Honda Valkyrie Rune 2004
Au mitan des années 90, Honda a objectivé de sublimer son cruiser Gold-Wing, il en a modifié le moteur 6 à plat de 1520cc et créé un châssis personnalisé, le résultat a été la Honda GL1500C/F6C Valkyrie 1996-2003, qui est devenue une sorte de Classique-Kultissime. Cependant, lors de la production de la Valkyrie de première génération, plusieurs employés de Honda America ont voulu pousser le vice plus avant !
Ils ont voulu pousser le style de cette monstrueuse moto un peu plus loin que les limites “convenables”, une moto qui refléterait la suprématie de Honda sur Harley Davidson, une redite du début des années quarante du chasseur “Zéro” pulvérisant les antiques Grumann biplan a moteur en étoile… Pour voir comment le public-motard réagirait, ces Kamikazes de fin de siècle ont créés quatre motos basées sur la Valkyrie basiquement nommées : T1, T2, T3, T4.
La T2 a été très bien accueillie et Honda Japon a approuvé un modèle de production qui a vu le jour en 2004 sous le nom de Honda Valkyrie Rune (alias NRX1800). Outre son style, la plus grande différence entre cette monstrueuse Honda et la GL1500C de 1996/2003 était le moteur. En 2004, la Golden-Wing GL1800 devait être la phase 5 des Valkyrie’s T1/2/3/4 avec le 1532cc flat-6 à carbus devenant un 1832cc de 96 chevaux et 109 In-pi avec injection.
Comme les Honda Valkyrie’s standard, la Rune 2004 disposait d’une transmission à 5 vitesses et de freins à disques AV/AR mais au lieu d’une fourche avant standard, la bête innovait, devenant une œuvre d’art roulante et cinétique impressionnant le monde des motards, éberlués par la perfection des ajustements et la finition de ce “Cruiser” personnalisé en usine, d’autant plus que la plupart de ses parties intimes (sic !) lui étaient uniques.
Même le radiateur avait été conçu sur mesure pour qu’il se fonde dans le style de la Rune. Outre le style inhabituel et la qualité de construction de la Honda Valkyrie Rune, tout un chacun/chacune était impressionné par son confort à la manière d’un grand fauteuil inclinable pour Z-Boy’s and Girl”s… LaValkyrie Rune n’était pas bon marché. En 2004, 25.499 $ était l’équivalent de 40.000 $ de 2022. Honda “pour l’honneur” perdait des Yens sur chaque Rune vendue.
En 18 mois, Honda n’a produit que quelques milliers de Valkyrie Rune. En raison de leur rareté et de leur design, elles ne se sont pas dépréciées de manière significative. Un exemplaire de 2004 a été vendu aux enchères en octobre 2020 chez RM Sotheby’s pour 24.000 $. En 2022, la Honda Valkyrie Rune 2004 atteint le statut de légende et sa valeur ne cesse de grimper malgré les bruits de bottes d’une guerre totale quasi civilisationnelle en Ukraine !
Sans doute sera-t-elle atomique afin de repartir presque à zéro entre l’Occident et le reste du monde entrainé par la Russie. L’exemple illustratif de cet article est de même couleur noire que l’avenir qu’on nous trace… Avec un équipement personnalisé comprenant un siège solo, une fourche à bras avant oscillant “simple face”, des freins Nissin (deux étriers à 3 pistons AV et deux pistons AR), des feux arrière DEL et des jantes alu d’inspiration Cobra 427 à cinq bâtons.
Les pneus sont des Dunlop D251 150/60-18 à l’avant et 180/60-18 à l’arrière. Le guidon est équipé de commandes chromées (poignées et rétroviseurs). Un affichage numérique avec un compteur de vitesse, une lecture du niveau de carburant et deux compteurs de déclenchement sont monté dans une nacelle au-dessus du réservoir de carburant. Le compteur kilométrique indique 709 miles.
Qu’hallucines-je ? C’est la moto de Batman faite par d’ingénieux ingénieurs ayant pété une durite, un engin échappé d’un manga, un délire de bureau d’étude de plus de 360 kg dont le style transpire la bestialité avec une note d’élégance indéniable. De plus l’ensemble est plein de surprises tel un nouveau type d’antivol H.I.S.S qui se désengage sitôt le contact établi. La Valkyrie Rune s’éclaircit la voix comme un Big-Bloc V8 ricain et extasie ensuite tel un réacteur de Jet dans le haut du compte-tours.
