Les aphrodisiaques et autres choses…
Pourquoi ? Parce que la sexualité humaine est un phénomène extrêmement complexe et les causes d’impuissance sont multiples, diverses et encore mal connues sur certains points.
De nouveaux progrès de la médecine ou de la chirurgie permettent de traiter efficacement certaines de ses causes. Nous verrons dans cet article qu’il y a de vraies raisons d’espérer.
Mais faut-il pour autant se montrer crédule et donner la moindre confiance aux milliers d’escrocs.
Les amphétamines
Ces substances créent une hyperactivité physique, et une agréable euphorie. La communication parait plus aisée. Le timide ose aborder les filles, le refoulé sexuel fait preuve d’initiative en amour. Mais il s’agit d’impression. Les amphétamines ne donnent pas une conversation obligatoirement intelligente au premier dragueur venu. Et le refoulé sexuel ne deviendra pas, d’un coup de baguette magique, un amant expérimenté. L’abus d’amphétamines chez certains sujets commence à des doses très faibles, mais peut provoquer des tachycardies (accélération du rythme cardiaque) et des syncopes mortelles.
La cantharide (mouche espagnole)
Il s’agit d’un alcaloïde extrait des ailes préalablement desséchées d’un insecte très répandu
en Espagne. C’est un très puissant vaso-dilateur qui, au niveau du corps caverneux du pénis, provoque une action congestive parfois génératrice d’érection. Toutefois cette congestion n’a rien à voir avec une érection. Elle est suscitée par un phénomène mécanique et non pas le plan physiologique, le H aurait le même type de nocivité que l’herbe à Nicot, autrement dit le tabac et le même pouvoir accoutumant.
Le nitrite d’amyle (poppers)
Inhalé par beaucoup de jeunes (c’est un peu comme le LSD au niveau des ses effets), ce produit intensifie les sensations de plaisirs, mais n’a jamais donné de virilité à ceux qui n’en ont pas. Pour l’utiliser, il faut être un peu maso car ce plaisir s’accompagne de maux de tête violents et persistant. À doses élevées, il peut provoquer des syncopes. Comme beaucoup d’homosexuels l’utilisent, on a pensé, pendant un temps, que son usage favorisait l’apparition du sida. Cette théorie est aujourd’hui abandonnée : les poppers ne sont pas un facteur favorisant l’apparition de cette terrible maladie.
Les Alpha-bloquants
Dans la mesure où les diagnostics confirment que l’absence d’érection est due à une mauvaise irrigation sanguine du corps caverneux du pénis, les Alpha-bloquants se révèlent comme de très puissants et très efficaces vasodilatateurs. Grâce à eux, les impuissants chroniques peuvent retrouver leur virilité. Le plus employé des Alpha-bloquants actuels est la phentolamine (qui s’administre par injections quasi indolores directement dans la verge) et qui, en outre, a la propriété de lever quelques peu les inhibitions. Grâce à ce produit, et pendant des heures, des centaines ont découvert ou redécouvert la sexualité opérationnelle. Pour reprendre une image, on pourrait dire que les Alpha-bloquants ouvrent les écluses qui alimentent l’érection, ils agissent en bloquant les cellules alpha-réceptrices qui, mal réglées (sic !) font fermer les vaisseaux de notre corps. Dans l’état actuel de la technique, il est hors de question de les utiliser autrement qu’en injection locale car ils provoqueraient alors des hémorragies généralisées pouvant être mortelles ou en tout cas très invalidantes au niveau des capacités intellectuelles.
Les aliments aphrodisiaques
À peu près toutes les substances capables de passer par le gosier deshumains ont eu, en un lieu ou en un autre, à une époque ou à une autre, des vertus aphrodisiaques. Au siècle dernier, dans les milieux populaires, on vantait surtout les mérites de la viande rouge et sans doute cette croyance correspond à une réalité. Chez ces hommes et ces femmes sous-payés, miséreux, sous-alimentés, un amoureux avait surtout besoin d’un bon repas riche en calories pour retrouver ses ardeurs et l’envie de forniquer. C’est à peu près ce qu’il lui fallait pour penser à autre chose que sa faim ! Chez les snobs et chez les riches, les huîtres étaient en haute estime car, à cette époque, leur transport et leur conservation jusqu’à l’intérieur des terres posaient d’énormes problèmes. Les huîtres étaient rares, donc chères, donc mystérieuses et pourquoi pas parées de vertus aphrodisiaques. En vérité, il n’existe pas d’aliment véritablement aphrodisiaque, encore que la foi (qui soulève bien des montagnes) puisse à l’occasion soulever un pénis défaillant. On y croit, on veut que ca marche et ca fini par marcher ! Rien de physique, tout est dans la tête. Aujourd’hui, la recherche médicale a pris pleine conscience de ce phénomène et la même baptisé effet placebo. C’est dans cette aimable perspective qu’il faut considérer les aliments soi-disant aphrodisiaques prônés par les médecines douces et autres spécialités des régimes naturels miracles. Les uns conseillent de manger du chocolat (Sade et Casanova en étaient friands) parce qu’il contient des traces d’amphétamines sécrétées par le cerveau et sensé stimuler les fonctions sexuelles…, les autres préconisent le houblon pour son action oestrogénique, d’autres encore le magnésium, le zinc, le phosphore, la vitamine B1, la théobromine, le bépanthène… qui seraient des stimulants du système nerveux général…
On pourrait remplir ainsi des pages et des pages ! La vérité c’est que l’organisme assimile sélectivement toutes ses substances et, dans un louable souci d’équilibre, rejette celles que nous lui fournissons en excès. Quant aux carences, elles sont rarement traitées par l’apport de substance manquante. C’est au niveau de la capacité de l’organisme à en assimiler qu’il faut apporter un traitement. On peut quand même éprouver une légitime sympathie pour l’aimable charlatan, qui, il a quelques semaines, dans un grand hebdomadaire national, vantait avec sérieux les propriétés aphrodisiaques de l’excellent vin de Chablis. À noter toutefois que les régimes sans graisse doivent être évités car les hormones sexuelles sont synthétisées à partir des stérols et des acides gras stockés dans les graisses.
