Encore un an à attendre et je redeviendrai tendre…
Comme vous le savez, j’ai pris ma retraite plein sud franchouille dans le Golfe de Saint-Tropez… et j’ai ainsi, plus ou moins, abandonné le temps ou je passais un temps fou à me disputer avec tout ce que la terre regorge de pire en matière de glandeurs venant mater mes voitures “de collection” en me demandant quel en est mon dernier prix…, et ce, dans des shows de voitures dites “de collection” (je me suis toujours demandé pourquoi cette appelation non-controlée…) ou j’exposais mes voitures “de collection” (quoi de plus logique d’exposer des voitures “de collection” dans un show de voitures “de collection” ?)…
A chaque foire, même (et surtout) celles aux bestiaux…, les “dingos”, les “hirsutes”, les “beaufs”…, ils étaient là à mater, re-mater, mettre leurs mains pleines de doigts partout, tentant de découvrir une griffure, un défaut quelconque (que parfois ils ont fait eux-même dans un show précédent)…, me demandant ensuite, sans aucune formule de politesse : “C’est quoi, hein, TON dernier prix ? Y a comme un défaut, là, alors faut diminuer si TU veux qu’on achète. TU reprends ma Lada de collection, hein, pas beaucoup roulé…“…
Mais ils s’en f…. de mon dernier prix, c’était juste pour faire la conversation, ils n’achètaient jamais rien, sauf des frites, et encore, s’ils pouvaient emporter leur friteuse dans le coffre de leur Lada, ils auraient “frité” eux-mêmes…, les rats !
Lorsqu’on a le malheur de posséder diverses voitures “de collection” (et d’être possédé par elles), sortir de ce maelström infernal que sont les shows de voitures “de collection“, creuset des vices, vis et boulons d’origines indéterminées et de la décadence humaine ou œuvrent divers Satans et consorts qui rabaissent l’homme blanc au niveau du nègre, oh pardon… qui rabaissent les vendeurs (ils sont tous blancs, vous pouvez vérifier) au niveau des nègres (j’ai pas écrit “noirs” parce que je ne suis pas raciste…), qui rabaissent l’homme au niveau de l’animal qui ne peut pas vendre et donc ne peut exister…, merde quoi, on ne peut plus s’exprimer librement…
Bref…
J’étais confortablement installé sur ma chaise pliante en toile jaune, celle dont l’armature en tubes d’aluminium déchire régulièrement mes pantalons à poche (les poches se coincent dans les systèmes de fermeture de la dite armature), j’avais mes fesses comme sur des petits oignons ardents : un mot de trop de ma part et toute créature passante à proximité détenait alors le prétexte de refuser de m’acheter quoique ce soit (y compris la chaise pliante), me supprimant la thune nécessaire… et beuglant à la ronde qu’on devrait m’envoyer “aux Beaumettes”, me dénoncant comme étant l’auteur irresponsable qui écrit des insanités sur les bagnoles “de collection”…
Mais, finalement je suis tombé sur une petite crème, une fille qui mettait sa casquette à l’envers parce que ça faisait plus rebelle.
Je lui ai filé en toute innocence ma carte de visite pour qu’elle aille (ouille, aïe, piting, ça fait mâle…) zieuter mon web-site www.GatsbyOnline.com et je me suis lâché, lui proposant un café en dehors du show…., mais, gentiment elle m’a rembarré…
Généralement je fais illusion jusqu’au moment ou j’aborde l’aspect sexuel de toutes relations : le vélo sans selle bi-place finit toujours par achever la future relation avant qu’elle ne commence, mais là, même en lui suggérant une balade en GT-40 voire en Corvette ou en Prowler, ce fut encore pire !
Mais, c’est ma faute, les contes de fées n’existent que dans les nanars d’Hollywood ou les “Foto-Novella” brésiliennes.
Toutefois, elle ne m’a pas fait le coup de la fille conne qui sent des pieds, qui habite dans un taudis mais qui en réalité est une super bombe et qui grâce à sa gentillesse va réussir à se faire aimer du riche milliardaire qui s’ennuie…, non, de plus ce milliardaire n’existe pas.
Généralement la fille se fait kidnapper par le dit milliardaire qui est un paumé…, qui la drogue pour lui piquer ses reins car en vrai il fait du trafic d’organes.
Donc avec un peu de jugeote, je me serais abstenu.
Mais vous me connaissez, je suis un vrai psychopathe et j’avais décidé de me crasher contre le mur de son amour.
Ben oui, c’est pas la peine de jouer les winners, de faire mon sourire carnassier, mon regard : “je t’offrirais des perles de pluie venues de pays où il ne pleut pas”, quand la meuf en face a un sac Eastpack bourré de sandwich’s sur le dos…
C’est comme déclarer son amour à une pharmacienne après lui avoir demandé une crème contre la chtouille.
C’est perdu d’avance…
Cette fois, le côté : “je vais te sortir de la mouise” n’a pas fonctionné.
Que voulez vous “open bar pour les DJ” était plus tentant pour elle…
Avant DJ c’était Disc Jokey, c’était le mec des discothèques, le roi de la night qui faisait et défaisait les couples à coup de slows assassins (je ne veux pas dire par là qu’Assassin faisait des slows).
