Blue Bird…
Longtemps, c’est Jacky Setton, l’importateur de Pionner France, qui fut propriétaire du plus grand yacht à moteur de l’hexagone, le “Belle-France”, avec ses 55 mètres de long.
Il était talonné de près par l’ancien navire du président américain Henry Ford, le “Bystander”, propriété au début des années ’90 d’un aristocrate : Cyril Bourlon de Rouvre, héritier d’une bonne vieille famille française, alors à la tête de la Financière Robur.
A y regarder de près, comme pour certaines mœurs équivoques…, il y a les riches à voile et les riches à vapeur… et ces deux mondes se côtoient sans se parler, sans vouloir se connaître, ils se snobent…, ils n’ont en fait rien à voir entre eux, sauf parfois de “faire des affaires” via des intermédiaires… et d’avoir motorisé, en principal, où en accessoire de manœuvres portuaires : un gros moteur diesel…
– “Ceusses qui vaporisent, en fait qui dieselisent, sont des fats, d’odieux personnages vulgaires et prétentieux”, assurent sans rire les aristocrates propriétaires de voiliers classiques, évoquant leurs confrères qui possèdent des bateaux à moteur, en principal.
Les voileux se considèrent comme la seule véritable aristocratie de la mer, ce sont eux qui se retrouvent au YachtClub de France, section Saint-trop’ pour les “Vouâââââles”, entre vrais membres seulement, qui participent à des concours d’élégance huppés, qui se reconnaissent entre eux rien qu’à l’odeur… et partagent un sens de l’honneur, de l’esthétique et un certain savoir-vivre réservé à l’élite.
– “Les marins d’eaux plates qui préfèrent remplir un yacht de diesel plutôt que de remplir un spinnaker avec le vent, ne font rien que se poser là et boire en se faisant remarquer, c’est très vulgaire”…, moquait Nicholas Lazares, un grand banquier et financier américain, parti naviguer “pour l’éternité” pour compenser le stress accumulé à Wall Street.
L’antagonisme est réel entre les férus-fondus de voile et les abominables passionnés de bateaux à moteur, souvent surnommés vulgairement des “promènes couillons”, fussent-ils des yachts de plusieurs dizaines de mètres…., où même des Riva’s première génération, des canots automobiles en acajou verni, comme celui qu’utilise François Pinault à Venise pour se rendre de l’aéroport à sa fondation du Palazzo Grassi sur le Grand Canal.
Les voiliers demeurent moins ostentatoires, plus discrets en dépit des trésors d’ingéniosité et de design que déploient les fabricants de yachts à moteur pour rendre leurs bateaux élégants et chics…, mais ce distinguo hâtif est trop simple pour être vrai.
De notables exceptions le prouvent, comme la famille Rothschild au XIXème, ou dans les années ’70 Juan Carlos, le roi d’Espagne, qui possédait l’un des plus rapides sport-yachts du fabricant de navires premium “Palmer Johnson”, le célèbre Fortuna…, car les aristocrates et les familles royales européennes ont de tout temps apprécié les bateaux à moteur.
Tara Getty, petit-fils du magnat du pétrole Jean-Paul Getty considéré à sa mort en 1976 comme l’homme le plus riche du monde, est un autre exemple éloquent…, à la tête d’une fortune colossale, l’héritier possédait deux splendides yachts classiques à moteur construits au début du XX ème siècle à bord desquels il passait le plus clair de son temps, quand il n’était pas dans l’une de ses propriétés de la Côte d’Azur, de New York ou dans sa réserve privée de 24.000 hectares en Afrique du Sud : Pinda Getty.
Son père et son grand-père, propriétaires avant lui de navires historiques, lui avaient inculqué cette coûteuse passion, celle de redonner vie à des coques certes rouillées, mais légendaires…, Tara Getty assurait que préserver ces magnifiques et uniques vaisseaux était sa principale motivation…, son premier bateau étant le Blue Bird, construit en 1938 et mesurant un “petit” 31,50 mètres…, Tara Getty l’avait acheté en 1994 et tenté de le restaurer :
– “Je suis heureux de montrer ce que nous avons accompli avec Blue Bird”, écrivit-il dans la préface du livre qu’il avait fait éditer en prévision de sa sortie du chantier naval où il n’est jamais allé : “J’espère que cela encouragera d’autres personnes à restaurer des yachts classiques” (en réalité il n’a strictement rien fait)…
Mais le plus imposant de la flotte familiale était et est toujours, sans aucun doute, Talitha G… le navire amiral de Getty qui avait acheté ce yacht, conçu en 1927 (82,60 mètres tout de même, un record pour l’époque) dans les années ’80.
