En revoyant hier soir, le film cultissime, à la fois chef-d’oeuvre et nullard grotesque : “Easy Rider”, j’ai eu une illumination…
D’un seul coup : paf !
Pas plus, pas moins…
Après avoir vu ce chef d’oeuvre une demi douzaine de fois dans les années 1970…, après avoir revu ce film d’une autre époque trois ou quatre fois dans les années 1980…, après ne plus l’avoir vu durant toutes les années 1990…, après l’avoir regardé de travers une fois dans les années 2000…, après avoir subi ce nullard chiant deux fois dans les deux premières années 2010…, et tenté de l’aimer comme du temps de mon adolescence, en réalisant le meilleur reportage jamais publié sur ce mythe (1970 Easy Rider… “Tu sais Billy, on a tout fait foirer”! ), j’ai donc eu une illumination : Merde, putain de merde, les Choppers c’est beau mais c’est con !
Ces machins guidonnent, freinent mal ou pas du tout…, sont abominablement fragiles, affreusement chers à l’achat, pathétiquement sans valeur à la revente…
En Chopper, on est souvent mal assis, dans une pose proche de celle de la grenouille avant un saut définitif dans l’inconnu…, toujours crampé après 20 minutes de cruisin champêtre…!
Les accessoires “made in Thailand” ou “made in China”…, même plus “made in America”…, sont vendus 20 fois leur valeur…, il n’y a plus aucun bonheur d’être ainsi ravalé au rang de consommateur-crétin…
Quand au marché Harley parrallèle ou se situe une certaine créativité, la majorité est sectaire, bornée, se la joue durs-à-cuire, avec un style de vie faits de clichés…, sans aucun partage ni amabilité…
L’autre “branche” étant les friqués arroguants qui se la pêtent façon Johnny et autres stars du business, dans la même veine que les membres des clubs Ferrari hautains dont une grande part d’entre-eux sont également membres !
Le mythe du cow-boy solitaire, du Biker et du Hot-Rodder Outlaw…, c’est fini !
Pipeau, du vent, fadaises !
Pour ma part, à cause de tout cela, j’ai, d’un seul coup, modifié mon angle de vue sur les Choppers et même sur les Hot-Rods, m’apercevant que la “norme” n’est qu’une exception comme les autres… et cela change en moi beaucoup de choses !
Quand la connerie de la période “Jésus Christ roi des choppers” s’estompe…, quand sans savoir pourquoi on a envie de rire à Daytona Beach (Floride) durant la “Bike-Week” devant les 10 plus extraordinaires Choppers jamais construits, au lieu de se pâmer comme les années précédentes…, quand on coupe l’émission “American Choppers” sur Discovery Channel, en plein milieu d’un épisode, lassé des coups de gueule du patriarche… et qu’on baille d’ennui dans l’autre émission : “Duel de Choppers”, fatigué de voir un combat grotesque entre deux commerçants-fabricants de ce type d’engin pour se faire voir en TV et gagner une coupe en fer blanc devant une centaine d’illuminés en vestes à franges et tatouages… et, cerise sur le gâteux, quand on doit supporter une Nième fois (de trop), le big-boss de Monster Garage qui affiche une posture de nain contorsioniste au guidon de son Chopper après s’être une nouvelle fois imposé avec son émission hebdomadaire sur une chaine payante…, on en a ras-le-bol…, soupé…, ras-la-casquette !
Primo, j’en ai soupé des journaleux qui polluent ce milieu pour en faire leur chasse gardée en érigeant leurs visions grotesques en dogmes, faute d’être rejeté…, par exemple le rédac-chef d’un mag de Kustom-Kulture qui a refusé de publier quoi que ce soit de mon Hot-Rod Wanderer, sous prétexte qu’il était inclassable…, alors qu’en réalité c’est parce que je l’avais coincé en mettant son aspect mercantile sous mes grands phares (Kustom magazine, mieux vaut en rire…), il avouait en effet préférer recevoir de la publicité (hypothétique) dans son mag’ que d’y publier que Christian Audigier (le lécheur milliardaire des bottes de Johnny), avait pillé, volé, l’oeuvre de Von Dutch (Christian Audigier, le faussaire-plagiaire-voleur de “Von Dutch” ! )…
Deuxio, je commence à détester les conditions de circulation.
D’acceptable, la “norme” commune d’il y a quelques décennies est devenue insupportable.
Comment peut-on se résigner à rouler dans de telles conditions ?
Tertio, avec mes “boîtaroues”, mon rapport avec les Choppers et les Hot-Rods, a nettement changé.
