Hot Rod Deuce’32 Japan Kamikaze
Kamikaze signifie littéralement “dieu du vent”. Son utilisation remonterait à l’époque d’Edo où il désignait les typhons légendaires par leur puissance qui ont repoussé les Mongols au 13th et sauvé le Japon de l’invasion. C’est un terme lourd de sens qui fut longtemps utilisé par les japonais pour décrire une intervention divine ou un miracle des cieux. Le terme n’était donc pas historiquement associé au suicide. Ce n’est que pendant la seconde guerre mondiale que le mot kamikaze va prendre un sens nouveau, à travers le prisme impérialiste japonais.
Sous l’impulsion du pouvoir, c’est la Marine impériale japonaise qui utilisera pour la première fois le mot kamikaze dans le sens d’un sacrifice patriotique. Certains pensent que les kamikaze étaient de simples pilotes qui, acculés, décidaient de se jeter sur un bateau ennemi par désespoir ou courage. En réalité, le sacrifice des soldats japonais va être organisé de manière froide, rationnelle et ordonnée. Une unité d’attaque spéciale composée de pilotes formés pour projeter leur appareil sur des bâtiments ennemis fut fondée en 1944.
Le terme kamikaze, qui n’avait toujours rien de péjoratif, allait désigner toutes les unités aux missions sans retour. La mort était leur mission. Si, depuis, le monde entier utilise ce mot de manière forcément péjorative, les japonais, eux, ne l’ont plus jamais utilisé dans le langage courant de cette manière, pas même après la guerre, surtout pas pour décrire un éventuel attentat-suicide… Pour cause, indépendamment de l’acte, le mot porte historiquement en lui la notion d’une action divine qui ne peut être assimilée à une attaque de terreur.
Une nuance un peu dérangeante que l’occident n’a jamais vraiment pu saisir. Pour cause, on parle bien de jeunes gens qui allaient offrir leur vie pour leur pays de la manière la plus violente et tragique possible. C’est donc vers la fin de la seconde guerre mondiale que le quartier général impérial, devant le risque d’une défaite cuisante, prendra la décision radicale de constituer cette unité spéciale d’attaque par sacrifice (Tokkōtai) dans le but officiel déclaré d’invoquer les kami (divinités) pour réitérer le miracle de 1274 contre les assaillants Mongols.
Le narratif militaire de l’époque tourne autour de l’apogée des valeurs oubliées de l’esprit des Samuraïs que l’empire tente de réhabiliter depuis la chute du Shōgun et le retour de l’empereur Meiji à la tête du pays. À cet instant de l’Histoire, l’esprit du sacrifice et la soumission totale à l’autorité sont au paroxysme de cette nouvelle culture moderne, sans quoi, l’idée même de fonder une unité suicidaire aurait été inacceptable. La première attaque kamikaze “test eut lieu en octobre 1944 à Leyte. 40 navires américains furent coulés en une seule vague.
L’attaque surprise fut un tel succès que les officiels impériaux décidèrent de multiplier les sacrifices à grande échelle. Ceci impliquera d’augmenter massivement le nombre de volontaires… Les futurs sacrifiés sont pleinement formatés par la propagande de guerre. Ils partent avec le sentiment d’être des élus de la nation, des quasi-divinités. L’appel dans cette unité de la mort était officiellement basé sur le volontariat. Leur formation était courte : deux jours pour apprendre le décollage, deux pour le pilotage et trois pour les tactiques d’attaque.
Le cynisme impérial était total : quitte à sacrifier des jeunes japonais, autant le faire vite et bien. Lors de la seule bataille d’Okinawa, le Japon a envoyé à la mort 400 avions-suicides. L’effet psychologique sur l’ennemi fut tout aussi important que les dégâts matériels. Le kamikaze suit un rituel très ordonné qui va dicter ses dernières heures. D’abord, il déclare son allégeance à l’Empereur Hirohito, puis récite un poème d’adieu (tanka) en référence à son devoir de sacrifice, vient ensuite l’ultime saké avalé d’une traite en se tournant dans la direction de son lieu de naissance.
Avant de monter dans ce qui sera son entrée dans l’infini, le kamikaze noue autour de son front un bandeau Hachimaki blanc orné d’un disque rouge, les couleurs du Japon. Dans certaines occasions, les archives évoquent des épouses et jeunes japonaises qui venaient faire des signes d’adieu aux sacrifiés sur la piste de décollage. Enfin, l’acte ultime du sacrifice s’accompagnait généralement d’un cri de guerre, comme au temps des samouraïs, pour se donner le courage d’affronter le néant. Le fameux “banzai” tant popularisé.
