1948 Ferrari 166 Spyder Corsa “Fiorano”…
Chapitre 1 : La vraie…
Dans un certain passé, que même les vieux de la vieille dont divers spécimens déjantés peuplant ce site (qui l’est tout autant) n’ont pas vécu…, le culte des idoles du volant a connu une fin déprimante le jour où Mike Hawthorn est mort dans un stupide accident de voiture sur une route mouillée à la fin des années 1950… Quel gâchis d’être né alors ? Que nenni… Au moins n’a-t-on pas connu la guerre… Notez qu’on en a connu d’autres, la liste de ceux qui sont partis courir dans l’au-delà est pourtant réellement sans fin… et ceux et celles qui tremblaient pour eux, sont partis avec eux, ou sont en voie de l’être…
Ces années lointaines semblent emplies de magie, les coureurs avaient du panache et, ni leurs combinaisons, ni les voitures qu’ils pilotaient sans l’assistance d’une équipe reliée par ordinateurs à tous les éléments de la voiture, n’étaient pas remplies de publicités. Ces voitures, vierges, peintes dans la couleur du pays de leurs pilotes (vert pour l’Angleterre, rouge pour l’Italie, bleu pour la France, jaune pour la Belgique, argent pour l’Allemagne, blanc pour les États-Unis), se nommaient : Connaught – GRE – Mercedes – Maserati – Ferrari – Talbot – Jaguar.
C’étaient des histoires d’hommes, des hommes tout droit sortis de l’enfer, avec leurs casques en cuir, leurs lunettes de protection, leurs salopettes blanches ordinaires. Rien qu’en regardant d’anciennes photos un peu floues, en noir et blanc ou en sépia, avec les gros grains des trames pour l’imprimerie, on peut presque sentir l’odeur des échappements, l’huile chaude des moteurs… et cette odeur particulière de la peinture fraîche supportant la chaleur des capots…. Leurs mains étaient couvertes de cloques, là où ils avaient lutté avec leur immense volant, contre le poids brut de la direction. Ces pilotes avaient le visage noirci des fuites et des vapeurs, de poussières et d’huile : Cambell – Parry Thomas – Nuvolari – Cortese – Ascari – Prince Bira – Hawthorne – Collins – Moss – Salvadori… et El Maestro lui-même : Fangio.
Tout cela semblait même romantique aux femmes qui rêvaient que n’importe lequel d’entre-eux allait les inviter pour un dîner courtois, aux chandelles… avant de goûter aux grands frissons des nuits sublimées, mais qui avec le recul ne sont que folies passagères… Ces jours d’autrefois étaient en effet millésimés dans tous les sens, à se les rappeler maintenant presque comme un rêve… Dotée du V12 à 60°de la 125s sa cylindrée passait de 1500cc à 1995cc et sa puissance grimpait de 110 à 140 chevaux grâce à 3 carburateurs Weber…, la Ferrari 166 Spyder Corsa, à cette époque des dieux de la route, était une évolution de la Ferrari 125s, le premier modèle construit par Ferrari…
Elle a remporté pour la première fois les deux épreuves les plus importantes de l’époque : les Mille Miglia et la Targa Florio en 1948…, Ferrari fournissait le châssis et le client pouvait choisir le carrossier de son choix. Par rapport à la 125s les jantes Borani à rayons n’étaient plus intégrées dans la carrosserie mais elles étaient protégées par des garde-boue. C’est la Carrozeria Touring Superlegerra basée à Milan qui fut chargée d’habiller le châssis de la 166 Spyder Corsa, avec une carrosserie en aluminium fixée par panneaux sur une charpente de minces tubes en alliage léger, réalisée par l’entreprise Gilco Autotelai…, le freinage était lui toujours confié à 4 freins à tambours ! Neuf Ferrari 166 Spyder Corsa furent construites, toutes destinées à la course.
Chapitre 2 : La fausse…
Si vous vous souvenez (encore) avec nostalgie des années de renouveau, les années seventies où les vieux de la vieille sont nés, sans doute avez vous envie “d’enfin” posséder une de ces voitures mythiques, une “vraie” où une fausse (une réplique) ! Mais, outre que les législations ont changé et interdisent maintenant les “répliques”..., les “vraies” (souvent reconstruites) sont toutes très chères, voire “hors de prix” : une Ferrari 166 Spyder Corsa 1948 qui se négociait pour mille francs fin des années cinquante, se vend maintenant bien au delà de plusieurs millions d’euros… Alors, que faire sinon rêver d’un miracle (le gros lot d’euro millions, une réussite “à la Bernard Arnaud” où “le casse du siècle”)…
A défaut d’une “vraie”, reste à capturer “l’essence” de la Ferrari d’origine en cherchant, trouvant et négociant une réplique à tous les égards… Quel gag en réalité, c’est ce faux miracle à bon compte qui m’est arrivé il y a quelques temps en lisant un magazine Britannique, y voyant l’annonce d’une réplique de la Ferrari 166 Corsa Spyder Type’48. Pourtant l’époque des Kit-Cars plus-ou-moins facilement “immatriculables” était presque terminée avec l’arrivée de l’€uro et la rédaction de lois liberticides européennes supranationales… On s’est fait berner, on nous a concocté mille règlements et dix-mille obligations pour que les copies et répliques n’existent plus.
