Clifford Vaughs, Captain America, Easy Rider & BB…
C’est un des premiers reportages de www.GatsbyOnline.com que je remonte, car si je ne le fais pas, il va rester au bout des 4.000 articles de ce website ! 1969 c’est l’année érotique de Serge Gainsbourg chantée par ma voisine de St-Tropez : Brigitte Bardot, mais c’est aussi l’année des Chopper’s ! On se remettait à peine de la révolution de mai’68 que l’année suivante c’était l’invasion des Chopper’s. A cette époque des mœurs libres? tout le monde baisait tout le monde partouze…. Pas de Sida, pas de Covid, plus de Ch’touille ni de Syphillis et plus trop de bébés avec les préservatifs en vente libre…. Le bonheur !
J’étais moi-même motard Harley. Quel look… Un peu trop chic, mais les filles adoraient. Je finissais l’archi, je rêvais d’une Mustang… C’est dingue le nombre de Chopper’s qui sont apparus en cette année ’69 aussi mythique que ’68… Chromes&Flammes vient de là quelques années plus tard… Notez que dix ans plus tôt Marlon Brando vedette de “The Wild One” avait hypnotisé mon ami Combalbert, l’empereur de la Harley sur Paris qui en était le sosie, même cuir, même casquette, quelle allure, quel mec. Son fils est resté assidu à ma page Facebook.
Le Chopper de Brigitte Bardot était celui de Combalbert, un des piliers des Harley Davidson en France, un super bonhomme Combalbert, il avait le look des vrais premiers cuirs qu’on voit dans le film avec Marlon Brando en star… Vous n’avez pas connu cette époque, mais à Londres c’était la guerre des Mod’s en Scooter’s et des Rockers en Triumph et BSA… “Easy Rider” est sorti au même moment… Les Chopper’s qui existaient ont commencé à tous ressembler au chopper “Captain America” chevauché par Peter Fonda dans le film kultissime “Easy Rider”...
Ce que certains considèrent comme étant la moto la plus célèbre au monde était pilotée par Peter Fonda, qui jouait le rôle de Wyatt dans le film réalisé par Dennis Hopper. La moto était un chopper nommé “Captain America”, un nom caricatural, une moquerie, moins franche qu’un “Fuck-Off”, avec la même palette de couleurs distinctive que celle du drapeau américain et une longue fourche défiant quelconque calcul d’ingénierie, trop fortement inclinée, rendant la machine instable, inconfortable, illogique, un “Nonsense” qui, ailleurs qu’en Amérique, n’existait pas, n’avait jamais existé et ne devait pas l’être…
Ce chopper représentait d’emblée le “politiquement incorrect” ! Chopper étant l’appellation US d’hélicoptère, c’était un autre non-sens sans aucune affinité avec cette moto quasi “inconduisible” munie d’une longue fourche et démunie de suspension à l’arrière ! C’est ce “vélo-big-size” traduisant l’utopie., qui, devenu star planétaire, symbolisait le nouveau Cow-Boy, qui était proposé et vedette de cette vente. De surcroit, c’était celui qui avait été partiellement détruit dans la finale du film, puis reconstruit par l’acteur Dan Haggerty. (Les trois autres identiques utilisés dans le film ayant été volés avant sa sortie).
L’autre chopper du duo, le “Billy-Boy” de Dennis Hooper n’était qu’un faire valoir, pis que l’autre, qui à ce titre n’a pas suscité les mêmes folies. Le 18 octobre 2014, la maison de vente aux enchères “Profiles In History”, basée à Calabasas, en Californie, USA, a mis en vente aux enchères ce qu’elle disait être la dernière moto authentique utilisée dans le tournage du film Easy Rider de 1969… Brian Chanes, responsable des acquisitions pour crtte maison de vente aux enchères, m’a dit que la valeur estimée du “Captain America” se situait entre 1 et 2 millions de dollars…
Un fanatique l’a acheté 1.351.000 dollars, puis est revenu 15 jours plus tard et a tiré avec un Colt 45 Magnum avec des balles explosives sur le commissaire-Priseur parce qu’il lui avait menti… Ce n’était pas le bon chopper… Il a fallu l’intervention personnelle de Peter Fonda pour éviter une émeute. Une histoire de dingue digne d’un film qui se nommerait “Easy Rider 2″… Autant faire simple. On a frolé la guerre civile car des bandes de vrais Hell’s Angel’s a déboulé en hordes sauvages. Un bon millier vociférant et massacrant tout les mecs qui leur paraissaient trop corrects et violaient toutes les femmes.