Des jeunes Japonaises exigèrent de pouvoir aussi se sacrifier pour l’Empereur, soit environ 500 sur les 5.000 japonais y ont perdu la vie. À bien y réfléchir, ce chiffre fait froid dans le dos. Chacun d’entre eux et elles renonçaient à entrer dans la vie terrestre adulte, de trouver l’amour, de se marier et de fonder une famille. La jeune et belle pilote Kikumi Ogawana (Ci-dessous) écrivit dans son journal avant de partir : “Je serais immortelle en me vengeant des américains qui ont organisé un abominable blocus de notre empire pour aider les colonisateurs anglais qui ont massacré les populations d’Australie. Qu’ils soient maudits à jamais”…
Banzaï… Ces derniers années, de plus en plus de HotRod’s sont construits aux États-Unis pour des clients d’autres pays. Ce n’est pas si étrange lorsqu’il s’agit de pays européens comme la Suisse, la Suède ou l’Angleterre, mais la France et la Belgique avec leurs régimes autocratiques similaires anti-Kustom’s et Hot Rod’s, sont au même niveau que l’Indonésie et l’Inde qui ne sont pas des foyers de Hot Rodding… Le Japon, en revanche, a une scène de Hot Rods florissante dont je vous ai présenté un article, et de nombreux Hot Rod’s sont commandés et achetés chez Walden Speed Shop et expédiées dans le monde entier.
A chaque livraison, c’est avec une pré-immatriculation Américaine au nom de l’acquéreur permettant de circuler dans les pays du bout du monde. Ce coupé, a été construit sur commande basé sur ce principe consumériste typique des USA puis a traversé le Pacifique pour être livré à Takehito Yamato qui avait contacté Walden Speed Shop l’année précédente après avoir vu un Hot Rod’32 suivi d’un autre dans www.ChromesFlammes.com. Les plans initiaux prévoyaient l’un des Top Chop emblématiques de Walden, ainsi que l’un de leurs châssis Jitney/Walden Speed Shop Ultimate Hi-Boy.
Ce qui a évolué était évidemment bien plus que cela. Takehito voulait un Hot Rod traditionnel, et bien que ce soit peut-être trop essentiellement ce qu’il voulait, les détails sont la distinction de ce coupé. Et il y a plein d’autres détails issus de l’ingéniosité et des capacités de réalisation des idées que Bobby Walden avait en tête, n’attendant que le bon client avec lequel collaborer… Comme indiqué, la base de ce coupé est le châssis Ultimate Hi-Boy de Walden Speed Shop (WSS), utilisant le style de la Deuce originale fort pincé du capot vers l’avant pour placer les rails de châssis directement sous le radiateur.
Mais avec suppression des cornes avant qui ne servaient qu’a fixer les antiques ressorts à lames. Le ressort nécessaire est remplacé par un élément WSS, 5po plus long qu’un ressort d’origine, situé derrière l’essieu, ce qui donne un empattement plus long de 2po que celui d’origine. Un essieu de 1932 a été abaissé de 4po, tandis que des embouts de tirants “type stock” sont utilisés sur ce qui est surnommé “les épingles à cheveux” formant le tirant et le lien de traînée. Il y a aussi de nouveaux amortisseurs à bras de levier modèle A à carrosserie billettée par Bill Stipe qui contrôlent l’amortissement.
Des nouveaux freins à disque Kinmont de chez Deuce Manufacturing (la première paire en production), complètent l’avant. À l’arrière, un pont différentiel quick change Speedway Engineering est suspendu à un ressort arrière modèle A et à des barres d’échelle Jitney/WSS, à des amortisseurs QA-1 et à une barre stabilisatrice WSS, les bras de la barre stabilisatrice étant dissimulés. Les freins arrière sont à disque (style Kinmont), avec frein de stationnement interne. Comme si un moteur grillé ne faisait pas assez de déclaration, la décision de recouvrir l’ensemble d’une finition Testarossa Red le fait certainement.
Sous tout cela se trouve un Chevrolet V8 ZZ383ci avec des têtes en aluminium, ainsi qu’un compresseur Walden 4-71. Deux carburateurs Holley 2BBL ULTR-HP de 500 cfm sur un adaptateur de carburateur WSS avec tringlerie personnalisée complètent le tout… WSS a fabriqué les collecteurs de 1-3/4po ainsi que le système d’échappement de 2-1/2po. Ce coupé est équipé d’une boîte de vitesses manuelle, une Legend LGT-700 à cinq vitesses, reliée au volant d’inertie GM par l’intermédiaire d’un embrayage Centerforce… JE Reel a fabriqué l’arbre de transmission personnalisé.
Si le châssis roulant est une œuvre d’art, la carrosserie qui le recouvre l’est tout autant. Livré par Brookville sous la forme d’une collection de panneaux non assemblés, il a été assemblé par WSS, puis modifié. Il a été coupé de 5-1/2po à l’avant et de 4-1/2 à l’arrière, les montants du pare-brise sont penchés vers l’arrière de 2po et la lunette arrière s’est inclinée vers l’avant de 3/4po. L’arrière du capot a été relevé de 5/8po au niveau du pare-brise afin de poursuivre visuellement la ligne du haut du capot jusqu’à la base du pare-brise, et toutes les coutures de la carrosserie ont été soudées bout à bout et finies en métal.
