L’univers est une immensité vide et obscure ne rimant à rien. Quelque part dans cet espace infini se trouve une petite sphère inutile nommée la Terre. Sur cette planète ridicule, plusieurs continents sont posés sur l’eau, qui se battent en duel pour rien. L’un d’entre eux s’appelle l’Europe. Au moyen-sud un peu vers la gauche se situe un rocher qui accueille les riches humains désœuvrés. Ce rocher a été surnommé par feu-Coluche : “Le rocher des putes”… tant les bars à putes sont innombrables mais l’un d’entre eux est renommé pour la qualité de son animation : Le Casino des Go-Go’s (A l’entrée, si vous dites “GatsbyOnline m’envoie”, il vous y sera réservé un accueil des plus chaleureux ainsi que 20% de réduction sur la première consommation sexuelle)…
Or, qui trouve-t-on, ce vendredi soir, accoudé au comptoir de ce lieu de débauche, en train de siroter un Mojito ? Moi, en personne, venu ici passer un moment euphorisant, prenant le risque de l’excommunication princière et la perte définitive de mes ex-amis de DPM Motors… qui ont fini par me payer les 500 euros de commission qu’ils me devaient depuis 10 ans en solde de compte pour une Ferraillerie inestimable… Je contemple les plantes vénéneuses qui ondulent sur le bar circulaire en léchant des barres verticales en acier comme on en trouve dans le métro parisien… quelques immondes se saoulent de ce spectacle de sexe et de violence entrechoqués… particulièrement une petite brune en guêpière et escarpins vernis à talons aiguilles… son nombril est percé d’un faux diamant… et un dragon est tatoué sur son épaule frêle. Elle se penche vers moi, souriante en se léchant les lèvres… Je lui dit :“Je préfère la culpabilité à la frustration”, en marmonnant, car j’ai eu une éducation jésuitique-hard lorsque j’étudiais l’architecture !
Je respire entre ses seins. Je ne peux m’empêcher de chercher un être humain dans ces endroits faux. Le monde est minuscule et il fait nuit noire dans tout l’univers. Le mélange des races me plaît autant que celui des alcools. Mais la show girl suce ses doigts en s’éloignant au rythme du tintamarre général vers deux Allemands ventripotents en tee-shirt Adidas qui l’applaudissent à tout rompre : L’amour et le désir sont deux choses distinctes ! On naît, on meurt, et s’il se passe quelque chose entre les deux, c’est mieux. Les enceintes crachent une vieille chanson de George Michael : I think l’m done with thé sofa / Let’s go outside. Apparait un transsexuel avec deux seins magnifiques contredits par un sexe en érection… un Suisse soupèse les seins, les couilles, déglande juste pour voir qu’il n’y a rien à voir, puis fait non de la tête… il comprend ce que ce hiatus peut avoir de troublant mais ce n’est pas ce qu’il avait en tête ce soir. Enfin un client coriace ! J’attend la prochaine surprise avec impatience ne me rendant pas compte qu’on ne peut pas attendre une surprise : c’est une contradiction dans les termes.
Une vieille peau flétrie déboule, elle est déguisée en écolière, avec une jupe plissée, ses cheveux ramenés en deux jolies couettes qui encadrent son visage semblable au masque d’une momie. Elle me demande : “You want grass ? opium ? heroin ?”… Je réponds : “Non merci, l‘ecstasy était ma drogue préférée mais je n’en prends plus : c’est trop pénible quand ça s’arrête”. Elle disparaît à reculons en susurrant “Connard de merde” (ce qui veut dire merci dans le dialecte du Rocher). Elle devrait être contente de sauvegarder son semi-pucelage pour encore quelques heures. Un voile coulissant laisse apparaître une rangée de filles presque nues, avachies. J’ai l’impression désagréable d’être un témoin chargé d’identifier une suspecte. Je commande un Rhum-Grand Marnier-Amaretto-Jus d’ananas-Grenadine-Jus d’orange… Entre elles et moi se dresse un mur encore pire que celui de Berlin : le mur de l’argent. L’une des filles s’est enfoncé un stylo feutre dans le vagin. Accroupie, elle écrit avec son sexe sur une feuille de papier. Au bout de quelques minutes de cette gymnastique complexe, elle se relève et brandit la feuille où est écrit : “Welcome” ! Je suis heureux de constater que la chose écrite a encore un avenir… une telle performance ferait un tabac au Salon du Livre !
Comme tous les texticules en fables de multiplication…, celui-ci a une morale à la fin. Ici, ca ne termine pas en couilles mais avec une ellipse. L’ellipse est une figure de style qui permet aux auteurs paresseux de ne pas tout raconter en détail. Cet élégant voyage risque donc de vous laisser, cher(e)s internautes, sur votre faim d’ignominies textuelles malgré que mon attention est soudain attirée par une des filles au corps particulièrement souple, élancé et voluptueux… D’avance, je vous prie de m’en excuser surtout après vous avoir offert une alternance de joie et de peine (comme disait Honoré Bostel)…