Peter Fonda vivait alors encore. Né un 23 février 1940, il est décédé un 16 août 2019), alors que Dennis Hooper responsable direct du drame (né le 17 mai 1936 à Dodge City au Kansas) était mort quatre ans avant l’enchère (le 29 mai 2010 à Los Angeles)… Ce qui n’a donc pas suffit pour prouver à l’acquéreur que c’était un des 4 vrais choppers identiques du film. Comme personne du public ne savait qu’il y avait eu 4 choppers construits pour le film, outre le carnage à balles explosives, s’est ensuivi un méli-mélo juridique durant lequel la moto payée 1.351.000 dollars a été volée !
Elle n’était plus sous la couverture d’assurance de la maison d’enchères ni sur celle de l’acquéreur, qui a écopé de 60 ans pour meurtre alors qu’il en avait déjà 50 ! Il a bénéficié de cette peine allégée plutôt que la prison à vie parce que l’affaire restait opaque, aux dires du Juge. C’était là aussi une fumisterie car écoper de 60 ans lorsqu’on en a 50, c’est pareil que la prison à vie. Quoique mourir avant l’échéance oblige à enfermer le cadavre dans un frigo de morgue (en double sens) jusqu’à l’expiration de la peine infligée… Les USA sont un pays non-“civilationnel” extraordinairement dangereux pour la planète !
Malgré la renommée du “Captain America”, l’histoire de la création des 4 choppers utilisés dans Easy Rider était jusqu’à cet épisode quasi folklorique, restée totalement inconnue pendant les très nombreuses années, jusqu’à cette vente. De plus, Clifford Vaughs, le véritable concepteur du chopper “Captain América” et des 3 autres copies qui ont été volées durant le film par des Hells Angel’s, a prétendu que Dennis Hooper ne l’avait jamais payé pour son job sous prétexte qu’il n’avait jamais reçu le crédit approprié pour ce travail… La réalité était toute autre, liée au racisme émotionnel de Dennis Hooper.
Les recettes de la vente du Chopper et de différentes choses du film dont la camionnette à bord de laquelle des fermiers flinguent les deux héros, ont été payées à 50% pour Michael Eisenberg qui avait reconstruit le “Captain America” et s’en était illico sans preuve déclaré le seul propriétaire légal… et 50% à l’American Humane Association, selon d’obscures directives jamais élucidées qui ont le trait commun des dons à l’Ukraine qui sont assortis d’un retour d’ascenseur de 50% pour remerciement de la charité… Tous nos dirigeants y ont gouté jusqu’à ruiner les économies du monde entier.
Ramené au film, il est ressorti une autre entourloupe de ce joyeux bordel ! Après avoir perçu la moitié des 1.351.000 dollars, Michel Eisenberg a racheté pour 50.000 dollars le “Captain America” à la copine de l’acquéreur-meurtrier-assassin qui ne pouvait pas réagir car “entaulé” jusqu’après son décès… Une pitrerie typiquement américaine ! Il s’est en effet fait 1.301.000 dollarsen moins d’un mois ! Continuez à lire, la suite est pire encore… Le film “Easy Rider” a popularisé les Choppers dans le monde entier, plus que tout autre film ou tout autre article de presse…
“Les choppers sont devenus populaires grâce au film Easy Rider et de plus en plus de Bikers et Bikeuses ont fabriqué des clones et ensuite des adaptations, créant un type de moto distinct généralement défini par un empattement allongé et un guidon tiré vers l’arrière, un sissy-bar et un travail de peinture de plus en plus sauvage” m’a expliqué Paul d’Orléans, auteur du livre “The Chopper: The Real Story”, affirmant que c’est une forme d’art populaire ! Peu après le film, des gens se sont mis à construire des Choppers en Tchécoslovaquie, en Ukraine, en Russie, en Chine, au Japon, en Inde, en Australie, en France, en Allemagne, bref “partouze”…
Le “Captain America” est devenu légendaire et a eu un impact énorme sur le monde des motos. Celles d’Easy Rider, ont fait plus pour populariser les choppers dans le monde entier que tout autre film ou toute autre moto. Mais quelles mains ont tourné les clés ? Qui a soudé l’acier ? La plupart du temps, les Choppers sont associés à leurs constructeurs, parce qu’ils sont considérés comme étant des artistes. Mais curieusement, les choppers d’Easy Rider n’ont jamais été associés ni à un constructeur en particulier, ni à aucun artiste. Pourtant des artistes renommés comme Andy Warholl ont peinturluré des automobiles !