Il y a quelques années, je crachais (bêtement, serais-je tenté de dire) sur les caisses, objets répugnants et dangereux dont l’usage, selon les “vrais” Bikers, aurait dû être exclusivement réservé aux femmes enceintes et aux handicapés moteurs.
En effet, un vrai Biker, qui plus est, fanatique de Choppers, assimilait à l’époque d’Easy Rider, la possession d’une voiture à un manque flagrant d’imagination et d’esprit pratique.
Le reste de l’humanité aurait pu tout à fait se bouger un poil pour goûter aux joies ineffables du deux-roues “les chevaux dans le vent”.
Aaaah !… la naïveté du “jeune” célibataire…
Avec le temps, on se retrouve à devoir trimballer des courses sur quelques kilomètres, au lieu de quelques dizaines de mètres (pas centaines, dizaines, j’insiste)…, à devoir transbahuter la famille même quand il drache…, à ramener quelque objet encombrant (genre : armoire)…, chose assez difficile sur un chopper à longue fourche, grand guidon, pas de freins avant et pas de suspension arrière…
Ce à quoi je répondrai du tac au tac et selon ma formule préférée : “… disent les imbéciles quand ils changent d’avis”.
On m’assènera, avec la mine réjouie de l’abruti qui pense détenir une vérité première : “il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis”.
N’empêche, je m’aperçois avec le recul que j’ai glissé petit à petit du monde des déjantés purs et durs (mi-Choppers, mi-Hot-Rods) à celui du caisseux polyvalent qui conserve (par habitude, par résignation, par lâcheté) un Chopper et un Hot-rod dans son garage, mais qui roule cool et relax dans une automobile plus pratique.
Il faut que je me rende à l’évidence : j’ai vieilli.
Rouler 200 bornes sous la flotte me gonfle…, me trimballer un casque sitôt descendu de mon engin aussi, tout comme le blouson peu pratique… et toujours trop chaud/trop froid…, une honte.
Ras-le-bol également des tatoués, des grandes gueules, des altérophiles débiles et des buveurs de Budweiser en pack de 12…, marre des clichés, des normes vestimentaires, des pitreries imbéciles et surtout de l’inculture générale !
Quand les Bikers, Hot-Rodders et journaleux de ce milieu, en sont si bas, si minables, si veules et lâches, c’est qu’il n’y a plus de véritable esprit…
Il n’y a plus qu’à faire exploser définitivement le bazar…, qu’ils crèvent tous avec la crise et les mensonges américains qui y ont mené le monde !
J’en suis toujours à ma même réflexion d’après la “concentre” d’Arcachon du milieu des années ’80 ou j’avais déjà tout compris et fait évoluer mes magazines Chromes&Flammes vers AutoChromes…
Petit à petit, à force d’en avoir marre de se les geler ou de prendre de la flotte et de la merde plein la tronche…, à cause du mal de dos, aussi…, ou de la trouille qui monte lentement…, ou de la famille.
On coupe… et on se laisse dépasser en soupirant un peu.
Plus tard, devenu journaliste-éditeur de C&F, je ne lisais que les essais/articles susceptibles de m’intéresser, délaissant complètement les autres rubriques.
Il y a 40 ans, je dévorais chaque semaine Moto Revue, Moto Journal, Easy Rider, Choppers magazine et autres…, sans oublier les magazines de Hot-Rods qui eux sont restés une passion, quoique rien ne vaut un bon gros 4×4 Jeep Grand-Cherokke pour se la jouer douce en toutes occasions…
Aujourd’hui, quand il m’arrive de tomber sur un mag’, je ne le lis avec guère plus d’émotion qu’un magazine sur les pygmées.
C’est grave, docteur ?
Les constructeurs se tirent la bourre à coups de stats de ventes bidonnées, c’est consternant.
Je feuillette machinalement la presse… et ce que j’y lis ne m’emballe plus.
J’ai fait quelques concentrations, soit en Chopper (Trike V-12…), soit en Hot-Rod, l’ambiance m’a désintéressé (Le Hot-Rod Hi-Boy Citröen Traction Avant, 25 ans après… ).
Il faut dire que c’est un univers assez spécial, beaucoup trop impitoyable.
Cela m’a donné l’occasion de croiser quelques journaleux et une palanquée de débiles.
Et puis, je n’étais plus de “leur” monde, pour autant que j’en ai été membre !
J’étais déjà mentalement sorti du truc depuis la vente de ma société d’édition (Toute une vie… Chapitre 5), (Toute une vie… Chapitre 6), (Toute une vie… Chapitre 7)…
Quand par hasard je me plonge dans un article publié chez un ex-concurrent, je retrouve les mêmes phrases, le même vocabulaire depuis 30 ans !
