Salauds de milliardaires !
Un jour et deux nuits de disparition totale…, j’espère que vous n’avez pas appelé la police ?
Ne vous inquiétez pas, je n’avais pas grand chose à faire ou défaire, Blacky et moi avions envie de fraîcheur… et nous avons vogué en quête de bonnes fortunes, à l’arrière de St-Trop, en baie des milliardaires, là ou les belles nananas viennent se faire draguer sur les plages de Pampelune…, c’est un vrai travail, pas un truc qui consiste à raconter sa vie ou parler pour ne rien dire.
A 5 ans, quand t’as peur des monstres planqués sous ton lit, tes parents allument la lumière, te montrent qu’il n’y a rien et, à la limite, te laissent passer une nuit dans leur lit… mais pas plus parce que sinon, tu prends des mauvaises habitudes et en plus, ils ne peuvent pas tester leur nouvelle tenue en latex, mais ça, à 5 ans, tu le sais pas encore.
Et ben en politique, au lieu d’allumer la lumière, on te dit : “Ohlala oui, y a des centaines de monstres, c’est à cause des communistes mangeurs d’enfants et de la Marine Nationale, mais si tu votes pour nous, on les chassera”…
Tout ça pour te dire que mon introduction est un peu longue.. et que le travail, même si c’est la santé, c’est aussi un peu le bagne…, cela écrit, et bien, faut le reconnaître, je ne suis pas resté inactif…, j’ai fêté la fin de la saison touristique à Saint-Tropez au Champagne, un Latitude de Larmandier Bernier…, deux Riesling, un Kastelberg 2013 de Remy Gresser, un exotique Riesling Australien de l’Eden Valley et un Savennières 2013 de Patrick Baudouin.
Pour accompagner une belle côte de bœuf maturée, une Grange des Pères 2010, toujours aussi plaisante… et un Château de Fonsalette cuvée syrah 1999, une vieille copine aux formes toujours aussi parfaites…, je ne vous commenterai pas les vins, je l’ai déjà fait, suffit de travailler un peu et de chercher…, il parait que le travail, c’est l’opium du peuple, alors, personnellement, je ne veux pas finir drogué…
Bien…, en mer, face aux plages de Pampelune, au milieu d’une kyrielle de Yacht assez chers…, Blacky et moi avons découvert le nouveau “A”…
C’est un yacht à voile de 142,81 mètres de long qui porte le nom de “A”…
On pourrait croire qu’il a ainsi été baptisé d’après la première lettre des prénoms d’Andrey Melnichenko, un oligarque de 44 ans… et de son épouse Aleksandra, ex-mannequin serbo-croate, chanteuse pop à Belgrade…, mais non, plus prosaïquement, “A” permet au yacht d’apparaître en tête des registres maritimes…
Pour leur mariage en septembre 2005 dans leur propriété du cap d’Antibes, la villa Altaïr…, Julio Iglesias, Whitney Houston et Christina Aguilera (elle avait remplacé Madonna au pied levé) avaient chanté devant 250 invités, dont le milliardaire Roman Abramovitch, président du club anglais de football Chelsea, et plusieurs ministres russes…, si Vladimir Poutine n’avait pas pu savourer la cuisine d’Alain Ducasse, c’est que le président russe avait été obligé de partir avant la cérémonie.
En 2007, c’est la chanteuse Jennifer Lopez qui était chargée de souhaiter un bon anniversaire à Aleksandra, ce pour quoi elle aurait perçu 1 million d’euros…, la fête avait lieu dans leur domaine anglais d’Ascot, quoiqu’elle aurait très bien pu se passer dans leur appartement de New York…, un train de vie qui correspond à la fortune colossale (11 milliards de dollars) de ce Tycoon russe, classé 139ième personne la plus riche de la planète en 2016…
Devenir milliardaire c’est simplissime, il suffit d’agir comme Andrey Malnichenko…
C’est un homme d’affaires rapide et avisé, qui a su se redresser malgré la crise…, il aime les choses bien faites et reste très pointilleux sur le travail qu’il commande.
Après de brillantes études de physique, d’économie et de mathématiques, Andrey Melnichenko a fondé, à 26 ans, une banque qui deviendra la première de Russie, puis il s’est attaqué au charbon et à l’électricité en Sibérie, avant de s’occuper d’industrie chimique (la production d’engrais et de potasse).
Par exemple, en 2013, il poursuit aux Etats-Unis le groupe AkzoNobel, propriétaire de la peinture Dulux Valentine, pour 100 millions de dollars : motif : défauts de peinture sur son yacht…
Ayant gagné, par jeu, il décide de se faire construire un second yacht, cette fois-ci à voile et à moteur, ce qui pouvait apparaître comme une gageure…, son prix ?
