En juin 1940, l’armée américaine informe les constructeurs automobiles qu’elle recherche d’urgence un “véhicule de reconnaissance léger”.
L’armée invite 135 constructeurs pour qu’ils fassent une offre de production et dresse une très longue liste de caractéristiques :
– 272 kg de capacité en charge,
– Empattement de moins de 1905 mm,
– Hauteur (sans pare-brise) de moins de 914 mm,
– Moteur fonctionnant sans heurt de 5 à 80 km/h,
– Carrosserie rectangulaire,
– Boîte de transfert à deux vitesses et quatre roues motrices,
– Pare-brise rabattable,
– Trois sièges baquets,
– Phares masqués et phares longue portée,
– Poids brut du véhicule inférieur à 590 kg
Les constructeurs automobiles Willys Overland et American Bantam sont les deux seules sociétés à répondre à l’appel, mais la Ford Motor Company entre peu après en scène et la compétition commence entre les trois sociétés pour déterminer celle qui bénéficiera du lucratif contrat gouvernemental. Chacune élabore en un temps record des prototypes pour les tests :
-L’ingénieur en chef de Bantam, dresse des plans avec une équipe de cadres de la société, qui construit le prototype en 49 jours.
-ChezWillys-Overland, le Vice-président-Engineering, Delmar G. Roos, met au point la Willys Quad.
-Ford développe un modèle GP (General Purpose, polyvalent) nommé Pygmy mu par un moteur de tracteur Ford/Ferguson.
Chaque société livre son prototype à l’armée au cours de l’été 1940 et chacune des 3 sociétés reçoit une approbation pour en construire 70 exemplaires.
L’armée prend possession de ces véhicules en novembre 1940, à Camp Holabird, dans le Maryland… chacune des trois conceptions excède la norme de 590 kg, mais l’armée se rend vite compte que cette limite est bien trop basse, la relève pour les livraisons suivantes de véhicules, la commande étant de 1.500 véhicules pour chacun (Bantam 1.500 BRC… Ford 1.500 GP Pygmy… Willys 1.500 Quads. Des tests et des évaluations plus poussés incitent l’armée à choisir le véhicule de Willys comme norme, chacun des trois constructeurs devant le produire.
Willys MA/MB : Avec des modifications et des améliorations, la Willys Quad change son appellation en Willys MA/MB… mais c’est le surnom de Jeep qui est accolé à ce véhicule… Certains prétendent que le nom provient d’une mauvaise prononciation des lettres “GP“, abréviation militaire pour “General Purpose” (Polyvalent)… d’autres disent que le véhicule a été baptisé du nom d’un personnage populaire “Eugene the Jeep” du dessin animé Popeye. Quelle qu’en soit l’origine, le nom est entré dans le vocabulaire américain et a même servi un moment d’appellation générique pour tous les véhicules tout-terrain, alors que la Jeep elle même devenait l’icône US de la guerre. La Willys MA était dotée d’un levier de vitesse sur la colonne de direction, de découpes basse sur les parois latérales de la carrosserie, de deux groupes circulaires d’instruments sur le tableau de bord et d’un frein à main sur la gauche. Willys s’évertua à réduire le poids pour respecter la nouvelle spécification de 980 kg de l’armée, les éléments supprimés pour que la MA atteigne cet objectif furent réinstallés sur la génération suivante des MB, pour aboutir à un poids final d’à peine 181 kg environ au dessus des spécifications… et ce sont plus de 368.000 Willys-Jeep qui seront fabriquées, plus 277.000 Ford-Jeep, sous licence,toutes pour l’armée américaine… ce solide et fiable véhicule tendu de toile vert olive restera célèbre pour sa contribution à la victoire dans la guerre mondiale. Willys dépose le nom “Jeep” après la guerre et projette de transformer le véhicule en un utilitaire tout-terrain pour l’agriculture : l’Universal Jeep Civilian… Selon un des slogans de Willys à l’époque / “Le soleil ne se couche jamais sur la formidable Jeep“… et la société veille à ce que le monde entier reconnaisse Willys comme “LE” créateur du véhicule.
Jeep CJ-2A et CJ-3A : La première Jeep grand public, la CJ-2A, a été fabriquée en 1945… les publicités de Willys en faisaient la promotion à titre de véhicule de travail pour les fermiers et les ouvriers du bâtiment… elle était équipée d’un hayon, d’une roue de secours fixée sur le flanc, de phares plus volumineux, d’un bouchon à essence externe et de nombreux autres éléments dont ses prédécesseurs militaires n’étaient pas dotés. La Jeep CJ-2A est fabriquée pendant quatre ans et 1948 est l’année du lancement de la CJ-3A, très semblable au modèle précédent mais présentant un pare-brise d’un seul tenant tout en conservant le moteur à quatre cylindres en L d’origine… elle sera reactualisée en 1953 pour devenir la CJ-3B.
