1970’Luigi Colani Lamborghini Miura LeMans…
o tempora, o mores ! Miserum me…
“La célèbre Lamborghini Miura “bi-corps” de Luigi Colani…, l’extraordinaire Lamborghini Miura Le Mans prototype…, a été retrouvée abandonnée dans une usine désaffectée dans l’Indiana, USA !
On la croyait détruite à jamais depuis 40 ans…
C’est la seule jamais construite, une voiture futuriste unique au monde, sa valeur est inestimable… et elle est à vendre au plus offrant !”…
C’est un extrait de l’annonce publiée il y a quelques années sur E-Bay et dans divers magazines automobiles, ce devait être “un Scoop” planétaire, un évènement galactique qui allait attirer une multitude d’Aliens, de collectionneurs, antiquaires, brocanteurs et escrocs…, tous désireux de réaliser l’affaire du siècle, voire du millénaire…
Sauf que…, ce n’était pas vraiment vrai tout cela…, en effet, ce “machin” n’a jamais été une Lamborghini Miura, ni une automobile “roulable” (appréciez cette subtile remarque ou le double-sens est infini)…, c’était un “project-car” non-roulable…, une maquette 1/1 œuvre de Luigi Colani, réalisée en 1970, en polyester, sans châssis, sans moteur, sans boîte de vitesse, sans trains roulants… et donc ne disposant pas de freins, de suspensions, ni de direction…
Dans les années ’70 les merdias annonçaient que c’était “Une automobile mythique, chronométrée sur le circuit du Nurbürgring à plus de 330km/h”… précisant que : “Toutefois Lamborghini et Bertone ne veulent pas le confirmer dans les jours qui viennent, car Luigi Colani a modifié la section arrière du châssis d’une Lamborghini Miura SV, avec un nouveau métal révolutionnaire issu de la recherche spatiale et de l’analyse des roches de Lune…, la carrosserie étant également issue du programme Apollo…, le moteur, la boîte de vitesse et les jantes en magnésium Lamborghini étant par contre d’origine mais il se pourrait que l’alliage du bloc moteur soit en titane” !
En 1970, ce concept-car a fait sensation en Europe et a été la vedette de quasi-tous les grands salons automobiles européens, avec sa peinture jaune/orange typique des Lamborghini des années ’70.
Le public, médusé, n’a ensuite plus reçu d’information…, sauf 4 ans plus tard, en 1974, année ou Luigi Colani à publié une ligne d’info signalant que l’engin avait été vendu à Veedol, une sous-marque d’un groupe pétrolier qui commercialisait des huiles et produits pour l’automobile… et n’a pas laissé la voiture dans sa couleur jaune/orange préférant une re-peinturluration en bleu et or badgée au logo de cette marque appartenant à la division Getty-Oil.
L’engin est parti en tournée dans tous les États-Unis… et durant presque 30 ans il s’est peu à peu détérioré, avant d’être abandonné dans une usine Veedol désaffectée, qui a été vendue à un démolisseur via une vente aux enchères immobilière dans l’Indiana…
L’épave de la Colani-Concept-Le Mans a été découverte par l’entreprise de démolition…, s’en est suivi une discussion (une bataille juridique homérique) concernant la réelle propriété de cet engin hors normes.
La société Getty-Oil (Veedol) soulignait qu’elle avait acquis légalement la voiture 40 années auparavant, mais elle ne disposait plus des factures le prouvant !
L’acquéreur de l’usine désaffectée se prétendait propriétaire sous le principe qu’en mobilier : “Possession vaut titre” (de propriété) et qu’il avait acheté sous contrat l’usine et tout ce qu’elle contenait.
