2011 Mercedes SLS AMG E-Cell…
Un “foutage de gueule” électrifiant !
Il y a dans le langage publicitaire bien plus que le sens explicite qu’il nous donne à entendre.
Décapé le vernis de la spécieuse liberté d’expression, la pub nous laisse à voir l’imposition implacable d’un monde dont elle définit les codes et les règles du jeu.
Trop rarement, on se questionne sur les effets que le sens implicite de ces messages peut avoir sur nos conceptions du monde et l’acceptation de l’ordre établi.
Sachant que dès la naissance l’enfant est surexposé à ses productions qui lui imposent un monde pré-construit avant qu’il ait pu se construire son monde et juger par esprit critique.
Ce faisant, il fera ultérieurement sien ce qui n’est que concepts clandestins.
Il voudra une moto plutôt que sa bécane ringarde, puis une voiture…, tout est à l’avenant !
Et cette nécessité créée répondra à un contexte social ad hoc, à savoir que tous autour de lui voudront aussi une voiture, ce qui perpétuera l’émulation.
De sorte que le sujet sera imprégné par un manque constant, car l’objet n’aura pu combler un désir en lui-même insatiable… et que l’autre aura toujours mieux que lui.
Cette comparaison fondée sur de l’endoctrinement aura donc atteint le dessein des industriels, financiers et autres magnats de la pub : pourvoir à leur enrichissement.
En contrepartie, elle aura privé l’homme de sa capacité de penser qui, dans le cas qui nous occupe, ne pourra plus percevoir les avantages et le progrès que constituait son mode de déplacement précédent…
Il nous arrive de désirer telle chose, non parce qu’elle est intrinsèquement précieuse ou utile, mais parce que, inconsciemment, nous y voyons un symbole d’autre chose dont nous n’osons pas nous avouer que nous le désirons.
Un homme qui achète une voiture se dit probablement qu’il en a besoin pour se déplacer, alors qu’au fond de lui il préférerait peut-être ne pas s’encombrer de cet objet et sait qu’il vaut mieux marcher pour rester en bonne santé.
Son envie tient vraisemblablement au fait que la voiture est aussi un symbole du statut social, une preuve de la réussite en affaires, une façon de complaire à sa femme
Dès la présentation de la SLS AMG à l’automne dernier, Mercedes annonçait son intention d’en produire une version électrique, un temps baptisée e-SLS et devenue depuis SLS E-Cell.
La marque étoilée ne pouvait en effet laisser le champ libre à ses rivaux d’Ingolstadt ou de Münich sur ce terrain.
Cette future prétendante dans le segment des sportives électriques se révèle via un premier prototype électrisant…
Cette SLS AMG E-Cell arbore une livrée d’un jaune brillant, baptisé AMG Lumilectric magno (sic !) et se contente de modifications esthétiques limitées.
Ainsi l’avant gagne une lame inférieure mobile, une barre centrale de calandre ton caisse et des entrées d’air revues ou encore des rétroviseurs noirs, de même que les jantes.
En l’absence d’échappement, le diffuseur arrière adopte un nouveau dessin.
L’absence de modification majeure dans le style du véhicule s’explique par le fait que le passage à la propulsion électrique ne s’accompagne d’aucune modification d’importance à la structure du véhicule, selon le constructeur.
Sous le capot, le V8 AMG disparaît, et ses 571 ch sont remplacés par 4 moteurs électriques !
On s’attendrait logiquement à ce que les 4 moteurs soient disposés chacun dans une des 4 roues…
Pas du tout, pourquoi faire simple et logique quand on peut tout compliquer ?
Les ingénieurs Mercedes ont décidé de placer les 4 moteurs électriques sous le capot, chacun est dédié à une roue spécifique, mais pas de moteur-roues au programme, soi-disant pour une question de comportement par rapport aux masses non suspendues !
L’équilibre prévaut aussi pour la disposition des batteries, implantées un peu partout ou il reste de la place…, à la fois en avant du tablier, dans le tunnel central et derrière l’habitacle, là également sous prétexte d’une répartition des masses avant arrière avantageuse !