Entièrement restauré en 1993, rebaptisé Talitha, il a bénéficié d’investissements très lourds de la part de la famille Getty…, mais, loué à de riches particuliers, il affiche complet plus d’un an à l’avance… et, chose rare, mais signe des temps, il est possible de suivre les aventures de l’équipage de Talitha G. sur le web…
Toutefois, les véritables propriétaires de yachts anciens à moteur sont rares si l’on regarde le nombre d’unités en circulation sur les mers du globe.
A Saint-Tropez, Antigua ou Portofino, ce sont surtout les mini paquebots rutilants et vulgaires que l’on remarque, presque tous sont propriétés de compagnie de charters d’hyper-luxe… et les vrais riches (en milliards) se moquent de ces “Pôôôvres crétins juste bon à se pavaner, sauter/baiser des gourdes, des putes, des jolies commerçantes presque ruinées et quelques sidaïques désireuses de se venger de l’un d’entre eux”…
Tout comme avec les automobiles classiquement classe (sic !) comme les marques disparues (Bugatti, Delahaye, Hispano-Suisa, Voisin, Duesenberg), ces amateurs d’authentiques mécaniques marines classiques partagent avec les passionnés de voile ancienne un certain nombre de valeurs, un art de vivre bien différent des récents acquéreurs de monstres marins que l’on pourrait prendre pour les méchants des romans de John Le Carré avec leurs gadgets technologiques, bien loin des gentlemen navigateurs…, à voile et/où à vapeur…
Il y a chez ces amateurs d’antiquités flottantes le goût des belles choses et du patrimoine naval… en même temps qu’un goût immodérément inversé des jolis corps de vingt ans et moins, une sorte de contraste très pervers…, une caractéristique qui les rapproche des détenteurs de châteaux ou de demeures historiques…., l’amour des partouzes en fond de cales et dans les donjons…, sans doute.
Talitha G, a été réquisitionné par l’US Marine pendant la Seconde Guerre mondiale et armé comme navire de guerre, plusieurs photos du bateau prises en 1942 à Pearl Harbour témoignent de son engagement dans le conflit…, autant de caractéristiques qui lui confèrent une place particulière dans l’histoire du yachting à moteur.
Caractéristiques qui ont posé au moins aussi lourd dans la décision d’achat de ses propriétaires successifs, que le fait de savoir qu’il s’est agi pendant de longues années du plus grand bateau de plaisance privé, ce qui confère un prestige certain à son propriétaire mais n’en diminue pas son mérite de l’avoir sauvé d’une destruction annoncée…
Einstein n’était pas un grand navigateur… et peut-être même pas un navigateur médiocre, il ne faisait ni courses ni croisières, mais il comprenait cet agréable mélange d’action et d’inaction, le frisson qu’il y a à glisser dans la béatitude scintillante au coucher du soleil.
Beaucoup y succombent…, sur l’eau ils se sentent compétents, exaltés, et leur bonheur dure jusqu’au moment où ils débarquent et trébuchent sur le trottoir devant les “matteurs” et “matteuses” attablé(e)s chez Sénéquier…, où ailleurs…, qu’importe, alors, la vie ordinaire des beaufs qui ne trouvent plus leurs clés de voiture.
Les voiliers attirent les cinglés et les génies, ainsi que les romantiques auxquels leurs bateaux offrent une image rebelle…, ils succombent à tout et rien du moment qu’il y a de l’eau et du vent…, mais ce qu’ils ont du mal à saisir, ce n’est pas qu’il ne s’agit pas des bateaux en eux-mêmes, mais plutôt de ces moments inexplicables, sur l’eau, quand le temps ralentit.
Toute l’industrie du yachting repose sur une sensation, une émotion…, alors que c’est rarement le cas…, mais quoi qu’il en soit, les plaisanciers sont des pigeons, ils dépensent en droits de port et en réparations bien plus que le prix de leurs embarcations… et ils comprennent rarement à quelle vitesse la pluie et l’eau de mer se liguent pour les corroder et les pourrir…, tandis que les frais s’envolent à mesure que la valeur du bateau dégringole.
Les régatiers claquent des milliers de dollars pour que leur sloop avance un brin plus vite afin de terminer huitième et non onzième dans des régates si confidentielles qu’elles n’ont pas droit au moindre entrefilet dans la rubrique sportive…, un fanatique a ainsi dépensé onze mille dollars pour des toilettes en fibre de carbone afin de gagner huit kilos…, tout ça, c’est dans leur tête…, car, oui, il existe dans tous les asiles pour les fous de la voile, une aile réservée aux régatiers, mais ils sont tous cinglés.
