La Tanzanie en vrac…
En dix ou quinze jours, il est impossible de faire un voyage ethnographique, mais l’Afrique est encore peuplée d’une multitude d’ethnies qui vivent de façon traditionnelle.., l’approche et le respect de l’autre est primordial quant à la qualité de la rencontre…
Croiser un Masai, un Hazabé, ou un Himba au détour d’un chemin ou d’une piste, est un instant privilégié, unique, qu’il ne faudrait pas briser par un manque élémentaire de savoir-vivre…, il faut reléguer notre instinct d’homophotosapiens et laisser la magie opérer.
En dehors des hôtels touristiques il est préférable (question de respect), d’adopter une tenue décente pour les femmes (pas de mini-jupes, de mini-shorts ou d’épaules découvertes) et pour les hommes (pas shorts laissant voir les bijoux de famille)… et pendant le ramadan il faut éviter de manger ou de boire de l’alcool dans la journée.
Les voyages sont déconseillés dans plusieurs régions de ce pays : Région de Kigoma, ouest de Kagera…, les attentats de 1998 contre les Ambassades des Etats Unis au Kenya et en Tanzanie et ceux de 2002 au Kenya ont montré que cette région n’était pas épargnée par le terrorisme international…, les voyageurs sont invités à faire preuve de vigilance sur l’ensemble du territoire tanzanien, le banditisme est en augmentation, en particulier à Zanzibar et Pemba ou des attaques à main armée ont récemment visé des touristes dans la région des parcs animaliers du Nord.
D’une façon générale, il est recommandé :
– de ne pas se promener seul dans les endroits isolés et, en particulier, sur les plages non surveillées y compris à Dar Es Salam sur la plage de Coco beach…
– de ne pas porter de manière ostentatoire argent et objets de valeur…
– de circuler en voiture avec les portières et vitres fermées…
– d’éviter de circuler à pied ou en voiture la nuit dans les villes et en particulier à Dar Es Salam, Zanzibar et Arusha…
– d’éviter les rassemblements politiques et les manifestations.
Au nord du pays (régions d’Arusha et du Kilimandjaro), il est conseillé de suivre à la lettre les consignes données par les opérateurs touristiques, une vigilance accrue est nécessaire sur l’axe routier Arusha-Nairobi et la circulation de nuit y est fortement déconseillée.
L’ascension des monts Meru (4556 M) et Kilimanjaro (5895 M) nécessite une préparation physique et médicale adaptée, il est impératif de s’y rendre accompagné de guides provenant d’agences de voyages sérieuses.
Les camps et lodges situés dans les parcs nationaux sont gardés, mais ne mettent pas toujours les visiteurs en garde contre les animaux sauvages qui peuvent pénétrer dans leurs enceintes, il est formellement interdit de s’y déplacer seul la nuit et de laisser les enfants sans surveillance.
A l’ouest et au nord-ouest, l’implantation de camps de réfugiés dans les zones frontalières du Burundi et du Rwanda et le franchissement des frontières par des bandes pouvant être armées sont à l’origine d’une situation générale d’insécurité…, il est déconseillé aux touristes de se rendre dans cette partie du territoire (région de Kigoma, ouest de la région de Kagera).
Zanzibar, connu aussi sous le nom d’Île aux Épices de l’Océan Indien, à environ 35km des côtés Est de l’Afrique, à six degrés du Sud de l’Équateur, fait partie de la Tanzanie, l’archipel de Zanzibar est constitué de l’île principale Unguja, de l’île sœur Pemba ainsi d’un grand nombre d’îlots…, la population totale, y inclus les habitants de Pemba, s’élève à environ un million de personnes: un mélange de peuples africains, arabes, indiens et perses.
Les groupes ethniques immigrés se sont mêlés avec les africains, créant une nouvelle culture appelée Swahili, a développé même sa propre langue, parlée aujourd’hui dans toute l’Afrique de l’Est (Kenya, Tanzanie) et jouant un rôle important à Zanzibar : le Souahéli, appelé aussi Kisouahéli.
 travers l’histoire, Zanzibar s’illustrait par son commerce d’épices (surtout des girofles, de la muscade, de la cannelle et du poivre), d’ivoire et d’esclaves…, on trouve, aujourd’hui encore, des arbres de clou de girofle, ayant été plantés sur l’île en 1818.
Zanzibar atteignit son premier apogée en 1850 quand les îles étaient les plus grands producteurs de girofles. Ils comportaient malheureusement en même temps le plus grand marché d’esclaves de toute l’Afrique orientale…, mais c’est le passé, car depuis quelques années, l’archipel surfe sur un boom touristique, un phénomène qui a aussi sa face sombre : au sud de Zanzibar, les palaces de luxe construits avec démesure sonnent vide… et les tensions politiques récentes menacent le secteur tout entier.
