2010 Tesla Roadster…
Tesla Motors est un constructeur basé à San Carlos dans la Silicon Valley, en Californie.
Créée en 2003 par Martin Eberhard et Marc Tarpenning, l’entreprise a été financée en grande partie par des fondateurs de la net-économie comme Sergey Brin & Larry Page, les créateurs de Google… et Elon Musk le co-fondateur de Paypal.
La société a fait le pari fou de construire un véhicule sportif propre, le Roadster Tesla.
Cette voiture basée sur un châssis de Lotus Elise, propose une motorisation 100 % électrique de 250 chevaux, zéro émission, 0 à 100 km/h en 3,9 sec et une vitesse de pointe de 200 km/h…
Tout passionné d’automobiles extraordinaires la connaît : puissante mais quasi gratuite à l’usage…, autonome mais chère à l’achat…, la Tesla roadster est une véritable vitrine technologique.
Si l’on peut reprocher à Tesla de s’orienter vers une clientèle plus qu’aisée, ce Roadster a tout pour faire rêver les passionnés et changer d’avis les sceptiques.
Avec le 0 à 100km/h en moins de 4 secondes, elle promet à la fois un bon coup de pied aux fesses au démarrage et une excellente autonomie de 350 kms maximum.
Elle est une parfaite représentation des attentes des consommateurs que nous sommes…, à quelques détails près :
– En cas de panne, comptez une quarantaine d’heures pour recharger le véhicule sur une prise standard (220v 16A)…
– Si vous êtes une famille, même toute petite : 2 personnes au minimum donc, ne comptez pas sur le volume du coffre pour y déposer les courses de la semaine ou partir en vacances avec une tente de camping…
– Le Roadster par définition étant plutôt un véhicule voyant, la discrétion n’est donc pas assurée (tout le monde n’apprécie pas)… !
En d’autres termes, la Tesla Roadster est une excellente démonstration des compétences de Tesla, qui va faire rêver les bons pères de famille mais ne sera achetée que par des chefs d’entreprise fortunés et autres stars !
Puissance, vitesse, silence…, à bord d’une Tesla les mots qui me viennent à l’esprit sont bien plus forts mais difficiles à décrire !
Allure sportive, carrosserie scintillante, silence…, elle a tout pour séduire !
Les connaisseurs repèrent de suite la base de Lotus Élise, mais avec une carrosserie “lissée” et plus “discrète”.
Extérieurement donc, c’est une voiture au look ravageur, qui ne passe pas inaperçue !
La voiture d’essai est rouge avec un intérieur marron clair, je m’y suis installé avec un empressement non feint.
La Tesla fait rêver, il y a eu pourtant quantité d’autres voitures électriques avant elle… et il y en aura d’autres après, mais avec un timing opportun et une communication habile (bien aidé par des moyens financiers conséquents), la Tesla est la voiture électrique qui fait le plus fantasmer.
Je suis heureux d’être enfin à son bord, car la voiture est rare.
Il n’y a qu’une toute petite poignée de journalistes qui en ont pris le volant…, aucun journaleux ne l’a encore essayée car Tesla n’a pas de budget pour des cadeaux pour des opportunistes-profiteurs… et le constructeur est loin de disposer d’un parc de voitures d’essai.
Tesla est un petit peu française, puisque sa carrosserie est faite de panneaux de fibre de carbone réalisés par Sotira, en France.
Ce n’est pas Tesla qui a choisi ce fournisseur, c’est Lotus, pour qui l’entreprise française produisait déjà des pièces de la carrosserie pour l’Elise (mais pas en carbone).
Il y a des liens étroits entre l’entreprise californienne et le constructeur anglais, c’est ce dernier qui reçoit les panneaux de carrosserie fabriqués en France et commence la construction des voitures autour d’un chassis de sa conception.
Dans le même temps, une usine en Asie fabrique les batteries et envoie sa production en Californie.
Lotus fait de même avec des autos roulantes, mais dénuées de groupe propulseur… et c’est dans la petite usine Tesla de San Carlos (au Sud de San Francisco) que tout les éléments sont assemblés et que les Roadsters prennent vie.
La voiture dans laquelle j’ai roulé, était un prototype.
Elle avait déjà connu de nombreuses modifications, à commencer par la boite de vitesses.