La colère des fous apparait à la même vitesse que le montant des factures…, mais la paresse, la jalousie, la luxure, l’orgueil, la cupidité et la gourmandise prospèrent également dans ce milieu, comme la naïveté, l’agressivité et autres défauts de seconde catégorie.
Dans tous les ports-ploucs on trouve un nouveau propriétaire qui a manœuvré comme un illuminé et éventré son bateau en percutant si violemment le quai de ravitaillement qu’il a fait un trou à l’avant de “son investissement maritime”, car il ne trouvait pas le frein…
Pour passer de bons moments, prenez une chaise de jardin et installez-vous pour regarder les pontons par un samedi ensoleillé…, c’est parti pour le bêtisier : pour devenir un plaisancier, il ne suffit d’avoir de l’argent…
Les bateaux ont-ils une âme ? Apparemment…, du moins, leur essence se mêle-t-elle à celle de leur propriétaire… et de même que les gens finissent par ressembler à leur chien, ils finissent par ressembler à leur bateau.
Signe extérieur de richesse par excellence, le yacht est également un attribut indispensable du pouvoir et de la séduction…, se rendre sur le bateau d’un partenaire potentiel pour discuter d’un contrat est monnaie courante…, savoir que son associé en est propriétaire rassure sur ses moyens et garantit d’y être invité plus qu’à son tour…, sur son yacht, on reçoit des ministres, des tycoons, des personnalités influentes, des producteurs, des stars…, on est entre soi et on s’y sent bien…, des idylles naissent ou s’y développent.
Un homme d’affaires sans un yacht, c’est comme un pilote sans volant pour une saison de Formule 1 : il lui manque son outil de travail…, quoi de plus efficace qu’une invitation à bord de l’une de ces résidences flottantes comme outil de lobbying ?
On s’y détend dans un cadre hors du commun pour partager des souvenirs exceptionnels…, le propriétaire vous donne l’impression de vous recevoir chez lui, sans pour autant vous ouvrir les portes de sa maison…, insigne privilège très recherché, encore davantage qu’une soirée Cannoise/Monégasque et/où Tropézienne, quelques jours de croisière bien choisis en Méditerranée créent des liens…, à bord de votre yacht, clients, associés ou politiques deviennent vos amis pour la vie…, vos obligés parfois…, comparés aux voiliers, les yachts à moteur sont aux grandes fortunes ce que les châteaux sont aux villas californiennes : un signe de distinction ct de savoir-vivre.
Fasciné par le Blue Bird, j’ai manœuvré pour être invité à bord à l’occasion d’une “Paartyyyyyy en ambiance Tropézienne à l’anglaise”… qui se déroulait face à Sénéquier… et quand je m’investis, c’est à 200%.
Bref, je suis arrivé le jour J à l’heure H… et, me sachant divorcé, éditeur et propriétaire de divers biens dont des automobiles “de collection”…, on m’a présenté Miranda, une amie des propriétaires, une jeune femme trisomique qui fêtait ses trente ans…, gentille comme tout…, comme le propriétaire du Blue Bird…, pas du tout comme les “ceusses” qui débarquent à St-Trop pour quinze jours de location d’un des Yachts, arrogants et puant le fric…, du genre qui brandissent une liasse de billet et vous l’agitent sous le nez pour vous expliquer qu’ils ont les moyens de faire ce qu’ils veulent…, la grande classe.
J’ai attaqué un Martini blanc plein d’entrain, quand la mère de cette Miranda a déboulé au milieu d’une “playlist” constituée principalement de jazz et de blues entraînant… disant tout de go qu’elle avait horreur de cette musique et qu’elle avait bien fait de prendre la sienne.
Hummmmmm.., elle a tendu un double CD au “Capitaine” et lui a demandé de le mettre ou de se la mettre (on a cru à un double sens sexuel).., j’ai jeté un œil à la pochette et ai frôlé la crise catatonique : Shania Twain, “The very best of”…, j’ai pensé mourir, mon organisme rejetant en bloc cette agression auditive et que j’allais faire un nouveau choc anaphylactique (comme il y a quelques mois 2018).