En fait, les deux documentaires sur la production d’Easy Rider “Born To Be Wild” en 1995 et “Easy Rider: Shaking The Cage” en 1999, ne nomment jamais les hommes qui ont conçu et construit les choppers du film… Par bribes, l’histoire derrière les Choppers d’Easy Rider a commencé à émerger publiquement avec Chromes&Flammes qui a identifié ses deux constructeurs afro-américains : Clifford “Soney” Vaughs et Ben Hardy, tous deux natifs de Los Angeles. Clifford Vaughs, à migré à Panama vers 1990. Il est resté aigri que la production d’Easy Rider a omis de citer les Afro-Américains liés à la culture des Choppers.
Pourquoi ? Parce que Dennis Hooper était raciste. “History of the Chopper” de Discovery Channel avec Chromes&Flammes qui était alors diffusé à 500.000 exemplaires dans le monde entier, ont identifié Ben Hardy et Clifford Vaughs lors d’une exposition au “California African American Museum” et noté leurs contributions. Paul d’Orléans de son coté a écrit sur Clifford Vaughs sur son blog… Ben Hardy est décédé en 1994, mais dans une interview en 2014, suite à la tuerie, Clifford Vaughs alors âgé de 77 ans, a expliqué son rôle dans la création du chopper “Captain America”.
À l’époque du film, Clifford Vaughs était un pur et dur Hells Angels et avait déjà lui-même construit des Choppers. Il avait également travaillé comme militant des droits civiques et comme photographe avec le “Student Non violent Coordinating Committee” (SNCC), et il était membre de la salle de rédaction de la station de radio KRLA de Los Angeles. Clifford Vaughs m’a dit qu’il avait rencontré Peter Fonda pour la première fois dans son émission sur KRLA durant l’été 1966. Peter Fonda a ensuite été arrêté et accusé de possession de marijuana. Clifford Vaughs m’a dit qu’il a couvert la comparution de Fonda.
C’était pour la chaine KRLA et, dans le processus, il a pu parler avec le jeune acteur d’alors. Peu de temps après, Peter Fonda et Dennis Hopper sont venus dans son appartement à West Hollywood et ont discuté des premiers plans pour un film de choppers et de la construction des 2 motos dont ils auraient besoin pour le film. Avant de travailler sur Easy Rider, Clifford Vaughs était actif dans un des mouvements pour les droits civiques des blacks dans les années 1960. Un article de l’Associated Press dans le Los Angeles Times a même noté son travail dans le Mississippi en 1964 !
Vaught a répondu à Peter Fonda et Dennis Hooper qu’il pouvait construire tout ce dont ils avaient besoin pour le film, chez lui… Lors de la vente d’un des 4 Captain América, déjà plus de 45 ans s’étaient écoulés après la production d’Easy Rider, il était alors difficile de déterminer la chronologie exacte de la création du film et les différentes responsabilités des personnes impliquées. Plusieurs des personnages clés dans le film étaient morts, y compris le réalisateur Dennis Hopper ainsi que le scénariste crédité Terry Southern. Et Peter Fonda va mourir 4 années après la vente…
“Tout cela a été comme une expérience Rashomon”, a déclaré le producteur Bill Hayward, décédé en 2008, aux cinéastes qui ont réalisé “Easy Rider: Shaking The Cage”. (La notion d’effet Rashomon désigne la difficulté à reconstituer des faits à partir des témoignages de participants à des situations tendues ou contestées)… En effet, pour tout le film, pour toute la production, tout le monde a une histoire complètement différente à raconter. Clifford Vaughs, pour sa part, m’a dit qu’il a agi en tant que producteur associé au début de la production du film. Selon son récit, il a conçu les motos lui-même.
