Ford Thunderbird “héritage“…
Avec une Ford Thunderbird “dernière génération”, j’ai rejoint un groupe de naufragés dans un rassemblement informel et éclectique d’une centaine d’amateurs de belles voitures et de très jolies femmes qui se tenait sur le parking d’une échoppe de beignets.
Les curieux étaient si nombreux autour de la T-Bird que je n’ai pu en sortir.
Etait-ce pour la tenue très sexy de mon “amie” ou pour la t’Bird, ou pour moi ?
La Thunderbird est une véritable légende née en 1955 et qui s’est éteinte en 1997, tuée par un design insipide.
Elle a le charme d’une icône estampillée USA, un bolide immortalisé par le film American Graffiti et par la chanson des Beach Boys “Fun, fun, fun“.
Surfant sur la vague du succès de la Volkswagen New Beetle et du Chrysler PT Cruiser, Ford avait dévoilé une Thunderbird aux lignes évoquant l’originale de 1955, mais avec des performances et une construction très modernes.
Ce modèle a été proposé aux Etats-Unis dès la fin de l’été 2001 en deux niveaux de finition (Deluxe et Premium), livrés avec une capote électrique, pour un prix de base de moins de 45.735 €.
Pour le hard-top démontable et ses hublots caractéristiques, il fallait compter 3.049 € de plus environ, en option.
Bien que Ford insistait sur le qualificatif “héritage” à propos du design de cette Thunderbird, rien n’était vieillot dans le châssis de la nouvelle venue.
Elle reprenait la plate-forme de la berline Lincoln LS (idem que la Jaguar S-Type, puisqu’en ses temps-là, Jaguar était la propriété de Ford avant de sombrer dans les pattes de Tata), renforcée par trois raidisseurs en X boulonnés et une poutrelle transversale pour pallier l’absence de toit.
Plus cabriolet de minet que véritable voiture de sport en raison des nombreuses concessions faites au confort, comme les sièges à réglage électrique, la direction assistée et même les vitres électriques en option, la T-Bird originale se voulait moins exclusive que sa rivale de chez Chevrolet : la Corvette, la réplique de GM à Porsche et Jaguar.
Ce n’était pas une hérésie, la plupart des 16.155 T-Bird 1955 étaient équipées de la boîte automatique à trois rapports Ford-O-Matic.
J’avais réalisé un article il y a quelques années, au tout débuts de GatsbyOnline, et en voici les grandes lignes :
La Thunderbird “héritage“, avec sa boîte automatique à cinq rapports et ses très nombreux équipements de confort, d’un point de vue dynamique, c’est la meilleure T-Bird jamais construite.
Bien sûr, les suspensions un peu molles empruntées à la Lincoln LS trahissent son tempérament plutôt placide, avec pas mal de roulis et même un peu de flottement à grande vitesse.
Mais aucun vice (en dehors des attitudes de mon amie) n’est apparu lors de mes essais de dérapages ou de slalom…, juste ce qu’il faut de sous-virage.
Le V8, lui aussi emprunté à la LS et à la Jaguar, affiche des caractéristiques flatteuses : bloc aluminium et chemises acier, 32 soupapes, 3.9 litres avec quadruple arbre à cames à entraînement par chaîne, largement de quoi fournir 252 chevaux.
Le problème vient du couple maximum perché à 4-300 tours/mn, régime plutôt élevé.
La dépose du hard-top optionnel de la Thunderbird, dont la finition est irréprochable, exige deux personnes…, il faut libérer deux systèmes de verrouillage à l’arrière puis désolidariser le toit qui pèse près de 40 kg…, le hard-top peut ensuite être remisé sur un support spécifique fourni par Ford, pour ne pas trop encombrer le garage.
Offerts aux regards, le tableau de bord et la console centrale de la T-Bird rappellent trop ceux de la Lincoln LS…, mais quelques touches rappellent néanmoins l’ancienne T-Bird : les panneaux en alu brossé des garnitures de portes et du tableau de bord, ainsi que le bloc compteurs argenté aux aiguilles de la même couleur vert d’eau que les écussons Ford disséminés dans le véhicule.
Large et profond, l’habitacle accueille deux personnes sans problème, avec une position de conduite excellente, même si la garde au toit manque un peu lorsque la capote est fermée.
C’est un peu mieux avec le hard-top, mais la meilleure idée reste de rouler décapoté !
En outre quelques détails d’équipement sont bien vus, comme l’interrupteur de désactivation de l’airbag passager et la commande d’ouverture du coffre verrouillable à distance.