Non, il ne s’agissait pas et plus d’une machine de rêve, mais qu’importait… Si plus malin on découvrait une ultime faille pour encore jouer à se faire peur…
On tolérait alors encore les engins qui bravaient les Contrôles Techniques, les experts assureurs, le Fisc et les représentants armés de l’ordre et des lois…, sans se douter qu’une disposition légale bien cachée allait permettre aux “autorités” d’exclure ces “engins” au prochain changement de propriétaire…, “le système qui ne dort jamais”, avalant définitivement les innocents imbéciles…, empêchant le “mal” de se reproduire sous le fallacieux prétexte de “la sécurité”…
La Corsa Spyder Type’48 était l’oeuvre d’Alan Hooper, nostalgique des courses automobiles de la fin des années ’40, dont le rêve avait été de recréer cette Ferrari 166 Spyder… et cela, pour seulement une infime fraction des valeurs stratosphériques qu’elle atteignait déjà dans les ventes aux enchères de voitures de collection… Il est toujours plus facile de prétendre rendre hommage à une gloire automobile du passé en la copiant plus ou moins adroitement ou maladroitement, mais, Robert Jankell copiant la Jaguar SS100 avait, lui, réalisé une carrosserie en aluminium pour habiller sa Panther J72, tandis que cette Corsa Spyder Type’48 était 100% en polyester, montée sur une structure de Triumph Spitfire…
Alan Hooper après avoir façonné “sa” carrosserie, à débuté la commercialisation de “son” engin dans le milieu des années 1990, sous la forme d’une boite géante d’auto-construction, badgée HDS, vendue £ 2.195, montant auquel tout téméraire devait ajouter une Triumph Spitfire avec sa motorisation…
Après un court laps de temps, la demande est devenue importante (dans le milieu des Kit-Cars, une production est importante quand elle dépasse la douzaine par an), apportant à Alan Hooper, de quoi boire et manger à sa faim.
En 2005 Alan Hooper, à flot mais pas encore gros, à ouvert un mini atelier lui permettant (enfin) de proposer des voitures terminées sous le label péremptoire de “construction usine”, le Kit-Car tout monté a été en conséquence rebadgé Fiorano Type’48 Corsa Spyder… Vérifiez que personne ne regarde (fermez portes et fenêtres)… et grimpez virtuellement dans le cockpit, mélangez vos jambes pour les pédales et regardez la longueur du capot…, si ce n’est pas la ligne droite des Hunaudières en face de vous, mais simplement votre écran d’ordinateur, alors vous n’avez pas l’âme requise…
La personne qui m’a vendu cette copie de Ferrari 166 Corsa Spyder de 1948, a passé trois ans à la construire… Venez, je vais vous expliquer ce qu’il a fait.
Pour sa défense, permettez-moi de vous expliquer : il travaillait six ou sept jours par semaine en tant que gestionnaire d’une ferme de reproduction de volailles, beaucoup de travail et la charge de ce travail dans la tête, en fait, s’il n’avait pas commencé ce projet, il aurait probablement marché droit vers le bas de la plage de Skegness et sauté dans la mer !
Son expérience en mécanique était vraiment limitée, mais il avait toujours été une sorte de bricoleur surdoué. La voiture fut construite en y passant une ou deux heures chaque soir, cela était à son avantage, mais aucune instruction de montage n’était fournie… Donc, tout lui est venu étape par étape, la main dans la main avec de vagues instructions “d’usine” (par téléphone) et un manuel Haynes. Vivre près de Skegness a ses avantages, mais dans cette contrée reculée, loin de toute civilisation, sans aucun garage 200km à la ronde, le pari d’une construction sans soucis était assez mal embarqué ! Il n’avait, de surcroît, jamais possédé de Triumph Spitfire avant…, donc, à certains égards c’était une étrange voiture pour lui.
Dans l’ensemble, il a suivi les instructions de près, sauf qu’il trouvait le moteur de la Spitfire, très laid… et a décidé de monter une mécanique italienne, un 4cyl Fiat-Lancia avec double arbres à cames en tête… sa bonne idée d’installer un Fiat-Lancia au lieu du bloc Triumph, lui permettait aussi d’immatriculer “sa” voiture comme étant une “Lancia reconstruite”, selon les dispositions particulières de la législation britannique…, même si ce montage allait lui causer divers problèmes. Le garagiste Fiat-Lancia de la ville la plus proche, lui avait garanti qu’avec ce moteur italien “quasi Ferrari”… ça allait cracher l’enfer ! Que vouloir de plus ?