Plus d’un demi-milliard d’euros…
Mais l’homme n’aime pas seulement les yachts pour leur luxe…, il est aussi passionné par la haute technologie.
Depuis quatre ans, le projet Sailing Yacht “A” était gardé comme un secret militaire au sein de Privinvest, groupe majeur de la construction de bateaux de guerre mais aussi de yachts pour milliardaires.
Chez Isherwoods, la filiale britannique de Privinvest, les équipages sont entraînés à la maintenance et aux nouveaux systèmes informatiques intégrés..
Privinvest est aussi établi en France, à Cherbourg, où les “Constructions mécaniques de Normandie” produisent des chalutiers et des patrouilleurs pour le Mozambique, et des corvettes pour les Emirats arabes en guerre au Yémen.
C’est à l’une des filiales allemandes de Privinvest, “German Naval Yards (GNY)“, qu’Andrey Melnichenko va confier son projet hybride d’un yacht à voile assisté de moteurs…, il avait simultanément fait appel au solide vétéran Dirk Kloosterman pour mettre “en musique” son idée…
C’est lui qui a construit le “Rising Sun”, le 10 ième plus grand yacht privé du monde, 138,40 mètres de long, commandé par le PDG d’Oracle Corporation, Lawrence Ellison…, peu de chantiers peuvent gagner ce nouveau pari : mais “German Naval Yards” possède une grue de 100 mètres de haut qui soulève 900 tonnes et son radoub à sec de 241 mètres est le seul qui peut accueillir la coque du Sailing Yacht “A”.
En mars 2011, le contrat est signé, 35 techniciens veilleront en permanence à l’application du cahier des charges sur un chantier qui compte 2.000 ouvriers.
Le navire doit être capable d’atteindre 16 nœuds en vitesse de croisière et 21 en vitesse de pointe, en silence, grâce à ses voiles grandes comme la moitié d’un terrain de football et 67 % plus larges que celles du “Maltese Falcon”.
Avec ses 88 mètres de long, celui-ci affichait 2.370 mètres carrés de voilure…, le nouveau “A” en déploie 3.747 !
Même le “Sea Cloud”, 96 mètres, de 1931 est battu…, à elle seule, la grand-voile du Sailing Yacht “A”, tissée d’une seule pièce en fibre de carbone, mesure 1.464 mètres carrés.
Avec Philippe Starck au design, rien de classique : pas de balustrades en acier qui alourdiraient les lignes à chaque pont…, seul le verre peut donner de la fluidité à un bastingage quasi invisible…, du coup, fabriqué sur mesure par l’entreprise allemande GLY, le tablier en verre du pont principal, long de 15 mètres, pèse 1,8 tonne.
Au 7e pont, il mesure 11 mètres et 14 mètres pour celui réservé aux propriétaires… et ce n’est pas tout : trois grands hublots elliptiques épais de 30 centimètres moulés sur la quille permettent d’observer les fonds marins…, ces masses de verre ont été laminées, sans perdre de leur résistance, pour gagner 50 % du poids des hublots traditionnels… et pour donner des garanties aux compagnies d’assurances, chaque pièce a été immergée au fond d’une fosse de 120 mètres.
Côté moteurs, du poids a été aussi gagné en “customisant” une propulsion à la fois diesel et électrique, cinq générateurs permettent, grâce à un système de contrôle automatique, de calculer la vitesse optimale en combinant la puissance de chaque générateur pour diminuer le nombre de tours.
Les avantages : moins de bruit, de vibrations, une réduction de la consommation, phénoménale… et deux fois moins de révisions…
1.400 kilomètres de fibre ont été nécessaires à une entreprise américaine pour confectionner les voiles recouvertes d’un taffetas anti-UV…, commandés par un simple bouton, les mâts, eux aussi en carbone, peuvent effectuer une rotation de 70 degrés pour trouver le meilleur angle face au vent.
Selon la revue “Boat International”, ils ont deux fois et demi plus de résistance que les ailes d’un avion de ligne et sont capables, toutes voiles dehors, de résister à des rafales de 167 km/h, soit un ouragan de force 12.
A 60 mètres de haut, une cabine a été aménagée pour un membre de l’équipage, rappelant la place autrefois réservée au jeune matelot pour crier “Terre !” à la fin d’une longue navigation !
Trois cent soixante-dix tiges de carbone ont été incluses dans chaque moule de mât où des senseurs mesurent la qualité de résistance grâce à la fibre optique.