Plus de ceci, plus de cela…, tout ceci est d’un ennui mortel.
Changez le nom des machines… et l’article peut être transposé tel quel sur une période indéfinie.
Sans parler de ces ignobles photomontages, véritables escroqueries.
Sur les forums, ça cause à peu près toujours de la même chose : “Moa jaim pa lé Kawa vairte”, “Faut-il saluer les flics ?”, “Les scooters, faudrait les tuer à la naissance”, “J’voudrai ben m’fair mle mem chop’ que Fonda, mais j’ai pas les tunes” (Forum auto… Psychotique psychotique… ), (Banni à vie d’un site de Tuning-Rod…)…
Peut-être faut-il en chercher la raison du côté de l’inanité du sujet (sic !).
Je me demandais il y a plusieurs années de cela pourquoi les Choppers avaient si peu de succès en littérature (gag !).
A parcourir les reportages dans les mag’s spécialisés, c’est une longue litanie de “mouais” en guise de commentaires…, les Choppers actuels ont perdu la lisibilité esthétique qu’ils avaient il y a une trentaine d’années… et sont devenu des hochets pour stylistes qui tentent de (et malheureusement parviennent à) caser un maximum de petits bidules sur aussi peu de surface possible.
Par contre, je guette toujours en vain la présence systématique d’un warning, la selle réglable en hauteur (essayez de vendre une bagnole avec des sièges fixes), les poignées chauffantes, les rétros qui rétrovisent, les systèmes de tension de chaîne pratiques, les antivols mécaniques de série, les leviers réglables…, la liste est interminable.
Les aspects pratiques, eux, sont complètement oubliés.
Pourtant, je m’amuse toujours autant, et ça, ça change tout.
Du coup les aspects pratiques passeraient presque au second plan, ce qui fait que de temps en temps je zieute du côté de machines encore plus improbables, telles celles qui illustent cet article… : supermot’ à l’autonomie ridicule et à la selle récupérée d’une boîte à lettres…, vieu clou style Royal Enfield remis au goût du jour façon Capitaine Némo…, gros scoot’ trapanelle hors d’âge…, machine à laver recyclée…
Ce n’est pas moi qui le dit, mais des gens carrément plus intelligents et/ou diplômés que moi qui le prouvent.
Depuis que les marketoïdes et les pubards ont compris que la trouille fait vendre (à un moment entre les deux Boucheries Mondiales du siècle dernier), ils nous la servent à toutes les sauces.
Cela a généré la pire crise imaginable, mais les amerloques ont continué de plus belle, 11/9, subprimes, guerres et génocides divers…
Tout ça, c’est de la trouille.
La trouille fait vendre des assurances-vie, des comptes d’épargne, des cigarettes à bout filtre, des matelas qui tuent les acariens, des ABS, des abonnements, des interphones, des gilets fluo, des extensions de garantie, des filtres pour l’eau du robinet, des armes, des disjoncteurs, des modes “veille”, des magazines, des étuis de protection, des ordinateurs “mieux qu’avant”, du dentifrice, des pare-feux, des billets du Loto, des maisons “HQE”, des journaux télévisés, des groupes électrogènes, des bulletins météo, des portes blindées, des antivirus, des batteries “haute capacité”, des vaccins, des films de q, des “cinq étoiles à Euro-NCAP”, des insecticides, des airbags, des digicodes, des montres, des médicaments, des abris antiatomiques, des climatiseurs, des horoscopes, des sièges pour bébés, des chargeurs “rapides”, des systèmes “tout-en-un”, des téléphones mobiles, des antirides, des plats qui font maigrir, des jeux vidéos où c’est toi le plus fort !
Et le marketoïde ou le pubard “combat” la trouille en vendant du futile.
La trouille de la perte de contrôle, la trouille de “ne pas savoir”, celle qui fait préférer les thermomètres d’eau aux jauges d’essence… et, en ce qui nous concerne, la trouille de rater le Chopper du siècle qui ne manque pourtant au bonheur de personne….
C’est pareil pour les systèmes “anti-virgules”…, outre le fait que ça ne sert que sur piste (que fréquente environ 0,3% des motards et Bikers de façon suffisamment assidue pour en valoir la peine), la plupart des réglages proposés n’ont pas d’effet sensible.
Sur route, Motardus Bikerus Simplex se contenterait tout à fait d’un mode “lopette” pour les jours de flotte et d’un mode économique pour les longs trajets.
