2011 Bugatti Veyron Grand-Sport “L’Or-Blanc”…
Déjantée et kitchissime, génialement stupide, extraordinairement inutile, fabuleusement baroque et scandaleusement chère, la désopilante VW-Bugatti Veyron, dans sa dernière mouture de (très) mauvais goût, dénommée “l’or blanc” (parce qu’elle est affublée d’éléments en porcelaine)…, clôture (enfin) la production d’une automobile parodique, pathétique et grotesque dont la bêtise n’a eu d’égale que la soif du paraître de ses acquéreurs…
Inutilisable en aucune circonstance…, hyper fragile…, capable de brûler plus de 120 litres de super aux cent kilomètres…, irréparable en dehors de l’usine de Molsheim…, in-entretenable non plus en dehors de ce confinement qui oblige à des expéditions aller/retour en transports spéciaux…, ingérable mécaniquement (les ingénieurs VW ont abandonné toute possibilité de recouvrir le moteur 16 cylindres, d’une verrière ou d’un capot, tant il chauffait et déformait irrémédiablement ces éléments de carrosserie)… et ingérable financièrement (cette dernière excentricité est annoncée à 1.650.000 euros plus taxes… et un entretien annuel est facturé à la valeur de 10 Mini Cooper S neuves)…, la Bugatti Veyron caricature l’automobile de luxe dans ce qu’elle a de plus abject en regard du monde dans lequel les “vrais” humains tentent de survivre…
Peut-on objectiviser nos devenirs en regardant une Bugatti Veyron dénommée l’oie blanche “l’or blanc”…, sachant qu’en Inde et ailleurs (Chine), certains industriels qui seuls peuvent se la payer, font travailler des enfants 10 heures par jour et 7 jours sur 7 pour un salaire de 25 euros par mois ?
Commençons par les pneus…, ils sont conçus spécialement par Michelin avec un cahier des charges devant autoriser une vitesse de pointe de plus de 400 km/h (qu’on ne sait atteindre nulle-part)…
Bugatti conseille aux utilisateurs de les changer tous les 4.000 kilomètres, pour garantir une sécurité d’utilisation optimale.
Le problème, c’est qu’un pneu coûte près de 10.000 dollars et qu’il est recommandé de changer également les jantes à chaque changement de pneus, soit une opération totale de 50.000 dollars pour repartir avec de nouvelles gommes. Ensuite, la facture se rallonge très facilement à l’heure de l’entretien : comptez environ 20.000 dollars pour un check-up de routine…, c’est presque dix fois plus que pour une Ferrari Enzo ! Au total, les coûts pour faire rouler une Bugatti Veyron se chiffrent au tarif délirant de 300.000 dollars par an !
Il est plus rentable de transporter sa Veyron en camion pour l’amener à l’endroit de son choix… et de se rendre directement à cet endroit en jet privé.
Vous rêvez toujours d’une Bugatti Veyron ?
Continuez à rêver, car cette version “porcelaine”, est l’ultime (et unique) Veyron commercialisée neuve…
Je suis à Berlin, dans la cour de la manufacture de porcelaine qui a initialisé la customisation baroque de la dernière Veyron produite à l’usine de Mosheim.
Deux vestales, de blanc vêtues, otent le voile qui recouvrait cette Bugatti Veyron, avec des gestes empesés, dans une atmosphère de cirque déglingué, devant les sommités “responsables” de cette “chose”, avec leurs figures grotesques et pathétiques qui rappellent certains tableaux de Théodore Géricault et de Francisco de Goya.
Il n’y a presque pas de spectateurs, peu de journalistes, quelques journaleux…
Ce spectacle burlesque est toutefois devenu, étrangement et rapidement, une expérience jouissive et délirante, très ancrée dans l’irréalité contemporaine !
Un résultat aussi inattendu, m’a apporté un éclairage inusité sur la pertinence d’un quelconque commentaire si on cherche un sens à la vie !