Bon, bon, me suis-je repris : “Qu’est ce que c’est que cette intolérance primitive, après tout ce n’est pas ma soirée, je ne suis qu’invité relationnel… et s’ils ont des goûts étranges, c’est probablement la faute d’une éducation discutable… et donc pas de la leur”…, bref, le capitaine s’est exécuté tout en essayant de conserver un demi bout de sourire malgré les hurlements de Shania.
Au bout d’un temps qui m’a semblé aussi court que la totalité du Précambrien (et croyez-moi, TROIS fois de suite ce foutu best of, c’était long), un mouvement a semblé animer les invité(e)s… alors que j’entendais murmurer : “Peut-on danser ?”… “Oui, Miranda veut danser, on va danser!”…, l’âme de DJ du capitaine est ainsi remontée en surface à la vitesse grand V… et c’est ‘Paaaaaartyyy’ !
L’assemblée s’est mise à se trémousser sur Beyoncé Knowles, sur de la techno moisie-mais-qui-bouge… et sur Shakira… (petit intermède ici pour préciser que je n’écoute ni Shakira ni Beyoncé en temps normal, mais que dans le cadre de ma visite du Blue Bird ça le faisait pas mal…, non je ne me justifie pas, je fais ce que je veux !)…
Et soudain, les Black Eyed Peas… sont passés (sic !) les gens, devenant crétins, ont redoublé d’efforts et se sont mis à danser frénétiquement, tandis que le capitaine s’agitait, avec, en main, une bouteille de bitter en guise de microphone…, quand soudain mon cerveau a noté une petite tension inhabituelle du côté des convives…, en effet, les invité(e)s regardaient le capitaine en faisant des gestes frénétiques pour qu’il coupe la musique.
Je me suis figé en voyant la mère de Miranda qui se passait l’index à l’horizontale sur sa pomme d’Adam avec un regard épouvanté en direction du Capitaine… et soudain celui-ci a compris, alors que la voix du chanteur des Black Eyed Peas s’élèvait : “LET’S GET RE-TAR-DEEED, LET’S GET RE-TAR-DEE-EEEEE-EEEED”…
Et paf…, rebelote et dix de der… le capitaine s’est décomposé, Miranda était toute blanche, tandis que, cramoisie, sa mère essayait d’atteindre l’iPod pour lui couper le kiki, mais il est tombé, hors d’atteinte, et elle s’est crue obligée d’éteindre l’ampli à coups de pieds…
Le silence était cinglant…, le Capitaine venait de passer “let’s get retarded”, la chanson la plus controversée au monde (et même de l’univers) pour être jouée à l’anniversaire d’une demoiselle trisomique…, on voyait que le Capitaine voulait mourir, là, tout de suite, foudroyé…, à sa décharge, ce morceau, c’était de la bombe et idéal pour se trémousser…, de plus… et le Capitaine l’a juré la main droite levée et l’autre sur la Bible, la Torah, le Coran, et tout ce qu’on voulait, qu’il n’avait jamais eu vent du scandale inhérent à cette chanson avant qu’ils ne changent les paroles en “let’s get started”… et pour être honnête et tenter de garder sa place de Capitaine du Blue Bird, il a affirmé sur son honneur, n’avoir jamais fait attention aux paroles avant ce soir-là…., puis il a disparu dans la nuit comme un chacal syphilitique, mort de honte.
No comment…, pour les non anglophones ou ceux qui auraient loupé l’épisode de la censure de cette chanson, les paroles, grosso modo, disent ceci : “Devenons débiles, retardés, neuneus, stupides, trisomiques, agitons la tête bêtement tous ensemble”… etc.etc…
Maintenant que vous savez tout je vais continuer ma narration de ma visite du Blue Bird…, voilà…., sinon que ce pré-dîner festif, c’était fantastique… quoiqu’un peu déconcertant…, les Anglais vivent vraiment dans un autre monde…, car voila qu’on m’a proposé du thé accompagné d’un curry de poulet !
Qu’on ne s’inquiète pas, en Angleterre, coté nourriture, c’est bien simple, soit c’est du curry, soit c’est frit…, longtemps et de préférence servi avec la moitié de l’huile de friture, ce qui rend la déglutition accessoire : ça glisse tout seul vers l’estomac.
