HMS Prince-of-Wales & Aston-Martin-Bulldog
Richard Gauntlett se tient sur le pont du HMS Prince-Of-Wale, le “sistership” du HMS Queen Elizabeth, les deux derniers porte-avions géants de la Royal Navy. Il a les yeux légèrement embués par un rêve d’enfance qui est enfin devenu réalité. J’avoue être dans la même situation ! Nous sommes deux vieux gosses qui versent quelques larmes de bonheur de réaliser un rêve de jeunesse… C’est d’autant plus magique que l’Aston-Martin Bulldog dont j’ai réalisé un reportage il y a quelques semaines, a elle aussi été embarquée.
Ce que Richard Gauntlett et moi vivons est exceptionnel, hisser cette Bulldog sur le pont d’envol d’un des deux plus étranges porte-avions du monde, mais Britannique, n’est pourtant qu’une sorte d’hommage réciproque, l’Aston Martin Bulldog, et l’HMS Prince-of-Wales étant deux engins incroyables. La Bulldog avait été créée et a ensuite disparu sous la présidence de son père Victor Gauntlett, c’est une voiture que Richard n’a jamais vue en personne quand il grandissait, mais qu’il l’étudiait tous les jours, pareil que les géants des mers.
-“Je n’ai jamais vu la voiture fonctionner quand j’étais enfant, car elle avait déjà disparu en Amérique au moment de ma naissance, mais j’avais l’affiche qui provenait du bureau de mon père chez Aston Martin, voir la voiture maintenant, c’est comme passer à travers le miroir du temps, parce que j’ai regardé l’affiche pendant si longtemps, je l’avais punaisée sur un mur de ma chambre. C’est merveilleux”, m’a-t-il dit.
Gauntlett a été la force motrice derrière la récupération et la restauration de l’Aston-Martin Bulldog dans le but ultime de concrétiser ce que son père n’avait jamais pu réaliser : amener la Bulldog au delà de 200m/ph.
-“Nous aimons tous une histoire complète, une histoire incomplète est comme un livre qu’on ne finit pas ! J’aime l’idée de fermer un livre proprement et c’est pareil pour la Bulldog. Il faut pouvoir fermer le livre de la vie avant de mourir prématurément… Qu’il reste ouvert sans finalité c’est angoissant, quoique je pense qu’il a une vie au-delà de nous, une vie qui inspire les gens et qui fait en sorte que les enfants peuvent voir leurs parents au travers du miroir”, m’a-t-il répondu. J’ai conté toute l’histoire qui se lit au bout de ce lien : https://www.gatsbyonline.com/automobile/aston-martin-bulldog-437062/ : Aston Martin Bulldog
Bonne lecture !
Les HMS Queen Elizabeth et HMS Prince of Wales sont les deux nouveaux porte-aéronefs de la marine britannique, les plus grands navires jamais construits par la Royal Navy. Pouvant accueillir jusqu’à 70 aéronefs chacun, ces navires ont vécu des entrées en service sans cesse reportées à la suite des restrictions dans le budget de la défense survenues après la crise économique de 2008. Ils sont destinés à accueillir des avions de type VSTOL (Vertical or Short Take Off and Landing). De ce fait, ils accueillent principalement des avions multirôles de 5ème génération F-35B Lightning II ainsi que des hélicoptères Merlin Mk26, destinés à l’alerte aérienne avancée et à la lutte anti-sous-marine. Leur conception met l’accent sur la flexibilité, avec une capacité d’accueil chacun de 250 hommes du corps des Royal Marines et de leur soutien logistique, notamment des transports de troupe (comme par exemple des Chinook’s). Le HMS Queen Elizabeth et son navire-jumeau, le HMS Prince of Wales ont été développés afin de répondre aux nouveaux besoins des forces armées britanniques.