Côté sécurité, 24 portes étanches doivent isoler toute voie d’eau…, le bateau est ainsi sécurisé et opérationnel 24 heures sur 24, aussi bien pour la navigation que pour l’hôtellerie grâce à ses 54 marins, mécaniciens, cuisiniers et stewardess pour une douzaine de passagers. !
Le “A” aurait dû être construit sur l’autre site de Privinvest, celui de Nobiskrug, voisin de quelques kilomètres et destiné aux yachts.
C’est là que le premier “A”… a vu le jour…, mais ses mâts ne passaient pas sous le pont qui enjambe le canal…, c’est donc sur le chantier réservé aux navires militaires que le projet Sailing Yacht “A” a été élaboré, à côté du port de la marine de guerre allemande…, pour le protéger des regards, il était couvert aux trois quarts par un abri en plastique…
Ni une ni deux, j’ai crié “A l’abordage” en accostant un des 20 yachts des miséreux en me donnant à connaître… et par malchance je suis tombé sur un véganiste, un type qui refuse l’exploitation animale.
Il ne consomme plus rien…, en fait plus rien d’animal, plus de chair animale, de laitage, d’œuf, de miel ni de produits de la ruche, il ne porte plus de vêtements faits de matières premières provenant des animaux et n’utilise pas de produits d’hygiène, d’entretien testés sur les animaux.
Bref, c’est un végétarien extrémiste, mais il est “Eco-friendly” puisqu’il ne mange pas de viande ni de poisson et rarement des humains.
Si un véganiste te dit : “On va casser une petite graine”, c’est pas une expression, c’est le menu !
Après quelques verres, nous nous sommes attaqués au débat de fond.
Les végétariens, les véganistes, pour moi, c’est comme les chauves qui portent des lunettes sur l’arrière de leur tête, ça m’énerve…, du coup, notre conversation a été des plus sympathique, surtout après que je lui ai fait remarquer que les cannibales végaliens ont surement une vie courte et très triste et que s’il aimait autant les animaux, pourquoi mange-il toute leur nourriture ?
Quand on m’énerve, je deviens vite chiant … pardon “technique” et du coup j’insulte même les gens qui m’ont invité…
Le véganiste m’a dit que tuer des animaux était un meurtre !
Je lui ai fait remarquer qu’il était choquant de comparer le meurtre et la viande, puisque dans un cas, on tue, mais que dans l’autre cas, euh, eh bien, on tue aussi, mais c’est qu’un animal.
Je lui ai dit que les hommes préhistoriques mangeaient de la viande, et que donc, on doit en manger.
Il m’a suggéré de m’habiller en peau de bête, de vivre dans une grotte et de tirer ma femelle par les cheveux puisque c’est ainsi que les hommes préhistoriques faisaient.
J’ai eu l’irrépressible envie de lui enfoncer une carotte dans le cul, mais j’ai préféré lui rappelé que l’homme est un omnivore.
Il m’a répondu que ça ne dispense pas de faire des choix puisque l’homme peut s’adapter et il a ajouté que bien que j’eusse des jambes, j’ai quand même une voiture et que je ne suis donc si attaché que ça à mon état de nature finalement.
J’ai tenté de le convaincre que la vie d’un animal ne vaudra jamais celle d’un homme, d’ailleurs Blacky aboyait comme un chien pour marquer mes paroles (brave bête)…et j’ai alors eu le trait de génie de dire : “Mais à bien y réfléchir, je connais quelques hommes que je pourrai manger, tellement ils sont bêtes”….
C’est là qu’il a eu une fulgurance philosophique et poétique sur la valeur de la vie.
Dommage pour lui, j’étais en admiration devant la côte de bœuf que l’on me servait.
Je lui ai dit que : “Véganisme et anorexie vont de pair, et je sais de quoi je parle, ma tante, qui est presque végétarienne, ne mange que du blanc de poulet, et elle a fini par devenir anorexique”.
Il ne m’a pas convaincu par le fait de crier qu’Einstein et Léonard de Vinci étaient végétariens… puisque je lui ai fait remarquer qu’Hitler était lui aussi végétarien, que le véganisme était une secte qui faisait du prosélytisme et de la propagande, que c’était tous des intolérants extrémistes qui se faisaient exploser dans les abattoirs, des Allah Akbar, mais bio.
Le point Godwin étant atteint, ma côte de bœuf étant terminée, je lui ai demandé s’il voulait terminer mes légumes et finir le Chassagne…, ce à quoi il a répondu en faisant un signe à deux olibrius ressemblant à des gardes du corps… et on nous a amené sur la plage de Pampelune ou nous n’avions rien à faire !
Salauds de milliardaires !