Femmes de chambre…
Le mystère de la chambre 2806, soulève les foules, une jupe et un mythe : celui de la soubrette, un plumeau, un tablier et une jeune femme prête à prendre l’ascenseur social pour atteindre le septième ciel !
L’affaire est lourde, le ton est léger…., une manière de faire redescendre ce drame du 28e étage au second degré !
C’est une image d’Épinal qui ne cesse de nourrir l’imaginaire érotique…, et pourtant ce “Soubrette-gate” a un autre message, bien au-delà de la moquette du Sofitel.
Je me garderai d’émettre tout jugement concernant cette affaire puisque je ne connais toujours pas les vraies preuves de chaque partie (des corps), mais il me parait intéressant de me pencher sur le cas de la soubrette (n’y voyez aucune allusion, aucune…).
Pourquoi ce métier fait-il autant fantasmer ?
Muse des films de Buñuel ou d’Almodóvar, héroïne de nombreux romans, source d’inspiration pour Serge Gainsbourg ou encore grand classique chez Marc Dorcel (cliquez sur la vignette rose dans le bloc de vignettes en bas de la page, où celui situé en haut de page), la soubrette fascine, inspire ou porte plainte…
Il suffit de “googliser” le mot “soubrette” pour se rendre compte que ce terme se retrouve plus souvent répertorié dans des sites X que dans des sites d’emplois à pourvoir.
Entre l’affaire du Sofitel et le scandale du frère Middleton, le mot “soubrette” s’est retrouvé projeté dans les tops recherches sur Google… en effet, après le fessier de Pippa, le mariage de Kate…, la presque-famille royale Middleton avait subitement été liée à une étrange polémique BDSM.
Des photos du fils cadet James Middleton, déguisé en “soubrette soumise” lors d’une fête entre amis, avaient fait rougir la reine et ont ré-joui ses sujets.
La soubrette est en effet un mythe longtemps dicté par un quotidien un peu trop machiste.
Selon une étude Ipsos, plus de 67 % des hommes refuseraient de s’occuper de tâches ménagères comme nettoyer les sanitaires, changer les draps, nettoyer les vitres…, considérant ces tâches comme un affront à leur virilité.
Testostérone et nettoyage ne font pas bon ménage.
Le mythe de la soubrette se nourrit de tous ces combats, faisant éclater au grand jour un tabou longtemps protégé, celui des amours ancillaires… pas de quoi fouetter une chatte : c’est le grand retour des amours ancillaires
Brouillon de culture, bouillon de luxure…, l’amour ancillaire est comme un doux euphémisme pour qualifier une relation avec une servante.
Nourrie par la littérature et le cinéma, la jouissance avec une domestique s’inscrit comme une scène d’un érotisme ordinaire imprimée sur un fond de toile de Jouy.
Ainsi dans les oeuvres de nombreux écrivains, on peut y décrypter des scènes d’amour de ce type.
Déjà Marcel Aymé, dans son roman “La Jument verte”, brisait cette forme d’omerta autour du troussage de domestiques : “C’est pourquoi il ne fut jamais si ardent à caresser la servante que dans les dernières années de sa vieillesse, qu’il avait assis sa situation de fortune, et s’en donna d’autant plus librement que ces amours ancillaires lui semblaient, par leur peu d’importance, échapper à toute espèce de reproche” (M. Aymé, La Jument verte, 1933).
Femme de chambre, femme de ménage, soubrette, agent de surface…, jamais le métier de la propreté n’aura autant été sali… dans le top 5 des activités les plus fantasmées, le plumeau décroche la deuxième place, époussetant ses rivales pompom girl, institutrice et infirmière… le tout évidemment régit par les consignes de la légendaire hôtesse de l’air, fantasme toujours numéro 1.
Alors que Jacques Dutronc préférait chanter les louanges de l’hégémonie sexuelle de l’hôtesse de l’air, Serge Gainsbourg, lui, offrait ses mots à sa femme de chambre :
“Tu peux faire ce que tu veux, je ne t’oublierai jamais
Tu peux faire ce que tu veux, je t’engendrerai toujours – encore –
Tu peux faire ce que tu veux, je n’oublierai jamais – ma soubrette –
Tu peux faire ce que tu veux, je ne t’oublierai jamais
Il est temps de ranger ton amour dans tes mains
Il est temps de donner une deuxième chance à ton amour”.
(Extrait de My Soubrette (Ma Soubrette) S. Gainsbourg).
C’est comme une Madona du cellier qui aurait pris du galon dans le cinéma.
Alors que dans les pièces de Molière, les domestiques s’appelaient Dorine ou Georgette et endossaient plus le rôle d’entremetteuse que d’objet de tentation, au grand écran, ces mêmes femmes de chambre se voient baptisées d’un court prénom en A et d’un uniforme taille XS.
Un rôle presque glamour, nourrit par le travail des costumières qui ont offert à cette domestique un soupçon de sex-appeal… l’habit ne fait pas le moine, mais fait la soubrette.
Alors que la tenue classique d’une femme de chambre était longue et austère, le cinéma érotique et les “telenovelas” lui offrent un nouvel uniforme résolument plus court et affriolant, la soubrette devient ainsi une panoplie comme l’est celle de la bunny ou de la catwoman.
La bonne ponctue les pellicules de films, de Jeanne Moreau en uniforme Pierre Cardin dans “Le Journal d’une femme de chambre” de Luis Buñuel… à Jennifer Lopez dans la superproduction “Maid in Manhattan” en passant par Louise, incarnée par Emmanuelle Béart, dans “8 femmes” de François Ozon.
La soubrette est donc une bonne à tout faire…
Même du cinéma, comme le représente cette photo ci-dessus, extraite du célèbre film Japonais de Kursiwikatama Obito : “Sekkusu o tanoshimu dansei o mezashite meido”…
Tout un programme fort alléchant et très aspirant inspirant… c’est une pantalonnade qui donne une nouvelle allure à cette légende.
La direction du Sofitel vient d’annoncer à son personnel de chambre féminin qu’elles ont à présent le choix entre une jupe et un pantalon, la soubrette en pantalon…, c’est la fin d’un mythe !