Auparavant équipée d’une boite à 2 rapports, elle ne possédait plus qu’une boite à une seule vitesse, mais il restait un petit 2 affiché au tableau de bord pour signifier que j’étais sur le rapport le plus long, ignorant qu’il était le seul…
Actuellement, avec une gestion moteur retravaillée pour offrir une courbe de couple plus adaptée, ce rapport supplémentaire ne fait nullement défaut, mais la Tesla n’est pas parfaite pour autant.
Elle a même, et ce n’est pas vraiment un défaut, mais plutôt un handicap, celui de sa base, qui est la Lotus Elise…
C’est un sujet délicat.
D’abord parce que la Tesla est bien plus qu’une Lotus Elise convertie à la propulsion électrique, presque tout a été modifié.
Mais il reste la suspension avant, avec la partie centrale avant du chassis et le tableau de bord qui sont partagés avec la voiture de sport anglaise.
Loin de moi l’idée de vouloir dire du mal de l’Elise, qui est une voiture formidable, l’une des plus attachantes de toute la production mondiale, de par sa maniablité sans égale et sa légereté proverbiale.
Mais…, l’Elise a les défauts de ses qualités, à savoir que sa maniabilité résulte de sa compacité, qui se traduit par une habitabilité des plus réduites.
On peut parle d’exiguïté.
Il est difficile de s’installer à bord d’une Lotus Elise (surtout pour un grand bonhomme de 100 kg comme moi)… et il est tout aussi difficile d’en sortir…, il y a vraiment peu de place à bord.
La Tesla est heureusement moins extrème, le seuil de porte est un peu plus bas, la portière est un peu plus longue, mais l’assise des sièges reste plus basse que le seuil de la porte.
C’est dire qu’une femme en mini-jupe ne peut s’installer à bord sans se donner en spectacle.
Avec les dossiers des sièges qui touchent l’ex- paroi moteur (actuellement c’est une paroi batteries), ma valisette contenant mon ordinateur portable est restée sur le plancher coté passager, ce qui n’est pas sécurisant… pour la conduite en cas d’arrèt brutal… et question vol arrété aux feux rouges.
Je n’ai pas trouvé d’autre endroit où la mettre.
Il y a un coffre, il fait toute la largeur de l’auto, on pourrait y mettre un fusil de chasse, et deux parapluies…, mais sa hauteur et sa profondeur sont ridicules, ce qui me laisse croire que c’est le seul usage de ce coffre !
Ce n’est pas une critique, mais le constat que cette Tesla Roadster est une auto difficile à envisager comme unique voiture, car c’est une stricte 2 places… et on serait bien embêté s’il fallait l’utiliser pour aller acheter de quoi remplir son réfrigérateur.
De même, il faudrait un porte-bagages extérieur pour pouvoir partir en week-end de camping.
Il y a un net écart entre cette Tesla et des roadsters réellement utilisables au quotidien, comme une BMW Z-4 ou une Mercedes SLK, mais je ne doute pas que les clients Tesla aient tous plusieurs voitures.
Là cependant, on pourrait rétorquer que ces voitures ne sont pas concurrentes de la Lotus Elise… et on aurait raison.
Mais la Tesla a quelques centimètres de plus en largeur, idem en longueur… et elle fait aussi 400 kg de plus par rapport à l’Elise actuelle, qui fait déjà 200 kg de plus que le modèle initial de 1995…
Elle serait alors comparable aux roadsters des grands constructeurs et elle n’échappe à la comparaison que parce que sa motorisation est électrique.
Mais cela ne peut excuser un intérieur pauvre.
C’est pour cette raison que toute honte bue…, je prétends que la Smart Roadster est à la fois plus ludique, plus originale de ligne, plus pratique dans son impraticabilité…(quoique son toit ouvrant électrique est bien supérieur)… et surtout beaucoup moins chère à tous égards !
Une Smart Roadster électrique aurait été le Top du Top…, si les gens de Smart-Mercedes me lisent…, faites-là…, vous disposez toujours de l’outillage et de la chaine de montage !
Intérieurement, même si le style reste assez haut de gamme, Tesla a conservé une certaine simplicité.
J’aime beaucoup la zone rouge du compte-tours à 13.500 tr/mn (les modèles de série ont un limiteur à 13.000 tr/mn), mais le tableau de bord ne compte que 2 petits compteurs et un écran digital plus petit que celui d’un GPS premier prix, c’est insuffisant.
Même revêtu de cuir, l’intérieur de la Tesla n’est pas au niveau de celui d’une Audi TT, qui sait beaucoup mieux flatter son propriétaire.