Il affirme être LE responsable de l’aspect distinctif des deux Choppers “Captain America”. et “Billy-Boy”… Il m’a dit qu’il a également travaillé avec Ben Hardy pour acheter les moteurs lors d’une vente aux enchères du département de police de Los Angeles et qu’il a coordonné la construction de tous les Choppers du film Easy Rider…. Peter Fonda, quant à lui, a déclaré qu’il avait lui-même joué un rôle dans la conception et la construction des Choppers : “J’ai construit le Chopper que j’ai conduit et Dennis a construit son chopper de son coté” a mensongèrement déclaré Fonda à “WHYY’s Fresh Air” en 2007…
Il a ajouté mensongèrement quelque temps plus tard : “J’ai acheté quatre Harley à la police de Los Angeles. J’aime le politiquement incorrect de cela… Et cinq blacks de Watts m’ont aidé à les construire”... Peter Fonda et Dennis Hooper étaient deux racistes blancs typiques… L’agent cinématographique de Peter Fonda a ensuite déclaré qu’il n’était plus disponible pour commenter cette histoire…. Mais en 2009, Dennis Hopper avait enregistré une piste de commentaire audio pour la ressortie du film par “Criterion Collection”, dans laquelle il disait que Cliff Vaughs avait construit les deux choppers en plusieurs exemplaires.
Larry Marcus, un mécanicien Black qui vivait avec Clifford Vaughs à l’époque, qui est un des 4 Blacks cité par Dennis Hooper a confirmé avoir travaillé sur ces choppers lors la production du film : “Cliff Vaughs a vraiment imaginé le design des deux motos”, m’a déclaré Larry Marcus lors d’un entretien téléphonique. Selon le communiqué de presse qui annonçait la vente aux enchères du Chopper “Captain America” il avait été conçu et construit par deux afro-américains, Cliff Vaughs et Ben Hardy, selon les indices de conception fournis par Peter Fonda lui-même…
Clifford Vaughs a dit ensuite que lui et d’autres ont été licenciés et remplacés de la production du film après le tournage chaotique de la séquence du Mardi Gras à la Nouvelle-Orléans. En conséquence, son nom n’apparaît jamais dans les crédits. Et tandis que le film est devenu l’un des films les plus rentables de 1969 et une pierre de touche culturelle, le nom de Clifford Vaughs est resté inconnu. C’est honteux, mais grâce à Chromes&Flammes et GatsbyOnline, la vérité sort enfin… Clifford Vaughs, qui a vécu en Colombie depuis 2000, dit qu’il n’a jamais regardé le film Easy Rider !
Cela malgré le fait qu’il avait conçu let fabriqué les choppers utilisés dans ce film : “Je suis un peu contrarié à ce sujet, mais je ne peux rien y faire”, m’a dit Clifford Vaughs au sujet de cette histoire, bien qu’il s’assure de noter qu’il n’a passé que quelques mois pour construire les Choppers d’Easy Rider, ce qui est peu au cours d’une longue et illustre vie. Mais il m’a dit que l’absence de personnages noirs dans le film est troublante, que personne n’y a fait attention car le film était raciste et surtout regardé par des blancs… Il faut savoir qu’en 1960, Clifford Vaughs appartenait à un club de motards Blacks : “The Chosen Few”.
Cette réalité multiethnique n’était pas reflétée à l’écran : “Pourquoi avons-nous un film sur l’Amérique et qu’il n’y a pas de nègres dedans ?”, m’a-t-il dit, ajoutant que l’omission de son propre nom et de celui d’autres Afro-Américains dans le récit de l’histoire d’Easy Rider était l’évidente du racisme de Dennis Hooper et Peter Fonda : “Ces choppers, quand nous parlons d’iconiques, sont définitivement emblématiques”, dit-il : “Mais pourtant, la participation des Noirs a été complètement supprimée, complètement supprimée. Et je dis supprimée, parce que personne n’en parle, sauf vous dans GatsbyOnline”.
Il a ajouté : “C’est courageux et merci de votre part, vous êtes un gars bien, je vais vous envoyer quelques photos des “Captain America’s” que je construit actuellement en Colombie. J’y mettrais des jolies nananas pour parfaire”… Brian Chanes, de “Profiles In History”, m’a dit qu’il est courant que les hommes et les femmes qui construisent des accessoires emblématiques ne soient pas reconnus. Il collectionne certains des accessoires les plus célèbres jamais vus à l’écran, comme les griffes de Wolverine de X-Men ou le fouet utilisé dans les films Indiana Jones.
