Pré R.I.P. d’un célèbre éditeur déjanté…
“Ne rien avouer à quiconque ET dire n’importe quoi à tout le monde” était une des façons de penser et d’agir de Patrice De Bruyne, il était et est donc toujours impossible de percer les mystérieuses saillies textuelles de ce personnage atypique hors norme, un être morcelé à parts-entières ! Ce “Gatsby” est né des copulations de son père (un maître tailleur) et de sa mère (une icone flamboyante à ses yeux)…
Vêtu et poussé par eux dans l’esprit Vintage grande époque, un style accentué par son grand-père paternel antiquaire au Sablon à Bruxelles… et son grand-père maternel mécanicien inventif et déjanté fanatique des Amilcars… il fut ainsi doté d’un invraisemblable charisme inné et d’une intelligence fulgurante hors-norme (Qi240)…
Il s’est lancé très tôt dans une vie de folie créative en tant qu’architecte, se spécialisant dans la transformation de châteaux-d’eau, de moulins, d’usines et de blockhaus, en maisons de luxe atypiques et lofts qui deviendront ses spécialités, le poussant à créer le magazine “HOME” ainsi que des meubles totalement fous qui lui vaudront, surtout concernant son bureau rouge, un hommage particulier et vibrant d’Andy Warhol, ainsi que des offres d’achat de plusieurs millions d’euros !
Créateur incessant, dans les années ’70 il a décidé de fonder une agence de publicité ou il va déborder de créativité en proposant, rien de moins qu’à British American Tobacco, une campagne “Viking” inédite consistant à faire parcourir les villes à des jeunes femmes presque nues, quoiqu’attifées de peaux de bêtes dans l’esprit de cette marque de cigarette, à bord de Hot-Rods enflammés, une manière de distribuer des échantillons et un “flyer” discourant de l’esprit des films “Américan Graffiti” et “Easy Riders”… Le succès de cette campagne d’un nouveau genre fut foudroyant, en quelques mois “Viking” et ses cow-girls façon “Easy Riders” vont détrôner “Marlboro” et son cow-boy cancéreux !
Patrice De Bruyne va ensuite investir son incroyable fortune ainsi gagnée dans la création et le lancement d’un magazine dédié aux Hot-Rods et Kustom-Cars : “Chromes&Flammes” qui en un an va atteindre 450.000 exemplaires mensuels en 5 éditions/langues dans toute l’Europe, au Canada et aux USA…
Il met alors un pied dans le monde des dragsters en organisant la première épreuve de ce genre rien de moins que sur le circuit des 24 heures du Mans, y attirant plus de 100.000 spectateurs payants.
Grace à lui le marché de la “Kustomisation” va exploser, du coup il crée des shows dédiés aux automobiles extraordinaires dont un sur le site du “Mondial de l’Automobile” à la Porte de Versailles et devient même co-organisateur et partenaire d’une campagne publicitaire Citroën destinée à lancer la Visa… Quinze sont modifiées/repeintes selon les dessins de 10 lecteurs gagnants sur près de 55.000 participants, toutes exposées sur un stand partagé Citroën/C&F au salon de l’auto de Paris !!! 1 est transformée en “Kustom-Pick’Up”, les 4 autres servent de véhicules de représentation aux couleurs de “Chromes&Flammes”…
Le monde devenant trop petit pour ce géant qui dévore la vie, bravant les décalages horaires, il part à l’assaut des USA, il y est comme chez lui et côtoie des célébrités telles que Caroll Shelby, John Z.DeLorean, Tom Mc Mullen, Ronald Petersen, Alain Clénet… Andy Warhol le fascine toujours, ses œuvres lui parlent, comme celles de Keith Haring… mais c’est surtout Hunter S. Thomson qui attire son attention de par son style Gonzo.
