Je tangue dans ses houles érotiques : Gatsby On Sea…
Des épées d’argent cinglent la mer turquoise qui, habile à engloutir la lune au fond de ses abysses, ne livre aucun récit stable, reine sans roi à l’immense traînée d’écume que fendent des cormorans.
Ce n’est qu’en des occasions exceptionnelles que la mer expérimente des postures à la pointe de la plus extrême séduction, minaudant comme une chatte allume la nuit de ses désirs.
Elle offre sa nudité à mon regard, se cambre, se dévêt de ses derniers bijoux de sel.
Je ne sais quelles orgies se perpétuent dans ses bas-fonds mais je devine qu’elle ne louvoie pas avec l’amour, qu’elle monte vers la fête des sens, caressant des corps pétris de légendes et de vitesse.
Seule, elle se lève avant que ne se lève le ballet des choses…
C’est durant ces jours de liesse que je la préfère, ne me lassant jamais d’ausculter ses déferlements de prêtresse.
Je viens souvent seul, contempler ses sortilèges qui aiguisent les miens.
Sur le sable, la mer écrit des poèmes aux rimes ascendantes ; ne sacrifiant pas à la mode du cynisme brutal et des extases programmées, elle polit les mots. J’ai toujours pensé que son insolente beauté la rend fragile.
J’admire sa sauvagerie, sa radicalité sans faille et recueille au creux de mes paumes les murmures que ses chants laissent en leur sillage.
Je tangue dans ses houles érotiques ; je caracole dans ses vagues qui expirent avant de renaître plus hautes ; je ne vois plus qu’elle, la mer souple et sensuelle, qui s’ébat à l’extrémité du présent, hypnotisé par la chorégraphie de ce corps d’eau aux visages de feu, de terre et de ciel.
Dans ces moments d’extase, ma respiration devient celle de la mer, dans mes yeux se disputent une gourmandise illimitée et un mouvement de dérobade, au carrefour de l’avide et de la fugue, perdant tout contact avec la terre.
Plus rien ne tient devant la mer.
Face à cette diva qui se balance d’avant en arrière, allant parfois jusqu’à submerger les dunes, les marques de l’histoire s’amenuisent, petites actions et hauts faits des hommes coulant à pic dans cette masse sans mémoire.
Régnant seule, un peu barbare, elle ne lave pas les morts, les victimes de tragédies collectives, mais elle veille à ce qu’ils restent absents de ses rares souvenirs.
Moi, face aux déferlantes, je vois les traces de l’humain partout, dans l’homme tout ce qui appartient aux autres règnes, aux peuples des plantes, aux mélodies animales, si bien que mes récits trouvent leurs origines dans des terres opposées.
Alors qu’une partie de moi s’inquiète de la mélancolie qui sourd de la mer, une autre partie lit dans le visage des paysages marins, prêtant à l’océan des états d’âme qui sont souvent les miens, humant les paysages, les saveurs d’enfance qui m’ont bercé.
Mais je reste en dessous de la vérité en affirmant que je ne déchiffre point des indices humains à même les phénomènes naturels.
J’excelle par exemple à découvrir partout, le visage de mon amante, dans les réverbérations dues au soleil, dans une clairière au milieu d’un temple d’arbres, dans une rafale de neige ou une corolle de rose.
C’est au travers de ce visage que la nature me parle.
Seule, peut-être la mer reste indemne, préservée des échos que mon amante projette sur toute la surface de la terre.
Certains s’exaspèrent de cette forme de panthéisme amoureux, c’est pourquoi je rêve en silence, sans que rien ne transparait, taisant tout de mon art des superpositions.
À quoi bon imposer sa filmographie intime, surtout si le casting se résume à une seule et unique vedette ?
J’en arrive à la conclusion que les séismes sentimentaux doivent être enfouis au milieu des œuvres de l’existence ou de l’art et que seuls vivent les diamants retranchés à la lumière.
Telles ces créations musicales, picturales ou littéraires où ce motif dans le motif est présent…
Les lettres du prénom de mon amante doublent les lignes de mon alphabet, ou plus exactement leurs éclats lumineux forent d’étranges paysages dans les caractères officiels.