Les aphrodisiaques paradisiaques
Les propriétés aphrodisiaques de certains végétaux sont rapportées, à travers les âges et les traditions, sur tous les continents. Mais les laboratoires pharmaceutiques les dénigrent. “Quelles sont les véritables vertus du bois bandé, que l’on utilise à la Guadeloupe ? ” demande Roger, d’Annecy sur le site internet www.adirs.org <http://www.adirs.org> de l’Association pour le développement de l’information et la recherche sur la sexualité (Adirs).
Le Dr G.B. lui répond que cette préparation à base d’écorce de bois bandé, n’a pas fait l’objet d’études scientifiques. Puis il poursuit sa passe d’armes contre les plantes en général et le bois bandé en particulier : “Son efficacité n’a jamais été prouvée. En tant que médicaments, les seuls produits scientifiques testés sont les médicaments délivrés sur ordonnance”... Il ajoute qu’il en va de même pour les autres produits réputés pour leurs effets stimulants.
Ce site d’information du grand public est financé par les laboratoires Pfizer, qui fabriquent le Viagra. Cette société finance aussi l’important site universitaire de sexologie de l’AIHUS (Association inter-hospitalo-universitaire de sexologie). Cela s’appelle “verrouiller l’information”.
Ainsi, l’industrie pharmaceutique s’obstine à discréditer les végétaux qui pourraient concurrencer ses produits. Cela ne l’empêche pas de les étudier, par ailleurs, pour trouver de nouvelles molécules. Ce n’est qu’après les avoir brevetées à leur profit que les laboratoires daigneront en vanter les mérites. Les chercheurs se passionnent pour les plantes traditionnelles, y compris celles dites aphrodisiaques ou toniques. Les uns souhaitent en extraire les principes actifs. Quelques-uns veulent vérifier la véracité des traditions orales ou écrites. D’autres se passionnent pour la phytothérapie. Le succès commercial du Viagra ne justifie pas de jeter les plantes de nos grands-mères aux orties. Passionnés de plantes médicinales, Olivier de La Roque, botaniste, et son épouse Rachel Frély de La Roque, journaliste, ont parcouru les cinq continents, fouillé les traditions et passé au crible de l’analyse scientifique les principales plantes aphrodisiaques (Olivier de La Roque et Rachel Frély de La Roque sont les auteurs de “La Vérité sur les plantes aphrodisiaques”, éditions Librairie de Médicis). Ils distinguent des effets de plusieurs types : provoquer une détente propice à l’amour, et favorable à l’érection chez l’homme ; aiguiser les sensations ; susciter le désir ; générer une vasodilatation qui favorise la lubrification des organes génitaux chez la femme et l’érection chez l’homme ; entraîner une irritation des muqueuses ; activer la synthèse de certaines hormones.
Les pharmacopées indiennes et chinoises offrent de nombreuses plantes dites “adaptogènes” : par leur richesse en composés actifs, elles visent à rétablir l’équilibre de l’organisme.
Citons le ginseng, le schizandra chinensis, le whitania, etc. Les médecines orientales proposent aussi des plantes contre l’impuissance ou la frigidité. Olivier et Rachel de La Roque recensent une cinquantaine d’espèces en Asie.
Les traditions orales
En Afrique, les traditions orales ont pu être consignées dans un livre comme “Plantes utiles du Gabon”, écrit au milieu du XXe siècle selon le manuscrit d’un missionnaire, l’abbé André Raponda-Walker. Regroupant une centaine de plantes, avec leur nom commun et leur utilisation, il mentionne comme “plantes de l’amour”, le yohimbé, la cola et l’iboga : “On peut extraire une cinquantaine de plantes d’origine africaine qui ont une utilisation traditionnelle aphrodisiaque”, y souligne-t-il. Certaines sont reconnues, d’autres sont encore en cours d’étude.