Les reportages concernant les automobiles “hors du commun”, que certains journaleux qualifient de “futures voitures de collection” (sic ! qu’est-ce que ce terme veut-il dire réellement ?)…, ne sont souvent que des tournées avilissantes dans des sortes de foires où s’agglutinent toutes les figures de ratés médiocres grossis à la loupe de l’exagération…
Les regards inquiétants des designers et ingénieurs…, la virilité gonflée de testostérone des “responsables marketing” masculins aux allures de mauvais cowboys… et la caricature d’aguicheuses des “attachées de presse”…, ne présentent que quelques exemples qui permettent aux journaleux (et divers autres dont je suis la tête de Turc), de s’éclater dans un délire contagieux.
VW-Bugatti Designers : Achim-Anscheidt et Thomas-Wenzel…
L’histoire de la fin de parcours de la Bugatti Veyron, se résume pourtant difficilement devant une telle enfilade de situations burlesques, mais en voici les grandes lignes.
Il ne faut pas trop chercher à intellectualiser cette love-parade-automobile dans l’esprit d’Ubu roi d’Alfred Jarry, même si tout ce qui s’y dit et s’y fait (pour ma part, je ne m’y fait pas !)…, a réussi par moment à susciter une réflexion sur les phénomènes qui engendrent la violence, la rage et l’exclusion.
C’est que derrière les rires, se révèlent souvent les fragments d’une critique sociale sur un monde impitoyable envers la différence et la marginalité.
Par contre, une légère lassitude s’est pointée à l’annonce du prix de cette bêtise : 1.650.000 euros hors taxes et frais !
Quelqu’un a osé crier : “Il ne fallait pas la nommer cette oie blanche : l’or blanc, mais l’or dure”…, cette orgie de trivialité toute rabelaisienne s’est toutefois vite essoufflée, chacun se reprenant des zakouskis et autres boissons généreusement offertes…, dans une finale percutante !
Rire est en effet une jolie façon de montrer les dents.
Dans cette genèse de la rage, tout s’est embrasé comme devant un miroir gore, destructeur de notre époque !
Jorg Woltman, Managing-Director KPM et Dr Stefan Brungs, Head of Sales Bugatti…
Ron Dennis qui compte bien réinstaller durablement McLaren au top des voitures de sport routières n’a pas été tendre, pour lui la Bugatti Veyron “porcelaine”…, n’est qu’un énorme tas de ferraille et ne mérite même pas qu’on s’y attarde : “La Bugatti Veyron n’est qu’un gros tas de ferraille. C’est tout ce que je pense. Je peux regarder beaucoup de femmes et voir la beauté dans beaucoup d’entre elles mais quand je regarde la Veyron, c’est juste laid comme un cochon. Elle ne me fait rien, pas un seul détail me rend heureux”…
Une haine exacerbée par la fiche technique de la grosse supercar, à l’opposé de feu la McLaren F1 très légère et relativement simple dans sa construction.
Ron Dennis a d’ailleurs placé quelques mots à propos d’un duel entre la McLaren F1 et la Veyron : “Lorsque nous comparons nous même la McLarenF1 avec la Veyron, nous la battons, même si tout le monde semble frustré de ne pas voir la Veyron gagner”…
Bien, bien, bien…
A l’opposé du document destiné à la presse et dont voici le copié/collé…
<< Berlin/Molsheim, le 30 juin 2011 – Avec la coopération de Bugatti Automobiles et la Manufacture royale de porcelaine de Berlin (KPM), le constructeur donne une nouvelle orientation à la conception de ses chefs d‘ œuvre automobiles. Dans le cadre d‘un dévoilement exclusif dans les locaux de la manufacture KPM à Berlin, “L’Or Blanc”, célèbrera le 30 juin 2011 sa première mondiale. L‘exemplaire unique de la Bugatti Veyron Grand Sport, première automobile au monde à être équipée au niveau de la carrosserie comme de l‘habitacle d‘éléments en porcelaine de grande valeur, séduira par son design extérieur artistique abstrait” >>…
Dr Stefan Brungs, Head of Sales Bugatti…
Qu’en a-t-il été en réalité ?
