Parmi les légendes les mieux établies, il y a celles qui se rapportent au sexe des Noirs, qu’on dit démesuré…, et à leurs prouesses sexuelles présentées comme inépuisables.
Racisme, que tout cela !
Car, affirmer que les Noirs ont un sexe surdimensionné, c’est proclamer, en même temps, qu’ils sont plus proches des bêtes que des êtres humains.
Mais, la curiosité aidant, cette légende a produit des effets indésirables !
Le savant grec Hérodote affirmait que l’Africain “copule en public comme les bêtes” et que sa semence est noire.
Romains, Arabes, juifs, chrétiens, Chinois…, tous ont infériorisé les Noirs.
L’origine la plus significative du préjugé de la taille du pénis remonterait à la malédiction biblique des descendants de Cham, qui avait surpris son père Noé entièrement nu.
“Les premiers théologiens ont expliqué que Cham avait abusé sexuellement de son père et que, pour punir le fautif, la descendance de son fils Canaan aurait été condamnée à l’esclavage et aurait aussi la peau noire et un pénis ‘ignominieusement’ long.”
Grands négriers, les Arabes ne sont pas en reste, ils racontaient que les Noirs étaient responsables de leur état d’esclaves puisque leur débauche sexuelle les empêchait de se défendre.
Dans les colonies d’outre-mer, au XVIIIe, le préjugé sexuel, “frère jumeau du préjugé de couleur“, a aussi servi à justifier l’asservissement des Noirs.
Ces légendes ont bien sûr suscité les fantasmes les plus fous.
Les confidences d’une Européenne au sujet de ses ébats avec son esclave de Saint-Domingue sont éloquentes : “Cette classe d’hommes ne dit rien et fait beaucoup, contrairement aux Blancs qui sont des amants musqués, faibles et délicats, parlant beaucoup mais faisant peu,“, affirme-t-elle !
Aujourd’hui, certaines nynphomanes Occidentales se lancent à l’assaut des capitales africaines en quête d’un puissant éphèbe….
Motivées par la recherche d’orgasmes puissants et exceptionnels, elles le sont souvent par le fantasme racial.
Le témoignage d’un escort boy Noir est éloquent : “Certaines Blanches, dit-il, attendent de moi une vigueur inhabituelle, que je sois bestial… et naturellement, je joue le jeu ! J’ai même préparé une sorte de safari BDSM sexuel me mettant en scène sous l’apparence d’un grand-Sorcier, aidé par deux assistantes… Cela se déroule dans un petit village que j’ai recréé. Tout y passe, depuis la poursuite dans la brousse, l’arrachement des vètements, le viol sous un baobab, l’arrivée de quelques guerriers, l’attachement de la cliente blanche et le retour au village avec préparation d’une énorme marmite qu’on fait chauffer pendant qu’on re-viole la cliente…devant, derrière, ainsi que des fellations pour tous les “guerriers” sur-membrés… Généralement elles sont satisfaites et nous aussi !“.
Il faut reconnaitre que de cette façon, les noirs alimentent cette légende !
Mais toute cette affaire ne s’arrète pas là.
Tout comme certaines vont au Brésil pour être baisées par des transsexuelles, d’autres femmes en manque (ou les mêmes) vont en Afrique pour être baisée par des Noirs disposant d’un sexe surdimensionné.
De ce fait, tout comme certains Brésiliens se font transformer, certains Noirs utilisent divers moyens pour agrandir leur sexe.
Le principe est le même dans l’industrie pornographique.
Tel acteur, vante un film X, fait l’amour, “avec son obélisque“, comme d’autres font la guerre.
Les acteurs noirs ne sont recrutés que sur la base de leur sexe démesuré, assure une actrice que nous avons contacté.
Du coup, des Blanches refusent de tourner avec des Noirs, souvent par racisme, mais aussi par peur “d’avoir mal“.
Difficile de s’y retrouver…
Serge Bilé l’auteur de ce livre, n’est pas un auteur de tout repos.
Le livre La légende du sexe surdimensionné des Noirs est tout à fait opportun pour branler ce sujet….
Il avait déjà lancé un pavé dans la mare, celui-ci fit d’autant plus de bruit que ne nul ne l’attendait : il faut dire que Noirs dans les camps nazis tombait à pic avec l’ouverture de l’année de la commémoration du cinquantenaire de la libération des camps.
Cette fois, l’angle est assez différent, et le contexte nettement plus tendu (sans jeu de mots).
A croire que l’auteur, journaliste à RFO, cherche les coups.
D’ailleurs, cela n’a pas tardé : dans certains milieux noirs, ce Français d’origine ivoirienne passe pour traître, collabo ou plus exactement “bounty“, c’est-à-dire noir dehors, blanc dedans.
Son crime ?
Croyant bien faire, dans un élan d’antiracisme, il a démystifié une légende qui touche au tabou des tabous : la puissance sexuelle prêtée aux Noirs.
Son livre s’intitule tout simplement La légende du sexe surdimensionné des Noirs (195 pages, 14 euros, édité chez : Le Serpent à plumes).
Un cahier central présente bien quelques portraits et tableaux mais aucune concession n’est faite au voyeurisme ou à la pornographie.
C’est une enquête historique.
Pour cela, Serge Bilé a naturellement interrogé les livres d’histoire, l’anthropologie, la psychanalyse, les sportifs, les sexologues, les producteurs de films X mais aussi les chansons, l’argot, la publicité, les histoires drôles et les contes et légendes.
Le résultat est plus superficiel que si un sociologue avait empoigné le sujet, mais il permet déjà de bien étayer la thèse de l’auteur, son postulat même.
A savoir que de tous temps, la rumeur publique a accrédité l’idée que les Noirs étaient dotés d’un sexe bien plus long et plus épais que les blancs et ce à seule fin de mieux les bestialiser.
De mieux les déshumaniser (sans même attendre le colonialisme…).
De quoi renforcer l’idée qu’ils ne sont au fond doués que pour ce qui relève de l’instinct primaire (courir, danser, chanter, forniquer) et non de l’intelligence.
Ainsi un stéréotype que l’on aurait crû valorisant se retrouve-t-il méprisant.
En fait, sur la question sexuelle, il en est des Noirs comme des Blancs : on y trouve toute la gamme, de l’étalon de concours au pénis introuvable.
Le plus drôle est que le préjugé est colporté depuis des siècles par des Blancs racistes, tant et si bien qu’aujourd’hui nombre de Noirs, eux-mêmes persuadés de leur supériorité sexuelle, ne supportent pas qu’on veuille la démystifier.
Au fond, démolir cette légende comme Serge Bilé le fait (et il va jusqu’à évoquer la triste condition des Noirs dotés d’un petit sexe, terriblement inhibés à l’idée de provoquer une double déception), c’est risquer de mettre à mal un cas historique de discrimination positive.
A cette aune, on mesurera l’enjeu politique d’un essai consacré au sexe des Noirs…