Tout s’écrit deux fois, une fois en langue commune, une fois dans la langue d’elle…
Tout se lit deux fois, une fois dans le sens de la vie qui n’attend pas et une fois dans le sens de ce qui ne peut pas ne pas advenir, dans le sens des aiguilles sentimentales.
D’où ma formule : elle sur fond d’océan, l’océan sur fond d’elle : même élan.
Elle n’est plus la grande gisante clouée sur son lit d’algues.
Les jours où la fureur s’empare d’elle, la mer devient muraille.
Elle convoite le firmament, elle courtise les hauteurs, et se plaque finalement à l’horizontale, sur un tapis de sable.
Je ne sais sous quelle impulsion elle sort de son enclos pour conquérir l’azur, ni quel aiguillon la pousse à ramper à nouveau.
Ne renonçant jamais à explorer ses niveaux de sens aussi instables qu’imprévisibles, je me laisse soulever par sa beauté tandis que je la saoule de mille histoires, de mille pistes.
Jamais pourtant, je ne joue la réflexion contre l’ivresse, ni ne livre mes émotions à une dissection qui ferait fait souffler sur elle, un grand froid.
On ne se situe pas au centre du temps de l’amour si on étudie les seuls mouvements de sa montre, l’âme prisonnière de l’avancée des aiguilles.
N’ayant de compte à rendre à personne, la mer ne s’interdit rien.
Grande vivante infatigable, elle éclabousse le rivage de sa joie sans dehors, liée à jamais par son pacte avec le mouvement.
Insérant des surprises sans nombre au milieu de cette constante monotonie qu’y lisent les âmes pressées ou malhabiles, elle m’apprend que la vie, l’amour, se logent partout, qu’en une vague on a tout l’océan, en une couleur tout l’arc-en-ciel.
Lorsque, parfois, un soir de déroute, de ces soirs ou on pense à partir en néant…, si je m’approche d’elle, à la seule éclosion de ses cris violacés, au bruit heurté de son reflux, je devine l’humeur qui l’habite.
Je sens les vibrations qu’elle communique au sol que je foule, les coups de bélier qu’elle se donne au plus extrême de ses profondeurs et qui, traversant les dunes, m’arrivent en faibles secousses.
Au fond de la mer, qui creuse ainsi des chemins pour arriver à la lumière, déplaçant les rochers qui obstruent sa vie, sarclant dans la jungle de ses affects.
Étrangère à un sommeil sans faille, l’immensité bleu-noir peaufine son ballet millénaire.
De même qu’on ne se détourne point d’une passion qui, ne s’autorisant de rien, se permet tout, on ne rejette pas à la mer ce qu’elle nous offre.
J’associe alors l’eau au roulement terrifiant de la mort.
Bien qu’une voix me souffle souvent, au sortir de mes désespoirs de causes… la vanité de cette entreprise de dissociation, je n’ai jamais renoncé à cette tâche.
La prose du monde colportant partout ailleurs son bruit sempiternel, je n’ai guère à la préserver dans mon paysage de mer et d’amour.
Peut-être que je provoque ainsi certains faits en vue de leur seule mise en récit !
Incapable de vivre un événement sans le relayer par l’écrit, je rejoue à huis clos ce que j’ai expérimenté, structurant ce qui m’a traversé en rafale.
À anticiper les scènes, à esquisser l’inconnu, ne risquerai-je pas d’éteindre l’étincelle promise ?
Tantôt l’écriture pave ma voie de l’avenir, tantôt elle retravaille des fragments de mon vécu, redistribuant des aventures majeures ou des incidents sans importance, m’enfermant à double tour dans mes écrits vains ou tout pointe vers autre chose via une écriture géminée qui chemine en double-sens interdits, si bien que le second texte, caché entre les lignes, éclate au travers de points de suspension qui ne sont que des points de désespoir habitant en contrebande, allongés dans les sous bois des phrases, roulant entre des phrases absentes mais présentes, étranglées entre deux virgules !
Plus de mots, plus de cris disponibles, plus d’images à portée de main, juste des grands filets de lumière tendus vers l’enfance, vers les premiers temps, hors temps, vers les premiers pièges ; poèmes aux syllabes éclatées qui échouent à grimper dans le vivre, à desceller des lèvres mariées au silence.
Cet appel tacite se referme pourtant invariablement et rapidement sur les secrets pointés du bout du regard.
