“Ecoute, Patrice, pourquoi tu ne passes pas à la maison plutôt que me poser des questions faussement candides ? Hier soir j’ai eu un flash, j’ai trouvé ma véritable vocation et je peux te dire que je me sens enfin moi. Il m’arrive souvent de me toucher, de me scruter, de fixer mon corps pendant des heures devant le miroir mais hier, j’ai eu une illumination. Quand je me mate dans ce string où j’ai la fesse insolente je me dis que putain, je suis vraiment qu’une sale égoïste et que le monde entier devrait avoir la chance de voir ce cul en poster sur les murs de sa chambre…, bordel !“.
Je note la nouvelle adresse que me dicte Anamary del Miguel Saavedra… et ce, le plus naturellement du monde…, je la remercie… et raccroche avant de bien réaliser ce qui m’attend, puis je pars sur le champ…
Deux jours plus tard je suis à Madrid.
Je me perds dans Lavapiés, aperçois au loin la gare d’Atocha.
Ironie de l’aménagement urbain, je sais que j’approche du but quand je vois le Musée de l’érotisme de Madrid.
Je sonne, me présente, on m’ouvre.
Sur le palier, une porte entrouverte.
Anamary finit par se montrer et m’invite à entrer : “Tu veux boire quelque chose ? J’ai du vin ou… ou de l’eau…, j’étais occupée à lire le dernier livre d’Umberto Eco, en me masturbant…, cet homme, cet homme-écrivain, me donne des envies lubriques“…
Une jeune femme y est déjà lascivement assise, aussi blonde à bouclettes qu’Anamary est brune-vampire, elle me dit tout de go : “Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n’est qu’un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c’est l’union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux, êtes-vous intéressé ?”...
Dans le salon, je m’assieds sur un imposant canapé, sous la protection de peintures et de posters soigneusement désalignés sur un mur jaunâtre.
Comme chaque visite que je fais à Anamary depuis 2001, ou je l’ai rencontrée alors qu’elle était encore secrétaire au service export d’une multi-nationale du chocolat (sic !)…, c’est une plongée dans un univers madrilène pop et déjanté…. comme elle s’exprime toujours dans un français parfait, je lui demande si, elle m’a fait venir uniquement pour jouir…
Elle éclate de rire : “J’ai toujours le temps pour jouir, d’ailleurs même si je n’avais pas le temps, j’en aurais envie, je n’ai pas d’autres choses à faire. Il n’y a que la jouissance dans ma vie. Vois-tu, Patrice, la différence entre d’autres femmes et moi, c’est que moi je jouis sur la réalité“…
Elle s’anime : “Well…Promis juré je serai morte avant d’être vieille…, tout est relatif, je sais. Mais j’espère bien être déjà en train de siroter un “sex on the beach” au paradis avant que mon cerveau ne me fasse défaut. Parce que je te jure ça me fout les j’tons de vieillir…is’tnt! Le temps d’une jouissance, les gens peuvent se transformer. Avant de partir, après avoir baisés, les mecs sourient, ils sont de bonne humeur… Kissssss“…
Ca se passe toujours comme ça, lui réponds-je, tout en me demandant ce que je suis venu faire dans cette galère…, ça s’est toujours passé comme ça.
Sur ces paroles philosophiques, son amante, écartant les jambes et se frayant un passage dans son intimité avec un gode tout chromé dit : “Et en réalité, ils ne peuvent plus te blairer et ils veulent que tu déguerpisses parce qu’ici c’est pas un bordel. Tu as bien entendu, c’est pas un bordel ici, pas un bordel. Trop pas mignon, on est d’accord. 5 minutes après, ils t’invitent à dîner au resto, avec le sourire aux lèvres… C’est saugrenu mais tendre, alors, pour ma part, j’accepte l’invitation… C’est comme mon proprio, 90 ans… et j’suis sympa, quand je suis allée signer les papiers de l’appart’, il me sort : je ne connais pas votre vie privée mademoiselle mais il est hors de questions que vous ameniez VOS petits amis ici… et encore moins vos petites amies déviantes… Euh, je paye le loyer, j’ai 24 piges, je pense être en droit de forniquer chez moi si l’envie m’en prend nan ?! Pis j’ai bien aimé le vos petits amis et encore moins vos petites amies déviantes, nan mais je fais catin à ce point là ?! C’est dur d’être vieux“…
Les hommes artistes sont des artistes, les femmes artistes sont des femmes, pour ma part, j’écris beaucoup pour exorciser…
“Patrice“, me rétorque Anamary, “la littérature est un art encore plus machiste que les autres. Il y a une frontière entre la littérature des sentiments et la littérature virile, digne d’intérêt. Les hommes écrivains sont très à cheval sur leur virilité, il ne faut pas vendre plus de livres qu’eux, sinon on les menace“…
A mon tour, je ris et affirme que la France est un pays plus moderne que l’Espagne… elle s’amuse maintenant franchement : “Well, Well, Well, voilou, je me suis lançée dans la photo, cette adresse est mon studio. Je vends pas mal et en prime, je n’ai pas ma langue dans la poche, du coup je suis cataloguée lesbienne-bi ou à la rigueur, dans le meilleur des cas, castratrice-hétéro… Bah oui, y en a qu’en ont de sacrés interrogations existentielles ! Mais bon, vois-tu, je crois que là j’en ai vraiment trop marre de me prendre la tête pour des cons… Vi ?“… Patrice, tu dis ça parce que l’Espagne a le mariage gay. Vous, les Français… et les Belges sont pires, vous croyez que l’Espagne est un pays moins moderne parce que vous voyez avant tout Bénidorm et les trucs touristiques… Mais je te parle de photographies, d’ailleurs je t’ai préparé une séance de photos bien spéciales pour que tu en fasses un reportage dans GatsbyOnline“….