La réalité est qu’il était stupide de transformer l’emblématique Mercedes SLS V8 AMG en une voiture électrique…, car on s’attendrait à ce que le génie mécanique germanique Mercedes parte d’une feuille blanche pour penser à créer une automobile électrique qui en soit vraiment une… et pas cette transformation ridiculement pathétique qui n’est en réalité qu’un Gimmick pour laisser croire aux journaleux habituels, que Mercedes fait tout ce qu’il peut pour que promouvoir la voiture électrique…
Pour être crédible, il faudrait créer une voiture qui répond véritablement aux envies et aux besoins des gens, c’est-à-dire une petite voiture pratique, fiable, peu coûteuse et d’un entretien minime…
L’exact opposé de cette monstrueuse (mais magnifique) Mercedes SLS électrique…
Côté performances, Mercedes revendique 4 secondes pour passer de 0 à 100 km/h.
L’habitacle, tout de noir et de blanc vêtu reçoit un peu plus de modifications visibles que l’extérieur.
En effet, outre une nouvelle instrumentation avec affichage du niveau des batteries ou de l’autonomie, toute la console centrale et la façade sont revues sur ce prototype.
Un grand écran tactile prend place pour regrouper toutes les commandes habituellement disposées sur la façade : audio, climatisation, navigation, mais aussi affichage des flux d’énergie entres les batteries lithium-ion et les moteurs.
La présentation de ce monstre, pose la question du type de société dans laquelle nous vivons aujourd’hui. En première moitié du vingtième siècle, deux philosophes romanciers, Aldous Huxley et George Orwell (Éric Blair), s’étaient posé la même question… et avaient abouti à des conclusions plutôt inquiétantes.
Or, l’évolution des sociétés avancées, au cours des cinquante dernières années, allait malheureusement tendre à leur donner raison.
Mais auparavant, il faut se mettre en contexte en présentant l’économie du gaspillage.
Depuis ses toutes premières origines, le capitalisme industriel a permis de faire exploser la production de biens matériels, ce qui ne devait pas manquer de conduire à cette opulence universelle, qui s’étend jusqu’aux plus basses classes de la société, pour citer le père fondateur de l’économie moderne, Adam Smith.
Smith s’était toutefois fait cette réflexion que les besoins humains sont à certains égards limités : Le besoin de nourriture est limité chez l’homme par la faible capacité de son estomac.
Par bonheur, la satisfaction à satiété d’un besoin conduit au désir d’en satisfaire un autre : après l’alimentation, l’habillement et le logement sont les deux grands besoins de l’humanité.
Plus heureux encore, certains besoins semblent ignorer la satiété, c’est-à-dire qu’ils seraient illimités : le désir d’un logement de plus en plus vaste et luxueux, de vêtements, de personnel de maison, de meubles, semble n’avoir aucune limite ou quelque frontière que ce soit.
Adam Smith a posé la question du caractère limité ou infini des besoins humains.
Question capitale pour le développement de la production industrielle, condamnée par sa propre performance à toujours trouver de nouveaux besoins à satisfaire.
Smith a à cet égard formulé une opinion on ne peut plus optimiste, qui allait être lourdement démentie par les crises de surproduction qui surviendraient à répétition durant les siècles subséquents.
L’innovation technologique perpétuelle, jumelée à l’application de la production automatisée à des gammes de plus en plus étendues de biens, conduisait toujours à se buter à un plafond de capacité de consommation chez la population, produisant une nouvelle crise.
Ceci jusqu’à la Grande crise de 1929.
Une théorie révolutionnaire fut alors formulée par l’économiste anglais John Maynard Keynes.
Selon lui, les crises de surproduction, du coté de l’offre donc, étaient lourdement aggravées par l’effondrement du pouvoir d’achat, du coté de la demande : les entreprises faisant face à un problème de surproduction congédient temporairement leurs employés ; ceux-ci, qui ne touchent plus de salaire, voient leur pouvoir d’achat s’effondrer et réduisent leur consommation au plus strict nécessaire ; ce qui accroît l’excédent global d’offre sur la demande, transformant la crise temporaire de surproduction, dans un secteur, en crise économique générale où l’offre et la demande s’effondrent ensemble, dans tous les secteurs.