Je présente mon invitation à l’entrée…
Le responsable de la sécurité me laisse passer, la porte s‘ouvre…
Il règne dans la cour de la manufacture Berlinoise de porcelaine (KPM), un silence d’abbaye qu’apprécieraient des moines bénédictins !…
Soudain, théâtralement, un bonhomme qu’on nous présente comme étant Thomas Wenzel, fait le tour de l‘objet du désir, fait un pas vers la gauche puis vers la droite, s‘accroupit, se relève et feint d’examiner l’automobile (qu’il connait par cœur), une expression attentive sur le visage !
Il tient un rouleau de papier-collant…, en tire une longueur d’un mètre… et feint de le placer sur la carrosserie, singeant la méthode ayant servi à décorer la voiture…
C’est du chiqué…!
Imperturbable, ne prétant pas attention aux sifflets et quolibets, il analyse les réflexions de la lumière sur la voiture, puis recule de quelques mètres (est-ce pour obtenir une impression d‘ensemble ?)….
On se croirait dans l‘atelier d‘un Andy Warholl devenu plus fou que l’artiste pop art américain décédé il y a maintenant assez longtemps pour que ses œuvres valent plus que quand il vivait encore.
“Cette automobile se propose de réinterpréter l‘art de la conception”…, dit-il d’un ton docte !!!
Si vous auriez pu suivre mon regard hébété de tant d’imbécilité, vous auriez compris que les reflets de la lumière sur la carrosserie me laissaient de marbre…, ou plutôt de porcelaine, puisque certains éléments décoratif de cette ultime (bien-heureusement) version de la Veyron Grand-Sport (celle qui s’est vendue le plus difficilement) en est pourvue…
Sous l’éclairage spécial, les réflexions se dessinent dans la tête, simultanément aux réflections via la lumière du studio réfléchie par les arêtes entre les surfaces de la carrosserie…
Les réflections se mêlent aux réflexions et inversement.
“Les designers de Bugatti”… m’a ensuite expliqué Achim Anscheidt…, “ont dessiné chaque ligne sur la carrosserie pré-peinte en blanc éblouissant avec du ruban adhésif de précision en papier de soie japonais, qui adhère non seulement très bien sur la plastiline contenant du soufre mais peut également être déchiré à la main. Des rubans adhésifs, dont la longueur peut atteindre cinq mètres, ont ainsi été lignés avec la tension requise sur toute la surface du véhicule. Lorsque les designers n’étaient pas satisfaits à 100 %, ils plaçaient des rubans de correction sur la ligne d‘origine, jusqu’à ce que celle-ci présente la tension requise et le caractère souhaité. C‘était la seule façon permettant de guider avec précision les lignes. Il ne faut pas oublier qu‘une précision maximale était requise. Au final, les lignes ont été tendues comme un réseau de reflets lumineux sur la caisse de la Bugatti. L‘équipe de designers a travaillé au total plusieurs semaines sur les courbes élancées et les lignes filigranes, qui courent sur ce chef-d‘oeuvre automobile comme les virages menant au col du Stelvio… Nous donnons avec L’Or Blanc, un aperçu des arts artisanaux des deux marques, dévoilant une parenté de lignes imputable à la fois au dessin artistique de la porcelaine et au processus de mathématisation automobile. Lors de l‘étape suivante, les spécialistes de la peinture de Bugatti ont pris possession du véhicule préparé avec le ruban adhésif. Au cours d‘un processus prenant environ trois semaines, le dessin des lignes apposées a été remplacé, millimètre par millimètre, à la main par une peinture d‘un bleu soutenu et l‘ensemble du véhicule a été doté de cinq couches de vernis. Comme l‘équipe de design avait apposé des rubans de largeurs différentes sur la carrosserie, un dessin chatoyant aux courbes variées est apparu. Tandis que, dans la partie inférieure de la décapotable, les lignes bleues ont pris le pas sur les espaces blancs, le rapport s‘est inversé au fur et à mesure que l‘on approchait du toit. Là, c‘est le blanc à l‘éclat intense qui devait dominer. Douze éléments en porcelaine d‘une finesse extrême, réalisés par la manufacture berlinoise, ont finalement parachevé le caractère artistique de cette édition spéciale de la Grand Sport” …