Il m’a dit : “Patrice, les gars qui étaient là-bas pour faire les soudures, alors que tu n’étais qu’un ado, ces gars qui faisaient aussi la construction des décors, étaient vraiment maîtres de leur métier. Et ils étaient Blacks, et à cause de cette couleur de peau ils n’ont pas, malheureusement pas eu de notoriété”... Maintenant, près de cinq décennies après la sortie du film Easy Rider, Clifford Vaughs dit qu’il ne se souciait pas de savoir s’il serait mentionné dans le cadre de la vente aux enchères : “Je ne m’inquiète pas pour cela, parce que je sais ce que j’ai fait. Les gens qui étaient proches de moi étaient dans la cour quand je construisais ces Choppers”.
Il a ajouté : “Mais grace à vous et GatsbyOnline, cela sera connu et je vous en remercie”… Cliff Vaughs, crédité de la conception et de la construction des choppers qui ont joué dans le film de contre-culture des années 1960 “Easy Rider”, est décédé peu après à Templeton, en Californie. Il avait 79 ans. Inutile de vous dire que comme je vais en avoir 74 en mai 2023, j’ai les boules… Longtemps privé de crédit créatif pour l’apparence et le style des motos emblématiques après avoir été renvoyé du film au début de sa production, Clifford Vaughs a passé des décennies en tant qu’expatrié avant de se retrouver fauché et sans abri.
Mais au cours des deux dernières années, Vaughs a soudainement commencé à connaître une célébrité retardée après que j’ai publié son histoire dans toutes les éditions de Chromes & Flammes dont la version USA : TopWheels, ainsi que dans les premières semaines d’existence de SecretsInterdits et GatsbyOnline. Les historiens reconnaissaient de plus en plus ce photographe, documentariste, producteur de musique, organisateur politique et motard afro-américain comme l’auteur artistique de l’emblématique Chopper “Captain America”.
“C’est la moto la plus célèbre de l’histoire, et cela mérite une certaine reconnaissance”, a déclaré Paul D’Orléans, historien de la moto et chroniqueur de “Cycle World” qui a ajouté “Mais en tant qu’homme, il est tellement plus intéressant que ça”.. J’avais rencontré Clifford Vaughs à la fin de 2014 alors que je faisais un reportage sur un Chopper prétendant être l’original “Captain America” qui se dirigeait vers le bloc de vente aux enchères et devait devenir la moto la plus chère jamais vendue. Des bruits courraient que le chopper était un faux. Les experts interrogés m’avaient déclaré que seul Cliff Vaughs,pouvait m’aider !
Il avait construit l’original, et pouvait déterminer son authenticité. Clifford Vaughs me fut difficile à trouver. Il vivait alors sur un bateau dans les Caraïbes, pensaient certains. Il avait déménagé en Serbie, m’ont dit d’autres. Après beaucoup de recherches, j’ai obtenu une adresse e-mail et, à ma grande surprise, une réponse… Cliff Vaughs m’a dit qu’il n’aimait pas parler aux journalistes, mais qu’il pouvait me parler si j’étais le vrai Patrice De Bruyne qui avait créé le magazine Chromes&Flammes et sa version américaine TopWheels dans lesquels j’avais mentionné son nom comme étant le père du Captain América.
Cliff Vaughs, qui vivait en Serbie mais venait de rentrer aux États-Unis, a accepté de discuter du Chopper “Captain America” mis aux enchères. Il l’avait vu et croyait qu’il n’avait aucun lien avec la moto originale d’Easy Rider, qui ont toutes été détruites ou volées lors de la réalisation du film quoique certaines ressuscitées ont disparu peu de temps après ! Lorsque la vente aux enchères s’est terminée, avec la provenance du chopper toujours contestée et une vente de 2 millions de dollars qui a ensuite échoué dans un bain de sang, Clifford Vaughs m’a invité à lui rendre visite à San Diego dès que je serais disponible…
C’est là que quelques temps plus tard nous avons passé la journée à parler de sa vie. Né en 1937 à Boston d’une mère adolescente qui travaillait comme femme de ménage et infirmière, Clifford Vaughs n’a jamais connu son père. Il a grandi pauvre mais a excellé à l’école, fréquentant finalement la Boston Latin School et l’Université de Boston. Au début de sa carrière professionnelle, il a été photographe de presse, assistant du photographe de mode Richard Avedon, et a travaillé comme organisateur pour le “Student Non violent Coordinating Committee”. Après que le SNCC l’ait envoyé dans l’Ouest pour ouvrir un bureau.