Le démolisseur a gagné la première manche, prétendant que l’engin était sa propriété parce qu’il se trouvait dans l’ensemble qu’il avait acheté…, alors que plus personne ne savait qu’elle existait encore…
Un doute a été soulevé concernant les documents d’immatriculation introuvables…, l’enjeu était gigantesque, s’il s’était s’agit d’une Lamborghini Miura design Luigi Colani, roulable… sa valeur était alors estimée a quelques millions de dollars…
Veedol s’est alors tiré une balle dans le pied en voulant faire expertiser la bête, alors que la marque pétrolière savait que l’engin n’avait pas de moteur, pas de châssis, pas de boîte de vitesse, pas de trains roulants et pas de documents d’immatriculation… etc… etc…, que ce n’était qu’une maquette grandeur nature qui n’avait jamais été prévue pour pouvoir rouler… l’expert s’en est aperçu… Veedol a renoncé d’autant plus vite qu’il n’y avait rien à gagner pour cette firme… et le soufflé est retombé…, c’est alors le chiffre d’une valeur maximale de 20.000 dollars qui a été annoncé par l’expert… et plus personne n’a voulu l’acheter…
C’est donc le démolisseur qui a remporté la voiture…, mais elle s’était brisée en plusieurs morceaux, quoique toutes les pièces avaient été regroupées.
La partie arrière était presque intacte de même que les (vraies) jantes Lamborghini Miura.
Il n’existait pas de suspension avant avec train directionnel bi-roues (deux roues jumelées gauche et droite) commandé par un Joystick… et aucun V12 Lamborghini n’avait jamais été installé dans cette chose…
Le démolisseur a imaginé que cette maquette 1/1 devrait être facile à restaurer dans sa présentation orange originale réalisée par Luigi Colani en 1970…, mais comme la bulle de l’habitacle n’existait plus et qu’il n’y avait pas de châssis, les différents carrossiers pressentis ont déclaré forfait, la complexité du travail à effectuer était un casse-tête qui de plus pouvait couter autant qu’une Lamborghini “usine” !…
Comme il s’agissait d’une “rareté non roulable”, mais qu’elle était totalement inconnue du grand-public, le démolisseur ne savait pas quel prix il pouvait demander pour “cette chose”…, d’autant qu’il ne pouvait se résoudre à suivre l’estimation de l’expert.
Annoncer, plaider et discourir de l’occasion rare de posséder un project-car conçu par Luigi Colani…, qui avait été construit par le concepteur lui-même, de ses “blanches” mains (comme le prouvent les photos)…, n’était toutefois pas simple à mettre en branle aux USA ou le nom de Luigi Colani n’évoquait strictement rien dans l’esprit des gens…
La quasi-totalité des voitures de Luigi Colani sont en effet “in-roulables”, ce sont des sortes d’œuvres d’art qui finissent toutes dans des musées… voire dans des casses…
Qui plus est, personne aux Etats-Unis n’avait jamais vu de voiture de Luigi Colani en dehors de quelques rares illuminés qui étaient venus les regarder avec stupéfaction…
Il n’empêche que cette voiture était vraiment unique…, donc, le démolisseur, sous le pseudonyme de “indy88” demeurant à Cross Plains, Indiana, United States, a décidé de la vendre sur e-bay en cherchant “LE” parfait idiot-demeuré-crétin-illuminé possédant au moins 100.000 US$ à perdre dans une prétendue “œuvre d’art” : http://cgi.ebay.com/ebaymotors/Luigi-Colani-Lamborghini-Miura-LeMans-Concept-Car-/270694202476?pt=US_Cars_Trucks&hash=item3f06a1bc6c
Une première annonce est parue en novembre 2010 avec un prix minimum demandé de 100.000 US$, sans prix de départ…, mais il ne s’est trouvé personne pour enchérir !
Une seconde annonce a été déposée le 24 janvier 2011 à 18:02:21 (heure européenne) à un prix de départ de 74.999 US$… avec la même réserve de 100.000 US$… et, malgré le prix d’accroche plus bas que précédemment, environ sept heures plus tard, il n’y avait toujours aucune enchère…, finalement, la seule offre fut de 7.500 US$… un mois plus tard !
