Le mystère Edouard Stern… #8
Le BDSM, sigle de Bondage, Domination et Soumission, sado-Masochisme, est un ensemble de pratiques sexuelles marginales, fondées sur une relation consentante de dominant à dominé, cette domination s’exerce de façon psychologique et/ou par le biais de contraintes physiques… on parle aussi, en termes plus modernes, de jeux d’échanges de pouvoir.
Les pratiques BDSM peuvent avoir lieu dans un couple, mais aussi entre groupes de plusieurs dominés et dominants… elles sont de deux types : domination, entrave, pour le premier type, et parfois, en plus, lorsque la douleur et l’humiliation interviennent, elles entrent dans le deuxième type.
Les partenaires pratiquent ces jeux afin d’obtenir par l’exacerbation de leurs sens et de leurs fantasmes un désir sexuel plus intense, mais, dans certains cas d’anaphrodisie, il ne s’agit que de parvenir à une ébauche de plaisir sexuel.
La douleur psychologique (humiliations) ou physique peut devenir souffrance, mais la douleur devient plaisir lorsque la charge d’endorphine couvre le choc de la douleur, ceux et celles qui le découvrent seront toujours en quête, car dans ce cas le désir est exacerbé.
Tout est permis à condition que ça ne mène pas à l’orgasme.. pas parce que c’est fautif, mais parce que ce serait l’interruption du désir, et qu’ils parient en droit, la continuation du désir à l’infini.
Les dessous d’Edouard Stern…
Eros et Thanatos… l’appel de l’amour et la fascination de la mort.
Dans l’appartement somptueux qu’il occupe, 17, rue Adrien-Lachenal, à Genève, quelques étages au-dessus d’un paisible commissariat de quartier, rares sont les invités à connaître la face cachée de la vie d’Edouard Stern, le puissant aventurier de la finance… yne clef unique y donne accès.
Le meuble en bois du dressing renferme une collection d’objets sexuels et trois pistolets chargés en permanence.
A bientôt 36 ans, Cécile Brossard, la jolie visiteuse du soir d’Edouard Stern, accompagne le banquier dans ses plaisirs à Genève et à Paris.
Elle le suit dans son avion privé jusque dans ses chasses aux fauves, en Tanzanie ou en Inde, et dans ses voyages professionnels, à New York et à Londres.
Depuis plus de quatre ans, cette sculptrice traverse avec fracas la vie de l’homme d’affaires, divorcé et père de trois enfants.
Ils entretiennent une passion dévorante, charnelle et orageuse, qui les ronge et les consume : Inaptes à vivre ensemble, mais incapables de se séparer, résume une amie.
Les proches savent qu’un regard, à peine perceptible, suffit à déclencher des crises… il se veut, comme à son habitude, maître de lui-même… il fixe les ultimatums, menace d’une séparation de six mois, mais relance sa compagne deux jours plus tard.
Elle jure, de son côté, avoir fait son deuil de cet amour alors qu’elle interroge tous les quarts d’heure la messagerie de son portable… elle va même jusqu’à se tatouer au poignet la lettre «E» avec un morceau de métal chauffé à blanc.
Les rites d’ados se mêlent aux jeux d’adultes, les réconciliations succèdent aux disputes, sur un mode staccato.
Depuis le début de l’année 2005, une histoire d’argent vient empoisonner encore un peu plus les relations de ce couple hors norme.
Le 12 janvier, Stern, jusqu’ici plutôt avare de cadeaux (selon des proches, il ne lui avait offert qu’une montre, un pull et la peau d’un ours qu’il venait d’abattre), a versé 1 million de dollars sur le compte de Cécile au Crédit suisse de Montreux.
La jeune femme n’est pas insensible aux charmes de cet argent, elle y voit une manière d’acquérir son «indépendance»… mais, à ses yeux, le cadeau apparaît plus symbolique encore qu’une bague de fiançailles..; son «mec», comme elle dit, ne lui a-t-il pas promis le mariage ?
L’hiver dernier, il a même pris la plume pour le lui proposer, sur deux pages rédigées sur un papier rose.