“Dans les ateliers de la Manufacture royale de porcelaine, en plein cœur de Berlin, plus de 170 artisans d‘art et spécialistes de la porcelaine fabriquent des objets précieux modernes en porcelaine sur la base d‘une tradition vieille de 250 ans. Dans l‘atelier du département d‘études, certains de ces ouvriers ont peaufiné durant des semaines de travail les formes en plâtre qui ont abouti aux pièces uniques mises en œuvre sur l‘extérieur et à l‘intérieur de L’Or Blanc. Des séries d‘essais complexes ont été nécessaires pour pouvoir compenser le retrait naturel, de 16 % en moyenne, de la masse pendant les opérations d‘étuvage et de séchage, qui ont duré plusieurs jours, afin d’ajuster avec précision tous les éléments en porcelaine avec les composants Bugatti. La porcelaine est l‘un des matériaux les plus durs qui existent, toutefois, sa qualité dépend essentiellement de la fabrication. Notre défi était de calculer avec précision le retrait de la porcelaine, car il fallait que les médaillons s‘adaptent avec précision au bouchon du réservoir”, m’explique Thomas Wenzel, directeur du design de KPM…, “et il ne fallait pas non plus dédaigner l‘aspect de la sécurité. Comme L’Or Blanc est la première automobile où de la porcelaine est mise en œuvre, celle-ci se devait d‘être à la hauteur du potentiel de la voiture la plus puissante du monde dans toutes les situations routières. Les éléments en porcelaine intégrés ont été soumis à un contrôle automobile de sécurité et de qualité sévère, en vue d‘une protection maximale des occupants en cas de collision. Pour l‘extérieur, les inserts destinés aux enjoliveurs des jantes comme aux bouchons du réservoir et d‘huile ainsi que l‘emblème « EB » représentatif ornant l‘arrière de la voiture de sport, ont été réalisés en porcelaine. Leur surface blanche miroitante s‘harmonise ainsi à la perfection avec le blanc resplendissant de la peinture qui donnel‘impression que le véhicule a lui aussi été recouvert d‘une mince couche de porcelaine”…
“De la porcelaine dans une voiture et qui plus est dans la décapotable la plus rapide du monde, cela peut sembler de prime abord une idée bizarre”, m’explique Stefan Brungs, Directeur Général de Bugatti…, “mais c‘est justement là ce qui caractérise la marque : ne pas reculer devant les idées les plus absurdes, mais accepter les défis et les réaliser en privilégiant la qualité et l‘esthétique. Nous sommes là tout à fait dans la tradition d‘Ettore Bugatti, qui a toujours aimé expérimenter de nouveaux matériaux. Outre les inserts en porcelaine signés situés au niveau du tunnel central, une incrustation en porcelaine remarquable se trouve sur la cloison arrière, entre les deux sièges. Comme les éléments en porcelaine de l‘extérieur, elle est également ornée du relief du célèbre éléphant dressé, créé par le sculpteur Rembrandt Bugatti, que son frère Ettore avait utilisé comme bouchon de radiateur sur la Bugatti Royale. Jusqu’à nos jours, cet éléphant est indissociable de la marque. Une magnifique coupelle en porcelaine prend place dans la console centrale. Pour la première fois, la Manufacture royale de porcelaine de Berlin a doté les arêtes de cette coupelle d‘une taille diamantée. Cette coupelle de grande valeur est amovible et offre, avec les porcelaines de la mallette pique-nique, créées elles aussi exclusivement pour cette Bugatti par KPM, une vaisselle de table des plus fines pour un piquenique raffiné”…