J’ai toujours trouvé un chouilla déconcertant de pouvoir admirer mon reflet dans la nourriture, mais on s’y habitue très vite…, on oublie les légumes frais illico, on bannit toute forme de fibres…, patates, baked beans et champignons en boite sont les seuls apports nutritionnels du monde végétal…, et quand j’ai demandé une salade à la place des frites, la préposée m’a regardée comme si je lui avais demandé de faire la roue nue en chantant “God save the Queen”…, mais elle m’a apporté ensuite une bonne portion de coleslaw, un espèce d’émincé de choux et de carottes baignant dans une mayonnaise synthétique visqueuse…, j’ai remercié et me suis tu de toutes remarques…
Le premier conseil qu’on m’avait donné avant de monter à bord du Blue Bird était : “Ne regarde personne dans les yeux, un convive anglais éméché cherche n’importe quel prétexte pour s’amuser un peu, en l’occurrence, ce qui implique si possible la perte d’une ou deux molaires et d’un gallon de sang…, quand à la faune féminine, ma foi…, il te faut le voir pour le croire…, notre cagole nationale passe pour une lady a coté des ladys British…, jupe a la limite de l’indécence (et de la cystite chronique) et le décolleté doit au minimum atteindre le nombril, ce qui fait qu’en cas de pluie, un phénomène peu rare sous les latitudes Tropéziennes, les Ladys couvrent leurs décolletés en gloussant pour éviter de mourir noyées une fois leur Wonderbra plein”.
Si Beyoncé Knowles peut se permettre de telles habitudes vestimentaires, les Lady’s du Blue Bird étaient courtes sur pattes, replètes (si vous vous demandez pourquoi, référez-vous aux habitudes alimentaires ci-dessus) et surmaquillées…, tatouage de rigueur…, plus c’est gros, coloré et vulgaire, mieux c’est…, la plus raffinée vue a cette soirée “Partyyyyyy” festive étant une Schtroumpfette au sourire vaseux affublée d’une énorme chope de bière : la classe…., le top du top semblant être son bronzage artificiel aux délicats reflets de citrouille blette…, un genre version érotico-gothico-trash de Fantasia chez les ploucs…, perturbant…, j’ai compris ENFIN pourquoi Dieu semblait être le seul à pouvoir sauver la Reine dans ce pays…
Le navire BLUE BIRD OF 1938 (IMO: 8993320, MMSI: 235054628) de type Yacht a été construit en 1938 suite à une commande de Sir Malcolm Campbell alors qu’il était l’homme le plus rapide sur terre avec son étrange Blue Bird, son motif étant de posséder un yacht pour aller à la chasse aux trésors.
En 1930, muni d’une carte au Trésor “authentique” obtenue on ne sait où, il avait effectué un voyage aux îles Cocos dans le yacht d’un de ses amis et découvert une série d’indices menant à un fabuleux trésor…., mais l’utilisation de ce yacht n’était pas illimitée et il fut forcé de retourner au Royaume-Uni, frustré, il a alors décidé de posséder son propre navire pour un nouveau voyage de chasse aux trésors.
Pour la conception du yacht Blue Bird, Campbell s’était tourné curieusement vers G. L. Watson & Co…, une société plus célèbre pour la fabrication de tondeuses à gazon que de yachts à vapeur, parce que hypnotisé par Malcom Campbell (Mister Blue Bird), le big-Boss Rennie Barnett lui avait proposé de créer un yacht différent, inspiré par le paquebot Queen Mary, l’icône d’alors du design marine.
Le yacht Blue Bird IV est ainsi né, affublé d’une poupe de croiseur, avec un profil élégant autorisant de bons et généreux volumes intérieurs, le tout dans une coque qui était beaucoup plus adaptée à des voyages sur tous les océans du globe que les yachts à francs-bords limités de la même période.
Le trésor longtemps recherché est resté introuvable d’autant plus que le périple océanique du Blue Bird fut trop tôt interrompu par la guerre 39/45.
Comme il s’est vaillamment illustré en servant à l’évacuation des troupes du corps expéditionnaire britannique durant l’encerclement de Dunkerque par les hordes nazies…, cela lui a valu une place durable dans l’histoire…., mais il a ensuite été réquisitionné pour devenir un navire d’Inspection douanière sur le Mersey pour effectuer des contrôles ciblés au large du port de Liverpool…. et fin 1941 Blue Bird est devenu un navire de patrouille de la Marine royale au large de l’Irlande du Nord avec un canon installé sur son pont avant… et disposant d’un équipage de 18 marins.
Avec le retour de la paix et la désaffectation de son engin de vitesse : l’Oiseau bleu, Campbell était fatigué de tout et devenu trop vieux pour entreprendre de longs voyages il a vendu le Yacht Blue-Bird… et est décédé peu après en 1948.