Friand de messages d’amour, il lui a par ailleurs envoyé des centaines de courriers électroniques et de SMS qu’elle a souvent photographiés et conservés en souvenir, selon les proches de l’artiste, le million représente pour elle une promesse d’engagement et de stabilité.
La somme est placée de manière à lui rapporter 5.000 dollars par mois, mais l’argent ne met pas fin aux disputes, il les attise, au contraire.
A partir de la mi-février, il est même au centre de toutes les préoccupations du couple.
Cécile Brossard a-t-elle attendu cette pluie de dollars pour le quitter ?
Ou Edouard Stern a-t-il utilisé ce million pour un jeu pervers ?
En tout cas, à la mi-février, Cécile Brossard prend le large… elle s’isole en France, dans sa petite maison de Nanteuil, dans l’Oise… et, comme lors des multiples ruptures précédentes, elle coupe son portable.
Stern lui envoie alors, le 21 février, un e-mail comminatoire, il exige, au nom du «respect», qu’elle lui restitue la somme.
Le milliardaire fait finalement bloquer l’argent par ses avocats… et, pour justifier cette action en justice, il invoque l’achat de tableaux de Chagall…, un mensonge éhonté.
Mais, dans le monde très conformiste de la finance genevoise, peut-il révéler la nature exacte des relations qui le lient à sa maîtresse ?
Et, surtout, peut-il s’avouer qu’il lui faut désormais payer pour garder la jeune femme à son côté ?
Le 28 février 2005, les deux amants ont, pour la troisième fois en quelques jours, décidé de discuter de leur avenir… ce lundi soir, ils sont convenus de se retrouver au domicile d’Edouard Stern vers 20 heures… Cécile connaît bien l’endroit: elle a même participé à la décoration, très contemporaine, à base de bois clair, de tableaux et de photographies d’artistes chinois… elle arrive la première, avec un quart d’heure d’avance, ouvre la porte avec son jeu de clefs.
Bientôt, Edouard Stern la rejoint une dizaine de minutes plus tard… ils discutent dans la cuisine, en buvant du Coca… la conversation glisse immédiatement sur le million de dollars qu’Edouard Stern avait versé sur le compte de Cécile Brossard deux semaines plus tôt et dont il a demandé peu après, via ses avocats, la mise sous séquestre judiciaire… ce million les hante.
Elle l’avait exigé comme “gage d’amour”, après quatre ans de liaison… il avait tergiversé… elle avait insisté… il avait cédé et tentait maintenant de le lui reprendre… Cécile Brossard et Edouard Stern gagnent la chambre à coucher… il est encore question du million et de la procédure lancée par le banquier.
Elle raconte : “Edouard m’a dit : Quand je fais un procès à quelqu’un, je cesse de le voir et je cesse de l’aimer… Nous sommes restés un bon moment sur le lit à nous regarder. Soudain, l’attitude d’Edouard a changé du tout au tout. J’ai remarqué qu’il avait envie d’avoir un rapport sexuel avec moi. Il s’est approché de moi, il a mis la main sur ma jambe et m’a dit qu’il avait envie de mettre sa combinaison en latex”…
Lui, assis à califourchon sur une chaise, les mains et les pieds entravés par des cordes et un plug dans l’anus… elle, face à lui, en collant fendu et bottes noires, un fouet à lanières de cuir à la main.
Elle le fouette : “Nous étions complètement pris dans notre jeu et la relation était très intense, raconte-t-elle. Et là, en me regardant fixement, il m’a dit : “Un million de dollars, c’est cher pour une pute”… Là, j’ai pété un câble. Je suis allée rapidement dans le dressing et je me suis approchée des tiroirs où se trouvaient les accessoires sexuels. J’avais vu auparavant que, dans le premier tiroir tout en haut, il y avait trois armes de poing”…
Elle en choisit une.