Le 25 juillet 2007, le secrétaire à la Défense britannique, Desmond Browne, avait annoncé un budget de 3,8 milliards de livres sterling pour le développement et la construction de ces deux nouveaux porte-aéronefs. Le HMS Queen Elizabeth, le premier d’entre eux, a été commandé courant mai 2008, pour une entrée en service prévue à l’origine en 2014 pour le Queen Elizabeth et en 2016 pour le Prince of Wales. Les essais en conditions réelles du F-35B de Lockheed Martin sur le navire ont commencé le 25 septembre 2018 via une rampe de lancement. Durant cette campagne, 500 appontages et décollages ont été réalisés. Ce sont les premiers porte-aéronefs à être conçu avec deux îlots, l’un pour la navigation du navire et l’autre pour la gestion des opérations de vol. Cela résulte en une plus grande visibilité des opérations. De plus chaque îlot peut prendre le rôle de l’autre en cas de besoin. Le HMS Queen Elizabeth qui a couté 3 milliards de livres soit 3,4 milliards d’euros) a été conçu pour pouvoir mettre en œuvre jusqu’à 36 F-35B.
Le HMS Prince of Wales prévoyait d’opérer à son bord des F-35B Lightning II à décollage court et atterrissage vertical (STOVL) à partir d’un tremplin, cependant, en mai 2010, le gouvernement a publié son très attendu “Strategic Defence and Security Review 2010” (SDSR), qui indiquait que le Prince of Wales serait converti en un CATOBAR, utilisant le F-35C sans capacités d’atterrissage vertical. Une étude de 18 mois a commencé pour la conversion, mais a finalement déterminé que cela entraînerait de graves conséquences en termes de coûts et de retards. En mai 2012, le gouvernement a annoncé qu’il revenait sur sa décision de convertir le Prince of Wales et que le navire serait construit selon sa conception STOVL d’origine. Le SDSR stipulait également que le Royaume-Uni n’avait besoin que d’un seul porte-avions, mais les clauses de pénalité dans le contrat impliquaient que l’annulation du Prince of Wales coûterait plus cher que sa construction ! Par conséquent, le gouvernement a fait construire le Prince of Wales avec l’idée de le placer en réserve ou de le vendre à un pays allié. Mais, en 2012, la Royal Navy a publié sa revue annuelle, intitulée “A Global Force 2012/13”, déclarant que les deux porte-avions seraient mis en service ensemble.
Impossible de clôturer cet article sans y faire participer notre France via le Général de brigade Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef de la Revue Défense Nationale ! Très volubile, il s’est laissé aller à me conter tout en détail car les détails ont énormément d’importance !
-“Cher Monsieur Patrice De Bruyne, merci de collaborer avec la Marine Française. La nation vous en est reconnaissante et vous vaudra une citation méritée. Sachez qu’alors qu’Américains, Chinois, Britanniques, Indiens, Japonais, Sud-Coréens, Italiens et même Turcs misent résolument sur des porte-avions ou des porte-aéronefs capables de mettre en œuvre des avions de combat et des drones de dernière génération, il appartient à la France de conserver cet outil crucial de souveraineté et d’autonomie stratégique en termes de dissuasion et de collecte de renseignements, pour garantir notamment la liberté de circulation le long de ses vastes espaces maritimes”.
-Vous me parlez dans le contexte de fortes tensions géopolitiques en zone océan Indien-Océan Pacifique rappelées par l’affaire des sous-marins destinés à l’Australie ?
-“Absolument ! C’est pourquoi la France doit poursuivre avec détermination le programme de porte-avions nouvelle génération nommé PANG-1, destiné à remplacer le Charles de Gaulle en envisageant déjà un PANG-2 pour défendre durablement et de manière autonome nos voies de communication.
-La mise en service récente du porte-avions britanniques HMS Queen Elizabeth et les images montrant la progression très rapide de la construction d’un troisième porte-avions par la Chine soulignent le retour de ce type de navire”.
-Je vous confie que cela fait peur.
