Terrot 125 ETD…
La Terrot 125 ETD apparait presque comme une modernité en 1948 avec sa fourche télescopique, un peu floue toutefois.
Mon père acheta ce modèle en 1949.
La guerre était finie, un peu d’espoir était permis.
L’achat était raisonnable, moitié utilitaire, moitié loisirs et promenades.
Congés payés : moi et ma mère partions en Bretagne avec le billet annuel SNCF et mon père nous rejoignait avec sa Terrot. Aventures…
Le voici, pas peu fier sur sa monture.
Mais le minot derrière, non, ce n’est pas moi…
Je n’étais même pas encore conçu…
– Un moteur fiable et original par son gaissage à carter sec (je n’oubie pas encore aujourd’hui le bouchon vitré du réservoir d’huile sur lequel on voyait gicler l’huile en retour, parfois sur la tronche ou le pantalon quand on oubliait de revisser ce maudit bouchon).
Techniquement, cette machine avait quelques attraits :
– On plafonnait à 80 km/heure environ mais…et c’est à noter, seul ou à deux sur la machine, en côte ou sur le plat, elle montait toujours à 80…, un tracteur si on veut…
Puis je suis arrivé parmi ces fous de terriens et cette moto est devenue comme le cauchemar actuel de ce pauvre monsieur Tata qui sort la Nano pour que ses compatriotes ne voyagent plus à trois ou quatre sur un scooter…
A cette époque en France, on s’en tapait de ces principes de précautions : Entre Papa et Maman le Philou, sans casque !
Et c’est dommage pour vous, il a survé-cul le bestiau !!!
C’était parti pour la ballade géniale.
J’ai appris à suivre et à pencher dans les virages avant de savoir marcher.
Mon père et ma mère portaient ces casques en cuir qui ne protégeaient pas grand-chose et il ne protégea pas mon père d’une fracture du crâne quand il tenta d’écrabouiller une Juva !
Je vous vois encore venir : c’était bien après qu’il m’ai conçu…
Vint l’âge où il ne devenait plus très raisonnable de voyager à trois sur cette merveille (la moto)…
Les assurances décapitèrent la florissante et variée production motocycliste française et belge…
La Terrot fut stockée à la cave des années.
Mon père reprit le vélo ou le train pour aller au charbon.
J’arrivais vers les dix ou onze ans et le virus moto se reveilla.
Les assurances devinrent de nouveau abordables ou les salaires en progression.
Les trente glorieuses qu’on a dit des décenies plus tard, conneries…
Bref, la “bête” fut extraite de son antre au désespoir des araignées et insectes de la nuit qui appréciaient les recoins de sa carcasse.
Poussée sur la rampe d’accès et dans le jardin du HLM (une friche en fait, voir la photo).
Béquille, essence, niveau d’huile, trois coup de kick et elle se réveilla.
J’en suis encore sur le cul quand j’y repense.
Une petite révision et nous voilà reparti sur les routes d’ille de France, de la Seine et Oise, le 78 à cette époque.
Petit Hors Sujet à ce sujet…: notre général avait découpé la région parisienne en petits bouts bien malins pour de basses raisons électorales et voilà que notre Sarko ( coucou président !) nous sort le “nouveau” projet du grand Paris.
J’ai les cuisses en sang à force de me taper dessus !
Bref, les routes d’Ille de France à cette époque étaient bombées (pas con pour évacuer l’eau des pluies, principe oublié aujourd’hui), mais surtout pavées (les pavés, on s’en est occupé vers 68…), avec pour conséquence de ne plus sentir mes jambes après une randonnée de cinquante kilomètres.
Et oui, cette pétoire n’avait pas de suspension arrière, du direct, du brut, de la charette marocaine !
Puis il fallut penser à faire une révision plus complète et le paternel, mécanicien à l’ancienne, ne rigolait pas sur la question.
La Terrot fut démontée en petits bouts et montée au quatrième étage de mon HLM.
Vous savez, celui où je suis né car à l’époque, l’hôpital n’était pas si courant que ça.
Ce HLM, en face de la gare de triage du Bourget.
Ce HLM qui m’a déjà permis de vous dire que je dors comme un loir à deux mètres d’un ballast de chemin de fer !
Ma mère râlait de sa buanderie /salle de bains/cellier réquisitionnée pour la Terrot.
Les travaux avançaient au rythme de l’approvisionnement des pièces pas si faciles que ça à dénicher.
La moto était remontée petit à petit.
Comment oublier cet embrayage multi disques à bain d’huile et rondelles de bouchons de liège ?
Non, pas les bouchons de Liège !
Complète et rutilante, enfin, elle descendit les quatre étages par l’escalier, mon père au frein et moi en guise de gueuse au cul du garde boue.
Avant la fin de ce texte sans prétentions, voici ce qu’en disait la presse confidentielle de l’époque :
La Terrot roule, roule, n’est plus qu’une bête de somme…
Et puis le temps, pardon le “Temps” passe…
Un soir mon père rentre au ralenti… : le cadre est déssoudé au niveau de la potence.
La Terrot retourne dans son terrier pour quelques années.
Je tanne mon papa pour qu’il me la donne, qu’on va ressouder le cadre, ect,ect.
Mais non, une tête de mule !
Moi je roule en Honda PS 50, génial cyclo 4 temps, silencieux, moins d’un litre aux cent kilomètres.
Si vous en voyez un qui traine…
Et mon père craque pour une Honda aussi, une 125, mono toujours, mais qui gratouille le 110 km/h.
Du coup il ne ne sent plus mais investit aussi dans un vrai casque !
Il était temps…
Et la Terrot ?
Et bien c’est avec soin et patience qu’il la découpa en petits bouts et sur des mois elle partit à la poubelle…
Disparue !
J’eu beau le supplier, lui promettre l’impossible sur mes pales ambitions d’étudiants, rien, un mur, une montagne, un plateau continental à déplacer le “bourru” !
La raison qu’il me donna de cet acharnement destructeur, je le comprends mieux aujourd’hui.
Cette moto était la moto de sa jeunesse avec ma mère.
Des souvenirs collés sur la selle devaient le hanter.
Il ne fallait pas qu’un autre profite de ce qui avait été le symbole d’un bonheur passé, même pas son fils unique et préféré !
Et oui, combien de promenades autour d’autres lacs enchantés pour cette Terrot ?
Je n’aurais jamais de réponses…
Une petite erreur de journaliste pour conclure :
La pompe à huile dans l’éclaté ci-dessous est completement fausse.
Il s’agissait d’une pompe à engrenages extérieurs et intérieurs avec demi-lune entre les deux.
Je ne sais plus le nom officiel technique pour ce montage.
Je débute et c’est un sacré boxon quand on est équipé modeste en informatique…
Pardonnez la qualité de “fabrication” de ce sujet.
Philou