LES FANTASMES…
Le fantasme est une production de l’imagination par laquelle le Moi cherche à échapper à l’emprise de la réalité. C’est, en quelque sorte, un compromis entre réalité extérieure et intérieure, entre pulsions et interdits. Le fantasme fait partie de la vie, et plus particulièrement de la vie sexuelle, il est la construction imaginaire d’un scénario permettant d’accéder au désir et au plaisir.
Différentes enquêtes montrent que 90 à 95% des hommes et des femmes ont des fantasmes sexuels. Les fantasmes apparaissent généralement à la période de l’adolescence, dés les premières masturbations, mais quelques personnes disent avoir eu des fantasmes sexuels conscients, bien avant cette période de l’adolescence (vers l’âge de 6 ans).
Les fantasmes peuvent être mis en jeu, en dehors de toute situation érotique ou lors d’une activité sexuelle le plus souvent par des stimuli érotiques de type visuels, tactiles, auditifs ou olfactifs. L’érotisme de l’homme est généralement plus visuel, celui de la femme plus tactile. Un homme se retournera plus facilement sur une belle fille qui passe dans la rue, qu’une femme sur un Apollon, et une femme sera généralement plus sensible à la façon d’être touchée et caressée, qu’un homme.
Les fantasmes, mis en jeu lors d’une activité sexuelle, ont pour finalité d’augmenter le plaisir et la jouissance au cours de l’acte sexuel. Ils sont un moyen supplémentaire pour activer l’excitation et d’obtenir un orgasme. Au cours de la masturbation, 70 à 75% des hommes et des femmes ont recours aux fantasmes pour obtenir une excitation et un orgasme. Les femmes fantasment plus pour pouvoir obtenir un orgasme que les hommes, essentiellement sur un partenaire de remplacement qu’elles ne connaissent pas, alors que les hommes fantasment plus souvent sur une personne connue dans leurs entourages (ou sur un personnage public).
Lors d’un rapport sexuel, la mise en jeu des fantasmes est moins fréquente que lors de la masturbation puisque l’objet d’excitation est à portée de main. Les partenaires d’un couple nouvellement constitué n’auront pas besoin de beaucoup de fantasmes pour faire naître le désir l’un de l’autre. Les couples, constitués depuis longtemps, auront beaucoup plus besoin de développer leurs fantasmes pour déclencher leurs désirs et leurs excitations réciproque. Un certain nombre d’impuissance et d’anorgasmie sont tout simplement le fait d’une absence de vie fantasmatique.
Les fantasmes les plus courants chez l’homme sont : la sodomie et la fellation (plus de 50% des hommes fantasment ce type de rapport, qui devient pourtant une réalité de plus en plus fréquente), le voyeurisme, l’exhibitionnisme, la sexualité de groupe, une expérience échangiste, le triolisme, une expérience homosexuelle, et le sadomasochisme.
Chez la femme, les fantasmes les plus fréquents sont : le remplacement du partenaire habituel (plus de 50% des femmes fantasment ce type de rapport), un rapport idyllique, un rapport imposé, les caresses bucco-génitales, l’exhibitionnisme, une expérience homosexuelle, une expérience échangiste, le triolisme, le masochisme et plus rarement le sadisme.
Ce qu’il est important de noter, aussi bien chez l’homme que chez la femme, c’est la diversité des fantasmes au cours de l’acte sexuel suivant la charge émotionnelle au cours de cet acte. Les fantasmes ne seront pas identiques lors de la phase d’excitation, de la phase pré orgasmique ou post orgasmique. De manière générale, plus l’excitation est forte et violente plus le fantasme est agressif. Inversement en phase post orgasmique des états de tristesses sont relativement fréquents.