–“La France vous protège Monsieur De Bruyne, partout ! Sachez que le début des essais à la mer du premier porte-avions de conception nationale construit par l’Inde, et malgré un retard très conséquent sur le calendrier initial, est aussi, au regard de la médiatisation effectuée, l’illustration de l’importance retrouvée par ces géants de la mer. A ce sujet la Marine Nationale est fière que vous allez exposer nos vues dans GatsbyOnline que vous qualifiez de premier magazine numérique quotidien au monde. Vous avez notre gratitude éternelle”.
-Je ne sais que vous répondre, là !
-“Il y a une décennie, seuls les États-Unis et la France mettaient en œuvre de tels porte-avions. Plusieurs marines y avaient renoncé faute de moyens disponibles ou encore de besoins avérés de telles plateformes complexes, notamment en termes d’avions coûteux. Par ailleurs, les alternatives étaient limitées d’autant plus que l’URSS, puis la Russie, ne maîtrisaient pas l’aéronavale embarquée, malgré des tentatives peu fructueuses comme le porte-avions Amiral Kouznetsov qui n’a cessé depuis d’accumuler des déboires et des défaillances majeures et dont le maintien en service obéit désormais à une question de prestige national. Les programmes de porte-avions légers brittaniques mettant en œuvre des avions à décollage vertical du type AV-8B Harrier ont démontré leur limite opérationnelle et les nos voisins ont retiré leurs navires de la classe Invincible entre 2005 et 2014, acceptant une perte capacitaire majeure en attendant le programme controversé des CVF alors largement remis en cause. Les Espagnols frappés par la crise économique de 2008 ont de leur coté retiré du service le Prince des Asturies après une carrière courte entre 1988 et 2013 et sans réel engagement opérationnel, tandis que le Saô Paulo, notre ex-Foch, racheté par le Brésil, a passé l’essentiel de son temps à quai avant d’être définitivement retiré du service en 2018. À cela s’est rajouté la fin de vie des avions du type Harrier AV-8B, obligeant les marines concernées à faire de nouveaux choix contraints : soit revenir au porte-avions conventionnel, soit opter pour le nouvel avion proposé par les États-Unis, le F-35 avec ses différentes versions censées remplacer le F-16, le F-18, le A-10 et les AV-8B”.
-Je tente de vous suivre Amiral, mais c’est compliqué…
-“Général de brigade Jérôme Pellistrandi au service de la France, Monsieur De Bruyne, pas Amiral, je vous prie ! De plus, durant la décennie 2010-2020, les États-Unis ont été confrontés outre les deux guerres en Afghanistan et en Irak au vieillissement de leur flotte de 12 porte-avions de type CATOBAR (avec catapultes et brins d’arrêt), à l’augmentation du coût de maintenance de la classe Nimitz et à la très longue gestation de la nouvelle classe Gerald Ford avec un budget d’environ 12 milliards de dollars par unité. La tête de série, le CVN 78 Gerald Ford est entré en construction en 2009. Il a été lancé en 2013 et devrait être opérationnel en 2023 : 11 bâtiments sont prévus, les quatre premiers étant à différents stades de réalisation, la première tôle du CVN 81 Doris Miller venant d’être découpé pour une mise en service planifiée en 2032”.
-Je note que tout cela coute des fortunes !
-“Monsieur De Bruyne, la dérive des coûts et les difficultés rencontrées pour l’USS Gerald Ford ont terni l’image de marque de ces géants de mers, pas celle de la France. Les mises au point laborieuses des catapultes électromagnétiques (EMALS), mais aussi des ascenseurs adaptés, ont constitué des sujets d’inquiétude, allant jusqu’à remettre en cause le concept même de ces porte-avions mastodontes. Aujourd’hui, dans un monde marqué par le retour des puissances qui contestent l’ordre établi, un porte-avions et son groupe aéronaval dédié restent un outil militaire sans pareil qui permet de montrer sa force, de projeter sa puissance, de dissuader l’adversaire, de protéger ses lignes de communication, de recueillir de manière autonome du renseignement opérationnel et stratégique, mais également de contrer des groupes aéronavals ennemis en les empêchant de s’approprier des espaces maritimes ouverts tels que l’Atlantique ou l’océan Indien. Dans ces vastes étendues maritimes, tout particulièrement aux abords d’archipels stratégiques situés loin des littoraux, les aéronefs basés à terre sont souvent incapables de maintenir une présence massive et durable sur zone. La France veille, soyez-en assuré” !