La solution proposée consistait à soutenir le revenu des premiers travailleurs à perdre leur emploi, de façon à ce qu’ils ne réduisent pas leur consommation de façon drastique, évitant par le fait même à l’économie de s’engager dans une spirale de décroissance.
Aujourd’hui encore, c’est là que se situe le fondement de l’assurance-chômage comme des diverses autres dispositions qui, en pays avancés, visent le soutien du revenu.
Ceci était toutefois encore mal compris au cours des années 1930, sans compter qu’une révolution conceptuelle autant que technique de l’ampleur de celle avancée ne pouvait être opérationnelle en moins d’une dizaine d’années.
C’est pourquoi ce fut un moyen plus classique, la guerre, qui permit de résoudre vraiment la crise de 1929 !
La deuxième guerre mondiale a brutalement accéléré le développement technologique et fait exploser la capacité de production.
Selon le schéma classique, on aurait dû s’attendre à une formidable crise de surproduction, dégénérant en crise économique d’une ampleur encore jamais vue, sitôt la guerre finie.
Deux stratégies furent appliquées simultanément, créer la consommation de masse en même temps que, suivant Keynes, on s’assurerait que tous y aient véritablement accès, qui permirent de se retrouver non pas en situation de crise mais, tout à l’opposé, d’entrer dans la plus longue période de prospérité depuis l’avènement du capitalisme, les Trente glorieuses.
La clef de cette double stratégie fut l’automobile.
Car c’est d’abord la diffusion plus large de celle-ci qui permit au modèle résidentiel de la banlieue pavillonnaire, si fortement consommateur de biens durables autant que non durables, de l’aspirateur à la machine à laver, en passant par les réseaux routier et autoroutier, de s’imposer.
Mentionnons au passage que l’un des moyens utilisés pour faire exploser la consommation fut de sortir les femmes des usines, où durant la guerre elles s’étaient montrées aussi compétentes que les hommes qu’elles remplaçaient, pour les retourner à leur mission naturelle.
C’est ainsi que l’Amérique connut une période de haute fertilité, connue sous la dénomination de Baby-Boom.
Le tournant des années 1960, où l’on crut que c’en était fini de la croissance de la consommation, fut l’occasion d’une nouvelle frayeur.
Référons-nous à Walter W. Rostow : Il ressort à l’évidence que la croissance du pays ne peut plus dépendre, dans une aussi large mesure, de la possession, par une proportion toujours croissante de la collectivité, de la villa de banlieue, de l’automobile et de la série des appareils électriques ménagers.
En d’autres mots, la capacité à consommer des Américains semblait s’approcher dangereusement d’une limite impossible à dépasser.
Ce qui a conduit à se questionner sur l’avenir :
– Que réserve l’avenir ?
– Les Américains ayant créé cette civilisation suburbaine et mobile, vont-ils s’arrêter pour profiter de leur richesse ?
Alors que l’ère des biens de consommation durables atteignait un point où le taux des ventes devait se ralentir, la société américaine prit une décision extraordinaire et inattendue : les ménages américains commencèrent à agir comme s’ils préféraient un bébé de plus à un nouvel article de consommation.
À la même époque, l’économiste Galbraith publiait L’ère de l’opulence, un titre on ne peut plus explicite quant à l’atteinte d’un plafond de consommation.
Songer à le dépasser ferait tomber dans les méfaits bien plus que dans les bienfaits de l’abondance.