Les fantasmes jouent un rôle essentiel dans le déclenchement du désir, de l’excitation sexuelle et de l’orgasme. Le manque de libido et d’intérêt sexuel, la difficulté pour obtenir un orgasme, chez les partenaires d’un couple constitué depuis plusieurs années, peuvent être traités par la réactivation de la vie fantasmatique (livres et films érotiques ainsi que SecretsInterdits.com. Dans un couple, toutes les fantaisies érotiques sont permises en accord avec les deux partenaires, d’où la nécessité de développer les capacités imaginatives des deux partenaires. Dites-vous bien que le fantasme est le moteur essentiel du désir et de l’excitation, il est aussi la cause et la conséquence d’une sexualité épanouie. L’imaginaire érotique peut être source de mieux-être, d’entente et de complicité. Mal utilisé, il engendre discorde et souffrance, question de mode d’emploi…
C’est un aphrodisiaque naturel. Il est gratuit comme l’air que l’on respire, à l’heure où le Viagra rapporte un billion de dollars par an aux laboratoires Pfizer (Chiffre cité dans les médias anglosaxons et francophones). Avec nos cinq sens, notre imagination reste le plus puissant des aphrodisiaques.
“Ce n’est pas le corps d’un homme qui le rend désirable “, écrit l’antillaise Jamaica Kincaid (Autobiographie de ma mère, J. Kincaid, 1997, éd. Albin Michel.).
“C’est par exemple tout ce qu’elle imagine à partir de ce qu’elle sait de lui. C’est ce que ce corps pourra me faire ressentir lorsqu’il me touchera, c’est là qu’est le frisson : penser à ce que son corps me fera éprouver. Cette part imaginée peut jouer un rôle central dans l’intensité du désir. C’est pourquoi le meilleur amant, la meilleure maîtresse ne l’est, dit-on, ni pas sa beauté, ni par sa technique“.
L’imaginaire érotique n’est jamais loin de l’amour et de la passion. Chacun de nous possède donc une sorte de carte du désir qui lui est propre. Nous réagissons plus à certaines choses qu’à d’autres. L’imaginaire est pour beaucoup l’essence de l’érotisme, pour d’autres, les sensations physiques et le corps passent au premier plan. Parmi les femmes et les hommes qui réagissent davantage à partir des sens, l’excitation sexuelle peut partir du toucher ou de la vue : ils seront sensibles à une caresse ou à une silhouette. Quelques-uns diront d’une personne qu’elle a une voix magnifique, ou bien a une odeur qui leur plaît. Pour d’autres, au contraire, l’imagination reste le moteur de l’érotisme. Ce sont alors, par exemple, des images, comme les seins d’une femme, ou des situations, comme regarder une femme se masturber, auxquels certains hommes seront plus sensibles.
De petites choses peuvent embraser notre imaginaire. Il suffit d’une idée jamais exprimée ou d’un acte accompli en secret. Elle tente de déchiffrer notamment ces fantasmes qui nous habitent sans que nous puissions toujours parvenir à savoir d’où ils viennent et pourquoi. Souvent issus d’instant fugitifs anciens, ils sont le produit de l’imaginaire et des situations de l’enfance. Un parfum, un bruit, le galbe d’une jambe évoluent au fil du temps pour donner naissance à une passion érotique pour la chevelure, le cuir ou les escarpins vernis noirs.L’imaginaire érotique implique bien plus d’images et de situations que les seuls stéréotypes de la pub et de la pornographie. Il peut aider à se laisser aller et à voyager mentalement, afin que l’acte sexuel ne se transforme pas en une simple performance physique.
L’imaginaire sert le désir lorsqu’il joue un rôle de préliminaire, quand il fait naître et alimente une certaine fantaisie dans des circonstances banales de la vie. Vous pouvez faire appel à votre imagination pour favoriser l’excitation. Elle peut être précieuse quand le surmenage, la fatigue et le manque de temps minent l’intimité du couple. L’imaginaire est alors une sorte d’aphrodisiaque naturel, sans qu’il soit besoin de Viagra, ni même de plantes médicinales.
“Je ne nous vois pas passer nos soirées qu’à ça…“, explique Gilles, informaticien et marié. “Cela prend du temps de parler des contrariétés du travail et des devoirs des enfants, d’attraper au vol les actualités télévisées, de faire la vaisselle, de donner quelques coups de téléphone et de préparer ou ranger des dossiers… Quand notre couple peut se retrouver enfin tranquille, il est onze heures ou minuit. C’est frustrant parce qu’à cette heure-là, on est vanné. Il nous arrive de nous caresser le matin. Mais on s’arrête parce qu’il faut aller bosser. Il m’arrive d’avoir envie d’elle dans la journée, ou bien en rentrant le soir. Mais à minuit, plus rien ! La fatigue l’emporte.”
