe, ma colonne vertébrale n’appréciant pas…, puis j’ai ouvert la bouche, béat et sidéré, car hormis la multitude de boutons ornant le volant dont l’utilité ne me semblait pas avérée…, j’ai compris que dans les encombrements de circulation, tout avait été pensé pour que le conducteur puisse jouer avec les commandes installées sur la console centrale : ventilation renforcée, lave-glace, essuie-glace, dégivrage (de quoi ?)…
Tandis que le pare-brise entachait ma vision panoramique offerte par les déclinaisons originelles (le montant droit ne devrait pas trop déranger les assoiffés de points de corde mais celui de gauche risque de compliquer la vie des pilotes amateurs)…, j’ai activé les commandes rétro–actives puis fixé le harnais en fibres de duroglonk…, puis, d’une picheunette, j’ai cliqué sur le bouton commandant le Morroglick… et la faible gravité qui régnait dans cette zone du vaisseau s’est évaporée…
Inquiet, j’ai inspecté une énième fois les commandes des blasters à double cadence asynchrone… et, jugeant que tout était ok, j’ai ensuite porté mon attention sur le compteur de particule (baptisé Bamak pour d’obscures raisons)…, j’avais auparavant effectué toutes les démarches nécessaires pour me procurer le mode d’emploi des processeurs de guidage à inertie sensorielle, mais le technicien préposé à répondre aux questions absurdes, m’a dit qu’au moment de l’installer dans la boîte à gants située dans le coffre avant, le mécano de sévices lui avait expliqué que la version GT de la X-Bow n’était pas munie du nouveau système de fileutage nécessaire à la stabilité du régulateur d’halogénure d’alkyle.
La mort dans l’âme, après avoir assimilé la longue et fastidieuse procédure de démarrage, l’écran central a affiché un “Ready to race” annonciateur… et le moteur s’est ébroué dans une sonorité presque banale…, ensuite, dès les premiers tours de roues, la KTM X-Bow m’a étonné par sa facilité, au contraire de ce que le look laissait suggérer : la pédale d’embrayage était toutefois consistante comme un vieux fromage mou s’enfonçant dans le plancher…, la direction dénuée d’assistance exigeait d’avoir des bras de boxeur… et la commande de boîte ferme au premier abord glissait finalement avec douceur comme la main de la soeur de ma voisine lorsqu’elle me branle (sauf qu’ici, piting, j’ai pas jouit)…
Sur la route, le 2,0 l TFSI provenant de la banque d’organe du groupe Volkswagen s’est révélé particulièrement onctueux, les relances pouvant s’effectuer sur le couple, sans jouer constamment avec le levier… et dès que j’ai accéléré le rythme il m’est apparu moins brutal qu’à bord d’une Ariel Atom ou d’une Caterham survitaminée…, le 0-100 km/h, je l’ai mesuré à 4,1 secondes, soit le temps d’une Lamborghini Gallardo LP560-4 Spyder ou d’une Porsche 997 GT3 3.8.
Sur des voies réglementées et surveillées, j’ai presque pu mener la X-Bow GT comme un diesel, en enchaînant les rapports aux trois quarts du compte-tour sans avoir peur de caler ou de brouter (c’est sexuel mais je n’ai pas ici le temps de m’étendre sur les agissements des lècheuses de timbres-poste) sur le pignon supérieur…, j’ai toutefois du me résoudre à garder le Bamak allumé…, mais qu’importait…, j’en avais déjà troué une chiée et ne comptais pas m’arrêter là…, si le monde devait être sauvé, je ne doutais pas que le Bamak puisse calmer un trou noir sur la route.
En effet, rigide comme une pierre, la coque confectionnée par Dallara ne bougeait pas et travaillait de concert avec les Michelin Pilot Sportcup et les amortisseurs réglables White Power (des racistes !)…, si pour un essai routier je n’avais pas encore eu le loisir de tripoter les différents tarages avant et arrière (j’ai le souvenir d’avoir tripoté des tarées, en avant et en arrière, mais c’est une autre histoire)…, j’ai convenu avec ma conscience de la survie en éveil qu’il convenait de constater que les combinés filtraient rarement les irrégularités de la chaussée…, c’était ferme et inconfortable, loin d’un confort pullman (je rappelle que j’étais assis sur une coque en plastique), il devenait impensable d’avaler les kilomètres avec cet engin.
J’avais failli oublier de resynchroniser le générateur de Higgs à molette réglable, nécessaire à la lubrification du carburateur à injection décalée en carbonite de graulaunium…, j’ai alors appuyé sur le commutateur latéral, qui commuta du coté inverse, puis émit un faible son, toujours aussi imbitable (pfeuf !)…, me laissant seul contempler l’immensité glacée de l’espace-temps passant…, me demandant combien de temps j’allais encore devoir peuharoter là.
J’ai bu une dernière gorgée tiédasse de graumito, regardé ma montre à induction, puis j’ai décidé qu’il était temps d’aller me glisser dans ma couchette anti-roulis pour tapoter mes mémoires pifométriques au volant de cette abrutissante chose dont au final, le pare-brise disgracieux est un véritable atout sur route ouverte car il permet à ceux qui tiennent à leur coupe de cheveux de se passer de casque intégral et de combinaison imperméable…, de quoi ravir “ceusses” qui n’auront plus la vision entravée pour surveiller leurs poursuivants à travers les petits rétroviseurs (police, gendarmerie, huissiers de justice et percepteurs d’impôts).
Au chapitre sécurité, la lunette empêche les gravillons de venir frapper les têtes et les moustiques de venir s’incruster sur les dents des occupants…, ce qui n’est pas un mal car la KTM X-Bow GT donne la banane…, en effet avec la X-Bow GT, KTM met sur la route une sorte de Lotus 340R spatiale dont hélas, le passage à la caisse ne fait plus sourire : 86.710 € de base, c’est près de 16.000 € plus onéreux qu’une X-Bow R de 300 chevaux…, ce qui fait cher pour ranger un casque au placard.
En ajoutant les quelques options, la facture peut même atteindre les 100.000 €… et en tirant un peu plus sur les économies ou en faisant les yeux doux au banquier, les rarrissimes amateurs pourraient commencer à toucher du doigt certaines Donkervoort, comme la D8 GT ou l’exclusive D8 GTO, homologuée, de 700 kg et de 340 chevaux délivrés par son 5 cylindres d’Audi TT RS… et à ce tarif, on dépasse allègrement tout ce qui se fait du côté du Royaume-Uni, notamment chez Ariel où le pare-brise optionnel sans vitres latérales ne coûte que 1.000 £…, même si la qualité de finition et la technologie de la KTM devrait l’emporter haut la main sur ses cousines néerlandaises ou anglaises, le surcoût lié à l’opération risque de freiner les plus frileux…, mais quand on aime…
Fiche technique :
Moteur : 4 cyl. turbo Audi 2 litres TFSI.
Puissance : 285 chevaux à 6.400 tr/mn.
Couple : 420 Nm à 3.200 tr/mn.
Transmission : Aux roues AR, boîte manuelle à 6 rapports.
Dimensions L/l/h : 3.738/1.915/1.202 mm.
Poids à sec : 847 kg (3 kg/ch).
0 à 100 km/h : 4,1 secondes.
Vitesse maxi : 232 km/h.
Consommation mixte : 8,3 l/100 km.
Emissions de C02 : 189 g/km (malus 3.000 €).
Prix : 86.710 €.
L’essai (débile) de la 2007 KTM X-Bow : http://www.gatsbyonline.com/main.aspx?page=text&id=152&cat=auto