Je ne sais pas si c’est parce qu’en ce moment j’ai la Baraka…, en tout cas, il y a deux nuits j’ai cauchemardé d’une partie de jambes en l’air avec une fille magnifique…, un mix entre Eva Mandes et Jessica Alba…, une bombasse…, elle ne recherchait que mon plaisir…, entre caresses et fougueux baisers, je pouvais presque sentir la chaleur de sa chair tant l’exaltation était intense…
Heureusement qu’ensuite j’ai rêvé que j’étais dans les bras de Lo, j’ai risqué gros dans cette affaire, j’ai dû me pincer les c… pour me rendre compte que je rêvais vraiment…je me souviens même, après avoir joui…, avoir eu un moment de lucidité où je me disais que la réaction du parti socialiste à la candidature de Ségolène Royal n’a pas été des plus progressistes, mais qu’au moins il y a eu une érection dans l’assistance, celle de Patrick Poivre d’Arvor, subjugué par le nouveau style de Ségolène… alors, pourquoi être revenue vivre en Espagne, Anamary ? “Madrid, ce n’est pas l’Espagne, tu sais… et puis ce n’est pas moi qui ai choisi cette ville, c’est elle qui m’a choisie. Est-ce que je t’avais déjà dit que ma vie c’était une comédie sexuelle ? J’adore jouir, je rebondis à chaque orgasme“… Je suis multi-orgasmique, vivant le sexe pour mon plus grand plaisir… Pourquoi, Patrice, est-ce-que je te raconte ça, je sais plus bien, ah si, well, parce qu’il y a quelques jours, figure toi qu’on m’a congratulée sur la profondeur de mon anus, car tu sais que je suis très anale… C’était il y a deux jours, pendant que je regardais une nouvelle émission à la télé et qu’un couple me triturait par derrière…, j’ai eu soudain un orgasme épidermique. Tous mes poils se sont hérissés lors de la prestation d’Amy Winehouse, limite je l’ai trouvée séduisante, j’ai presque fait l’impasse sur son gros nez… et le mec en a profité pour me l’enfoncer bien profond… J’étais comme en lévitation au plafond“… La littérature est un art moins subversif et les bons écrivains, ceux qui auraient des choses à dire, ne sont pas forcément publiés… Juste un truc, encore, à te raconter, rapport à la province, c’est que je crois que j’en suis devenue allergique. Ouais. Vi ! En revenant de là bas, vla’ti’pa que ça me démange de partout. Au début je pense à une violente attaque mousticulaire. Sauf que ça ressemble pas trop à des piqûres de stikmou. De fil en aiguille, ça se propage un peu partout sur mon ptit corps. Je panique, j’ai été élevée dans un univers d’hypocondriaques où t’es censé flipper à la moindre naissance d’une particularité physique inhabituelle. Bref. Je fais tout simplement une allergie à la piqûre de moustique en fait. Faudrait voir à pas me prendre pour une plaquette de Vapona quand même hein !“…
Je sais qu’au delà d’être tonitruante, Anamary a un potentiel et pas des moindres. Je lui réponds que c’est parce qu’il y a énormément de subventions, alors on aide ceux et celles qui écrivent les livres que la classe dominante veut lire… elle finit par éclater de rire en disant : “Ce n’est même pas l’art qui me touche le plus finalement. La musique et la peinture me mettent dans des états qu’aucun livre ne me fait même entrevoir. Pourtant, j’adore lire. C’est juste que je peux littéralement entrer en transe en écoutant un morceau. Tu vois, je ne fais rien de très bon avec un pinceau et je suis mauvaise musicienne. C’est juste que j’arrive mieux à raconter les histoires que je vois par ce biais-là. Et je vois vraiment des histoires, elles arrivent comme des visions, les personnages sont vivants et entiers sans que je les construise. Elles sortent mieux, les histoires, si j’essaye de les photographier, voilà tout. Etre écrivaine n’a jamais été mon rêve, par contre je me sens photographe… Mon rêve absolu serait d’être assez connue pour ne plus devoir faire ma propre promotion. Alors, je suis prète à tout pour que tu exposes mes photographies, d’abord dans ton site GatsbyOnline, puis dans ta Zgallery à Zeebruggen in Belgïe… j’y tiens !… Vi ! Well, sur ce, faut que je te laisse j’ai mon bain truffant (aux truffes) qui m’attends ! Bon week end et Auwidersen meine Liebe ! Kissssssssssssssssssss“…
Que se passe t-il si on attache une tartine avec de la confiture sur le dos d’un chat si la tartine tombe toujours du coté de la confiture et que le chat retombe toujours sur ces pattes… : “Patrice, attends que j’ai fini mon bain truffant, après je vais être vachement sexuelle et portée sur la galéjade ! Oh oui, j’en jouis déjà de bonheur ! Olé ! It’snt… C’est dingue en ce moment rien ne m’arrête ! Impossible de calmer mes ardeurs ça devient grâââââve, j’t’assure ! Ça vient tout à coup, sans crier gare, ça me prend au ventre, j’ai chaud, la tête qui tourne, il me faut absolument jouir dans la minute ! C’est dément comme ça peut me mettre dans un état limite orgasmique… Mais là, il faut vraiment que je me détende du string parce que je vais finir dans une cellule psychiatrique pour fétichistes“…