“J’étais debout, j’ai dirigé mon arme vers son visage et j’ai fait feu pour la première fois. L’arme devait être à une dizaine de centimètres de son visage. Je pense l’avoir touché entre les deux yeux. A la suite de ce premier coup, il s’est levé, il a fait un demi-tour sur lui-même pour tomber sur le flanc gauche. J’ai tiré un nouveau coup de feu en direction de la tête. A ce moment-là, voyant le sang, j’ai eu l’image d’Edouard en Afrique pendant les parties de chasse. Je me suis souvenue qu’il n’aimait pas achever les animaux après les avoir touchés car il aimait les voir souffrir avant de mourir. J’ai eu ce flash et je n’ai pas voulu qu’il souffre. J’ai donc tiré tout de suite un ou deux coups en direction de son corps. Après, je suis tombée à genoux, j’ai regardé devant moi et j’ai vu comme un brouillard blanc qui se dissipait devant mes yeux”…
Passé l’instant d’hébétement, Cécile Brossard se ressaisit.
Elle aurait pu donner l’alerte, mais elle opte pour une autre voie, qui la mettra en difficulté à l’heure du procès… elle commence par ramasser les quatre douilles dispersées sur le sol… elle se change et jette sa tenue dans un sac de sport… elle y enfourne l’arme encore chaude et les deux autres pistolets… elle récupère ensuite des bouteilles d’eau sur lesquelles elle a laissé quelques empreintes compromettantes… enfin, Cécile claque la porte et descend jusqu’au parking… elle prend le volant de la Mini de son conjoint, Xavier, un naturopathe suisse chez qui elle vit depuis leur mariage à Las Vegas.
Les caméras de l’immeuble enregistrent sa sortie… sur la bande, l’horloge indique 21 h 17… Cécile Brossard longe le Léman pour rallier Clarens, de l’autre côté du lac, à une heure de route… en chemin, elle passe un coup de fil à Xavier.
Les enquêteurs détermineront que, dans la foulée, son époux téléphone aux chemins de fer suisses pour lui réserver un billet sur le Montreux-Milan de 23 h 40… en arrivant à Montreux, justement, Cécile Brossard prend le temps de jeter ses bottes et son fouet dans une poubelle… puis, un peu plus loin, les pistolets dans le lac… elle gagne ensuite le bel appartement de Clarens.
Devant Xavier, elle prétexte, semble-t-il, la nécessité de prendre de la distance après une nouvelle dispute avec Stern… c’est également la version qu’elle donne alors à son oncle et à sa tante.
Depuis l’adolescence, elle peut compter sur ce couple d’horticulteurs qui réside à Champenoux, tranquille bourgade de Meurthe-et-Moselle.
Cécile, bouleversée, leur confie : «Je suis pas bien. On s’est engueulés, avec Edouard. Je pars en Australie»…
La tante remarque la nervosité de sa nièce, mais ne s’alarme pas outre mesure… elle sait les crises que connaissent les amants et aussi que Cécile a des amis viticulteurs installés près de Sydney… la jeune femme plie quelques affaires au fond d’une valise à roulettes.
Alors qu’elle s’est débarrassée de plusieurs indices compromettants, elle emporte, curieusement, sa tenue sadomasochiste dans sa fuite, comme si elle voulait garder un ultime souvenir de son amant.
La cavale s’organise tant bien que mal… plutôt fébrilement: arrivée à la gare dans la précipitation, Cécile Brossard se trompe de quai… au lieu d’embarquer dans le train pour Milan, elle saute dans le régional de 23 h 33, qui stoppe à Villeneuve sept minutes plus tard…
Terminus… l’express, qu’elle a raté, file déjà vers l’Italie… or la fugitive sait qu’elle ne dispose que de quelques heures pour quitter la Suisse.
Au matin, le corps sera découvert.. elle prend alors un taxi.
Interrogé par le magazine suisse L’Illustré, le chauffeur, Rodovan Milic, se souvient parfaitement de cette nuit si particulière.
La jeune femme blonde, cheveux tirés en arrière, implore: «Conduisez-moi à Milan»…
Pendant le trajet, Cécile Brossard tente sans succès de masquer son stress… elle confie qu’elle est une artiste, qu’elle vient de perdre sa mère en Italie.
Le chauffeur, lui, n’y croit qu’à moitié… dans le rétroviseur, il observe sa cliente… il remarque sa maigreur et sa pâleur… il imagine une dispute d’amoureux, une femme fuyant son mari.
A proximité de Milan, la passagère entrouvre la fenêtre, par laquelle elle glisse discrètement les quatre douilles de 9 mm, qui finissent le long de l’autostrada.