La Tesla Roadster est également disponible en mono-vitesse, en quel cas le compte-tours est remplacé par un ampèremètre, car, effectivement, en mono-vitesse, il perd de l’intérêt !
On trouve à la gauche du volant une jauge sur un écran couleur très pratique : en charge standard privilégiant la durée de vie des batteries, il est possible de parcourir 350 kilomètres, en charge maximale, le record atteint a dépassé les 400 kms !
Le démarrage est particulièrement simple, une clef standard est insérée à l’emplacement habituel, on met le contact, pied sur le frein comme pour toute automatique, puis on donne une impulsion comme pour démarrer un moteur thermique.
Sauf que cette fois-ci, pas de bruit, juste un petit “jingle” pour annoncer que le monstre est sous tension.
Une Tesla abat le 0 à 100km/h en moins de 4 secondes, m’a-t-on dit…, j’appuie donc un peu sur l’accélérateur, je sens que Miss Tesla en redemande…, j’appuie encore : bon sang, elle me plaque au siège et la voiture fonce dans le silence.
Pied au plancher, la voiture ne mollit pas, je me retrouve rapidement vulnérable vis à vis des forces de l’ordre…, je tiens à mon permis et je ralentis : la voiture régénère encore et toujours, même à vitesse élevée !
La Tesla est une voiture très basse, elle offre une vue magnifique sur les parterres de fleurs des trottoirs et quand j’ai croisé une Ferrari 612 GT, elle avait tout d’un monstre.
Son propriétaire me l’a d’ailleurs confirmé en lançant un coup d’accélérateur rageur.
Le bruit du V12 a résonné dans mes oreilles si sensibles, quand dans la Tesla, le silence est d’or.
Et pendant que la Ferrari devait engloutir plus de 35 l/100 km dans cette circulation congestionnée, dans la Tesla à l’arrêt, l’indicateur de consommation instantanée n’indiquait que 2 ampères…
Quand enfin je suis sorti du traffic, il était presque 20 heures… et ce fut là que je découvris le plaisir de rouler en Tesla.
Quelques phases d’accélération pied au plancher ont suivi, mais je n’ai pas été impressionné de doubler la Ferrari 612 GT qui a ensuite peiné à me rattraper.
La voiture a été ainsi chronométrée, accélèrant de 0 à 100 km/h en 3,9 secondes pour 4,3 secondes pour la Ferrari !
On m’a expliqué plus tard que sur ce prototype, la gestion moteur était réglable.
Pour ceux qui connaissent, il y avait déjà cela sur les Renault Kangoo électriques.
Il y a un réglage pour favoriser l’autonomie et un autre pour favoriser les performances.
Elle était sur le premier.
On aurait pu me le dire plus tôt !
J’ai expliqué que j’avais absolument besoin que l’auto soit sur son réglage le plus violent, car je visais cette fois à ridiculiser une Ferrari Enzo, et j’ai recommencé.
Ca poussait bien, mais plutôt que la force, c’était la continuité qui m’impressionnait, le pilote de l’Enzo fulminait de rage mais il n’a jamais réussit à me doubler…, sauf quand l’autoroute fut dégagée de tout trafic et qu’il a pu dépasser les 200km/h….
J’ai relevé le pied et suis redescendu à 100/110 km/h, j’aurais aimé maintennir cette pression, tant l’absence de changement de rapport procurait une sensation de force absolue.
Grâce à l’allonge fantastique de son moteur électrique, la Tesla passe de 0 à 200 km/h sur la même vitesse. Sur la route, c’est pour les reprises que c’est le plus appréciable.
Il n’y a pas à rétrograder et on a le sentiment qu’il n’y a aucune inertie.
On est à 80 km/h, un petit coup sur l’accélérateur et on se retrouve sans aucune hésitation à 120 km/h.
De suite !
C’est fabuleux, on peut dépasser en toute sécurité.
Et bien sûr sans rejeter un gramme de CO2… et sans crainte d’un plein d’essence hyper coûteux !
Le meilleur usage qu’on puisse faire de l’auto, c’est à une allure moyenne de 90/100 km/h, sur une route avec beaucoup de courbes et un beau paysage alentour, ce sont les meilleures conditions pour profiter d’un roadster, auxquelles la Tesla ajoute le plaisir de la propulsion électrique, avec une puissance immédiate sous le pied pour des dépassements sûrs et rapides.
La prise de poids m’a fait m’interroger par rapport à la Lotus, mais le chassis et les suspensions ont été revus en conséquence.
