Nash Ambassador’49 Street/Kustom
Le Texas n’est pas New York et les Kustom’s, Hot Rod’s et Street Machines (Street Rod’s) du Texas n’y correspondent pas plus… Le Texas, ce sont les Cow Boy’s avec d’immenses Stetsons et habits faisant partie d’un code vestimentaire typique du texas, aucun rapport avec New York qui outre est connue comme la ville qui ne dort jamais, attire et affiche un melting-pot d’hurluberlus venus des quatre coins du monde.
Si vous avez pu visionner le film “The Lords of the Flatbush” avec Sylvester Stallone et Henry “The Fonz” Winkler, vous avez une opinion sur ce qu’était de grandir à New York mi des années’50… En 1958, les Lords passaient leurs journées à courir après les filles, à voler des voitures, à jouer au billard et à traîner à la malterie locale. Au Texas ce n’est pas pareillement crétin.
Cette berline Nash Ambassador deux portes de 1949 (l’année de ma naissance)a été reconstruite dans une version Street Rod/Kustom à la fin des années 1990. Tout y est passé pour le look (très réussi) grâce à des moyens financiers conséquents et comprend la peinture en bleu avec des flammes fantômes au-dessus des roues avant, des touches personnalisées qui incluent des poignées et des garnitures de porte rasées, des phares “à-la-Française” (Frenching).
Il y a également un Top-Chop, une bande de feux arrière à LED (encastrée), un feu stop central surélevé et des clignotants avant dissimulés. Les pare-chocs chromés ont également été rasés et les embouts d’échappement sortent par les panneaux de custode arrière. Les portes et le couvercle du coffre sont équipés de boutons pressions électriques et les boîtiers des rétroviseurs latéraux sont peints pour correspondre à la carrosserie.
La suspension est pneumatique et les jantes Budnik de 17 pouces sont enveloppées de pneus Nitto 205/50 Av et 215/50 Ar. Le moteur est un V8 Vortec 350ci couplé à une transmission automatique à quatre vitesses 4L60E. Tout y est confortable, simple mais sophistiqué, système d’échappement double, direction assistée, sous-châssis avant de Mustang II avec freins à disque.
L’intérieur a été garni de vinyle bleu offre la climatisation, un régulateur de vitesse, des vitres électriques, un volant Lecarra, une instrumentation Dakota Digital et une console au pavillon abritant un lecteur CD JVC. Cette Ambassador a figuré “pour la gloire et en souvenir du bon vieux temps” dans le magazine américain Rod&Custom qui n’existe plus tout comme n’existent plus les magazines de Hot Rods et Kustom sauf ChromesFlammes couplé à GatsbyOnline.
Certes, c’est en version Worldwide numérique, mais croyez-moi tout en le constatant par vous-même, c’est beaucoup plus “Funny” et pratique… Voilà, pour une fois, j’ai fait court parce que le choix des photos n’était pas au Top du Top et nécessitait de la retouche pour éviter les fonds de décor d’une zone d’habitation très famille américaine avec drapeau sur un mat au milieu de la pelouse de l’entrée… Quoique c’est tellement typique…
Je me préfère fou en tapotant : “Il bondit jusqu’au ciel ! Quand je le monte, je plane ! Mon cheval est ma maîtresse”... C’est dans Henry V, de William Shakespeare. Le Dauphin de France, un imbécile vaniteux, délire sur son destrier, à la veille de la bataille d’Azincourt. Le cheval, alors qu’il va être question de chevaux-vapeur ? Remonter à la guerre de Cent Ans pour décortiquer la modernité ? Normal. La vitesse hante depuis toujours notre imaginaire.
Dévorer l’espace terrestre, depuis les chars de Pharaon jusqu’à la diligence de la Chevauchée fantastique, c’est une prétention immémoriale. La litanie shakespearienne du Dauphin fou de cheval se psalmodie encore aujourd’hui, presque mot pour mot, dans les bars de Rome, de Paris ou de Kansas City. Sauf qu’il s’agit de Corvette’s, de Hot Rod’s, de Kustom’s et autres. L’automobile a exaspéré cette hantise, elle l’a rendue universelle.