Certains soirs, Gilles ou sa compagne décident de ne pas laisser la fatigue l’emporter. “Chacun connaît maintenant les petits secrets de l’autre… ce qui le fait réagir… Mieux vaut dès lors échanger un peu d’allusions érotiques et de caresses que l’éternel reproche fait à l’autre de ne pas avoir su finir sa journée assez tôt.”
Il reste que notre imaginaire n’est pas toujours simple à manier. Fondamentalement, l’imagination autorise ce que la bonne éducation interdit. La vie à deux est fondée sur la permanence de sentiments stabilisants et horizontaux : la confiance, l’estime, la tendresse, la complicité, le respect de l’autre.
L’imaginaire érotique peut bousculer cela. Il peut mettre en scène des rapports relevant davantage de la domination et de la soumission, qui peuvent paraître contraires à l’éthique quotidienne d’un couple. C’est un domaine délicat. Il faut tout de même distinguer la rêverie du passage à l’acte institué par un individu comme un droit. Il reste à comprendre le sens de ces fantasmes. L’imaginaire a pour rôle, ici, de permettre de retrouver cette dimension plus archaïque qui, si elle était mise en œuvre dans la réalité, rendrait la vie à deux impossible, une part de notre imaginaire érotique est en effet constituée d’impressions souvent anciennes, de rêves diffus dont la symbolique et le sens nous échappent de prime abord.
Dans L’Empire des femmes, Nancy Friday fait état de confidences de femmes qui, cette fois, s’imaginent en séductrices ou en dominatrices (L’Empire des femmes, N. Friday, 1993, éd. Albin Michel.). Elles s’inventent des histoires où elles séduisent leur chef de service, vivent des rapports avec plusieurs hommes en même temps ou provoquent des érections non désirées.
Les fantasmes doivent-ils ou non être racontés à l’autre ? Là encore, il n’y pas de règle fixe. On dit que certaines idées érotiques sont excitantes parce qu’elles sont secrètes : leur révélation risquerait de faire disparaître leur effet, plusieurs fantasmes érotiques finissent par perdre leur pouvoir. Certains sexologues conseillent de garder ses fantasmes pour soi. Les partager peut s’effectuer dans une ambiance qui n’a rien d’érotique.
Le conjoint peut ne pas apprécier, par exemple, les intrusions, dans le lit conjugal, d’inconnus n’ayant pas plus à voir avec le réel qu’avec lui. Une femme peut être gênée d’apprendre que, pour la pénétrer, son partenaire pense à une autre femme !
À l’opposé, certains couples parlent volontiers de leurs rêveries excitantes. C’est une sorte de “cinéma en chambre”. Chaque couple fera donc à sa façon. Les productions de l’imagination peuvent toutefois susciter des difficultés…
Lise et son époux, avec lequel elle s’entend bien, sont mariés depuis douze ans. “Depuis quelque temps, pendant nos rapports sexuels, confie-t-elle, nous nous laissons aller à imaginer que nous avons entre nous, physiquement, une amie.”
Lise, dans son fantasme, demande à son mari de faire voir à cette amie comment ils font l’amour. Lui voudrait surtout caresser sa poitrine plantureuse. Lise a même confié à cette amie la fascination de son mari pour ses seins.
“Le fait qu’un couple ait des fantasmes communs et qu’il trouve le temps et le lieu pour se les confier, cela peut être un jeu privé attrayant. Un couple peut gérer, comme fantasme, l’allusion fugace à une tierce personne, qu’elle soit réelle, imaginaire ou vue à la télé. Cela fera partie d’un préliminaire érotique. Cela se complique quand on en parle ouvertement hors de la relation de couple. Les protagonistes concernés peuvent mal le vivre. Il vaut donc mieux ne pas en parler, même par allusion.
Mariée depuis cinq ans avec un “mari merveilleux”, mère de deux petites filles, une autre femme m’a confié qu’elle signe ses lettres “L’amoureuse”. Pourtant, elle ne peut s’empêcher de penser à d’autres hommes. Même s’ils ne “l’intéressent pas” vraiment. “Parfois, je réussis à m’exciter uniquement en imaginant que je fais l’amour avec quelqu’un d’autre, le premier qui me passe par la tête, dit-elle. Mais j’aime vraiment mon mari : la seule idée de le trahir me met mal à l’aise“.