A Los Angeles, son père l’a aidé à trouver des emplois à la télévision et à la radio, il a ensuite utilisé ses relations hollywoodiennes et ses liens avec le Sud pour produire un documentaire sur les relations raciales “What Will The Harvest Be ?”. Ue film admiré mais maintenant perdu, avec des interviews de Martin Luther King Jr., Stokely Carmichael, Julian Bond et d’autres, qui a été diffusé sur ABC en 1965. C’est en sa qualité de journaliste que Vaughs a rencontré Peter Fonda, alors jeune acteur, qui avait été accusé de possession de marijuana et était mis en accusation.
Vaughs est allé au palais de justice pour couvrir le procès et les deux hommes sont devenus amis. Leur intérêt mutuel pour les choppers a conduit à une réunion chez Vaughs à West Hollywood. Voyant un garage plein de motos, Fonda lui a demandé s’il pouvait construire des motos pour un film qu’il préparait avec son collègue acteur Dennis Hopper. Fonda lui a donné quelques dessins qu’il avait faits dont le réservoir d’essence qui avait des bandes rouges et blanches et des étoiles blanches sur un fond bleu. Il y avait un grand Sissy-Bar et des échappements en queue de poisson.
Cliff Vaughs a fait tout le reste avec Ben Hardy, un vétéran de guerre Black qui avait un magasin à Watts. Les deux hommes ont été embauchés pour créer quatre choppers : le Captain America pour Fonda et le Billy-Boy pour Hopper et deux copies pour être utilisées par des cascadeurs. Vaughs et Hardy ont acheté quatre Harley-Davidson usagées du département de police de Los Angeles lors d’une vente aux enchères et sont allés y travailler. Vaughs devait être responsable des motos lors du tournage en tant que producteur associé. Après la construction des quatre, Vaughs a été congédié par Dennis Hooper…
Fonda a dit se souvenir que la sinistre décision fut prise par un Hopper raciste, qui voulait que se soit un de ses amis, Tex Hall, qui soit le bénéficiaire des constructions… Le film de 1969 qui était un navet de première grandeur est devenu numéro Un au box-office et a été crédité d’avoir popularisé le mouvement des Choppers et donné à Harley-Davidson un énorme coup de pouce financier. Les gens d’Harley étaient en fait des fumistes du style “tout pour eux rien pour les autres”... Ce que j’ai personnellement vécu lors des rassemblements Harley de Roquebrune Sur Argens dans le VAR, sud de la France….
Vaughs et Fonda sont restés en contact, travaillant ensemble sur le documentaire de 1972 concernant la sécurité des motos “Not So Easy”. Mais à mesure que la réputation du film culte “Easy Rider” grandissait et que les carrières de Fonda et Hopper devenaient plus importantes, Vaughs et Hardy ont été exclus ! Vaughs a développé une rancune et a ajouté l’expérience “Easy Rider” à ce qui était, pour lui, une longue liste de mauvais traitements qu’il avait subi de l’Amérique blanche. Vaughs a donc complètement quitté les États-Unis. En 1975, il a acheté un voilier pour 40.000 $ et s’est dirigé vers les Caraïbes.
Pendant les trois décennies suivantes, il a travaillé comme Capitaine’-America, transportant des passagers entre les îles, faisant sortir clandestinement des réfugiés politiques du Honduras, transportant des balles de marijuana de Bimini à Miami et transportant des armes de temps en temps. Il était le pirate des Caraïbes original. Au cours de cette période, il a été arrêté et emprisonné à plusieurs reprises, et plusieurs de ses bateaux ont été volés ou saisis par des agents du gouvernement de divers pays. Vaughs était-il un peu fabuliste ? C’est difficile à savoir. Il a également déclaré plein de choses mensongères !