Ce qui, selon l’auteur, avait malencontreusement déjà été fait : La famille qui monte dans sa voiture mauve, au moteur et aux freins puissants, avec air conditionné, pour aller se promener, traverse des cités mal pavées, défigurées par les ordures, les bâtiments en ruine, les panneaux d’affichage et des poteaux télégraphiques qui auraient dû être enterrés depuis longtemps. Elle traverse un paysage masqué par la publicité…, elle pique-nique en consommant une nourriture emportée soigneusement dans une glacière portative, mais au bord d’une rivière polluée…, elle passera la nuit dans un parc qui insulte la santé et la moralité publiques. Avant de s’assoupir, sur un matelas à air comprimé, sous une tente de nylon, au beau milieu d’une couche de déchets, elle réfléchira peut-être au curieux paradoxe de son destin. Cela est-il vraiment le génie américain ?.
Ces brillants économistes se sont tous inquiétés pour rien.
En effet, le capitalisme a au cours des trente dernières années plus que jamais fait montre d’une extraordinaire capacité à créer de nouveaux besoins et, ce faisant, à faire croître la consommation de manière exponentielle.
Il suffit pour s’en convaincre de regarder autour de soi et de dresser la liste de tous ces produits qui, inexistants en 1960, sont aujourd’hui universellement diffusés.
Quant à l’automobile, elle a conservé une place dominante autant en tant que champ de consommation que de moyen d’accès aux autres types de consommation.
Puisque rien n’indique que nous soyons parvenus à un plafond ultime, force est de conclure que la capacité de consommation d’une population serait bel et bien infinie.
Nommément en matière d’automobiles, c’est-à-dire qu’à l’auto unique de 1960 et aux deux autos de 1995 succéderont les trois autos par ménage de 2005, puis les quatre de 2020, et ainsi de suite.
La croissance infinie des besoins n’est pas que quantitative, mais aussi qualitative, comme l’illustre à nouveau parfaitement l’automobile ; qui se satisfaisait en 1960 d’une auto valant 10 000 dollars en conduit aujourd’hui une de 25.000 dollars et se retrouvera, en 2020, au volant d’un véhicule coûtant 40.000 dollars.
La recherche effrénée de nouveaux champs de consommation ne peut que conduire à l’économie du gaspillage…
La production de masse repose sur la concentration du pouvoir.
Puisque qui a mis le doigt dans l’engrenage paraît ne plus vouloir l’en retirer, force est de penser que la détention du pouvoir, de quelque type qu’il soit, procure de puissantes ivresses.
Les économistes se montrent indifférents à qui détient le pouvoir et au plaisir qu’il en éprouve.
Que le pouvoir soit hyper-concentré ou démocratique ne semble pas plus les intéresser.
Pour savoir où mène le processus de concentration du pouvoir propre au capitalisme industriel, il vaut mieux regarder du coté des grands philosophes.
Les bouleversements qui ont suivi la crise de 1929, jusqu’au cataclysme que fut la deuxième guerre mondiale, ont incité deux d’entre eux à produire chacun sa théorie sur l’avenir des sociétés industrielles avancées.
Je fais référence à Aldous Huxley, qui en 1931 publia Le meilleur des mondes, et à Eric Blair qui, sous le pseudonyme George Orwell, publia en 1948 son chef-d’œuvre : 1984.
Huxley et Orwell partent tous deux du constat que la civilisation industrielle, qui graduellement conquiert tous les aspects de la vie, tend par sa dynamique propre à concentrer le pouvoir entre un nombre de plus en plus réduit de mains.
Celles-ci deviennent puissantes au point de s’emparer de l’État.
Quand c’est chose faite, la table est mise pour un mode de fonctionnement de la société portant le nom de totalitarisme : régimes politiques non démocratiques dans lesquels les pouvoirs sont concentrés entre les mains d’un petit nombre de dirigeants, qui subordonnent les droits de la personne humaine à la raison d’État (Larousse).
Nous en avons l’exemple aux États-Unis depuis le “coup d’État” du lobby militaro-industriel de l’armement (décrit par l’ex-président Dwight Eisenhauwer), qui a mis Lyndon Johnson au pouvoir ainsi que tous les suivants, l’apothéose étant l’abominable Georges w.Bush… à qui Tony Blair et surtout Nicolas Sarkozy ont fait allégeance…
On voit que, par définition, le totalitarisme passe par le contrôle de l’État.