Le fait de penser à d’autres personnes, réelles ou imaginaires, pendant qu’on fait l’amour, est un comportement courant. Il reste toutefois préférable que le personnage imaginaire, à un certain moment, disparaisse de la scène. Car si le fantasme persiste jusqu’à l’orgasme, cela signifie alors que quelque chose est en panne dans le couple.
1- Est-il dangereux pour un couple de réaliser certains fantasmes : par exemple, mon amie s’est masturbée lorsque nous étions dans la voiture devant le regard d’autres hommes situés à l’extérieur et qui lui caressaient la poitrine par la fenêtre.
Le danger relié à l’actualisation de certains fantasmes peut être évalué selon les parties impliquées ainsi que selon les répercussions possibles sur l’individu et le couple. Dans l’ensemble, lorsque cela ne porte pas atteinte à l’individu qui l’applique tout comme à celui ou celle qui y participe, il n’y aurait pas lieu de s’inquiéter. Toutefois, dans le fantasme que vous mentionnez, il faudrait tenir compte du fait que, selon la région habitée, les pratiques sexuelles dans les lieux publics ne sont généralement pas tolérées. Certains observateurs externes pourraient alors réagir de façon à rejeter serait-il plus près de la réaction des habitants ce genre de pratique.
2- Faut-il donner corps à ses fantasmes ? Jusqu’à quel point peut-on les réaliser ? Puis-je, si l’occasion se présente un jour, tromper mon partenaire avec une vedette célèbre sur laquelle mes fantasmes s’exercent depuis très longtemps ?
Il est possible de réaliser ses fantasmes. Mais nous devons nuancer cette affirmation. Dans le fantasme, des permissions sont données à soi-même tout comme aux personnages. N’est-ce pas une façon qu’a trouvé l’être humain de supporter les interdits ? Mais si le fantasme prend corps, il ne peut être garanti qu’il se déroulera tel qu’il avait été prévu. La personne qui fantasme n’a à ce moment pas de contrôle sur les réactions des personnes, ni sur ce qui est de l’ordre de l’imprévisible. Prenons par exemple un fantasme impliquant une “vedette célèbre”. Si vous la rencontrez, voudra-t-elle vivre une relation avec vous ? Et si effectivement vous réalisez ce fantasme, sera-t-il exactement tel que vous l’aviez visualisé ? Pour des raisons qui vous appartiennent vous avez actuellement un fantasme concernant une personne en vue et, d’une certaine façon vous craignez de tromper votre partenaire si l’occasion de réaliser ce fantasme se présentait. Il y a de fortes chances qu’avant d’actualiser ce fantasme vous allez réfléchir sur les conséquences possibles concernant votre couple. Aussi, une fois devant cet idole vous n’aurez peut-être plus envie de mettre à exécution votre fantasme. Comme nous le disons plus haut, une des fonctions du fantasme est de se donner des permissions qui, dans la réalité de tous les jours, nous n’oserions faire.
3- J’ai quelques difficultés, avec mon partenaire, à lui parler de mes fantasmes. Je pense qu’il est même difficile, pour moi, de me les dire à moi-même, comme si je faisais quelque chose de mal ? Comment dois-je réagir face à ses propres fantasmes qui, je dois le dire, m’effraient parfois (même si je pense qu’il ne les réalise pas) ?
Pour beaucoup de personnes, les fantasmes apparaissent dangereux. Cela s’explique souvent par leur côté irrationnel, imprévisible et quelques fois persistant malgré le caractère étrange de leur contenu dans bien des cas. S’avouer ses fantasmes dans ces conditions revient à admettre qu’il y a quelque chose de primitif en nous. Alors, aller jusqu’à les communiquer à une autre ou un autre paraît hasardeux et risqué. La peur d’être jugé ou que l’autre confonde fantasmes et objectifs sexuels qui devraient absolument être atteints, empêche d’être à l’aise.
Les fantasmes de votre partenaire vous effraient ? Il est impossible de dire si leur réalisation fait partie de ses plans. Un fantasme peut habiter quelqu’un pendant longtemps puis disparaître sans jamais revenir et sans qu’il n’ait été mis à exécution. Ou bien devenir obsédant et empêcher toute vie normale de continuer tant qu’il ne se concrétise pas. Entre les deux, toutes les nuances existent. C’est en gardant un contact de confiance avec lui que vous saurez si le danger devient réel qu’il passe aux actes ou si ses fantasmes demeureront du domaine de l’imaginaire.