-Mais rien n’est invulnérable !
-“Certes, les porte-avions ne sont pas invulnérables mais s’ils sont accompagnés d’un groupe aéronaval robuste et cohérent comprenant notamment un sous-marin nucléaire d’attaque et un nombre suffisant de frégates et d’avions de guet aérien, leur bulle protectrice devient très difficile à percer. Les missiles balistiques chinois, médiatisés par certains médias, experts et relais d’opinion, restent pour l’instant très largement surévalués. Quant aux sous-marins nucléaires d’attaque, leur capacité à s’infiltrer à l’intérieur du dispositif est faible au regard des moyens anti-sous-marins disponibles sur des frégates de type FREMM. Seuls d’autres porte-avions peuvent en fait les défier avec une probabilité réelle de les mettre hors de combat. Bien sûr, un tel environnement représente un coup substantiel qui doit être pris en compte au départ, mais qui permet d’assurer la cohérence opérationnelle de l’outil porte-avions”.
-J’y penserai en payant mes impôts !
-“La France vous en remercie ! Ce n’est pas sans raison qu’au moment où l’US Navy se débattait dans le gigantesque chantier de l’USS Ford, la Chine a entamé son apprentissage de façon méthodique et avec des moyens conséquents. Après avoir récupéré en Ukraine, en 1990 sous le prétexte d’en faire un casino flottant l’ex-Varyag de la classe Kouznetsov, Pékin l’a rénové de fond en comble et l’a mis en service en 2012 afin d’apprendre l’aéronavale embarquée. Il s’agissait donc plutôt d’un navire école permettant à la Chine d’acquérir de l’expérience et de préparer le futur, tout en faisant un instrument de propagande pour conforter le nationalisme chinois qui s’est traduit très vite par la construction d’un sister-ship similaire au Liaoning, mais entièrement conçu par les Chinois. La construction du Shandong, de type STOBAR c’est à dire sans catapultes, a débuté en 2013 ! Lancé en avril 2017, il a été admis au service actif en décembre 2019. Son déplacement est de 70.000 tonnes en comparaison des 42.500 tonnes pour notre PA Charles de Gaulle pour une longueur de 315 m contre 261 m pour le Charles de Gaulle. Il faut relever l’affront” !
-Et donc encore augmenter les impôts ?
-“Vital, bien sur car un troisième porte-avions chinois est désormais en construction. Celui-ci sera encore plus massif avec un déplacement de 85.000 tonnes et sera doté de 3 catapultes de type EMALS, avec une propulsion classique, conférant de facto des capacités bien supérieures aux deux porte-avions actuellement en service. Très clairement pour Pékin, la composante aéronavale embarquée est une priorité à moyen terme avec un apprentissage accéléré et une volonté de se doter d’ici à 2030 de plusieurs porte-avions géants de type CATOBAR à propulsion nucléaire, en mesure de se confronter aux mastodontes américains”.
-La guerre totale ?
-“S’il le faut ! Ce n’est pas un hasard si le Japon réagit à cette montée en puissance et en gamme de la marine chinoise. Tokyo a eu une expérience très riche en matière de porte-avions avec un rôle pionnier illustré par l’attaque de Pearl Harbor le 7 décembre 1941. Le tabou du porte-avions a sauté récemment avec la transformation en cours des destroyers porte-hélicoptères du type Izumo. Sous un habillage sémantique, les deux navires de cette série sont à pont plat. Ils ont une longueur de 248 m pour un déplacement de 27.000 tonnes. Initialement conçus pour mettre en œuvre 14 hélicoptères et transporter 450 soldats équipés, ils sont en cours de modification pour pouvoir mettre en œuvre des chasseurs F-35B. Les essais aériens devraient débuter d’ici la fin de l’année avec l’embarquement d’appareils de l’US Navy”.