“C‘est le célèbre éléphant de Rembrandt Bugatti qui a promu la coopération”, me raconte Jörg Woltmann, sociétaire unique de la Manufacture royale de porcelaine de Berlin (KPM) et passionné d‘automobile.., “Nous voulions à l‘origine seulement le proposer comme figurine en porcelaine, ensuite vint l‘idée d‘un service et puis nous avons continué de réfléchir jusqu‘à ce que, finalement, cette exceptionnelle Grand Sport voie le jour. De nombreux superlatifs s‘appliquent à la porcelaine de la Manufacture royale de porcelaine de Berlin : on lui attribue les plus belles formes et les plus beaux décors, sa masse est considérée comme la plus dure et sa teinte comme la plus blanche. Un nouveau qualificatif peut dès lors être ajouté à la liste : c‘est aussi la porcelaine la plus rapide au monde ! La Bugatti Veyron Grand Sport L’Or Blanc est une pièce unique ; il est toute-fois prévu de poursuivre la collaboration. Une multitude de nouvelles possibilités de conception, inspirées de la peinture sur porcelaine, s‘offre à l‘équipe de designers de Bugatti”.
La Bugatti Veyron “L’Or Blanc” coûte, je vous le rappelle : 1,650.000 millions d‘euros.
Étonnamment, nombre de béotiens considèrent encore Bugatti S.A.S. comme un constructeur d’essence hexagonale quand certaines revues de salle d’attente n’hésitent pas à référencer cette entreprise aux couleurs du coq gaulois.
Le deuil du prestige à la française n’a jamais été facile à faire quand on aborde l’industrie automobile comme un match de football.
Bugatti S.A.S. a beau avoir emménagé à Dorlishem (67), dans le château qu’Ettore utilisait jadis pour flatter ses richissimes clients, la Bugatti portant le nom de Pierre Veyron n’en reste pas moins aussi française qu’un membre du groupe Tokyo Hôtel se débattant avec la langue de Molière devant un parterre de petits parisiens hystériques.
Dans les années 80, Xavier DeLaChapelle fut le premier à galvauder l’ovale Bugatti en l’apposant sur des répliques plastiques mal proportionnées de la type 55.
Le résultat, outre une course au snobisme confondu à un strabisme divergent de la chose automobile…, en un chapitre résolument dérisoire puisque ce plagiaire-kiteur a cru pouvoir déposer un copyright pour protéger ses copies…, fut sa disparition, corps (de carrosserie) et biens (en mal !)…
En 1991, l’industriel italien Romano Artioli fut le second à galvauder l’ovale Bugatti dont les droits appartenaient toujours à Messier-Hispano-Bugatti, suite au rachat de la marque en 1963.
Toutefois, Artioli avait au moins eu l’honnêteté de ne pas cacher la nationalité de sa société “Bugatti SpA”.
De l’orientation “GT” voulue par Paolo Stanzani, entre autres père des Lamborghini Miura et Countach, aux lignes tendues aux couteau de Giugiaro (en passant par des financements à l’opacité mafieuse ajouteront les mauvaises langues), l’EB110 relevait en effet d’une initiative purement italienne.
Et la proue de la nouvelle Bugatti avait beau arborer le célèbre fer à cheval inspiré, dit-on, par la porte médiévale de Molsheim, la voiture tenait plutôt du fer à repasser.
Adieu, l’Alsace !
Pour le symbole, un feu de forge avait d’ailleurs fait le voyage de Molsheim à Campogalliano, telle une flamme olympique et une lueur d’espoir…, qui fit d’ailleurs long feu avec la faillite de cette première imposture, en 1995.
Fut ainsi perdue l’occasion de voir commercialisée l’EB112, savant clin-d’oeil esthétique de Giugiaro aux Bugatti Royale, Atlantic et autres “tanks” d’avant-guerre.