Enfin, les pharmacopées européenne et américaine reconnaissent une dizaine de plantes aphrodisiaques, ainsi qu’une centaine de plantes excitantes ou toniques. On pourrait voir le fruit du hasard ou de l’imagination dans le choix des végétaux considérés comme aphrodisiaques sur les cinq continents s’ils ne présentaient aucun point commun. Il n’en est rien. Mentionnées dans les traditions de peuples qui, situés au quatre points cardinaux, s’ignoraient, nombre de ces plantes agissent pour les mêmes raisons. Elles renferment, pour la plupart, des alcaloïdes, composés fortement actifs contenant des molécules d’azote, à la forte influence reconnue sur le psychisme.
La mandragore
Certains aphrodisiaques contiennent des alcaloïdes dont le noyau est à base de tropanes (Les tropanes sont des substances voisines d’un neurotransmetteur, l’acétylcholine.). C’est le cas de la belladone (présente en Europe et en Afrique du Nord), du datura (Amérique et Europe), de la jusquiame ou Hyosciamus niger L. (Europe et Afrique) et de la mandragore (pourtour méditerranéen). D’autre types d’alcaloïdes (dont les noyaux appartiennent aux groupes indoles et tryptamines) ont des effets psychiques marqués. On les retrouve aussi bien dans les aphrodisiaques de l’Afrique de l’Ouest, comme l’alchornea ou le yohimbé, que dans ceux d’Amérique du Sud, comme le queracho-blanco et les ipomea. Certaines plantes stimulantes contiennent des alcaloïdes aux noyaux à base de purines. Ils sont présents dans le thé et le café, dans des aphrodisiaques comme la cola (Afrique de l’Ouest) ou le guarana (Amazonie).
Certaines plantes aphrodisiaques influenceraient même notre imaginaire érotique. Leurs alcaloïdes sont à base d’opiates et de carbolines. Ces substances excitent, stimulent, mais peuvent aussi aiguiser ou altérer la perception. Les opiates ressemblent aux endorphines et aux enképhalines que produit notre système neurologique. On en retrouve, au Gabon, dans l’iboga. Cette “boisson d’amour” peut provoquer des érections pouvant se prolonger plus de six heures , un effet antidépresseur et une incitation au fantasme. L’iboga renforce aussi la résistance. Nous recommandons toutefois la prudence à nos chers lecteurs car cette potion présente des effets secondaires parfois mortels ! Les tribus d’Amazonie, du Brésil à la Bolivie, connaissent une plante similaire, le yage ou Banisteriopis. Elle est tout aussi délicate à manier. Elle provoque une érection plus rapide et des orgasmes plus fréquents. Les effets de cette plante, tout de même périlleuse à manier, se produisent après une importante période de tremblements et de convulsions. Cela peut épouvanter le consommateur et faire fuir sa compagne. Toujours dans cette famille, les phénéthylamines sont proches des noradrénalies. On en trouve dans le chocolat ou le cacao, ils favorisent la sécrétion d’hormones du plaisir, ou endorphines, au sein de notre système nerveux. Les phénethylamines sont également présentes dans l’ephedra, arbrisseau de Chine et de Mongolie, reconnu comme aphrodisiaque sous forme d’infusion depuis cinq mille ans. Les alcaloïdes ne constituent qu’un des types de molécules impliqués dans cette pharmacopée. De nombreuses plantes traditionnelles aux vertus vasculaires et aphrodisiaques contiennent des composés phénoliques. Il s’agit par exemple de flavonoïdes pour des plantes comme le gingko biloba, la passiflore ou l’aubépine. C’est aux principes actifs de la famille des lignanes que l’on doit l’activité adaptogène du ginseng de Sibérie. Des effets sédatifs s’y ajoutent avec le fruit aux cinq parfums (Schizandra chinensis), originaire du nord-ouest de la Chine. Les shikimates sont présents, avec d’autres principes actifs, dans de nombreuses racines comme le gingembre (Asie du Sud) ou le kava-kava (îles du Pacifique).
Les stimulantes patates douces
Certaines plantes contiennent des hormones proches de nos hormones sexuelles. C’est le cas des patates douces (ipomea violacea et turbina corybosa). La première de ces plantes hallucinogènes (contenant aussi des alcaloïdes du groupe indole) est utilisée à faible dose pour stimuler la sexualité des femmes en Amérique du Sud. De même, le palmier de Floride (Serenoa repens) contient des hormones similaires aux œstrogènes et un alcaloïde. Dans ses utilisations traditionnelles, ses graines, pressées, donneront un jus fermenté. Il est proposé en cas d’impuissance pour maintenir les taux d’hormones sexuelles. Cette plante agit en synergie avec d’autres remèdes naturels, car les principes actifs travaillent essentiellement sur la glande de la prostate.
Maints aphrodisiaques n’ont pas livré leur secret
Bien des effets semblent liés à un mélange de substances actives agissant en synergie. En fait, aucune matière première végétale ou animale ne serait susceptible d’influencer la libido ou les capacités sexuelles. Mais il existe des plantes qui, en stimulant les sens, peuvent éveiller le désir sexuel, ou qui, stimulant les organes génitaux, peuvent stimuler les sens.