Ceci étant, il n’est pas nécessaire que ceux qui paraissent contrôler l’État soient ceux qui le contrôlent vraiment, c’est-à-dire que ces derniers peuvent préférer se dissimuler derrière des politiciens professionnels.
Subtilité qui pourra permettre de donner à un système totalitaire l’apparence d’une démocratie.
Mais ces dernières réflexions débordent Huxley et Orwell, qui se sont limités à constater que la civilisation industrielle porte en elle le germe du totalitarisme.
La question devient de savoir quel est le moyen le plus efficace d’exercer le pouvoir totalitaire.
À partir d’ici, Huxley et Orwell divergent complètement d’opinion.
Pour Huxley : Un État totalitaire vraiment efficient serait celui dans lequel le tout-puissant comité exécutif des chefs politiques et leur armée de directeurs auraient la haute main sur une population d’esclaves qu’il serait inutile de contraindre, parce qu’ils auraient l’amour de leur servitude.
Le premier ingrédient de ce projet est la sécurité économique, car sans la sécurité économique, l’amour de la servitude n’a aucune possibilité de naître.
On retrouve ce schéma de fonctionnement dans “le droit au travail” et dans les revendications syndicales.
Le second est le conditionnement, le secret du bonheur et de la vertu serait d’aimer ce qu’on est obligé de faire.
Tel est le but de tout conditionnement : Faire aimer aux gens la destination sociale à laquelle ils ne peuvent échapper.
Comment la leur faire aimer ?
D’abord par la publicité : Soixante-deux mille quatre cents répétitions font une vérité.
Ensuite en leur procurant des jouissances : La jouissance jusqu’aux limites extrêmes que lui imposent l’hygiène et les lois économiques, sans quoi les rouages de la civilisation industrielle cessent de tourner.
En procédant de la sorte, on obtient deux résultats.
Le premier : Tout le monde est heureux.
Le second : La stabilité…, le besoin fondamental et ultime.
Résumons cette thèse : Si vous voulez utiliser toutes les ressources de la civilisation industrielle pour acquérir un pouvoir immense, distribuez du pouvoir d’achat à la population et recourez massivement à la publicité pour la conditionner à consommer ce que vous produisez, ce qui la rendra heureuse et la fera se complaire dans sa servitude.
La thèse fut publiée en 1931, bien avant que les idées de Keynes sur le soutien du pouvoir d’achat ne fussent connues du public et même de la plupart des décideurs.
Orwell a vu les choses d’un tout autre œil.
Pour lui, c’est par la privation et par la contrainte qu’un pouvoir totalitaire peut le mieux assurer sa pérennité. Mais alors, à quoi occupera-t-on l’extraordinaire capacité de production qui est le propre de la civilisation industrielle ?
Il suffira d’en détruire le produit dans une guerre d’intensité contrôlée, mais perpétuelle : L’objet de la guerre n’est pas de faire ou d’empêcher des conquêtes de territoire, mais de maintenir intacte la structure de la société.
Avec la guerre perpétuelle qui détruit en permanence l’excédent de production, permettant de maintenir la population dans l’état de pénurie qui assure sa servilité, le dirigeant peut ressentir l’ivresse toujours croissante du pouvoir, qui s’affine de plus en plus, la sensation de piétiner un ennemi impuissant.
La thèse d’Orwell est en entier résumée dans cette phrase terrible : Si vous désirez une image de l’avenir, imaginez une botte piétinant un visage humain… éternellement.
Le contexte dans lequel écrivait Orwell était celui du sortir de la deuxième guerre mondiale, une boucherie aux proportions titanesques.
Ses références, l’auteur les a puisées dans l’Espagne de Franco, dans l’Allemagne d’Hitler et dans la Russie de Staline.
Ce qui n’inclinait pas aux thèses réjouissantes, on le comprendra.
