Le Hot-Rod Hi-Boy Citröen Traction Avant, 35 ans Après…
Les nouvelles générations de l’auto/moto n’ont souvent pas de culture et se contentent de faire du presse-bouton de jeu-vidéo et de boire quelques paroles étriquées de “super-extra-dément kingsters de la mode automobile actuelle” qui n’ont pas inventé la poudre mais sont juste de bons marketers capables de vendre n’importe quoi.
Mais il restera toujours de vrais passionnés, capables de parler Auto avec un grand A et de lieux ou de supports pour le faire savoir…
Si on n’écoutait que les belles paroles du Gouvernement, notre pays serait tout rose, heureusement qu’il y a des gens capables d’éclabousser par des vérités dérangeantes…
Le départ du point de rupture, à l’époque des Customizations débridées et de la publication des magazines Chromes & Flammes, se situe à la concentration d’Arcachon ou était présenté le Hot-Rod Traction Avant Hi-Boy…
Il fut boudé, pas apprécié, un peu vandalisé.
Un concours avait été organisé dans les colonnes de mes magazines afin de promouvoir le Cutomizing et le Hot-Rodding en France, ce concours devait avoir sa consécration à Arcachon au solde d’une année de participation de C&F à quasi toutes les concentrations de Customs et Rods dans l’Hexagone…, le premier prix étant un kit complet de Traction Avant Hi-Boy…
Le gagnant n’en a pas voulu, il aurait préféré recevoir des pièces pour sa 203 delivery…
Il a abandonné le kit dans un terrain vague et y a f…. le feu !
Les ‘concentrations‘ (que ce terme fait penser aux camps de concentration… et ce n’est pas loin de la réalité), qui ont suivi Arcachon, furent pires…
Pourtant la ‘flotte‘ présentée par C&F pour promouvoir le Customizing et le Hot-Rodding en France était constituée de voitures au TOP de l’époque : L’Oldsmobile ’48, un Hot-Rod B’32 5 windows, le C’Cab Novel’T, la Traction Avant Hi-boy Citröen, le Trike V-12 et une Mustang Mach One Street-Machine…
Plutôt que de s’intéresser à ces voitures, les gens continuaient de s’extasier devant d’insipides conneries (203 surélevées, Renault 4L, Juva4 avec mécanique d’origine et jantes de 15 pouces)… et ce, en accentuant l’univers concentrationnaire des bricoles au milieu des tentes de camping…
Ce n’était pas une condition sociale, mais un style quasi imposé…
Cette sorte de nivellement par le bas a fait beaucoup de tort au Customizing français, parce que les visiteurs se retrouvaient dans une ambiance crade avec des tatoués buveurs de bières qui étaient avachis face à leur tente de camping…
Comme le Hot-Rodding n’avait aucune source, aucun passé, aucune histoire en France, comme les seules références étaient américaines mais que c’était introuvable, il a existé aux premiers temps du Hot-Rodding Français, une rage d’arriver à “quelque chose” sans savoir quoi…
Tout cela aurait pu être sympathique, comme aux tout début, mais s’est greffé à ce milieu assez marginal, toute une faune en quête d’une sorte de “Kulture” automobile, mélée de Rock-and-roll, de cow-boys et d’indiennes, de tatoués…
Les gens cherchaient à se faire remarquer, c’était celui qui avait la peinture la plus vernie, la plus nacrée, les dessins les plus léchés… qui raflait “LA” coupe en fer-blanc !
Le pire de l’affaire furent les Van’s, peinturlurés et aménagés en lupanar, regroupant absolument tout ce qui pouvait être le plus crade, le plus hideux, le plus bordélisant, le plus abominablement Prisunic…
C’était un souk…
Les visiteurs venant pour s’extasier devant des “merveilles” se retrouvaient pire qu’en banlieue, dans un terrain de camping avec des tatoués aux gros bras buveurs de bière ne parlant qu’entre eux et cherchant bagarre au moindre quidam aurait osé touché le vernis de sa bagnole…
Pour ce qui était de l’aspect “sportif” de l’histoire, ce n’était que des “Burn-out” bouffeurs de pneus, un truc inutile…, et le nettoyage des bagnoles pour gagner une coupe tout aussi Kitch que les intérieurs des Van’s…
Dans ce mic-mac, la Traction Avant Citröen Hi-Boy, tout comme le C’Cab et le FordB’32, simples et cleans, peinture unie, intérieurs en cuir ou en tissus gris…, faisaient tâche…, comme un meuble Design au milieu d’une brocante !