A 4 heures du matin, le 1er mars, l’aéroport de Milan est encore fermé… dans la lumière des phares, Cécile Brossard se jette contre la baie vitrée, pestant, suppliant le chauffeur de pousser jusqu’à Rome… exténué, celui-ci refuse, la laisse et reprend la route de la Suisse.
Au total, sa cliente a réglé 1.200 francs suisses (environ 750 euros), en espèces… dès l’ouverture de l’aéroport, Cécile se rue sur le guichet d’Austrian Airlines et achète un billet pour Sydney.
Lors de l’escale à Vienne, en Autriche, vers 11 heures, elle donne les instructions nécessaires à son banquier pour obtenir la levée de séquestre du million de dollars.
Elle est dans les airs lorsqu’à Genève, le 1er mars, en début d’après-midi, le corps d’Edouard Stern est retrouvé par ses collègues.
Une scène glaçante…
A Sydney, la fugitive ne se rend même pas en ville… elle s’accorde quelques heures de repos dans une chambre d’un hôtel proche de l’aéroport, dont elle ne sort quasiment pas.
Là, dans l’après-midi du 2 mars, elle reçoit sur son téléphone portable un appel de la productrice Fabienne Servan-Schreiber, la demi-sœur d’Edouard Stern.
Celle-ci connaît Cécile depuis quelques mois: Edouard a tenu à la lui présenter… elle-même effondrée, Fabienne Servan-Schreiber cherche les mots pour atténuer le choc de la nouvelle : «Il est arrivé quelque chose de grave à Edouard»…
«Quoi ? Un accident de voiture ?» réplique Cécile, déjà installée dans son mensonge.. à l’annonce du drame, la jeune femme réalise que son retour est inévitable.
Elle multiplie les appels vers la Suisse et la France… elle demande ainsi à Xavier de lui acheter en urgence un billet.
Comme dans tous les moments de détresse, elle rappelle aussi son oncle et sa tante… épuisée, elle insiste pour qu’ils viennent la chercher à son arrivée à Zurich et qu’ils la conduisent à Clarens… juste avant son départ, le 3 mars, elle leur expédie un étrange colis contenant le tee-shirt, les bas noirs, les bretelles et les jambières en cuir qu’elle portait le soir du meurtre.
Lors de l’escale à l’aéroport de Singapour, elle aperçoit un exemplaire du Figaro, qui titre en Une «Mort suspecte d’Edouard Stern»… sur la photo, le banquier semble la défier du regard… la jeune femme craque… devant cette soudaine crise de nerfs, le personnel doit faire appel à un médecin.
Le 4 mars, au petit matin, l’oncle et la tante sont là pour l’arrivée de l’avion… dans la voiture, Cécile Brossard parle, à mots voilés, d’une dernière «soirée particulière» avec Edouard Stern.
Dans la précipitation, elle oublie la montre de son amant à l’intérieur du véhicule.
Ils avaient échangé leurs montres, comme des adolescents, en signe d’amour..; la jeune femme se rend immédiatement dans le bureau du juge d’instruction, Michel-Alexandre Graber, un magistrat aussi réservé que pugnace.
Les policiers suisses, qui la cuisinent pendant plusieurs heures, doutent de sa sincérité… mais, plutôt que de l’interpeller immédiatement, ils choisissent de la placer sous surveillance pour repérer d’éventuels complices.
Le 15 mars, la Française est arrêtée à Clarens.
Lors du second interrogatoire, elle craque: sa version est prise en défaut par les relevés téléphoniques… la lettre dans laquelle Edouard Stern lui promet le mariage est saisie… la jeune femme demande une faveur : qu’on lui en laisse une copie… elle conduit ensuite les enquêteurs à l’endroit exact où elle a jeté les armes.
Quelques jours plus tard, Me Gérard Michel, avocat de l’oncle et de la tante de la meurtrière présumée, se trouve à Paris, sur le plateau de l’émission Sans aucun doute, lorsqu’il reçoit un appel sur son portable… le juge Graber voudrait obtenir de ses clients une mystérieuse enveloppe que Cécile leur aurait confiée plusieurs mois auparavant… pour l’occasion, le magistrat helvète autorise la suspecte à s’entretenir au téléphone avec ses parents… c’est elle qui leur demande d’apporter ce document à Genève… le couple se rend en Suisse pour le restituer.