C’est ce qu’a privilégié “le Nouvel Ordre Mondial” et ses sbires dictateurs tels que Georges W Bush (Vous êtres avec nous ou contre nous), et Barak Obama en succession et Tony Blair et Nicolas Sarkozy en sa suite pour l’Europe… en organisant à renfort de mensonges crapuleux, “une guerre contre le terrorisme” (terrorisme inventé de toutes pièces), qui remplace la guerre contre “le communisme” qui n’existe plus qu’en Corée du Nord et en Chine (qui est financièrement et démographiquement intouchable) !
Des deux, c’est donc Huxley qui a le plus eu raison jusqu’au 11 septembre 2001, date ou les exagérations du gouvernement Bush ont fait déraper durablement l’économie mondiale, les USA entrainant l’Europe dans une guerre qui, si elle renforce la dictatucratie, appauvrit la population occidentale, qui, dans un certain temps, va finir par se révolter, ce qui sonnera la fin de l’Empire !
Car ce que cette clique d’imbéciles politiques à oublié dans leur soif du pouvoir et de leur enrichissement personnel, c’est que pour contrôler une population et assurer son pouvoir sur elle, le plus habile est de la rendre heureuse en lui permettant de changer d’auto tous les deux ans, d’acheter une nouvelle cuisine équipée et une salle-de-bain dernier cri tous les 10 ans… et de pouvoir acheter des vêtements à la mode au moins chaque mois, les samedi étant réservés au shopping… en détente !
Ceci écrit, Orwell a vu juste à au moins deux niveaux.
En premier lieu, il a compris que si le système de production industrielle devenait trop performant à produire des richesses, il faudra veiller à en détruire l’excédent.
Plutôt que construire puis démolir des chars de combat et autres bombes volantes, il suffira de programmer à l’avance l’obsolescence des dix ou quinze millions d’automobiles sortants chaque année des usines d’un grand pays.
En second lieu, le contrôle des esprits, sans lequel aucun totalitarisme ne serait possible, prend chez lui une forme plus mécanique qu’allégorique, par conséquent beaucoup plus proche de nous.
Pensons au fantastique ballet électronique que déclenche l’utilisation d’une carte de crédit.
À l’ère du croisement incessant d’immenses bases de données publiques et privées, on ne doit plus être bien loin de ce que craignait Orwell : on sait tout de qui en vaut la peine ; on garde à l’œil même le plus insignifiant atome social.
Concluons qu’il ne suffit pas que les esclaves consentants jouissent, chacun à la manière correspondant à son niveau (une gigantesque télé couleur pour le pauvre, un séjour annuel sous le soleil de Cuba pour la coiffeuse, la retraite à 55 ou 60 ans pour le professionnel, qui durant trente ans n’aura d’autre occupation que de combler de bienfaits la précieuse masse de matière qui le compose), comme le demande la thèse d’Huxley, mais encore faut-il que chacun apporte sa contribution au processus continu de destruction de l’excédent de production, comme le requiert celle d’Orwell.
Qu’advient-il, dans le contexte de cette théorie synthétique Huxley-Orwell, des bébés prévus par Walter Rostow ?
L’indice synthétique de fécondité est le nombre total d’enfants qu’auront en moyenne les femmes d’un pays durant l’ensemble de leur période de fécondité, entre 13 et 45 ans.
Pour assurer le renouvellement d’une population, il faut un indice de 2.1 (le 0.1 compense pour l’infertilité d’une proportion des femmes).
Au moment où Rostow écrivait, les femmes américaines donnaient en moyenne naissance à trois enfants chacune.
Aujourd’hui, l’indice n’y est plus que de 1.9.
En France, où les politiques d’aide à l’enfance sont parmi les plus complètes, il n’est que de 1.8.
Au Canada, c’est 1.7, comme au Japon.
En Allemagne et en Italie, les femmes donnent chacune naissance à 1.4 enfant.
Il semble dès lors établi que les ménages américains ne préfèrent pas un bébé de plus à un nouvel article de consommation, tout au contraire.
Pas plus que les ménages japonais, français, allemands, canadiens ou italiens.
Est-ce un hasard ?