Et puis c’est devenu un métier valorisant et même une catégorie en vue, et une starification établie…, le seul problème, c’est que dans toutes les villes y a toujours une bande plouc de pousse-boutons qui s’auto proclament DJ : “Tu mixes où ce soir ?”, alors que le mix se résume à ne pas faire de blanc entre deux morceaux.
La dernière fois ou je suis allé en boite, le mec avait même programmé son ordinateur pour que la play list s’enchaîne toute seule.
Je le voyais faire semblant de régler un bouton histoire de se donner une contenance, piting, c’était pathétique !
J’ai su qu’il passait ses journées à préparer son taf, toutes les parades de la fanfare municipale de Palavas-les-Flots, les morceaux les plus obscurs qu’on serait susceptible de m’envoyer dans la face : polyphonie pygmée, indus Allemand, pop japonaise, générique télé revisité, fanfare tzigane, électro raï, lounge, stoner, versions de Devo au piano pour enfants, Madonna turque, Ac/dc bossa nova…
C’est beau la musique, mais c’est lourd quand faut trimballer les skeuds + la platine dans un sac à dos, car il n’a pas de voiture…
Je vous passe les détails, mais c’est un mec foireux, inintéressant au possible.
Seule chose à retenir : il a beau être DJ dans un bar rock’n’roll, avec des chevelus et des Punk’s et des Goth’s, il bénéficie au mieux d’une oeillade complice de quelques boudins en lançant : “I wanna be your dog”, mais le bar ne “bouge” que lorsque je place Robbie Williams sur le Juke-Box…
Hé ouais man, range tes Cramps et investi dans une chouette Corvette Big-Block de 1966, j’en ai justement une !
C’est le secret, l’habit ne fait pas le moine.
Mais bon, tout ça c’est peanuts, hein…
Je suis le style à acheter des fleurs à minuit sur un parking désert, f…. des pétales et des bougies autour du lit comme dans n’importe quelle comédie romantique américaine (d’ailleurs je me demande bien d’où ça sort le coup des pétales par terre, on voit que c’est pas eux qui balaient…, ça c’est la question qui ne se pose jamais : une fois que les tourtereaux ont fait l’amour en se retournant avec une volupté qui feraIT pâlir n’importe quelle gymnaste asiatique et s’entortiller dans les draps, personne ne pose la question de savoir qui va nettoyer la merde…, parce que les pétales, un coup d’aspirateur et hop, mais les bougies… , la cire sur le plancher, bonjour…).
Bref, je crois qu’on nous ment : mon lit ne fait pas quatre mètres de large, les draps ne sont pas en soie, la vue ne donne pas sur l’océan et la p’tit meuf qui est dans mon lit, ne chevauche pas un pur sang blanc sur la plage à 5 heures du mat’ dans le soleil levant.
Elle en est même loin, mais que voulez vous, elle m’a choisi hier soir dans un bar (j’étais le dernier, après moi y en avait plus d’autre…, c’était moi ou son godemichet à deux têtes rotatives qui fait Bip Bip avec l’air des lampions qui d’ailleurs s’allument en rythme…), et j’ai pas osé dire non.
La “rentrée” sexuelle commence plutôt mal : il pleut, le ciel est bas.
Ma p’tit meuf de l’autre soir, que j’ai gardée la journée, multiplie les oeillades et les bisous, folle de joie d’aller manger dans un restau’ avec moi.
Alors que je suis en route pour vérifier chez quelques carrossiers l’avancement de certaines de mes voitures, toute la journée je reçois des SMS enflammés.
C’est elle.
Elle a dû relire sa collection de Biba magazine et Femmes Actuelles pour être aussi entreprenante.
Le genre de truc avec les mille conseils pour ré-instaurer la folie, reconquérir l’amant d’un soir, ré-activer le désir, retrouver l’être primal…
Moi…
Piting !
A 18h30 je rentre et elle est déjà là, toute pimpante, à m’attendre.
Elle est allée chez le coiffeur.
“Et toi, tu comptes sortir comme ça ?”, me dit elle.
Je me regarde : … ben quoi ?
“Tu vas te changer et t’habiller correctement”…
Fuck, j’ai l’impression d’être chez ma mère à Noël, bien s’habiller pour manger dans la même salle à manger qu’à midi, à l’heure du thé.
Je mets donc un autre t-shirt de même couleur (noir) et un autre pantalon à poches (le beige au lieu du noir), en maugréant intérieurement sur les valeurs qui régissent notre société, et ma faiblesse.
Autrefois je l’aurais envoyé balader, j’aurais téléphoné à mes potes et on aurait été boire des Mojitos, mais aujourd’hui, avec une gueule approchant le sharpeï (ce chien tout fripé qu’on a l’impression qu’il est doté d’une fonction essorage intégrée) et un peu plus de bide, je deviens sage.
Je vais donc prendre une douche.
Il est l’heure et nous partons “Aux Délices du Mandarin“, un restau’ chinois à la sortie de la ville.