Aujourd’hui que la thèse d’une manipulation a été écartée, reste à expliquer le mobile de l’ «affaire Stern» : s’agit-il de l’acte d’une femme fragile victime d’un amant pervers qui se joue d’elle ? Ou, au contraire, faut-il voir le geste d’une maîtresse calculatrice qui tue par dépit, lorsque la fortune promise lui échappe ?
«Les faits sont têtus. La chronologie apparaît particulièrement accablante, estime Me Marc Bonnant, avocat de la partie civile. Dès qu’elle a obtenu son million, Cécile Brossard quitte Edouard Stern. Il se sent trahi et se ravise. Il veut bloquer le compte. Le 21 février, elle l’apprend. Le 28, elle l’abat. Ce qui les liait, était-ce de l’amour ? Etait-ce de la dépendance ? Elle le quittait souvent, ce qui le plongeait dans un profond désarroi. Selon moi, il dépendait d’elle»…, poursuit le pénaliste.
La défense évoque une tout autre dramaturgie et dresse, à l’inverse, le portrait d’une femme sous influence.
«Ma cliente n’a rien d’une tueuse froide et insensible, insiste Me Bruno de Preux. Pendant des années, elle a été victime de harcèlement moral de la part de Stern. Elle a tué l’homme qu’elle aimait, l’amour de sa vie. Elle est d’ailleurs aujourd’hui tellement effondrée qu’elle doit bénéficier d’un suivi psychologique»…
Les deux camps ne s’accordent que sur un point: la cause du drame réside dans le choc de la rencontre de deux êtres excessifs.
Lors du procès, les jurés suisses devaient définir la nature des relations de l’artiste et du banquier.
Pour décider, il leur a fallu sonder «les cœurs et les âmes».
En fait on les a mené en bateau sur le lac Léman…
La vérité judiciaire qui s’en est suivi a été plus ou moins calculée pour que la vérité ne transpire pas…, allant jusqu’à ordonner que toutes les pièces et éléments de cette affaire, soient saisis et détruits…
Détruire toutes les preuves afin que nul ne puisse revenir sur une simple réalité…, une première mondiale !!!
La vérité est toute simple…
Edouard Stern ennuie la République Française en attaquant différentes personnalités dans l’affaire Rhodia… il se trouve également au centre de Clairstream… et connait les tenants et aboutissants de trafics divers entre la France et divers pays d’Afrique et du Moyen-Orient.
Il y a bien sûr le contentieux financier dans le dossier Rhodia qui l’oppose au ministre de l’Economie, Thierry Breton.
L’affaire Rhodia, c’est la mécanique diabolique de Rhône-Poulenc, ancienne entreprise publique, désireuse de se marier avec Hoechst pour former Aventis, géant européen de la chimie.
Rhône-Poulenc, obligée de se plier au respect de la concurrence européenne, a dû se débarrasser de Rhodia, sacrifiant les actionnaires et les salariés à la volonté de puissance de quelques patrons.
Depuis son introduction en bourse en 1999, l’action Rhodia a chuté de 23 à 1 euro, et elle se traine encore aujourd’hui à 1,5 euros.
Les investisseurs ont perdu 90% de leur investissement, ce qui correspond à 3 à 4 milliards d’euros.
Il s’agit de trois gros porteurs, Albert Frère (pour 150 millions d’euros), d’Edouard Stern (pour 80 millions d’euros), d’Hugues de Lasteyrie (pour 40 millions d’euros) et de milliers de petits porteurs.
Edouard Stern entretient également des contacts avec des intermédiaires en vente d’armes en Afrique centrale
Le banquier peut se déplacer en utilisant une fausse identité, est aux premières loges pour tout connaître des arcanes de la vie politique française et de la diplomatie, aussi bien officielle que clandestine.
Il n’ignore rien des circuits empruntés par les rétrocommissions versées sur les ventes de pétrole et d’armes.