Les sièges, élégants et recouverts d’un cuir de très grande qualité, sont un peu trop rembourrés mais maintiennent néanmoins correctement lors des longs trajets.
Mais ne comptez pas déménager en T-Bird…, comme sur la version originale, la malle est petite, avec une profondeur juste suffisante pour une petite valise.
Bien que la structure de la T-Bird soit compacte et solide, les routes fripées la torturent, preuve que le châssis n’a pas été véritablement conçu pour une décapotable utilisée sur les mauvaises routes européennes.
Au registre des critiques, la grille de calandre chromée fait plastique et le raidisseur inférieur en X, tape parfois au passage de bosses…
Quand cette Thunderbird a fait son apparition en 2001 (en tant que modèle 2002), elle n’a pas réussi à charmer tout le monde…, Ford prévoyait d’en construire 25.000 par an dans son usine d’assemblage de Wixom, dans le Michigan.
Une estimation sans doute trop prudente à l’époque vu l’étonnante cote d’amour de la voiture, mais qui s’est avérée finalement trop optimiste puisqu’en 2005, Ford a stoppé définitivement la fabrication de cette voiture.
Bien sûr, Ford n’en demandait pas tant, mais l’espoir était que cette voiture suscite assez d’intérêt pour stimuler les ventes des autres véhicules.
Bref, la Thunderbird était considérée comme une voiture d’appel.
Bien qu’il soit impossible de traduire en chiffres le nombre exact de Focus, de Taurus ou de F-150 vendus grâce à l’influence de la Thunderbird en trois ans…, il est facile de faire le décompte des ventes décevantes de cette dernière et d’extrapoler que ce roadster à l’allure rétro n’était pas un si bon produit après tout.
Néanmoins, Ford a continué à commercialiser cette deux-places emblématique tout au long de 2002, 2003 et 2005, ne serait-ce que pour introduire un modèle qui en célébrait le 50 ième anniversaire, ce qui s’est produit le 22 octobre 2004.
Pour souligner l’événement, une édition limitée de la Thunderbird, baptisée “50th Anniversary” a été produite.
Avec la capote rigide, le contrôle de la traction toute vitesse et l’exclusif coloris extérieur Cachemire, la 50th Anniversary se détaillait à 59.275 $, soit 2.500 $ de plus que le modèle de production… et quoique relativement élevé pour un bolide plein de soleil comme la Thunderbird, ce prix était en fait le plus bas de toute la catégorie des roadsters deux places dotés d’un V8.
50 ans, c’est vraiment spécial, tout comme cette voiture, mais à quel point s’agit-il d’une véritable édition limitée, puisque la Thunderbird “héritage” en est déjà une ?
La Mercedes-Benz SL300, par exemple, coûtait plus du double, tandis que la Cadillac XLR, une voiture à vocation de performance, surpassait la barre des 100.000 $.
Actuellement tout cela est bien loin, les Thunderbird “héritage” se revendent en seconde main pour moins de 30.000 US$…, une affaire pour une future “Collector” !
Il est tout de même important de préciser que la Thunderbird n’a pas été produite chaque année depuis sa création, en effet, la production a été stoppée en 1997 avant de refaire surface en 2001.
Qui plus est, elle n’a pas toujours affiché la forme d’un roadster….
Après que la deux-places de 1955, 1956 et 1957 eut fait son temps, un modèle plus gros et plus puissant a vu le jour en 1958, idem en 1961… et cette tendance s’est poursuivie dans les années 1960 et 1970 et a pris fin en 1984 avec une version plus compacte et plus sportive.
Il est tout à fait possible, considérant les ventes faibles et la conduite sportive de la Thunderbird des années 2002, 2003, 2004 et 2005, qu’elle devienne rapidement un objet de collection à un moment ou à un autre dans le futur.
Si certains coupés sont toujours disponibles pour les collectionneurs, les premiers roadsters deux portes ’55, ’56, ’57, se vendent à des prix faramineux, jusqu’à 175.000 US$ !!!!
– Cabriolet deux portes
– Moteur avant, propulsion, V8 de 3,8 litres, 32 soupapes, DACT, 280 chevaux, couple de 286 lb-pi
– Transmission: automatique à cinq vitesses
– Accélération (0-100 km/h): 6,6 secondes
– Freins (avant/arrière): disque/disque, ABS
– Poids brut: 1.715 kg (3781 lb)
– Consommation (ville/autoroute): 14,0 L/100 km / 9,4 L/100 km