-Tokyo répond ainsi à la menace chinoise avec pragmatisme !
-“Absolument, Monsieur De Bruyne, même si les deux futurs porte-avions seront moins puissants que le futur troisième porte-avions chinois. Ils auront cependant l’énorme avantage d’être interopérables avec l’US Navy et l’USMC, gage essentiel en opérations dans cette région sous tension permanente. Comme le Japon, la Corée du Sud s’apprête à franchir le pas avec la présentation de son programme CVX-LPX-II visant à se doter d’un porte-avions type STOBAR mettant en œuvre une vingtaine de F-35B. Le chantier Hyuandai Heavy Industries bénéficiera de l’appui de Babcock International pour la conception du CVX qui aura ainsi 2 îlots comme les deux derniers porte-avions Britanniques. La construction devrait débuter en 2022 pour une mise en service en 2033”.
– La question est de savoir si c’est destiné à contrer la Corée du Nord ou si ce n’est pas plutôt pour disposer d’un instrument souverain pour Séoul dans son environnement complexe comprenant la Chine et le Japon.
-“Bien vu Monsieur De Bruyne, bien vu ! Dans l’espace indopacifique, le porte-avions, avec son groupe aéronaval comprenant des frégates et des sous-marins, retrouve ainsi toute sa pertinence permettant cette projection de puissance et cette mobilité tactique qui devient un atout géopolitique. Ce n’est pas un hasard si le Royaume-Uni a envoyé dans cette partie du globe le HMS Queen Elizabeth, son tout nouveau fleuron, qui est un véritable outil stratégique venant combler un trou capacitaire de presque dix ans pour la Royal Navy, même si la formule choisie par Londres est différente de celle des porte-avions américains, voire du Charles de Gaulle, tant dans sa conception que dans sa doctrine d’emploi basée sur le F-35B. Si la plateforme navale reste bien sûr essentielle, ce sont bien les aéronefs embarqués qui en constituent la force de frappe et la valeur opérationnelle. D’où l’immense supériorité des États-Unis qui disposent d’appareils conçus dès le début pour leur emploi embarqué. Actuellement, les différentes versions du F-18 constamment modernisé sont sans équivalent hormis notre Rafale français, dont la version Marine fut la première à entrer en service. Mais les contraintes spécifiques à la mer sont nombreuses : corrosion saline, trains sollicités au décollage, catapultage et à l’appontage, crosse d’arrêt… Et les exemples de navalisation a posteriori d’appareils pourtant réussis pour leur emploi depuis la terre n’ont pas été de franches réussites comme le F-16N ou le Jaguar M abandonné en 1973. Du côté européen, l’Eurofighter n’a pas été prévu pour un emploi sur porte-avions et les projets d’adaptation du Gripen suédois se sont limités à des maquettes pour les salons de défense. Il en sera de même pour le projet anglo-italien Meteor qui ne connaîtra pas de version spécifique embarquée. À l’inverse, le SCAF sera nativement conçu, comme le Rafale, pour être déployé depuis un porte-avions, même si seule la France dispose de cette capacité”.
– Cocorico mon Général !
–“Ne soyez pas impertinent Monsieur De Bruyne ! Les États-Unis avaient fait le pari du F-35 avec trois versions dont deux embarquées, le F-35B à décollage et atterrissage courts pour remplacer les AV-8B Harrier, et le F-35C catapultable. Leur mise au point est plus que laborieuse et conforte la place du F-18E Super Hornet qui a encore deux à trois décennies devant lui. Le F-35, malgré les surcoûts et les difficultés rencontrées, finira cependant par remplir les missions embarquées et c’est bien le choix fait par le Royaume-Uni, l’Italie, la Corée du Sud et le Japon pour équiper leurs porte-avions. L’Espagne, qui ne dispose plus que du navire de projection stratégique (BPE) Juan Carlos, envisage le F-35B pour succéder à sa douzaine d’AV-8B Harrier qui arrive en fin de vie. Pour Madrid, la difficulté est d’ordre budgétaire avec un parc qui ne dépasserait pas 18 exemplaires. L’Armada escompte gagner du temps en espérant une baisse des prix, voire une offre d’occasion de la part des États-Unis”.