Pour ce qu’il est possible de ressentir, la voiture enroule bien sur la route.
Evidemment, comme on s’y attend sur une voiture de sport, la suspension est raide, elle réagit à tout raccord de bitume sur la chaussée, mais ce n’est pas trop inconfortable.
J’avais commencé l’essai voiture découverte, ce qui à la nuit tombée me donna l’occasion d’essayer le chauffage électrique, puis les sièges chauffants, qui prennent moins d’énergie.
Mais j’ai replacé le toit, un élément souple qui attendait roulé dans le coffre, et tout est alors devenu très intime dans l’habitacle.
La Tesla Roadster m’a traumatisé…, c’est en descendant de la voiture qu’on se dit : “si seulement j’avais 115.000 €”…, un tarif qui réserve cette voiture aux plus fortunés…, mais l’initiative est à soutenir…, tous les ingrédients sont présents pour faire changer d’avis les sceptiques !
Tesla a développé une voiture extraordinaire, autonome et performante, sur un marché où d’autres ont échoué… et a dès-lors vendu plus de 1.500 véhicules depuis sa commercialisation et vient de dégager des bénéfices (un petit million de dollars), signe que malgré son prix, la demande est bien là !
Le coffre est tout à l’arrière, derrière le moteur, qui est lui-même derrière les batteries, qui sont contre l’habitacle.
C’est la meilleure répartition possible puisque ce sont les batteries qui sont l’élément le plus lourd de l’auto. Le pack de 6831 petites batteries (pas des batteries auto spécifiques, mais des batteries d’ordinateurs) fait en effet quelques 450 kg.
L’autonomie est annoncée à 370 km (230 miles), ce que je n’ai pas pu vérifier, mais j’ai constaté que la régénération fonctionnait bien, puisqu’en retournant à mon point de départ, il y avait plus d’énergie à l’arrivée, qu’il n’y en avait au départ (la route ne faisait que descendre).
Pour recharger, il y a le choix.
Soit on utilise le chargeur mobile américain, il faut alors quarante heures pour recharger les batteries à fond !
C’est parce qu’il est conçu pour l’électricité distribuée aux Etats-Unis, c’est-à-dire le 110 Volts.
Avec un chargeur adapté au 220 V européen, on pourrait diviser ce temps par 2, mais la meilleure chose à faire est d’équiper son garage d’une prise 70 A, avec laquelle on pourra recharger en 3 heures et demie.
La Tesla Roadster est maintenant disponible en Europe au tarif de 115.000 €, à payer intégralement avant l’entrée en production de l’auto.
Cela semble beaucoup par rapport au prix américain de 99.000 $, car compte tenu des taux de change, la Tesla ne devrait pas être proposée en Europe pour plus de 60.000 euros, incluant la même marge bénéficiaire que Tesla-USA !
Il faut donc y ajouter la TVA (19,6 %), les droits de douane (10 %) et quelques accessoires qui sont en option aux USA (hi-fi avec 7 haut-parleurs…), on arriverait alors à 99.000 euros.
En la vendant 115.000 euros, Tesla Europe a donc la mesquinerie de vouloir faire une plus grosse marge avec le client européen, l’équipe devrait pourtant avoir bien d’autres choses en tête, notamment de faire installer les batteries et le moteur en Europe chez Lotus, ce qui éviterait ce va-et-vient Europe-USA aller-retour ce qui y inclut un paquet de taxes irrécupérables pour le sommateur-con…
Tesla ne s’en préoccupe toutefois pas, son but étant de ne plus se limiter au marché de niche des roadsters, puisque les ingénieurs de cette firme travaillent déjà à une modèle 4 portes 4 places qui serait vendu moitié moins cher.
Il pourrait être commercialisé à plus de 10.000 exemplaires par an à compter de 2011 au plus tôt et serait suivi 2 ans plus tard par un troisième modèle, encore moins cher, avec cette fois un objectif de production de 100.000 unités annuelles.
Tesla projette d’entrer en bourse pour financer ses nouveaux développements et comme Toyota au lancement de la Prius en 1997, il ne prévoit pas de devenir rentable avant plusieurs années.
Le géant japonais a gagné son pari, on ne peut que souhaiter la même réussite à Tesla, parce qu’il ouvre la voie.
Je ne doute pas que dans 50 ans, les collectionneurs chériront ces autos californiennes comme ils le font aujourd’hui pour les vieilles Corvette…
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