Jeep CJ-3B : La calandre et le capot de la Jeep CJ-3B sont plus hauts que dans la version militaire précédente et ce pour y loger le nouveau moteur Hurricane à quatre cylindres., la production de la CJ-3B se poursuit jusqu’en 1968 et il s’en fabrique 155.494 au total. En 1953, Willys-Overland est cédé à Henry J. Kaiser pour 60 millions de dollars, lequel Kaiser entame illico un programme de recherche et de développement de grande envergure destiné à élargir la gamme des Jeep… deux ans plus tard, en 1955, Kaiser présente la Jeep CJ-5, inspirée du modèle M-38A1 de la guerre de Corée avec des ailes avant arrondies.
Jeep CJ-5 et CJ-6 : Les Jeep Cj-5 et CJ-6 sont légèrement plus grandes que la CJ-3B car d’un empattement et d’une longueur totale accrus, des améliorations apportées au moteur, aux essieux, à la transmission et au confort des sièges font de la CJ-5 le véhicule idéal qui répond à l’intérêt croissant du public pour les tout-terrain, d’autant que la Jeep CJ-5 présente des lignes plus douces, avec notamment des contours de carrosserie plus arrondis. Un modèle à empattement long est également présenté sous le nom de CJ-6, presque identique à la CJ-5…. puis Jeep lance une variante avec cabine avancée en 1956… de tous les véhicules Jeep, c’est la Jeep CJ-5 qui aura la plus longue phase de production, de 1954 à 1984… pendant les 16 années au cours desquelles Kaiser en est propriétaire, des usines seront implantées dans 30 pays et la Jeep commercialisée dans plus de 150 pays.
Jeep Wagoneer : En 1962, Jeep lance la première transmission automatique sur un véhicule à quatre roues motrices : la Jeep Wagoneer, précurseur de la Jeep Cherokee… c’est aussi le premier véhicule à quatre roues motrices avec suspension avant indépendante. En 1965, un nouveau moteur V-6 Dauntless (Intrépide) est lancé en option sur les CJ-5 à empattement de 205,7 cm et les CJ-6 à empattement de 256,5 cm… ce moteur de 155 chevaux double presque la puissance du moteur quatre cylindres de série… c’est la première fois qu’une Jeep CJ peut être équipée d’un V-6. En 1970, Jeep Kaiser est racheté par American Motors Corporation (AMC). Les véhicules à quatre roues motrices sont plus populaires que jamais et en 1978, la production totale de Jeep atteint 600 véhicules par jour, plus de trois fois la production du début de la décennie. Toutes les Jeep CJ-5 et CJ-6 sont équipées des moteurs V-8 4.982 cm3 ou 5.899 cm3, fabriqués par AMC qui les équipe d’essieux plus lourds, de freins plus gros et d’une voie plus large. Jeep est aussi précurseur en 1973 avec son Quadra-Trac, le premier système automatique à quatre roues motrices en permanence disponible en camion Jeep, en break Jeep et CJ-7.
Jeep CJ-7 et CJ-8 : En 1976, AMC lance la Jeep CJ-7, le premier changement majeur en 20 ans dans la conception de la Jeep, elle a un empattement légèrement plus long que la CJ-5 (237,5 cm contre 212,1 cm) afin de dégager un espace pour la version à transmission automatique… Pour la première fois, la CJ-7 est proposée avec un toit en plastique moulé et des portes en acier en option. La CJ-7 et la CJ-5 sont fabriqués jusqu’en 1983, lorsque l’importante demande pour la CJ-7 ne laisse pas d’autre choix à AMC que d’interrompre la CJ-5 après 30 années de production. La Jeep Scrambler, lancée en 1981, est semblable à la CJ-7 mais avec un empattement plus long, connue mondialement sous le nom de CJ-8.
Jeep Wrangler Type YJ : AMC-Jeep est racheté en 1982 par Renault, le marché en expansion des véhicules compacts à quatre roues motrices recherche encore les vertus utilitaires des Jeep de la série CJ, mais les consommateurs recherchent aussi davantage du “confort matériel” propre aux voitures de tourisme… donc AMC-Jeep-Renault réagit à cette demande en interrompant la série CJ et en lançant la Jeep Wrangler Type YJ et Renegade, ainsi que la Cherokee. Bien que la Jeep Wrangler partage avec la CJ-7 un profil familier de carrosserie ouverte, elle a peu de pièces en commun avec son prédécesseur… du point de vue mécanique, la Wrangler a davantage de points communs avec la Cherokee qu’avec la CJ-7. La Wrangler YJ a des phares carrés, ce qui est une première pour ce type de Jeep, elle propose deux choix de moteurs, un 4cyl 2L5 et un 6cyl (en ligne) 4L2, la YJ va être fabriquée à plus de 630.000 exemplaires jusqu’au 5 août 1987, soit environ un an après l’introduction de la Jeep Wrangler, date à laquelle Renault-American Motors Corporation est cédé à Chrysler Corporation, qui la baptise Jeep/Eagle.