Une route, quatre roues, un volant et, sous le capot, une force surhumaine que le bout du pied droit peut déchaîner : c’est bien plus que le parcours d’un point à un autre, un idéal d’évasion loin des pesanteurs matérielles et collectives. L’espace est dominé. Le temps est maîtrisé. Le cheval, lui, était donné par la nature. L’automobile, au contraire, est un produit intégralement humain, une volonté manufacturée. Jamais objet n’a été aussi richement chargé de sens.
La littérature, le cinéma en font leurs choux gras. L’auto caractérise l’homme. Si demain, après un cataclysme nucléaire, un archéologue du futur découvre une collection de voitures épargnées au fond d’un garage, il pourra en déduire tout ce que nous fûmes. Avant la Première Guerre mondiale, le président des Etats Unis Woodrow Wilson, voyait clair : “Rien n’a favorisé autant que l’automobile la propagation des idées, elle symbolise l’arrogance de la richesse”...
Retour du bâton : Elle, peut aussi symboliser l’humiliation de la misère, l’auto devenant le grigri occidental. Le tiers monde et les ex-colonies en sont restés intoxiqués jusque dans leurs fibres… Le temps passé n’y change rien ou presque. Après le fusil, la voiture a été comme une arme pour devenir fort, riche et rapide à l’image des Blancs. Une sorte de véhicule néo¬colonialiste… L’expression automobile varie selon les cultures et les nations.
Pourtant, le passage de l’artisanat à la rationalité industrielle a peu à peu nivelé les personnalités. Aujourd’hui, les bolides de course se ressemblent, pareil pour les voitures de monsieur Tout-le Monde. Elles se conforment aux impératifs économiques, techniques et commerciaux dictés par l’ordinateur apatride. On ne sait plus très bien si on est dans une Fiat, une Opel, une Renault ou une Peugeot. La poésie y perd.
Seule l’Amérique produit encore quelques carrosses vraiment américains, mais jusqu’à quand ? La libido prend le volant… L’objet auto devient standard. Oui, mais pas la manière de s’en servir. Il y a, au volant, des clivages individuels selon les tempéraments. Selon le sexe aussi : plus détachées, les femmes sont sur la route moins redoutables que les hommes, avides de suprématie. Mais, surtout, la conduite est un test de civilisation, à part quelques foucades…
Celles du genre gangster ou James Dean. Cependant, d’un bout du monde à l’autre, apprivoisés ou non, les fantômes ne sont jamais loin. Un homme rêve qu’il pilote un cabriolet rouge au long capot puissant. Une côte se présente, jusqu’à l’horizon. Voilà que le moteur cafouille, ratatouille. Le rêveur s’éveille trempé de sueurs d’angoisse. Pas la peine d’avoir lu Freud pour découvrir la clé libidinale du songe ! Les psychanalystes savent la place tient l’auto dans l’inconscient.
L’homme s’identifie à cet instrument de puissance, il y étend l’espace de sa personne. Toucher à son corps de métal, c’est l’agresser, faire obstacle à sa trajectoire, c’est une atteinte castratrice à la toute puissance de son Moi. Passe encore que l’auto soit ainsi érotisée, dans toutes les civilisations converties à l’Occident, elle est objet de séduction comme ailleurs les cornes du cerf, la crinière du lion ou les plumes du paon.
Les belles voitures fascinent les dames, pas forcément les mieux avisées. Il n’y a pas si longtemps, les dragueurs français parlaient, avec un clin d’oeil égrillard, de leurs aspirateurs à nanas… La complicité entre l’automobile et le désir est brûlante, les publicitaires en jouent. Plus spontanément, il y a vingt ans, le glissement des grandes limousines américaines vers des dimensions plus modérées a coïncidé avec le dégonflage des énormes seins arborés jusque-là…
Je précise que c’est via les pin-up de certains magazines. Aucun des sociologues qui, bien sûr, sont attentifs aux avatars de l’auto, n’y a vu un pur effet du hasard. Vous n’êtes pas convaincu ? Tant pis ou tant mieux, je fonce, je double, ça passe ou ça casse. On peut être passionné d’automobile, y voir le plus merveilleux des jouets jamais imaginés par l’homme, et se poser, aujourd’hui surtout, quelques questions.
La mariée est devenue trop belle elle tend à se transformer en mégère, en marâtre, en vampire. Les raisons de cette terrible métamorphose sont assez claires, même si les remèdes, eux, restent problématiques. Quand il se réalise, le rêve tient rarement ses promesses… Voilà, j’en ai terminé, je passe à une suivante, c’est comme tourner une page.