Les pays qui viennent d’être énumérés concentrent 80% de l’industrie automobile mondiale.
Combien de fois a-t-on vu de ces jolis couples en début de trentaine expliquer, l’air embarrassé, qu’ils ne jouissent pas d’une sécurité financière suffisante pour faire un enfant.
Pourtant, la jeune femme et le jeune homme, tout juste arrivés de leurs vacances en Italie, viennent de changer d’auto, laquelle, il est vrai, commençait à dater puisque c’était le modèle d’il y a trois ans, en faveur d’un magnifique berline, 205 chevaux, freins ABS, sellerie cuir, vitres et sièges électriques, système audio à six haut-parleurs !
Une aubaine disent-ils, à seulement 28.297 euros, plus taxes et assurances, sans compter les frais de fonctionnement et les amendes….
Il suffit de leur dire : Oh !, ce qu’elle est belle votre nouvelle auto… pour voir leurs yeux pétiller de joie.
La jouissance jusqu’aux limites extrêmes…
Cette théorie ne se limite pas à expliquer pourquoi la natalité est en baisse partout en occident, mais aussi pourquoi on commence à y manquer de livres dans les écoles.
La canalisation de ressources suffisantes dans le système d’enseignement national suppose la reconnaissance d’un besoin à ce niveau par une majorité au sein de la population, c’est-à-dire qu’il s’agit par essence d’un domaine de prise de décision démocratique.
À richesse nationale égale, une hausse de l’investissement dans l’éducation signifie forcément une diminution de la consommation privée, se traduisant par un impact négatif sur les filières de production correspondantes.
Filières qui sont l’assise sur laquelle repose le pouvoir de petits groupes de personnes.
C’est pourquoi une lutte ne manquera pas de s’engager entre ces groupes et les forces démocratiques, dont l’enjeu sera de choisir entre fournir des manuels scolaires en nombre suffisant à nos enfants ou orner de chromes les pare-chocs de nos automobiles.
L’évolution des dernières années montre que les forces démocratiques perdent du terrain face au projet de mainmise sur les sociétés contemporaines fomenté par des groupes restreints.
C’est précisément ce que je tente de vous documenter (informer), en analysant le recul des forces démocratiques devant les intérêts liés à l’automobile.
D’aucuns jugeront peu sérieux que j’ai pris mes références quant aux principes d’organisation de la société industrielle contemporaine chez les philosophes-romanciers plutôt que chez les classiques du marxisme.
Le fait est que Marx ne suppose que bêtise chez les capitalistes, intelligence et désintéressement chez les travailleurs, des postulats qui doivent l’un comme l’autre être rejetés.
La grande erreur de Marx, plus encore de ceux qui se sont réclamés de lui, aura été d’ignorer la grande capacité d’adaptation du capitalisme, ce qui suppose que ses dirigeants soient des plus intelligents, ou sinon qu’ils sachent s’entourer de gens intelligents.
Venant en corollaire, la plupart des marxistes n’auront pas compris combien il était facile de rendre heureuse une population et, grâce à ce bonheur si généreusement dispensé, à chacun selon ses attentes, de tuer dans l’œuf toute velléité de déviance.
2011 Mercedes SLS AMG E-CELL Test Drive with David Coulthard
C’est ainsi que s’achève l’exploration théorique peu orthodoxe (Huxley et Orwell plutôt que Marx !)que j’ai cru utile de vous expliquer.
Dans tout ce que vous venez de lire, l’automobile est déterminante… et si j’ai pris l’exemple de cette magnifique mais monstrueuse Mercedes SLS électrisée pour faire croire aux imbéciles que Mercedes travaillait vraiment au renouveau de l’automobile, ce n’est pas anodin…
Rien n’est anodin dans la démarche de Mercedes, en ce compris la couleur jaune-verdâtrecologique de l’engin et surtout la qualité toute particulière des photos véritablement artistiques de haut niveau, qui plus est réalisées dans les pays nordiques réputés écologiques comme ici la Norvège (route touristique “de l’Atlantique”).