Ce truc doit être un ancien garage réaménagé, ça me donne des idées, pour le jour ou je ne vendrais vraiment plus aucune voiture, m’étant disputé avec absolument tout le monde…
A côté de la porte au dragon peint, il y a deux grandes baies vitrées, deux super grandes baies vitrées.
De loin la salle de restauration ressemble à un gigantesque aquarium.
On voit tout de la rue !
En plus les poissons sont pas vivaces, alignés qu’ils le sont comme de dociles sardines, comme un élevage en batterie de couple heureux.
Nous pénétrons dans la base secrète de Fu man Chu.
Un de ses sbires nous accueille avec amabilité et nous place.
La table doit provenir de la dînette de sa fille tant elle est petite.
Je me demande même si il ne faudra pas manger dans la même assiette et boire dans le même verre.
Nous sommes coincés entre un couple de jeunes étudiants, et un couple qui à la trentaine.
J’espère qu’ils n’ont pas commandé de poisson car avec les 10 centimètres réglementaires qui nous séparent, il faudra que je mâche avec une pince à linge sur le nez.
De plus il va falloir se concentrer pour ne pas entendre leur conversation.
En commandant l’apéro, je pense soudain que les filles ont une idée précise du romantisme, et si musique il y a, ce doit être au moins les violons, les mêmes que ceux des pubs de lessive s’il le faut.
Le classique de la poudre à laver, Ludwig von Bonux, Amadeus le chat machine, Richard Persil anti re-déposition…
A priori, le violon tzigane (zinedine) n’a pas cours au pays du soleil levant (oui, ok petits étudiants en géographie, le pays du soleil levant c’est le Japon et je suis dans un restau’ chinois. Et si je vous disais que le mec à la plonge est lithuanien, qu’est ce que vous répondriez ? Ok, c’est bien ce qui me semblait…) !
Piting !
Elle me prend la main alors que j’allais me servir du rouge, quel timing…, et me demande : “Tu me trouves belle ?”.
C’est quoi ça ?
Elle va me faire passer le check-up complet ?
J’espère qu’elle s’arrêtera avant intelligente et spirituelle…
“Ouaisss, belle comme un camion Peterbilt“, dis-je en pensant qu’elle a un sacré cul et en matant celui de ma voisine.
C’est une superbe brune qui se fait draguer façon minable par un blondinet…
Je lui dit, (au blondinet), histoire de f…. le bordel (j’aime ça…), tout en lui donnant ma carte de visite : “Pour la grosse voiture, on peut toujours faire un crédit, pour la sale gueule, c’est inné, faut juste s’habituer“.
Tous les gens sont hyper fun, hyper décontractés, hyper souriants, on se croirait dans une pub pour une entreprise américaine.
On a le spirit de la life en nous et on se ment à tour de bras.
Tant de mesquinerie réunie dans un si petit endroit donne le tournis, je me demande si je devrais pas appeler le livre des records.
Une fois que le blondinet m’a dit tout l’amour qu’il éprouvait pour moi, on en revient à des choses plus pratiques : est-ce qu’il a appelé pour avoir des devis pour les doubles vitrages ?
Et la fuite dans la buanderie, quand vient le plombier ?
Ca a marché, le blondinet et la jolie brunette sont partis s’installer plus loin, me laissant (enfin) toute la place que je méritais…
Pour eux aussi c’est le bonheur.
La mafia chinoise sert ici des nems surtaxés et caoutchouteux, le vin vient au moins du LIDL d’à côté de chez les frères Tang, mais les serveurs ont le sourire.
Tu parles, avec ce que que je vais leur lâcher…
Il est 22 heures, le banc de poisson commence à prendre cong(el)é.
Un dernier éclat de rire pour la galerie et je tente de sortir comme un prince.
Je règle.
Ben oui, l’homme règle.
40 euros par personne pour tirer un coup de plus après dîner…
Pardon, je suis lourd, sûrement le saké.
Dans la voiture, je lui tend un petit paquet, un cadeau.
C’est un 45t de Joe Dassin que j’ai retrouvé dans une caisse au fond du garage.
“C’est trognon”, me dit-elle…, “Pourquoi ne me l’as tu pas donné avant ?“…
Tu parles, j’avais trop la honte.
Déballer ce truc devant tout le monde, ah non….
Voila, on rentre.
Elle se colle contre moi.
J’ai la sauce soja qui me tourne-boule l’estomac, mais je continue à faire le mâle.
Parce que oui, va falloir assurer… et plus que d’habitude.
Ce soir tout devra avoir un goût de bombe atomique et de plage d’Acapulco.
On se roule des pelles et on se culbute dans le canapé, et là, malgré mon mal de ventre, j’assure à mort et ses cris déchirent la nuit comme un coyote hurlant à la lune.
Les voisins, jaloux, essaient de crier plus fort, alors on en rajoute une couche.
Et puis, à bout d’argument, je vais chercher mes micros et je nous branche sur la chaîne.
C’est notre soirée oui ou non ?!
Voilà, c’est fini.
Mais heureusement demain est un autre jour : “Encore un an à attendre et je redeviendrai tendre”, dit la chanson (cherchez pas, vous la connaissez pas).
Putain, un an ça passe vite.