Jeep Wrangler Type TJ : Pour marquer son achat, pour 1988 Chrysler change la face avant de la Wrangler YJ, les phares rectangulaires font place à des phares ronds, la Jeep Wrangler Type TJ récupère ainsi beaucoup de l’ancienne CJ-7… son look “rétro” est tout à fait délibéré mais du point de vue mécanique elle est aussi très différente… presque 80% des pièces du véhicule sont de conception inédite. Terminés les essieux rigides, la TJ est équipée d’une suspension à quatre points d’encrage, semblable à celle de la nouvelle Jeep Grand Cherokee et elle affiche un aménagement intérieur différent, avec des airbags conducteur et passager… elle a toutefois conservé plusieurs caractéristiques emblématiques de la Jeep YJ, telles que les phares ronds, le pare-brise rabattable (inauguré en 1940) et les portières amovibles, ainsi qu’une gamme de capotes ou de toits rigides escamotables. En 2003 apparaît la Jeep la mieux équipée jamais encore commercialisée, la Wrangler Rubicon équipée de suspensions avant et arrière type Dana 44 à système de verrouillage à déclenchement par bouton poussoir, d’une boîte de transfert à rapport de vitesse en gamme basse de 4:1, de pneus spéciaux de grand diamètre et de nombreuses autres options qui n’étaient disponibles sur aucune autre série de Jeep auparavant.
Jeep Wrangler Type JK : En 2007, la légende continue… fidèle aux ingrédients de la recette originale, la nouvelle Jeep Wrangler JK y ajoute un nouveau châssis, un nouveau design extérieur et intérieur, un nouveau moteur, des dispositifs de sécurité et de confort, pour plus de performances, de raffinement, d’espace intérieur et de confort, de plaisir de conduite en plein air, de puissance, d’économies d’énergie et de fonctions de sécurité. Déclinée en trois modèles sur le marché international (Sport, Sahara et Rubicon pour la Jeep Wrangler…, Sport et Sahara pour le Wrangler Unlimited), les nouvelles Jeep Wrangler et Wrangler Unlimited sont simples, robustes et épurées… elles offrent les meilleures performances tout terrain de leur catégorie et proposent une expérience inédite de la conduite découverte en plein air : essieux rigides, portières amovibles, charnières apparentes, pare-brise rabattable et toits innovants escamotables et convertibles, toutes les Jeep de la gamme Wrangler restent fidèles aux valeurs clés de la marque qui ont fait sa réputation : liberté, aventure, maîtrise et authenticité. Avec son design quatre portes résolument open-air, la nouvelle Jeep Wrangler Unlimited porte l’univers Jeep dans de nouvelles dimensions.
Jeep Wrangler Unlimited Type JK : Dotée d’un habitacle spacieux pouvant accueillir cinq passagers adultes (une première pour Wrangler) et du plus grand coffre disponible sur une Wrangler, l’Unlimited allie puissance tout-terrain et simplicité d’utilisation au quotidien… pour la première fois sur un modèle grand public, un moteur diesel est proposé pour la Jeep Wrangler et la Wrangler Unlimited. Depuis que Willys a obtenu l’enregistrement de la première marque déposée américaine pour le nom de Jeep en 1950, la propriété de la marque Jeep, maintenant déposée dans le monde entier, est passée de Willys-Overland à Kaiser puis à American Motors Corporation et ensuite à Chrysler Corporation, avant de devenir à nouveau indépendante. Les Jeep à quatre roues motrices sont produites et vendues au rythme de plus de 600.000 véhicules par an.
Essai d’une voiture mythique, la Jeep Wrangler YJ 1986 : Descendante de la légendaire Willys, la Wrangler YJ incarne un certain art de vivre à l’américaine, sa ligne indémodable et ses aptitudes au tout-terrain font de ce 4×4 un véhicule très attachant.
Ce modèle (le type YJ) dispose d’un Hard-Top, d’un Soft-Top, ainsi que d’un Bikini-top… la maîtrise de la technique d’ouverture du toit, n’est pas complexe si on prend quelques minutes pour regarder le manuel d’utilisation… et l’opération se déroule alors rapidement par la suite.
Contrairement à une Citroën C3 Pluriel qui ne savait pas quoi faire de ses arches, la Wrangler peut loger ses vitres arrière démontables derrière la banquette arrière…!
Quel look mes aïeux… la frime est assurée et même les conducteurs de Porsche cabriolet ne peuvent s’empêcher de lancer un petit regard jaloux… il faut dire qu’à bord de la Wrangler, on domine la circulation cheveux au vent.
Longue de seulement 3,88 m, cette Jeep Wrangler offre pourtant une habitabilité suprenante, que bien des cabriolets pourraient lui envier, l’espace est tout simplement généreux à l’arrière… c’est la monture idéale pour cruiser sur les petites routes ou en bord de plage ou pour crapahuter en tout-terrain.
Cette Wrangler est motorisée par un moteur 6 Cyl indestructible à la sonorité inimitable, qui jouit d’une belle souplesse, l’assistance de direction n’étant pas trop prononcée, elle s’avère assez facile à prendre en main…
Le comportement routier se montre sécurisant, en effet, l’auto se comporte comme une propulsion en temps normal et le passage en 4 roues motrices (qui peut s’effectuer jusqu’à 80 km/h), n’est recommandé que lorsque la météo se fait vraiment capricieuse et bien sûr, pour la pratique du tout terrain…