-J’ai lu que la Turquie, membre fondateur de l’Otan, a lancé la construction d’un porte-avion nommé TCG Anadolu !
-“Exact Monsieur De Bruyne, c’est l’équivalent du BPE espagnol avec l’appui du chantier ibérique Navantia. Ce premier porte-aéronefs turc devait être équipé du F-35B, d’autant plus qu’Ankara était un partenaire important de ce programme. Les provocations d’Erdogan, allant jusqu’à choisir le système anti-aérien russe S400 ont entraîné l’exclusion de la Turquie du programme F-35 par Washington. De fait, le TCG Anadolu se retrouvera, lors de sa mise en service en 2022, sans les avions escomptés. Au printemps 2021, la Turquie a annoncé qu’elle équiperait ses bâtiments avec des drones Bayraktar TB3 qui seraient capables de mener des actions offensives. Parallèlement, Turkish Aerospace Industries propose une version embarquée de son chasseur léger Hürjet, dont le premier vol est annoncé fin 2022. Il n’en demeure pas moins qu’il s’agit de pis-aller, à défaut du F-35B… Ahahahahahahahaha !
-Oui ! Ahahahahahahahaha !
–“Quel beau moment nous passons, Monsieur De Bruyne, il faut que je vous invite à bord d’un de nos sous-marins nucléaire” !
-Sans façon, mon âge avancé, savez-vous, les échelles et coursives, je préfèrerais un Yacht…
-“Ahahahahahahahaha ! Bien, je vous explique ! La Russie, quant à elle, a développé une version navalisée du célèbre Mig 29. Le Mig 29K décolle au moyen d’un sky-jump et apponte de façon classique. Cette solution est celle utilisée par les marines indiennes et chinoises équipées de Mig 29K, de Su-27K et de dérivés chinois du Su-33, le Shenyang J-15. Ces appareils sont loin des standards du F-18 ou du Rafale mais permettent cependant de conduire des opérations aériennes et donc d’apprendre, comme le montre la Chine dans sa hâte à maîtriser le porte-avions type CATOBAR.
– Et pour la France ?
-“Le groupe aéronaval (GAN) permet à la France de répondre aujourd’hui à l’intégralité des menaces aéromaritimes : montrer sa puissance en Méditerranée malgré les oppositions, protéger ses voies de communication et nos territoires ultramarins, en particulier en océan Indien, il faut être en mesure d’exercer en tous lieux une riposte en mer comme à terre si nécessaire. Si le porte-avions Charles de Gaulle, entré en service en 2001, est désormais à pleine maturité avec son groupe aérien embarqué autour du Rafale F3R et des Hawkeye 2C, la question de son remplacement est d’ores et déjà une réalité avec le lancement du programme du porte-avions nouvelle génération. Capitalisant sur les errements du programme PA2 qui devait compléter le Charles de Gaulle et qui fut annulé sous la présidence Sarkozy, le PANG a franchi plusieurs étapes décisives avec un concept maîtrisé et des choix à la fois cohérents et ambitieux, dont la construction aux Chantiers de l’Atlantique pour bénéficier d’une taille plus adéquate et de capacités industrielles performantes. Ce PANG accueillera d’emblée des Rafale progressivement remplacés par des SCAF, mais aussi des drones”.
-Il reste cependant encore des obstacles à franchir dont celui de l’élection présidentielle de 2022, si une personnalité peu encline aux questions de défense venait à être élue.