De ses propriétaires successifs après la guerre, Jean-Louis Renault (propriétaire des automobiles Renault) est le yachtman qui l’a possédé le plus longtemps (25 ans de 1948 jusqu’en 1973)…, au cours de ces années ou le Blue Bird avait été rebaptisé “Stérope”, il a effectué d’importants travaux, notamment le remplacement des moteurs Ruston & Hornsby originaux.
Jean-Louis Renault a aussi malheureusement considérablement fait modifier son profil, englobant une grande partie des zones extérieures avec d’affreuses nouvelles structures en acier…, ainsi déguisé le Blue Bird a été finalement vendu à Mister Colberg, un riche Californien de Long-Beach qui l’a re-re-baptisé “Jannick” et fait peindre dans une abominable couleur verte, une teinte alors à la mode.
Il l’a vendu en 1994 à Tara Getty (l’héritière de Papa) qui a tenté on ne sait plus trop bien quoi et qu’est-ce… et l’a vendu à un ex-capitaine de haute mer, ancien néerlandais, en 1995… qui l’a amené à Rotterdam où il va servir à des excursions d’un jour, puis des croisières dans la mer Baltique et de la côte sud de l’Angleterre durant les étés…, ensuite le bateau devenant une épave, a été couché sur une rive de l’Elburg à Scheepswerf Balk.
Heureusement, un anglais, Bob Harvey-George à su voir sa beauté cachée à travers ce déguisement et a sauvé le Blue-Bird, le faisant revenir à son profil original.
Ce fan de Malcom Campbell, devenu propriétaire d’un de ses fameux véhicules de record de vitesse : l’Oiseau bleu V, cherchait en effet un yacht de taille moyenne pour ajouter à sa petite collection de yacht “classiques” à moteur, il avait cherché et examiné de nombreux yachts à moteur traditionnels après la guerre, mais ses enquêtes/expertises révélaient que trop de travaux importants étaient nécessaires qui ne semblaient pas justifiés sur ces navires trop récents.
Dans sa frustration, Bob Harvey-George avait finalement pris contact, via son courtier Nick Edmiston, avec William Collier qui venait de racheter G. L. Watson & Co. et avait gardé un œil sur quelques navires survivants, dont l’ex Blue Bird rebaptisé plusieurs fois qui était presque devenu une ferraille de légende mais disposant d’un excellent pedigree qui répondait à pratiquement toutes les exigences de Bob Harvey-George.
C’était pourtant une entreprise complexe et difficile, une grande partie de la coque en acier de l’oiseau bleu était encore intacte, mais en raison de problèmes de stabilité causés par sa superstructure lourde et rouillée de partout, il a été décidé de reconstruire la superstructure entière, ce qui a permis à l’entreprise de carénage Astilleros de Majorque s’appuyant sur le savoir-faire de diverses équipes d’artisans très compétents, de réaliser un miracle maritime…, à grand renfort de Livres Sterling…,la superposition du magnifique look des années trente avec des technologies contemporaines atteignant une sorte de magnificence sans compromis…, un véritable testament !
En mai 2007, Blue Bird IV a été achevé et a quitté Palma…, revenu pleinement à la vie, tandis que ses capacités de tenue de mer ont dépassé les attentes…., il “croisiérait” confortablement à 12 nœuds, une attention toute particulière ayant été portée à l’atténuation des vibrations et des bruits de machineries, tandis que le confort en mer avait été renforcé par des stabilisateurs.
Depuis son départ de Palma ou il avait été restauré, le Blue Bird a navigué longuement face aux cotes Françaises, Italiennes, Grecques et Turques ainsi qu’aux Caraïbes… et son profil élégamment restauré y faisait tourner les têtes dans tous les ports d’escales… (en 2010, Blue Bird a mené en tête la flotte navale commémorant le 70e anniversaire de l’évacuation de Dunkerque et a accueilli à son bord, S.A.R. le Prince Michael de Kent).
C’est Valérie de Perlinghi, directrice des éditions Pavale à Saint-Tropez qui éditent le nouveau magazine Chromes&Flammes créé par Patrice De Bruyne, qui s’est lançée avec ce dernier, dans l’aventure de vouloir racheter le Blue-Bird en co-participation avec un propriétaire Français de mines d’or en Afrique (après s’être fait inviter à la “Partyyyyyy” ci-avant décrite).
– “Je sais que c’est un pari très osé, je sais aussi que son propriétaire ne veut pas vendre, mais j’ai bon espoir, Patrice voudrait alors le rebaptiser “Chromes&Flammes” mais pour ma part j’hésite”…