En 1998, Volkswagen, dont le mégalo empereur, Ferdinand Piech, voulait une égo-mobile à sa démesure, ralluma le flambeau.
Le meccano industriel des moteurs modulables VW accoucha ensuite à l’envi, d’ubuesques W18, ou triples V6 (!), mais plusieurs concept-cars successifs trahissaient l’hésitation des nouveaux tenants de la licence Bugatti entre des paquebots néo-classiques EB118 et 218 dans la lignée de la EB112 mort-née… et la supercar “18.3 Chiron”, suite logique de la peu passéiste EB110.
La deuxième option finit par l’emporter, en ces temps de retour aux sources où sévissait le culte du faux authentique, le marketing se cherchant une continuité historique avec le temps révolu d’Ettore et de Jean.
Entre-temps, VW a racheté le château des Bugatti, transformé en parc d’attraction pour les futurs clients soucieux d’authenticité, ainsi qu’une des six Royale (le coupé de ville carrossé par Binder, hideux mais malgré tout authentique), en guise de caution historique à la future imposture, dûment immatriculée “67”, cela va de soit.
Et si l’emblématique usine de Molsheim, qui existait toujours, s’appelait désormais Messier-Hispano-Bugatti et travaillait pour l’aéronautique, VW en construisit une autre de toutes pièces dans la cour du château.
Il ne manquait plus aux Allemands qu’à baptiser le nouveau modèle du nom d’un pilote Bugatti des temps héroïques, j’ai nommé Pierre Veyron, pour s’acheter définitivement une légitimité.
Et la légitimité de cette “16.4 Veyron” que VW-Bugatti S.A.S., finit par commercialiser en 2006, qu’en est-il justement ?
“Rien n’est trop beau, rien n’est trop cher”, déclarait Ettore Bugatti.
En ce sens, la Veyron, avec sa surenchère technologique sans finalité rentable et sa fiche technique où n’a de place aucun petit chiffre, tient de la délirante Royale.
A cette nuance près que la Royale fait figure d’exception dans une épopée Bugatti marquée par le culte de la légèreté.
“Une Bugatti 13, une 35 se manient comme un vélo. Elles sont très faciles à placer en virage”, argumente Marc Nicolosi, fondateur de Retromobile et président du Club Bugatti France.., “Ettore avait compris avant tout le monde l’avantage de la légèreté, un principe que Colin Chapman a repris sur ses Lotus : la recherche de la légèreté pour plus d’efficacité”.
Le poids, voilà bien un ennemi que les stakhanovistes de VW ont omis dans leur obsession des 1001 chevaux si porteurs au pays des 1001 nuits blanches, mais si coûteuse sur la balance.
Deux tonnes : l’invraisemblable défi des 400 km/h tout confort a fini par porter préjudice à l’obèse Veyron, ridiculisée sur la piste de Top Gear par de fluettes Pagani Zonda F et Catherman R500, des adversaires bien moins puissantes mais au poids plume.
En découvrant les singeries que les Allemands ont fait de son nom et de sa philosophie, Ettore raillerait-il “le camion le plus rapide du monde” comme il le faisait des Bentley au Mans ?
Toujours est-il que le masque est depuis lors, tombé… et que la Bugatti Piech/Volkswagen Veyron trahit son appartenance à cette école typiquement germanique recherchant bêtement la puissance pour la puissance.
A la lumière d’un cataclysme financier, à l’heure où des obsédés de la sur-motorisation tels AMG découvrent soudainement qu’il est possible d’utiliser plus intelligemment l’énergie fossile, que va-t-on bien pouvoir retenir de cette usurpatrice “Bugatti”, sinon un coup médiatique du groupe VW sans fondement ni lendemain ?
Dans nos économies ultra-concurrentielles, les nouveaux disciples de Mercure ont poussé l’obsession mercantile jusqu’à faire des automobiles un enjeu de pinaillages anxiogènes, les exhibitions publiques de leurs camelotes en sont des exemples d’envergure !
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