Sortie du néant en 1975, la Honda GoldWing s’est avérée une somptueuse routière au long cours, une Landyacht haut de gamme propulsée par une mécanique atypique qui, au fil des générations, a érigé le confort de bord au rang de priorité absolue. Mais Honda a eu la bonne idée de décliner sa GL 1800 en Bagger avec la F6B et a poursuivi sa démarche avec la F6C Flat 6 Cruiser.
Nouvelle incarnation avec la Valkyrie Rune. Plus question de custom polyvalent : ce remix 2014 a pris un virage nettement plus dynamique, que cette ’incroyable Rune jamais officiellement importée en France. Côté ligne, Honda n’y est pas allé avec le dos de la cuillère, elle est tout simplement monstrueuse, et si certains regretteront que Honda ait décidé de délaisser la sportivité du concept, la nouvelle Valkyrie Rune est finalement une moto esthétiquement originale et franchement séduisante à la conduite.
Certes, il faut prendre la mesure de la bête : 2,47 m de long, 1 707 mm d’empattement, 341 kg tous pleins faits ! Heureusement, la selle culminant à 73,4 cm rendra le sourire aux nains, tandis que l’ergonomie soignée permet aux géants de caser leurs cannes. Mais quelle que soit sa taille, davantage posé dessus qu’assis dedans rien, on découvre une moto aussi massive que dépouillée, un concerto en F(lat) majeur
Une pression sur le bouton magique permet déjà de savourer l’atout numéro 1 de la new âge. Même si le volume sonore s’avère encore trop légal aux oreilles de certains mélomanes, le six cylindres à plat émet une sonorité pleine et veloutée. Merci les deux silencieux à trois sorties ! Bien qu’assouplie par Honda, la commande hydraulique de l’embrayage se montre un poil ferme de prime abord. Rien de grave, la Valkyrie Rune 2014 ne fait pas souffrir la main gauche.
Inévitablement, le gros gabarit impose son lot de précautions. Très vite, on (re)découvre l’atout numéro 2 du power cruiser Honda : un équilibre bluffant à basse vitesse. La GoldWing était déjà considérée comme l’une des motos les plus étonnantes sur ce point : allégée de 80 kilos, la Valkyrie Rune en devient presque agile !
De fait, on arpente les grands boulevards sans se faire de bile, bien aidé par la souplesse remarquable du six cylindres qui reprend à 1 000 tr/min en 5ème. Et une fois lancé sur la route, on découvre les autres capacités dynamiques de la bête. Et on n’est pas déçu ! La Honda est étonnante de dynamisme, en fait, tout est question de rapport poids / puissance / couple : moins lourde, elle accélère plus fort, limite façon dragster sans avoir changé les rapports de boîte.
Le pneu arrière a donc fort à faire. De fait, on se prend vite au jeu et on emmène la grosse Honda avec entrain sur les petites routes. Et ce d’autant que le comportement est clairement rigoureux. Limite incitative, la Valkyrie Rune a distancé rapidement tout ce qui roulait autour et alentours durant de cet essai entre Saint-Tropez et les Gorges du Verdon. Force tranquille, confort sportif !
La garde au sol convenable pour un cruiser et la précision de placement font assurément partie des points forts de la new Valkyrie Rune. Alors que, sur les changements de cap brutaux, une F6B pompe sur ses appuis, la Rune reste imperturbable. C’est évident : ceux qui veulent goûter à des plaisirs sportifs avec la mécanique de la Gold seront ravis. L’autre facette, c’est sans conteste le génial compromis qu’elle ménage entre pilotage musclé et conduite apaisée.
Ici, le six cylindres fait étalage de ses qualités. Le remplissage hors norme et la force tranquille qu’il exprime autorise tous les usages. Traverser un village à 1.000 tr/min en 5ème, doubler en montée à 70 km/h d’une simple rotation du poignet et sur ce même rapport, faire fumer le pneu arrière au démarrage : ce flat-6 sait tout faire. Et surtout, il permet de rouler aux allures quasi légales sans frustration. Un argument massue aujourd’hui.