4- J’ai 25 ans, ma fiancée et moi sommes ensemble depuis 5 ans. Nous n’avons pas de problème particulier sur le plan sexuel. Ma question concerne plutôt un de mes fantasmes (qui est d’ailleurs assouvi par ma compagne). J’aime me masturber sur ses seins. On appelle cela la “branlette espagnole” je crois. Ma fiancée n’éprouve pas de dégoût particulier. En fait je souhaiterais connaître la provenance de ce fantasme. J’ai pense qu’il y avait un lien avec la mère. Merci pour votre site SecretsInterdits.
Les fantasmes érotiques sont à la base même de l’excitation sexuelle et proviennent de différentes sources. En fonction des auteurs et des approches thérapeutiques, la signification des fantasmes diffèrent. Ainsi, certains diront que les fantasmes relèvent d’un apprentissage comme par exemple, une image qui vous est apparue lorsque vous discutiez de sexualité avec d’autres personnes, lorsque vous regardiez un film à caractère sexuel ou tout simplement lors de l’exercice de votre propre sexualité et que vous avez érotisé. Alors que d’autres y verront un lien quelconque dans la relation mère-enfant. D’une façon comme d’une autre, il est difficile d’en faire l’analyse par une brève description. La provenance de celui-ci exigerait une investigation de votre imaginaire érotique d’une durée relativement longue. Comme ce fantasme ne semble pas compromettre votre santé sexuelle, cette investigation s’avérerait inutile.
5- Est-ce que le fait de communiquer ses fantasmes sexuels à son partenaire est “bon” psychologiquement ? Merci de votre réponse.
Pour répondre à votre question, il faudrait convenir d’une définition du “bon psychologiquement”. Plusieurs critères pourraient être utilisés pour définir cette normalité psychologique. Quels critères devrions-nous choisir? Le critère de la satisfaction, le critère qui suppose le développement harmonieux des partenaire pourraient aussi être retenus. Pour certains auteurs, les fantasmes chassent une certaine monotonie qui peut s’installer dans la vie sexuelle du couple. Pour d’autres, le fantasme érotique n’est pas nécessaire à une vie sexuelle satisfaisante. Il est difficile de connaître la signification d’un fantasme. Habituellement plusieurs niveaux d’interprétation sont possibles. Dans certains couples, le fait de communiquer ses fantasmes sexuels ne sera pas du tout troublant et ce pourrait être enrichissant de constater les besoins exprimés dans ces scénarios sexuels. Par contre, certains individus se sentiront menacés par le contenu explicite de certains fantasmes parce qu’ils feront un décodage en utilisant une grille de lecture bien précise. Il serait possible qu’un fantasme soit associé avec un indice de satisfaction conjugale très faible. Inquiétude, jalousie, anxiété peuvent naître dans ce contexte. En somme, il vous revient de déterminer si vous êtes tous les deux prêts à entendre n’importe quel contenu fantasmatique. Vous pouvez aussi mettre les frontières qui délimiteraient ce partage. Et vous pouvez aussi juger que l’activité risque d’ébranler votre relation. À vous d’y réfléchir.
6- Jeune femme de 23 ans, j’utilise souvent des fantasmes dégradants, abaissants où je suis réellement considérée comme un objet sexuel. Par exemple, je m’imagine étant une prostituée avec vous, Patrice, qui me traite de salope, danser nue et me faire toucher, des groupes d’hommes qui m’utilisent, se masturbent etc. j’ai même été jusqu’à imaginer une scène de viol collectif et tout cela m’excite en me masturbant. Cela me trouble beaucoup et je voudrais savoir ce qu’ils peuvent bien vouloir dire.