Un insert de toit en acier a ensuite été soudé. Avez-vous remarqué que la charnière centrale de la porte a été éliminée ? Les charnières restantes ont toutes été fabriquées à la main. Un premier coup d’œil à l’intérieur pourrait le considérer comme très minimaliste. Après tout, il n’y a pas de moquette, pas beaucoup de panneaux intérieurs et des sièges à peine rembourrés. Ces sièges, cependant, sont très spéciaux et sont des copies exactes de ceux trouvés dans un avion de chasse Mitsubishi Zero de la Seconde Guerre mondiale.
Poursuivant sur le thème de l’avion, les compteurs Classic Instruments Bomber Series ont été choisis, mais une fois installés, Bobby Walden a senti qu’il manquait quelque chose. Se référant à un livre sur les avions japonais Mitsubishi Zero, il s’est rendu compte qu’il s’agissait d’une boussole, alors il en a acheté une et a fait imprimer une lunette en 3D pour correspondre aux autres. L’interrupteur de clignotant a une lunette similaire, tandis que tous les interrupteurs ont des protections, tout comme un avion. Tout est dans les détails, comme vous le voyez.
Comme le boîtier de batterie, est un vieux cache de batterie Ford, éviscéré pour contenir une batterie moderne, le couvercle d’un boîtier de batterie de tracteur Ford a été élargi pour s’adapter. Le revêtement de sol est en liège avec des garnitures en aluminium. Les coussins de siège en cuir sont fabriqués/usinés à la main avec graphiques “Rising Sun” par “Duane Ballard Custom leather”, qui a également ajouté des détails aux ceintures de sécurité reconstruites de l’avion et refabriqué des accoudoirs sur les portes.
Le fait que tout lettrage a été minutieusement meulé sur les pneus BFGoodrich, tandis que les roues Real Rodders ont été recouvertes d’un revêtement en poudre noir satiné, c’est le truc esthétique pour obtenir la réplique du siège du pilote de Mischubishi Zéro…. Je pourrais continuer à tapoter mais j’en au marre et je suis certain que vous voyez l’idée… Malheureusement, il n’y a aucun moyen de découvrir ce coupé en réalité simplifiée autre que sur ce site-Web car ce Hot Rod est maintenant au Japon ou il a rejoint son nouveau propriétaire.
Il avait toutefois été préalablement exposé aux États-Unis au West Coast Nats à Pleasanton, où le propriétaire l’a vu pour la première fois. Bobby et Melinda Walden ont eu l’occasion de conduire le Hot Rod qu’il avaient réalisé, au Japon, lorsqu’ils ont été invités au Mooneyes Show à Yokohama en décembre dernier 2024, c’est maintenant à Takehito San de s’occuper de ce Hot Rod très spécial. Il me faut toutefois revenir sur les sièges copiés de celui du fameus Zéro. Le plan initial était d’utiliser des sièges bombardiers traditionnels de B17, mais Bobby Walden a estimé qu’il avait besoin de quelque chose de différent.
Une visite au Planes of Fame Museum à l’aéroport voisin de Chino pour s’inspirer s’est avérée productive lorsqu’il a vu le dernier avion Zero opérationnel au monde. Le Mitsubishi A6M Zero était un avion de chasse à long rayon d’action exploité par la marine impériale japonaise de 1940 à 1945, alors quoi de mieux que des copies des sièges de celui-ci pour le coupé ? Steve Hinson du musée a permis à Bobby et Perry Spring de prendre des photos et d’en refaire des modèles afin d’en réaliser des répliques exactes. Curieusement, le jour où ils l’ont fait était un 7 décembre, un anniversaire de Pearl Harbor.
Cet avion exposé à Chino-base a été capturé à Saipan pendant la Seconde Guerre mondiale et a été transporté dans différentes bases américaines pour des examens et des tests. Après la guerre, il a été piloté par Charles Lindbergh. Walden dit que c’était une expérience très unique et une leçon d’humilité de travailler avec ce siège en sachant qu’il avait été assis par un pilote japonais, un pilote américain et Lindbergh. L’étiquette sur le côté du siège est probablement la caractéristique la plus intéressante, et a été fidèlement reproduite par WSS.
Une photo de l’étiquette a été envoyée au Musée de l’aviation de Tokorozawa au Japon pour traduction de l’obscur kanji utilisé, où ils ont été surpris car il est considéré comme un document précieux pour comprendre l’origine du corps. Le résultat final est une paire de sièges époustouflants qui ont beaucoup plus d’heures investies que des objets aussi rudimentaires d’une voiture devraient en avoir, des sièges qui non seulement honorent le chasseur Zero, mais qui se verrouilleraient en fait dans un tel avion, tant leur fausse authenticité est grande (sic !)…
Bien que nous ne puissions pas être au Walden Speed Shop pendant toute la durée de la construction de deux ans, des photos de la carrosserie de ce coupé en train de s’assembler ont été réalisées. Remarque : WSS dispose d’un dispositif substantiel qu’ils utilisent pour assembler les carrosseries Brookville, avec des sous-structures pour assurer un alignement cohérent. Il est également intéressant de noter que les portes sont coupées et suspendues comme première étape du processus, fournissant un point de référence au fur et à mesure de l’avancement des travaux… Voilà…