Vu sous cet angle, c’est à vomir, car c’est de l’intoxication !
Cet engin, en SLS V8 AMG, est extraordinaire, tout comme pouvait l’être un dinosaure, sauf qu’on l’a ici maquillé avec habileté pour nous faire gober un œuf pourri.
Il aurait été plus sain de créer une voiture électrique plus humaine, style Smart, destinée à être véritablement fabriquée et vendue pour un maximum de 15.000 euros… et non pas cette omelette baveuse que les gens “normaux” ne pourront jamais acquérir… et que n’achèteront pas ceux qui ont les moyens de rouler dans le bruit, la fureur et la bestialité mécanique de la version V8 AMG essence !
Cette voiture est donc, certes, une démonstration de savoir-faire à usage médiatique…, mais il aurait mieux valu savoir-faire une autre voiture à usage écologique destinée au public !
L’avenir de l’humanité, même si on le réduit à l’avenir de la mobilité humaine, ce n’est pas cette caricature !
Chez tous les économistes cités, l’automobile occupe une large part dans l’explication proposée.
Ce n’est pas un hasard.
L’automobile est en effet la pierre angulaire des économies capitalistes avancées et croyez-le ou non, les industriels de l’automobile, phagocytés par les magnats de la finance et de l’industrie pétrolière, n’en veulent pas !
Mercedes SLS AMG E-Cell Test routier
J’avais été discuter il y a deux ans avec la direction de Gaz de France, à Paris, peu avant qu’on ne commence à beaucoup parler des voitures électriques…
“J’avais un projet”, simple pour que Gaz de France et Électricité de France puissent aider au développement de la voiture électrique.
On m’a écouté pour savoir si j’avais les moyens financiers de cette ambition, on m’a souligné que Gaz de France avait une grosse part dans le capital du pétrolier Total et inversement…, on m’a prétexté que l’avenir du groupe se jouait en Amérique du Sud ou étaient construites des Centrales nucléaires, puis on m’a remercié en me précisant un peu plus tard qu’on ne me répondait pas pour ne pas me donner d’illusions…
Maintenant, alors qu’un moteur électrique est mille fois plus simple à fabriquer qu’un moteur essence ou diesel (c’est l’équivalent du seul démarreur !)…, qu’il comporte en lui le système de freinage (inversion des polarités)…, qu’il est 100 fois plus compact (regardez les éclatés techniques)…, qu’il est hyper simple à réparer…, qu’il ne s’use que très modérément par rapport à un moteur “à explosion”…, alors que ce moteur qui logiquement est solidaire d’une roue, sans engrenages, permet de penser l’automobile différemment…, les “grands” constructeurs sortent des concepts dinosauriens, lourds, énormes, complexes, si ce ne sont comme Porsche, BMW et Mercedes, des réutilisations de leurs voitures emblématiques de production, adaptées (très mal) à la motorisation électrique !
Vulgairement, c’est un “foutage de gueule” magistral…, que je qualifie “d’électrifiant” !
A lire en priorité : Mon concept électrique…
A lire ensuite, tout ce qui suit, prenez votre temps, ça vaut la peine, mais vous n’en sortirez pas intacts ! :
– EV1… Qui a tué la voiture électrique ?
– Voitures vertes électriques et à air comprimé…
– 2006 Eclectic, le premier véhicule autonome énergétiquement…
– Le vice profond des automobiles de luxe…
– Courrèges Bulle, Exe et Zooop…
– Genepax H²0, la voiture qui marche a l’eau…
– 2009 AEV Kurrent…
– Protoscar Lampo, le règne de la voiture électrique va commencer…
– La fin de l’automobile, c’est maintenant…
– A force d’accepter d’être dirigés par des putes, il ne faut pas s’étonner de se retrouver vivre dans un bordel.
– Nous sommes arrivés bien au delà de la croisée des chemins…
– L’automobile en attente d’un miracle…
– 2010 Tesla Roadster…
– 2012 Audi e-tron…
– 2011 BMW Vision EfficientDynamics…
– 2009 Rinspeed iChange…
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