Certaines de ses relations d’affaires ont été mises en cause dans le scandale échanges pétrole contre nourriture qui ont mis en lumière les liens entre la France et le régime de Saddam Hussein.
Autre dossier extrêmement sensible expliquant l’intérêt des services de renseignements : MIKSA…, un énorme contrat d’armement de 7 milliards de dollars avec l’Arabie saoudite.
Que savait Edouard Stern des tractations qui s’opéraient à Genève sur fond de règlements de compte entre intermédiaires devenus trop gourmands ?
Parmi ses amis politiques les plus proches figurent Laurent Fabius, avec qui il se retrouve parfois en vacances en Corse, Hubert Védrine, l’ancien ministre des Affaires étrangères et, surtout, Nicolas Sarkozy.
Stern peut joindre le ministre de l’Intérieur français à toute heure du jour ou de la nuit sur son portable.
C’est beaucoup trop…
La DGSE veille !
C’est cette grande proximité qui encourage la DGSE (dépendant du Ministère de la défense) à surveiller les faits et gestes du Mozart de la finance expert en paradis fiscaux !
Opération Serrano…, c’est le nom code des écoutes téléphoniques qui concernent Edouard Stern.
Mais ce n’est pas suffisant, la DGSE cherche le talon d’Achille d’Edouard Stern : sa sexualité déviante.
Cécile Brossard, sa maîtresse sado maso est approchée, sa vie de prostituée la mets parfois dans des situations ou une “aide” haut placée dans l’appareil policier et judiciaire va la sortir de divers mauvais pas…
En échange ?
Simplement de fournir des renseignements utiles, des photocopies, des enregistrements…
L’histoire du meurtre remonte à l’automne 2004, où Cécile Brossard formule deux exigences : elle demande à Edouard Stern de l’épouser et de lui donner 1 million de dollars pour “assurer sa sécurité“.
Le dossier témoigne de l’affolement d’Edouard Stern, qui se confie à un ami :“Je ne veux pas la perdre“... et écrit devant lui la lettre qu’il adresse à Cécile Brossard en novembre et dans laquelle il s’engage à respecter ces deux conditions.
Pendant quelques semaines, le couple semble vit un grand bonheur.
Mais le million promis tarde à rejoindre le compte bancaire de Cécile Brossard, qui s’en inquiète… et lorsqu’il est finalement versé, en janvier, elle disparaît.
Edouard Stern a le sentiment d’être trahi : “Tu n’es qu’une voleuse ! Je vois clair dans ton jeu. Il n’y a que l’argent qui t’intéresse“…, lui écrit-il.
Il veut la voir, elle fuit encore.
Edouard Stern fait séquestrer le million de dollars sur son compte et lui demande venir le voir à Genève afin qu’ils s’expliquent.
Elle vient.
Les deux amants passent la nuit ensemble le vendredi 26, dînent le surlendemain au restaurant.
Le lundi matin tôt, Cécile Brossard appelle sa banque, qui lui confirme le séquestre du million.
Cécile Brossard en a assez…
Quelques heures plus tard, sa tenue noire dans son sac, elle gare sa voiture dans le parking de l’immeuble d’Edouard Stern…
Le fétichisme consiste à porter une matière associée à l’érotisme comme le vinyle ou le latex.
Ça brille, ça moule, et c’est la fête à la grenouille : tel un plongeur on explore les sensations extrêmes.
Les fétichistes du latex se transforment en pur objet de désir, se retirent à l’intérieur d’eux-mêmes, dans un monde qui les réconcilie avec les paradis perdus de l’enfance, dans une bulle d’irréalité.
Ils se coupent de la réalité et arrivent à planer sans drogue, par le seul pouvoir d’un vêtement qui leur permet de se sentir plus beaux, plus séduisants, plus puissants.
Une plongée dans une seconde peau d’où Edouard Stern ne va pas revenir vivant.
A l’issue de cette ultime “séance” ou Edouard s’est lui-même enfermé dans une combinaison de Latex et se retrouve lié et menotté à la merci sexuelle de sa Maîtresse, celle-ci lui demande de débloquer le million.
Il refuse, y ajoute un commentaire humiliant.