Capitalisant sur l’image du “mauvais garçon” façon Marlon Brando dans L’Equipée Sauvage… et bien sur façon Peter Fonda dans Easy Rider…, certains multiplient les apparences avec cuir noir et grand drapeau Yankee dans le dos, visière de casque “Titanium” et moto forcément noire mat avec réservoir peint avec le drapeau américain…
Au championnat du monde du futile, la moto occupe une place de choix.
Au-delà du ridicule, cette énième manifestation de la trouille pubardière est d’une confondante transparence pour qui sait décortiquer un peu le phénomène.
Car sous le cuir se cache, un peu mal à l’aise, un homo sapiens tout ce qu’il y a de plus banal, ni plus méchant ni plus veule que le reste de ses semblables.
Il rejoint en cela un nombre conséquent de mâles d’autres espèces animales qui font concurrence d’apparence pour intimider leurs semblables ou d’éventuels prédateurs.
Pour ces derniers, il s’agit juste, respectivement, d’assurer sa capacité à vider son trop-plein d’hormones ou à voir le lendemain, il s’agit de surpasser la trouille d’être vu par les autres comme un faible, une proie potentielle, une source de moquerie…
Bref, tout l’arsenal des frustrations héritées des cours de récréation.
Summum de la trouille : le comparatif.
Dans chaque motard il y a un vaseux qui s’inquiète de ne pas pouvoir embarquer suffisamment de bagages, d’endommager ses carters (faut dire que les constructeurs n’aident pas beaucoup là-dessus), de manquer de reprise, de protection, d’essence, de ne pas savoir combien il en reste, s’il reste suffisamment d’huile dans le moteur, si ce même moulbif “respire” suffisamment bien.
Exercice on ne peut plus futile, car tout repose sur des arguments irrationnels !
Les magazines vendent de la trouille.
La trouille de se “tromper” de modèle.
La trouille de faire le “mauvais” choix.
La trouille de ne pas pouvoir justifier ses choix vis à vis des autres.., ou pire, de notre propre oeil intérieur, bien plus impitoyable qu’autrui…, en nous apportant des arguments pré-mâchés.
Combien de fois ai-je entendu : “j’ai choisi celle-là parce que XX écrit que c’est la meilleure de toutes celles essayées”.
S’il faut s’en tenir à une approche purement arithmétique (et donc très limitée), seule la fiche technique des motos peut servir de base à une comparaison valable.
Tout le reste est affaire de subjectivité !
Parce que le rédacteur du dit comparatif ne l’est pas… et ne peut pas l’être.
Il ne peut pas exister de comparatif objectif.
Le comparatif, tel qu’il est pratiqué dans la presse, est un exercice qui n’apporte aucune information valable au lecteur au-delà des chiffres (poids, consommation, etc.).
Emprunte la bécane d’un pote, et les suspensions qu’il juge correctes te paraîtront trop molle ou trop dures, et le plus souvent en contradiction avec ce que tu as pu lire dans la presse.
Une bête question d’expérience personnelle, de goût, de ressenti. Le jeu est encore brouillé par une autre illusion entretenue farouchement par bon nombre de motards après le “Marlon Brandisme” déjà évoqué : la “passion”.
La vérité, c’est que l’immense majorité des fanatiques, cachent sous le terme “passion”, une justification de leurs choix irrationnels.
Elle justifie tout : les selles planche-à-pain, les éclairages misérables, les consommations faramineuses, les autonomies ridicules, les positions de conduite à plonger dans le coma un régiment de kinés, les budgets d’entretien à flanquer la trouille au FMI, le sur- ou sous- équipement chronique… et bien sûr les incontournables pneus…
La passion justifie tout, même les choix les plus aberrants…, comme de rouler en ville avec un chopper de 400 kilos avec une fourche de 2 mètres qui plie dans le dénivellement des routes… et de soutenir mordicus que “ça passe”.
Ouais, ouais, même toi qui te la pète avec ton Chopper acheté 100.000 euros chez les Teutul d’American Choppers d’Orange County… et qui vient me rabattre les oreilles avec la “passion”.., tu ferais mieux de te payer une bonne psychanalyse, c’est plus long et ça coûte moins cher de tenter de consoler pour de vrai notre petit(e) garçon/fille intérieur(e) plutôt que de lui payer un jouet.
Cherchez pas plus loin, tout ce qui roule sur deux roues et développe plus de 60 chevaux est un choix irrationnel.
www.GatsbyOnline.com
www.ChromesFlammes.com
www.LesAutomobilesExtraordinaires.com
www.CollectionCar.com