La piste pour Kizimkazi, poussiéreuse et caillouteuse, serpente entre les vertes cultures de clou de girofle et l’aridité d’une brousse exposée aux vents marins, comme un signe avant-coureur des deux facettes de ce village dressé sur la pointe sud de Zanzibar…, à l’entrée de la localité, la route bifurque, d’un côté un petit bourg de pêcheurs, de l’autre une suite de somptueux hôtels avec vue imprenable sur les récifs de coraux qui se dessinent au loin sur l’océan…, destinés aux touristes occidentaux, désireux de nager avec les dauphins qui peuplent les eaux méridionales de l’archipel, ces écrins de luxe sonnent pourtant creux.
Contrairement aux complexes du nord, particulièrement courus par les Italiens, les palaces cinq étoiles de Kizimkazi sont déserts : “Notre agence de voyage nous a programmé un séjour d’une semaine ici pour profiter des plages et des dauphins après nos safaris en Tanzanie, mais il n’y a pas grand chose à faire et l’hôtel est vide”…, me confie Karel, un riche homme d’affaires originaire de République Tchèque, en vacances avec sa famille à l’Oasis Beach Hotel .
Surfant sur le boom touristique de Zanzibar, qui en tire aujourd’hui 75% de ses ressources, les investisseurs ont vu trop grand, trop vite…, si les stations balnéaires du nord de l’île s’appuient sur les plages paradisiaques, les récifs de coraux et les fêtes légendaires de Kendwa, le sud n’a pas d’autres arguments que les bancs de dauphins.
À Kizimkazi, la construction de ces nombreux hôtels, à l’écart des habitations, n’a pas apporté les retombées financières attendues, pire, ils ont défiguré le village, aujourd’hui coupé en deux : “Nous préférons organiser des voyages au sud de l’île à la journée”, m’explique Joe, tenancier d’un tour-opérateur installé à Stone Town, la capitale de Zanzibar, classée au patrimoine mondial de l’Unesco, ajoutant : “Nous emmenons nos clients en mini-bus et nous disposons du matériel sur place pour les emmener voir les dauphins, un système qui prive les sudistes de leur part du gâteau”…
Des nuages grondent cependant dans le ciel azur des lagons septentrionaux de Zanzibar, un courant séparatiste islamiste a envahi le champ politique de l’île, et réclame l’indépendance de cette région semi-autonome rattachée à la Tanzanie.
Fin mai, des centaines de manifestants dont des membres du groupe islamiste Uamsho, littéralement “réveil” en Kiswahili, ont défié à plusieurs reprises les forces de l’ordre dans les rues de Stone Town, et mis le feu à deux églises.
Depuis la célébration de l’anniversaire de l’Union (fusion du Tanganyika et Zanzibar en 1964), les revendications en faveur de l’indépendance se multiplient.., ses défenseurs justifient leur position en pointant le côté inique de la Constitution, bâtie sur des idées chrétiennes et qui ne convient pas à Zanzibar, archipel à 99% musulman.
Selon plusieurs analystes, les séparatistes bénéficient du désenchantement d’une partie de la population vis-à-vis de l’historique parti d’opposition zanzibarite, le Front civique uni (CUF), qui a fait le choix de former un gouvernement d’union nationale avec le Chama Cha Mapinduzi (CCM), le parti présidentiel.
Signe de l’importance vitale du tourisme pour l’économie de Zanzibar, le thème a occupé la majeure partie des débats lors de la réunion de crise, organisée le 30 mai, entre le Dr Emmanuel Nchimbi, ministre des Affaires intérieures de Tanzanie, et les principaux leaders politiques de l’île : “Les troubles pourraient effrayer les touristes et blesser l’économie de Zanzibar qui tire d’énormes revenus du tourisme de source étrangère”, a affirmé le Dr Emmanuel Nchimbi.
Même tonalité dans les propos d’Ali Khalil Mirza, directeur de la Commission de tourisme de Zanzibar: “Nous avons besoin de garder la paix pour sauvegarder le secteur qui contribue aux trois-quarts des revenus”.
Moins solennel, Joe estime lui que : ” Les violences dans les rues de Stone Town sont une très mauvaise publicité pour le business. Si les touristes ont peur, ils ne reviendront pas”.
Certes, la Tanzanie et Zanzibar sont encore des havres de paix, dans une Afrique de l’Est troublée par les conflits… et il en faudrait un peu plus pour faire fuir en masse les touristes occidentaux, en quête de plages paradisiaques et de sensations exotiques…, mais les prochains mois, qui verront l’ouverture des débats autour de l’élaboration d’une nouvelle Constitution pour le pays, prévue pour 2014, seront sous tension.
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