-“Exact Monsieur De Bruyne. Pour le PANG, c’est bien le choix politique qui s’imposera. Mais à considérer les évolutions géopolitiques en cours, il serait cohérent d’envisager un deuxième PANG à l’horizon 2045 pour que la France retrouve la quasi permanence à la mer d’un groupe aéronaval, sachant que le Charles de Gaulle arrivera en fin de vie en 2040. La décision pour le PANG 2 devrait dès lors être prise vers 2025 pour permettre de bénéficier d’un effet de série pour les approvisionnements et les équipements du PANG, évitant ainsi le fiasco du PA2 dans les années 2000-2010. Le retour à un format de deux porte-avions s’inscrit pleinement dans le durcissement des relations internationales, du risque de conflits de haute intensité et du besoin absolu de conserver la liberté de navigation aujourd’hui remise en cause tout particulièrement en Indopacifique, mais aussi en Méditerranée orientale”.
-Qu’en est-il des autres marines ?
-“D’autres États à vocation maritime s’interrogent sur les porte-avions. C’est le cas du Brésil qui a dû renoncer à contre cœur au maintien du Saô Paulo (notre ex-Foch), mettant fin à l’aéronavale embarquée brésilienne dont l’histoire avait commencé en 1960 avec le Minas Gerais, un porte-avions de classe Colossus de la Royal Navy. En 2018, la marine brésilienne a racheté le HMS Ocean au Royaume-Uni. Ce bâtiment rebaptisé PHM Atlântico, à pont continu, est désormais utilisé comme porte-hélicoptères polyvalent, permettant ainsi de maintenir a minima des savoir-faire complexes en attendant mieux.
-Et la Russie ?
-“La Russie, tout en s’efforçant de rénover le vénérable Amiral Gorchkov après un incendie et le pont éventré, publie régulièrement de nouvelles images de futurs porte-avions avec des annonces spectaculaires pour l’après-2030, sans pour autant rentrer dans la concrétisation du projet”.
-Et l’Italie
-“L’Italie, après avoir modifié le Cavour entré en service en 2009, désormais apte à embarquer 16 F-35B, après le retrait des AV-8B Harrier, s’apprête à recevoir le LHD Trieste. Celui-ci, d’une longueur de 204 m, sera opérationnel en 2022 et pourra mettre en œuvre des F-35B et des hélicoptères. De fait, Rome disposera alors d’une capacité permanente de projection aéronavale en Méditerranée, voire en océan Indien”.
-Et ailleurs ?
-“Les choix récents du Japon et de la Corée du Sud autour du F-35B traduisent également ce retour en force du porte-avions comme capital ship. Les ambitions chinoises confortent cette évidence car la possession d’un groupe aéronaval constitué du porte-avions mais aussi de frégates et de sous-marins, constitue un atout politique de premier ordre. Les États-Unis l’ont clairement compris et le maintien de 12 porte-avions confère à Washington cette capacité cruciale, unique au monde, malgré quelques errements dont la dérive de coûts de la classe Gerald Ford. Il appartient à la France de conserver cette autonomie stratégique avec le porte-avions Charles de Gaulle, mais aussi en poursuivant avec détermination le programme de porte-avions nouvelle génération en envisageant déjà un PANG 2”.
-Merci Général, ce fut un grand moment, j’espère que mes lecteurs internautes comprendront et apprécieront.
-“Vive la France, Monsieur De Bruyne, soyez remercié au nom de la Marine Française ! Et vive GatsbyOnline”… Restez, j’ai un excellent vin et nous… … … …
2 commentaires
Mon cher Gatsby,
J’ai eu plusieurs jours pour réfléchir au sens de cet article, et plusieurs questions restent sans réponse :
D’une part, à qui profite le crime ? Coup de pub pour Aston Martin ? Quel est l’intérêt de mettre une Aston Martin sur un porte-avions ? C’est aussi incongru qu’une femme nue sur un char d’assaut ?
D’autre part, je pensais que la vie vous avait éloigné de ces querelles inter nations ?
Coup de pub pour Aston-Martin… Bonne image de la flotte Britannique… Fierté des marins et super Ego pour le Boss d’Aston. Pour ma part, l’occasion fait le larron…
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