Le démolisseur a donc conservé le “chef-d’oeuvre”…
Mon (humble) avis, est que si le prix était de 20.000 US$, la “chose” en vaudrait la peine pour qui a une belle demeure avec un grand jardin et un magnifique endroit devant le château pour y placer “l’œuvre-d’art”…, car exhiber l’engin est surement aussi jouissif que se promener à poils dans la propriété lors d’une grandiose réception regroupant le Gotha et les Elites…, mais toutes et tous demanderaient : “Qui est donc ce Luigi Colani ayant créé cette chose dantesque ?”…
Quae uero sunt augendis adfectibus accommodatae figurae constant maxime simulatione. Namque et irasci nos et gaudere et timere et admirari et dolere et indignari et optare quaeque sunt similia his fingimus. Vende sunt illa: liberatus sum, respiraui, bene habet, quae amentia est haec ? o tempora, o mores ! Miserum me ! Consumptis enim lacrimis infixus tamen pectori haeret dolor, magnae nunc hiscite terrae…
Les figures qui sont propres à produire de grands mouvements, consistent principalement dans la feinte, car nous y feignons d’être en colère, ou d’avoir de la joie, de la crainte, de l’admiration, de la douleur, de l’indignation, ou d’autres sentiments pareils. De là ces traits : Enfin me voilà délivré ; je respire ; cela va bien. Quelle est ma folie ! O temps ! ô mœurs ! O malheureux que je suis ! Car lors même que mes larmes sont taries, la douleur déchire encore mon cœur. O terre, entr’ouvre-toi !
Luigi Colani est né à Berlin le 2 août 1928 sous le nom de Lutz Colani, il est devenu designer industriel après un long chemin artistique chaotique dès l’instant ou il est devenu comme fou aux yeux des “autres” et s’est auto-prénommé “Luigi” pour “faire italien”…, la caractéristique essentielle de ses créations sont les arrondis en formes organiques, qu’il appelle “formes biodynamiques”…
Ses revendications sont ergonomiques pour être, selon-lui : “supérieures aux dessins et modèles traditionnels” !
Sa cuisine satellite de 1969 ou il est quasi impossible de cuisiner ne serait-ce qu’y aller se faire cuire un œuf… est l’exemple le plus frappant de cette (de son) école de la pensée surréaliste.
Beaucoup de ses dessins pour petits appareils ménagers et photos, ainsi que pour du mobilier, sont toutefois fabriqués en série, commercialisés… et vendus !
Il a même réussi un véritable tour de force en vendant dix camions-tracteurs pour semi-remorques, d’un look particulièrement innovant et futuriste (Vous les verrez sur une des vidéos YouTube ci-après)…
“La terre est ronde, tous les corps célestes sont ronds, ils évoluent tous sur des orbites elliptiques autour d’un univers circulaire en forme de globe en orbite autour les uns des autres… et l’autre nous suit jusque dans le microcosme de nos tourbillons élliptiques, suscités par toutes les formes de propagation des espèces, liées par l’érotisme… Pourquoi devrais-je rejoindre la masse qui divague dans la ligne droite qui n’existe pas dans l’univers… et qui veulent faire tout angulaire ? Je poursuis la philosophie de Galilée, mon monde est aussi rond que le sien”… m’a dit le Grand Maître, Luigi Colani, en personne !
Pourtant, à bien regarder ce Concept-Le Mans Lamborghini Miura, un vertige atteint chacun qui s’imagine pouvoir s’installer à son volant joystick… qui dirige les double roues avant cachées dans des logements aérodynamiques…., mais ce n’est qu’une illusion…
Luigi Colani a reçu de nombreux prix de design…
Pour ce qui est de “la chose”…, tout est toujours là pour une reconstruction/restauration complète…, mais il n’y à pas de moteur, ni de châssis, ni de trains roulants… etc… etc… !
L’acquéreur devra, en conséquence, soit la restaurer façon musée (maquette fixe), soit la placer sur une remorque pour lui faire prendre l’air, soit en faire une véritable automobile (j’avoue que ce n’est plus guère la préoccupation des gens actuellement)…, ce qui sous-entend alors un solide travail de mécanique, de carrosserie et de garnissage…, ainsi qu’ un portefeuille bien garni !