Par exemple qu’il avait boxé dans l’équipe des Marines américains pendant son service militaire, qu’il avait été recruté pour entraîner l’armée nicaraguayenne par la famille Somoza et qu’il avait produit trois disques du batteur Buddy Miles, mieux connu pour son travail avec Jimi Hendrix (bien qu’aucun enregistrement de Buddy Miles n’ait indiqué le nom de Clifford Vaughs dans les crédits). Sa carrière de navigateur a pris fin lorsque son dernier bateau a été arraisonné par de vrais pirates, qui l’ont dépouillé de tous ses biens, l’ont jeté par-dessus bord et sont partis.
Il lui a fallu des mois pour rentrer aux États-Unis. Au moment où j’ai trouvé Vaughs, il vivait dans sa voiture, prenait des repas et des douches dans un établissement du ministère des Anciens Combattants à San Diego. Il ne voulait pas accabler ses cinq enfants, dont il était quelque peu éloigné. Il a célébré Thanksgiving et Noël seul, mangeant des repas dans une immense hutte Quonset avec 150 autres sans-abri. Mais lorsque nous nous sommes rencontrés à San Diego un mois plus tard, la situation de Vaughs s’était améliorée. L’un de ses fils l’avait aidé à obtenir une chambre dans la maison d’un ami.
La santé de Vaughs était meilleure. Il avait pris un peu de poids. Il a posé pour des photos dans un gilet portant l’insigne des “Chosen Few”, le groupe de motards principalement afro-américain avec lequel il avait roulé dans les années ’60. Les choses ont commencé à s’améliorer. D’Orleans a aidé Vaughs à être invité à un festival de films de moto à New York, où en tant que seul vrai constructeur du vrai chopper’Captain America’ a vu le film Easy Rider pour la première fois ! Il y a eu d’autres invitations. Il évaluait les offres pour assister à un rassemblement de motards en Suède et un autre au Japon.
Harley-Davidson lui a proposé de lui prêter une moto, afin qu’il puisse recommencer à rouler. En mai, il est apparu à Carmel au “Quail Motorcycle Gathering”, un événement annuel qui célèbre la conception et la culture de la moto. Là, vêtu à nouveau de ses anciennes couleurs “Chosen Few”, Vaughs avait l’air en bonne santé et heureux. Il a attribué son bien-être à Daniella Sapriel, une ancienne flamme avec laquelle il avait récemment renoué, 53 ans après leur rupture. Ils vivaient ensemble chez Sapriel à Templeton, en Californie, mais le plan était de vendre la maison, d’acheter un bateau et retourner à la vie en mer.
Vaughs, rayonnant, m’a présenté Sapriel comme “Son autre moitié”. C’est à sa maison de Templeton que, le 2 juillet, Vaughs est mort… Sapriel a dit qu’ils étaient sortis cet après-midi pour voir “The Legend of Tarzan” et qu’ils prévoyaient de passer la soirée à la maison. Vaughs est sorti pour laver la voiture. Sapriel l’a trouvé là peu de temps après, allongé sur le dos, les yeux ouverts, mais mort, le sang coulant d’une blessure à l’arrière de sa tête. Les responsables du comté de San Luis Obispo ont déclaré que la cause du décès n’avait pas encore été déterminée mais que c’était un crime raciste !
“C’était l’homme le plus brillant avec l’intellect le plus féroce et le plus aiguisé du monde” m’a déclaré Sapriel, “Même s’il m’a brisé le cœur quand j’avais 21 ans, je l’aimais”... Vaughs était ravi de l’attention tardive qu’il recevait pour son Chopper dans “Easy Rider”. “La reconnaissance est importante pour ma progéniture”, m’avait-t-il dit. Il a également été heureux lorsque Peter Fonda, au moment de la vente aux enchères suspecte de la moto “Captain America”, a fait une déclaration publique des contributions de Vaughs à la conception des choppers de “Easy Rider”…
“Je m’excuse abondamment et publiquement de ne pas avoir été plus énergique sur votre rôle dans leur existence et leur conception parfaite”, a déclaré Fonda à Vaughs dans un courrier électronique. Mais il avait tendance à minimiser l’importance du film dans sa vie : “J’ai fait tellement d’autres choses, j’ai été dans tellement d’endroits”, a-t-il déclaré : “J’en suis heureux, mais ce n’était que quelques mois de ma vie”... Voilà, j’ai fait (je pense) du bon journalisme informatf et dénonciateur. J’espère que ça vous a plu !