” Là, j’ai pété un câble. Je suis allée rapidement dans le dressing et je me suis approchée des tiroirs où se trouvaient les accessoires sexuels. J’avais vu auparavant que, dans le premier tiroir tout en haut, il y avait trois armes de poing”…
Un Smith et Wesson 38 spécial, un Beretta 92 et un HK USP !
Elle choisit le Beretta 92, un automatique qui tire des projectiles de 9mm…
Elle lui fait peur, lui fait sentir l’arme…, il la sent déterminée !
– Donne moi le code pour débloquer “mon” million… et donne moi aussi le code du coffre-fort”…
Il lui donne, elle note.
Elle va ouvrir le coffre, prend tout ce qui s’y trouve, place tout dans une valisette, revient… et…
Il pourrait lui causer des ennuis, faire rebloquer le million, la faire tuer, il n’en est pas à cela prèt… et de toute façon elle est au bout du chemin avec lui…
Boum, boum, boum, boum…
4 balles…
“J’étais debout, j’ai dirigé mon arme vers son visage et j’ai fait feu pour la première fois. L’arme devait être à une dizaine de centimètres de son visage. Je pense l’avoir touché entre les deux yeux. A la suite de ce premier coup, il s’est levé, il a fait un demi-tour sur lui-même pour tomber sur le flanc gauche. J’ai tiré un nouveau coup de feu en direction de la tête. A ce moment-là, voyant le sang, j’ai eu l’image d’Edouard en Afrique pendant les parties de chasse. Je me suis souvenue qu’il n’aimait pas achever les animaux après les avoir touchés car il aimait les voir souffrir avant de mourir. J’ai eu ce flash et je n’ai pas voulu qu’il souffre. J’ai donc tiré tout de suite un ou deux coups en direction de son corps. Après, je suis tombée à genoux, j’ai regardé devant moi et j’ai vu comme un brouillard blanc qui se dissipait devant mes yeux”…
C’est fini !
Elle récupère ce qu’il faut, enlève les traces de son passage et s’en va…
Ce que contient la valisette ?
Argent, titres, documents secrets, montres, bijoux…
De quoi la mettre à l’abri du besoin.
Tout est “planqué” dont une grosse part en Suisse, copie de quelques documents importants sont déposés entre les mains de Me Gérard Michel, avocat de l’oncle et de la tante de Cécile Brossard…
Lorsque tout va mal tourner pour Cécile Brossard, l’enveloppe sera remise au Juge Graber.
Son contenu va lui assurer un traitement “particulier“…
4 ans de prison préventive quasi entièrement ou presque, passés en maison de repos…
En finale 8 ans et demi de prison ferme, moins la peine préventive…
– Madame Brossard, levez-vous, ordonne la présidente. La cour vous condamne à la peine de 8 ans et six mois de réclusion. La cour ordonne la destruction de l’arme du crime, de la combinaison latex et la confiscation en vue de la destruction de toutes les autres pièces du dossier…
Et il n’y a plus d’affaire Stern…
En France, on peut à nouveau dormir tranquille…, les deux seuls financiers floués qui avaient décidé de dénoncer l‘affaire, Hugues de Lasteyrie et Edouard Stern… sont morts.
Petite note en post-scriptum :
Le procureur général, Daniel Zappelli a expliqué dans son réquisitoire final que le meurtre aurait pu rester irrésolu si Cécile Brossard n’avait pas commis deux erreurs :
1- Fermer la porte à double tour et faire disparaître la clef de l’appartement ! La police savait qu’il y avait un jeu de 7 clefs et il en manquait justement une.
2- Dire à son mari, qui était sur écoute téléphonique, qu’elle avait vu des traces de balles sur le corps d’Edouard Stern. Ce qui était impossible car la combinaison en latex se referme sur les blessures et les enquêteurs ont mis un certain temps avant de comprendre comment le banquier était mort.
Le mystère Edouard Stern… #1
Le mystère Edouard Stern… #2
Le mystère Edouard Stern… #3
Le mystère Edouard Stern… #4
Le mystère Edouard Stern… #5
Le mystère Edouard Stern… #6
Le mystère Edouard Stern… #7
Le mystère Edouard Stern… #8