Mais, il s’est demandé ce que finalement il cherchait à atteindre avec cette voiture… Voulait-il faire croire qu’il s’agissait d’une Ferrari authentique pour que les gens l’arrêtent et lui demandent qui il est, avec la bouche légèrement ouverte ? Toujours est-il qu’après six mois, il en a eu ras-le-bol et a publié une petite annonce, que j’ai lue, par hasard ! J’ai débattu le prix, il a accepté, on s’est donné rendez-vous à Dover chacun venant avec sa voiture “normale” tractant une remorque porte-voiture, j’étais là comme convenu avec les Livres Sterling, on a papoté, déchargé, rechargé et je suis revenu, fier comme un paon !
Bien que l’inspiration du kit était une Ferrari 166 Spyder Corsa de 1948, la voiture n’était pas une réplique exacte, il s’agissait d’une évocation dans le style de la fin des années ’40, début des années ’50 ! La voiture intégrait des masses de bric et de broc d’époque, mais remis à neufs, qui se trouvaient à portée de main quand un composant particulier était nécessaire, préservant ainsi l’illusion que c’était une voiture de course en aluminium, un travail esthétique avait été fait pour dissimuler les origines Fiat-Lancia avec les cache-soupapes peints en rouge Ferrari… et, bien sûr, si les gens pensaient que c’était une véritable Ferrari de la fin des années ’40, pourquoi les décevoir ?
La puissance était magnifique sur les rond-point, mais il ne fallait pas soulever le pied de la pédale, sinon c’était toupie ! Pour une conduite normale, la voiture était un jeu d’enfant, le moteur était souple, la suspension fonctionnait correctement et confortablement… et j’avais immatriculé “la bête” selon les documents anglais DLVA en tant que “Lancia-Ferrari”… Que demander de plus, sinon remercier le temps d’alors qui permettait “encore” d’immatriculer des kit-cars de cette manière “cavalière”… ? Seuls problèmes : il n’y avait pas de pare-brise (juste deux saute-vent) et pas de capote…, très embêtant si le ciel devenait noir et qu’on était loin de chez soi… et toute revente n’était possible que “retour vers l’Angleterre”… Mais quand on aime, non seulement on a toujours 20 ans, mais on ne voit pas les défauts, c’est ça le bonheur !
From: emialex@skynet.be To: de_bruyne_patrice@hotmail.com Subject :1948 Ferrari 166 Spyder Corsa “Fiorano”… Date: Sat, 10 Mar 2012 15:30:41 +01
Bonjour Monsieur De Bruyne, j’ai lu pas mal de vos articles hier (oui, j’ai la grippe, je glandais sur le web)! Quel franc-parler!!! Je me reconnais un peu dans vos propos…, je suis grand fan de Ferrari et pourtant c’est tellement vrai tout ce que vous dites ! On ne peux pas dire le contraire ! J’ai vécu aussi la même expérience que vous avec les sites internet car j’ai créé une mini Ferrari 166 Spyder Corsa pour enfants riches et je me suis fait brûler de partout par une bande de jeunes boutonneux incrédules ! C’est en 2008 que j’ai créé ce jouet afin de rendre heureux les enfants…, 1000 heures de travail durant une période d’un an furent nécessaires pour réaliser cette mini voiture qui roule a 50 km/h et peut être conduite par des enfants de 6 a 99 ans ! Dans sa seconde version elle sera disponible avec démarreur électrique, coupe-circuit à distance, crémaillère de direction et freins hydrauliques. Elle concrétise le jouet ultime, haut de gamme, destiné à une clientèle aisée, qui reflète parfaitement le dicton qui dit que la différence entre les enfants et les adultes est tout simplement la taille de leurs jouets ! Pour l’instant je fabrique une vraie auto, voici quelques photos ! Bonne journée à vous et continuez ainsi, GatsbyOnline c’est très bien.
Alexandre Bucci – Liège – Belgique
To: de_bruyne_patrice@hotmail.com From: emialex@skynet.be Subject: Re: RE: Date: Sun, 11 Mar 2012 04:36:41 +0100
Merci d’avoir placé ma vidéo et les photos, très gentil de votre part. En fait, je me suis rendu vite compte que ma mini Ferrari serait invendable, déjà par la somme d’argent que je dois investir pour en fabriquer une autre et que ca doit quand même ressembler à quelque chose, ensuite parce que pour arriver à un tel résultat, il faut 1.000 heures de boulot, et 1.000 heures de ma main d’œuvre, pas celle d’un apprenti ! Même en proposant cette mini Ferrari à 30.000€, je ne suis pas gagnant ! En fait c’est le plus que les concurrents les vendent ! J’ai voulu faire mieux qu’eux, innover, faire mieux qu’un jouet, mais ce monde là, n’a pas voulu de moi ! Menaces, incrédulité, moi aussi j’ai eu droit au bannissement de tous les forums. J’ai eu aussi droit à la phase “teletubies” jusqu’en 2020 !
Tout ça par des gens “cons” qui n’ont jamais tenu une disqueuse en mains et qui se permettent de juger. Allez voir dans Facebook, j’y ai fait une page, il faut taper Bucci AquilaGT, je m’y lâche un peu ! Bonne soirée ou journée selon l’heure ou vous lirez ceci… et encore merci pour le clin d’œil.
Alexandre Bucci – Liège – Belgique