L’arrivée des clubs, particulièrement celui d’Hugo Vervliet, a achevé de tout f… par terre…
Tout y était bon du moment que les gens payaient leurs cotisation… ce qui n’allait que dans sa poche pour se payer des voyages mirifiques aux Etats-Unis 3 ou 4 fois par an… et se construire des engins du même style…
Or, un vrai club aurait du servir, non pas à assurer la retraite de son président, mais à promouvoir sa raison sociale, le Hot-Rodding et le Customizing…
Les courses de Dragsters sont “parties en couilles” à cause de cela aussi, j’avais préparé les premières exhibitions de Dragsters sur le circuit des 24 heures du Mans, ce fut un succès grandiose, près de 100.000 spectateurs et la “Une” sur le TF1 de l’époque, mais mes concurrents d’alors ont tout fait pour que ça foire…
J’ai préféré changer de cap…
En finale, ce fut l’apothéose des déguisés en cow-boy voire en indiens, toujours au milieu de tentes de camping, exhibant des carcasses semi pourries de berlines 4 portes sans aucun intérèt…
C’était franchement triste…, pathétique !
Le résultat actuel, c’est qu’aux USA, une Muscle-car vaut énormément d’argent et se vend facilement alors qu’en Franchouille c’est considéré comme bagnoles de gitans…, les prix s’en ressentent !
Les Kit-cars, dans la même mouvance, n’ont pas été épargnés de la faute de garagistes français qui se sont ingéniés à construire (par exemple) des répliques de Cobra sur chassis VW, avec moteur flat-four arrière…
La honte ! Alors, vous voir si gentiment m’écrire pour m’encenser et me dire que cette Traction était géniale…, cela m’émeut mais aussi me fait sourire…
Là aussi, voyez la déchéance de l’engin, c’est pareil que si Serge Gainsbourg aurait dû faire des animations dans un super marché Casino devant 20 ménagères qui s’en tapent…
C’est si vieux…
Objectivement parlant, la Franchouillerie et les Franchouillards n’en ont plus rien à branler de cette Traction.
La Franchouillerie, c’est la patrie du nougat, tout est nougat… et la traction aussi.
La Franchouillerie n’a rien à voir avec le Hot-Rodding américain, rien à voir avec l’épopée du Far-West, n’a rien en commun avec quoique ce soit de l’Amérique, sauf des illusions, des rêves, des impressions, des tocades…
Les Franchouilles ne “connassent” l’Amérique que par des films Hollywoodiens…
C’est pour cela que les ceusses qui se déguisent en cow-boy pour conduire une américaine berline 4 portes avec un 6 en ligne, sont ridicules…
Les Américains sont pas si cons…
C’est tout cela la Franchouillerie : grotesque et compagnie…
Par contre, en France il y a du génie, les grandes Françaises d’avant-guerre, Delage, Bugatti, Delahaye et autres Bucciali, Grégoire, Panhard…, les grands carrossiers d’avant-guerre dont certains sont au Panthéon pour avoir créé des oeuvres d’art… comme Saoutchick, Figoni…, l’automobile en elle-même est Française avec De Dion Bouton…
Citröen aussi est une automobile géniale, inventive, radicalement différente, avec sans nul doute la 2CV au pinacle de l’inventivité, la DS aussi quoique trop complexe et fragile…, mais pas “customizée”…
Donc, faire d’une Traction avant, un Hot-Rod… était une création contre nature…
J’ai essayé, je l’ai fait…
J’en suis fier, je ne regrette rien, je l’ai aimée…
Notez, qu’avec le temps, passant, beaucoup d’américains m’ont copié en ré-inventant des Hot-Rods traction-avant sur base Cord par exemple…, Boydd Coddington a même créé un Rod avec un moteur arrière !
Dès-lors, je ne sais plus vraiment si j’ai été innovant, génial, ou iconoclaste…
Je ne sais, j’assume tout…
Tout ceci écrit, la Traction Hi-Boy roulait comme une Traction-avant Citröen, c’est à dire que c’était un vieux bazar avec son moteur d’origine et sa boite à grincements…, vitesse maxi 85km/h, aucun confort…
J’aurais du mettre un Saint-Christophe sur le tableau de bord et aller en pèlerinage à Lourdes…, sans doute qu’elle aurait été bénie des dieux !
Un Hot-Rod, c’est pas ça, c’est plutôt comme le Prowler qui est très fun à conduire…
Rationnellement, on peut acheter un Prowler aux USA à partir de 30.000 US$, soit 20.000 euros, peut-être pas en très bel état (là c’est le double), mais c’est quand même moins coûteux que d’acheter une Traction-avant Citröen et de la modifier en Hot-Rod Roadster !!!
Pour les ceusses qui liront, ce sera un peu comme partie de ma future biographie, une sorte de testament moral envers “ceusses” que j’ai aimé…
Amicalement