Le monde des fantasmes paraît parfois étrange et rempli de mystère. Puisque ce monde fait partie de l’inconscient dont le contenu symbolique est propre à chacun, il est difficile de vous donner une réponse précise quant à la ou aux significations de vos fantasmes. Nous pouvons cependant vous donner quelques pistes qui peuvent vous aider à mieux comprendre leurs significations. Par exemple, vous pouvez regarder vos fantasmes en prenant tantôt le rôle de la prostituée, tantôt le rôle des hommes. Dans le monde des fantasmes tout est permis et certains auteurs disent que tous les personnages symbolisent différentes facettes de soi-même mais d’autres n’y voient pas de signification particulière. Faites cependant attention pour ne pas vous juger de façon erronée : la violence présente dans votre fantasme ne cache pas automatiquement une violence en vous mais peut-être un besoin ardent de vous affirmer dans votre sexualité. En terminant, rassurez-vous sur le fait que le fantasme appartient au monde de l’imaginaire ce qui ne veut pas nécessairement dire qu’il y aura passage à l’acte dans la réalité. Chacun est responsable, jusqu’à un certain point, de ses orgasmes, c’est-à-dire qu’il appartient à chacun(e) de se connaître suffisamment pour savoir ce qui lui plaît et pouvoir communiquer suffisamment avec son partenaire pour le partager. Cependant, l’atteinte de l’orgasme suggère aussi une coopération du partenaire car même si vous lui indiquez ce qui vous plaît davantage, s’il n’en tient pas compte, il est probable que vous soyez en quelque sorte déçue. Il est peu fréquent que les gens n’aient pas de fantasmes, mais l’univers fantasmatique appartient à chacun; certains en ont davantage, d’autres moins. De la même façon, certains réaliseront leurs fantasmes, d’autres pas. Les fantasmes sont beaucoup reliés à l’imaginaire érotique et varient considérablement : ils peuvent être de type amoureux, érotique, sensuel, etc. Il vous appartient d’être à l’aise ou non avec vos fantasmes mais surtout, rappelez-vous que les fantasmes peuvent être partagés avec le partenaire mais peuvent également demeurer notre secret.
7- Bonjour, Mon problème est commun à tous les hommes ou presque : mon fantasme de voir ma femme faire l’amour avec une autre femme. Le problème est que cela devient une vraie obsession. On en discute pas mal et elle a accepté de le faire pour régler le problème. J’ai un grand sentiment de culpabilité envers elle car je l’aime. Mais j’ai vraiment envie de le faire. Mais que faire ? Accepter ou refuser et tourner en rond car ce problème est régulier ?
Les fantasmes sexuels amènent parfois les gens à vouloir les réaliser et ce, surtout lorsqu’ils peuvent être “moralement acceptables” pour la ou les personnes à qui ils sont proposés. Vous aimeriez voir votre conjointe faire l’amour à une autre femme et suite à des discussions, elle a accepté. Cependant vous ressentez de la culpabilité face à cette situation. D’où vient ce sentiment de culpabilité ? Est-ce parce que vous croyez avoir été trop insistant ? Est-ce parce que votre partenaire ne le fera que pour vous” ? Que pensez-vous de partager avec votre femme le sentiment et l’ambivalence que vous ressentez dans cette situation ? Le fait que votre sentiment de culpabilité ne disparaisse pas malgré qu’elle accepte d’actualiser votre fantasme, peut-il signifier que vos propres motivations ne sont pas claires, qu’il y aurait autre chose que l’intérêt sexuel derrière cette “obsession” ? Bien qu’il puisse arriver que tout se passe sans accrocs, le fantasme imaginé et celui réalisé peuvent parfois être très différents. Qu’arrivera-t-il si vous constatez par exemple que votre femme y prend un plaisir plus grand que celui que vous aviez imaginé ou encore au contraire, qu’elle y réagisse de façon plutôt négative ? Avez-vous pensé aux conséquences possibles suite à la réalisation de votre fantasme ? Une tierce personne deviendra-t-elle indispensable à votre vie sexuelle, à celle de votre conjointe, à votre vie conjugale ? Votre femme aura-t-elle du ressentiment envers vous suite à l’expérience ? Aurez-vous un sentiment de culpabilité encore plus grand après ? Qu’arrivera-t-il de votre vie de couple ? Tous les scénarios sont possibles suite à la mise en scène d’un fantasme car lorsque celui-ci se réalise, le rêveur n’a plus le même pouvoir sur la sexualité et celle des autres qui ont participé. C’est à vous de voir si vous serez capable de vivre avec ce qui suivra cette réalisation.