Côté confort, en l’absence de protection, on apprécie le moelleux de la selle et l’accord des suspensions Showa, qui ne rendent la main que dans les gros trous. Vous croyez, c’est certain, au plaisir de courir le monde. On vous a fait croire qu’il y a de l’autre côté de la mer et à l’autre bout des tunnels, quelque chose de merveilleux et d’attirant comme une peinture à demi effacée ou comme une musique que l’on entend mal. Vous le croyez, et vous croyez aussi probablement qu’il suffit de passer la douane pour vivre d’une autre vie.
Les heureuses gens qui n’ont pas voyagé ressemblent aux pélerins d’autrefois, qui, posant le pied sur la terre étrangère, s’étonnaient d’y trouver des maisons semblables à leurs maisons et des champs où l’herbe croissait verte comme l’herbe de leur pays. Heureux hommes ! Ecoutez… Mais buvons d’abord. Ne voyagez pas, il ne faut pas voyager. Je sais que vous avez l’imagination vive. Mais seriez-vous plus inapte à former de beaux songes que ne l’est un ministre ?
Ne voyagez pas, conservez intacts, emportez dans votre tombe les tableaux ensoleillés tout pleins de coupoles, de ponts, de palais, de navires, de canaux, de cortèges et de fumées, qui s’éclairent devant vos paupières closes, quand vous prononcez le nom d’une cité lointaine et pleine de prestige… J’en puis parler, moi, le ballon captif de l’amour baladeur, qui a jeté l’ancre dans toutes les capitales !
Restez chez vous, laissez mentir qui vient de loin, et tenez pour sincère l’avis que vous donne le plus expérimenté des touristes ! Moi ! Ah ! cette existence des grands hôtels, tous les halls construits de Stockholm à Ispahan par le même architecte et l’éclairage toujours le même sur les mêmes gueules de rastas, faites en séries, comme ces colonnes ces verrières et ces tables d’acajou ! Il faut dire que le temps se charge de m’ouvrir les yeux.
Si j’étais tenté de mettre à profit cette connaissance que nous prétendons tous posséder, elle aurait tôt fait de m’apprendre que l’outrecuidance ne doit point servir nécessairement la présomption. Voilà bien des sentences… Pour parler net, je crois que, malgré l’apparence, je ferai sagement de ne m’y point frotter. Je me flatte d’en connaître… De surcroit, l’imprévu, quel qu’il soit, me donne un sang-froid de vieux militaire.
C’est justement pour cela que je joue sans cesse avec le feu… Quand je suis plein sud en PACA, et je n’ai que des stimulations, ma pensée ne s’étiole pas, alors que dans les grandes villes on ne fait pas cette expérience d’acquérir une incroyable réserve de substance cérébrale et la plupart du temps, quand je prend conscience de ce processus, c’est béatitude, alors que pour les “ceusses” des grandes villes il est déjà trop tard pour ce qu’ils veulent entreprendre, ils se ratatinent inéluctablement, et, quoi qu’ils fassent alors, cela ne leur sert plus à rien…
C’est pourquoi j’ai pris l’habitude d’un rythme vital d’alternance et que j’ai bien l’intention de garder ce rythme jusqu’à la fin de mes jours. Car aussi vite que la tête se remplit à ras bord, aussi vite elle se vide ! Même à un être doué d’esprit la vie prend tout et ne donne (presque) rien, encore faut-il le voir, et, forcément, le sentir, mais rares sont ceux qui le voient, et ils ne le sentent pas davantage : ils sont intellectuellement vidés en un rien de temps, et même pompés à mort, et, pour finir, définitivement ruinés…
L’esprit ne peut jamais s’épanouir,, parce qu’au fond les gens tiennent trop à leurs aises pour faire usage de leur tête, qui est, naturellement, radicalement mise à l’épreuve, et ils aiment mieux se perdre dans leur aveuglement borné, que profiter de la vie qui ne fait que passer! Bref, la Valkyrie, c’est TOP !
2 commentaires
Je n’avais pas encore lu ce très beau texte. J’y ai pensé, repensé toute la journée d’hier… le vrai voyage c’est l’imagination ?
Mon Grand-Père maternel était garagiste en vélos, vélomoteurs et motos, il m’a appris la mécanique et a construire ma première motorette par moi-même… J’ai ensuite été motard en Harley mais j’ai décroché pour les bagnoles…
Commentaires désactivés.