La pauvreté des âmes à la recherche du plaisir perdu…
Ambiance désolante…, je suis désolé…, un désillusionnement total qui finit en nu intégral sur les banquettes de skaï rouge.
Comme du piment pour épicer la peau, la brûler jusqu’au derme.
Cette nuit, les corps désabusés se sentent en vie…
Ils s’agitent, ils s’excitent, ils s’exhibent, ils se regardent… et pourtant rien ne vient !
Une fallacieuse effervescence anime les corps dans ce décor des mille et une nuits.
Elles dansent devant un grand miroir, hanches découvertes et nombrils exposés, haut des cuisses dénudé, seins que l’on n’a plus à deviner.
Leurs visages demeurent sans expression, elles dansent et derrière elles les chemises s’ouvrent sur des torses huilés.
Les ventres se frottent aux fesses tendues…, ce soir des affamés aux regards hagards s’agglutinent, certains tentent des approches maladroites.
Je ne danse plus, mon sourire a disparu, j’observe cette salle où les jeux sont déjà faits.
Faux semblant de plaisirs sous les caresses expertes de doigts unis au même ennui.
Positions allumeuses, tenues sexuelles exigées, gestes mécaniques et tout au fond des yeux un vide qui ne trompe pas…
La libido perdue sans trop savoir pourquoi, solitude à rompre, visages crispés…
Sous les masques ce cache la pauvreté des âmes à la recherche du plaisir perdu…
Ne te pose pas de questions, fais semblant mon amour, touche moi, montre que mes sens interdits s’autorisent à vibrer,que la sensualité s’exsude en eau salée, cyprine en tube largement consommée.
Que les désirs explosent…, touche moi mon amour, touche moi, fais de moi quelque chose, je veux jouir, là, ce soir, je veux jouir, jouir encore !
Tu vas pousser de petits cris puis faire croire que tu jouis…, elles succomberont toutes au spectacle offert.
J’attire tes prochaines proies, je m’agite en cadence, là sur toi, viens mon amour.
Observation intense…, les yeux à demi clos par un plaisir factice…, envoi de messages subliminaux, on expose, on propose sans mots dire dans des positions sans équivoques.
Invitation à l’échange…, on étale ses atouts, le dos collé aux froids carreaux du carrelage pique l’autre aux jeux.
Surrenchère…, ambiance désolante, je suis désolé devant les peaux froides, les yeux absents de joie.
Les têtes sont pleines de peines qui ne se soignent pas, sur ces divans là.
Je suis désolé de cette tristesse cachée, derrière chaque geste étudié, la jouissance semble se supplier, on espère à toute force qu’elle envahira le bas ventre… et avec un miracle le corps dans son entier, jusqu’à accélerer les battements du coeur prisonnier…, jusqu’à brouiller l’esprit…
On s’acharne…
On remue…
On gesticule sans sourire…
Bien-être sur les lèvres entrouvertes à toutes propositions…
Ambiance désolante, je suis désolé.
Crispation aux orgasmes qui ne viennent pas…, simili de plaisir sur simili cuir.
Je vous regarde, vous regarde encore, rien n’émane de vos corps, ni chaleur, ni désir, vous m’effrayez par vos mises en scène, vos sexes devenus objets restent pitoyablement ouverts, vvos yeux glacés implorant un plaisir absent…, vos mains qui ne s’attardent pas aux caresses…, tout me laisse de marbre.
La rencontre des corps se passe bien de calculs.
Les intentions de chacun se perdent aux plaisirs partagés.
Les peaux glissent, les soupirs s’exhalent aux rencontres des peaux gonflées…, l’esprit se vide soudainement, à l’instinct…, il s’envole ailleurs et la chair parle, crie, se perle de douceurs.
Avidité de l’autre sans réflexion aucune…, même celle du miroir disparait aux yeux qui se ferment aux brumes voluptueuses.
Je vous laisse à vos jeux sans saveur et sans feux.
Je suis désolé…, désolante vision de gens désabusés qui bradent le frisson par de pales intentions.
Je sors à l’air libre.
Je respire doucement.
Je pense à ces femmes croisées quelques semaines plus tôt…, quelques heures contre elles dans un corps à corps érotique…, je garde cette vision, ressens les frissons laissés sur la peau.
Mémoire de la chair, enivrement intense, partages fugaces, désirs, souvenirs, jouissance.
Je suis désolé…
Je ne peux pas rester au milieu des sexes morts.
Les coeurs ont des battements sourds au milieu des autres cœurs…, ce soir si je m’etais mélé à vous…, j’aurais eu l’impression d’être autre dans les autres…, d’être autrement !
Ils s’agitent…
Ils s’excitent…
Ils s’exhibent…
Ils se regardent… et pourtant rien ne vient.
Je pars !