Quand je l’ai rencontré, à Saint-Tropez, en 2017 il n’avait plus à courir le monde, désormais celui-ci gravitait autour de lui. Il débarquait parfois d’un hélico, de temps-à-autre d’un Riva, souvent d’une Cobra, d’un Hot-Rod enflammé ou d’une Bentley, simplement pour aller saluer quelques amis dont il ne reste plus maintenant que leurs légendes pailletées. Les batailles de champagne et autres frasques qui se déroulaient sur les plages branchées le laissaient indifférent, il préférait passer rêvasser dans notre nid d’aigle peuplé d’œuvres magistrales, le monde n’était alors que bonheur dans la piscine vue méditerranée ou il s’amusait avec son fidèle et joyeux Cocker Blacky à barboter avec un canard géant tout en dégustant un Petrus millésimé ’49, année de sa naissance… La terre entière aurait voulu défiler là, mais il aimait trop la solitude, il détestait les clameurs… peu à peu il s’enfuyait des gens… mais avec lui j’ai toutefois croisé de grands collectionneurs d’automobiles.
En Maître il débarquait vers midi, menant la danse, évoquant avec une passion effrénée et des anecdotes démentes tous les épisodes de sa carrière, revenant toujours à son magazine fétiche : “Chromes&Flammes”. Il lui avait consacré selon lui, trop de ses meilleures années, il discourait alors de l’époque où il avait prédit que les ventes aux enchères d’automobiles dites “de collection” allaient devenir des viviers d’escrocs et de blanchiment, à ses dires, c’était le puits sans fond de la bêtise humaine, un panier de crabes… Le petit monde de l’automobile avait ricané. Quelques années plus tard il pouvait s’en esclaffer, d’un rire franc, joyeux et communicatif : “Les nostalgiques de l’époque flamboyante de la recherche des boulons d’origine avaient juste”, s’amusait-il à dire : “oublié de s’apercevoir que tout n’est qu’épouvantables illusions” !
Patrice De Bruyne ne se prétendait pas pour autant visionnaire. Explorer les nouveaux marchés restait pour lui un véritable métier, presque une science : “Avec la globalisation des imbéciles ahuris, notre monde est devenu grotesque”, analysait-il. Dans d’uniques et volumineux articles qu’il publiait sur son web-site GatsbyOnline et ensuite dans le magazine Gatsby, mis en page par Olivier Fayoux, son ombre émerveillée depuis l’époque des premiers Chromes&Flammes ainsi que du magazine Calandres, il y a presque 40 ans d’ici, dont il avait quasi religieusement, avec dévotion, inventorié au fil du temps les meilleurs sujets…
Las d’être résumé à l’obscurantisme de certains journaleux, Patrice De Bruyne hantait le web tout comme les tables des grands palaces internationaux pour susciter chez d’autres ce goût qui lui avait ouvert les portes de la Dolce Vita. La seule chose, selon lui qui pouvait résister à la culture globale des imbéciles était la culture méditerranéenne qu’il avait érigée chez lui en art.
Scrupuleusement surveillé et persécuté par le fisc, il s’en amusait, s’offrant au terme de chaque contrôle, une plus belle Bentley. Fidèle en amitié, ce chantre de l’exubérance déjantée demeurait au fond, un homme calme et docte, attaché à la parole donnée. Il n’aimait pas les menteurs, il les traitait de clowns, tout comme les journaleux étaient des putes de la désinfo à ses yeux…
La tournure prise par un monde de l’automobile rendu fou par l’effervescence des prix d’enchères bidons l’inquiétait. Il n’en nourrissait pas d’amertume, mais en avait fait un combat, dénonçant avec force dans ses articles, les blanchiments et escroqueries qui venaient tout bouleverser.
Sa vie, fondée sur un parcours unique, incomparable, restera entière ! Mais ou est cachée sa fortune reste un mystère…
Valériane de Perlinghini : sa Muse, toujours envoutée et esclave textuelle à jamais…
Cette chronique “pré-RIP” satiriquement extrapolée d’une auto-biographie dithyrambiquement ampoulée façon Gonzo, de et par l’auteur lui-même une nuit de défonce, est exclusivement réservée aux épicuriens baroudeurs aimant la vie, les femmes, les automobiles, les motos, les bateaux et les avions extraordinaires… Reproduction strictement interdite… Il a ajouté la remarque suivante : “Je préfère réaliser préventivement mon épitaphe de et par moi-même, car, tant qu’à raconter et radoter des conneries, autant qu’elles proviennent de mes délires et soient tapotées de mes mains et doigts sur mon clavier personnel”…