Il n’y a pas besoin de raccord entre l’avant et l’après : j’emmure mes plaies.
Mon habileté à naviguer entre des univers parallèles a toujours sidéré mes lecteurs, plus précisément lectrices : l’une d’elle m’écrivant en invite que même les plus brillants concepteurs de mondes alternatifs ne circulent pas avec l’aisance qui me caractérise et qu’on ne retrouve que chez certains joueurs d’échecs habiles à mener plusieurs parties à la fois…
Mais, là où ces derniers alignent leur stratégie sur la maîtrise, je ne suis que la proie de phénomènes que j’échoue à discipliner.
Tout en moi étant compartimenté et pourtant relié par de fragiles passerelles, je donne l’impression d’un personnage psychique mouvant… quoique fixe en mes lames de fond !
Sans que rien ne le laisse prévoir, je rameute tout, me prenant le cœur dans une tapisserie où les fils se mélangent les uns aux autres, comme si un visage faisait se lever une galerie de visages frères.
Je sais qu’à ce champ de bataille succédera le cloisonnement, qu’au métissage des émotions fera place à leur tri dans des espaces bien distincts.
Le problème se résume en un énoncé simple : il faut se garder de penser asseoir le berceau de la vie alors que nous creusons sa sépulture !
Il me semble qu’en nos origines lointaines et communes, la tour de Babel était en nous et non pas au-dehors… et que, dans l’érection d’un temple vers le dieu que nous nous interdisions d’être, nous butions sur l’opacité de nos langues, de nos mères, de nos origines, de sorte que nous bâtissions moins un édifice qui toucherait le ciel que nous ne creusions des galeries vers le lieu de nos naissances…
Non que je sois ténébreux, tourné vers la nuit ou j’écris, non que je cultive des fleurs noires aux épines plus grandes que les pétales…, mais, du sein de ma vitalité, n’hésitant pas à piétiner les rayons du soleil.
Une formule un peu prétentieuse résume cette pensée : ma tour de Babel intérieure n’est guère tragique, mais bien le lieu à partir duquel je tente de juguler ma diaspora.
Et c’est, en cette volonté de tenir coûte que coûte les rênes de mon existence, que j’en arrive à assassiner le léger, le lumineux…
Je pense qu’en ayant érigé une forteresse chatouillant les nuages, je suis ainsi au-delà des souffrances, au-delà des champs de la passion et des sortilèges, oiseau au nid resté sur terre…
J’ai toutefois peur que les langues intimes ne se comprennent plus les unes les autres et que l’ouverture vers l’extérieur ne tourne à la confusion : trois petits tours de Babel et les soleils s’en vont.
La langue n’a ni une seule mère ni une seule destination.
Je vois la mer… et non les épaves échouées en ses fonds.
Personne ne marche dans mes mots que je m’échine à clouer au ciel…
L’élan vers le haut ?
Un mirage, une fermeture des possibles, un aboiement stérile, ou, plus exactement, une feinte pour rejoindre les profondeurs natales…
Ce yacht de 30 mètres, baptisé Gatsby…, a été conçu par Pietro Mingarelli et Filippetti Yacht conformément aux critères de l’éco-durable : coque déplacement, lignes arrondies, réduction de la consommation.
Grâce à sa grande autonomie en essence et en eau, GATSBY est idéal pour les longues croisières sans qu’il soit nécessaire de refaire un plein de carburant.
En ce qui concerne l’agencement et la décoration intérieure, le chantier Filippetti a privilégié les grands espaces et la vie privée dans le but d’accroître le plaisir et le confort à bord.
L’intérieur a été divisé de sorte que tout le pont supérieur soit entièrement dédié au propriétaire avec une grande cabine avec terrasse et vue panoramique, une grande salle de bains, un dressing et un bureau.
La cabine de navigation a été placée sur le pont principal qui comprend également une cabine VIP avec sa salle de bains, un grand salon avec salle à manger et une cuisine professionnelle.
Le pont inférieur comprend 4 cabines d’invités avec chacune leur salle de bains, les cabines d’équipage et une plage arrière pour la baignade après ouverture de la porte de soute où se trouvent également une annexe, un jet ski et l’équipement des autres activités nautiques.