Les “ils” et les “elles” qui ne s’appellent pas mais se pseudonomment…
“Elles” et “ils”, ici et là, ne s’appellent pas, mais se pseudonomment… et si les “ils” sont des hommes de sévices, parfois un verre de bière en main, devant leur chère voiture…, les “elles” sont presque toutes femmes au foyer, parfois battantes, souvent en attente : des femmes d’intérieur, des femmes domestiquées, matées, l’ego par terre et la vie en rose encore plus…
Et Mesdames rêvent : du réveil aux ombres du soir, de la cuisine à la chambre, de cabines d’essayage au chemin de l’école, elles vont et viennent dans les sites de rencontres comme des spectres… asséchées, cherchant si pas une femme pour changer de registre, la plupart du temps un homme sérieux, pour une relation sérieuse, dans un avenir sérieux…
J’évoque un sujet plus global que l’ultra moderne solitude, la peur concrète, intersidérale, l’angoisse du vide, ce vide d’une vie ou il n’y a pas eu grand chose… et sans plus rien, que des envies sérieuses, des désirs sérieux, de grands espaces sérieux…, des vies sérieuses et grises abandonnées à l’abandon…, que joli intérieur et jolis enfants maintenant grands ne peuvent satisfaire pleinement.
C’est d’une linéarité sans surprise, parasité par un besoin de discussions sérieuses via des dialogues abscons dans des mots en fautes : “Bonjour, ça va ? Moi c’est moi ! Je recherche l’amour sérieux”…, des mots anodins… auxquels répondent les âmes perdues en quète de quelque chose, c’est à dire pas grand chose…, entre les africaines en mâles de passeport qui précisent qu’elles sont noires et les blanches qui affirment qu’elles n’ont pas l’âme noire, quelques égarées tapinent en sourdine tandis que les hommes sérieux éclusent…
J’appuie là où ça fait mal, ou ça vexe l’air de rien, avec un humour qui casse, en douce, les desperate housewives de service, avec une classe languide, exquise même quand je les caricature sirotant leur Volluto en discourant sur la misère dans le monde, là-bas, chez les autres…
Mon trait vous semble un peu forcé, un peu tiré sur la corde (il l’est, sans aucun doute), mais rassurez vous, ça passe, ça glisse sur les carapaces, parce que les personnages caricaturés, malgré leur apathie galopante, malgré les clichés qu’ils trimballent et qu’on doit boire jusqu’à la lie…, existent bien, consistants et pleins…
Ils sont vrais, ils sont touchants en farce mineure d’êtres à la dérive, ni beaux ni moches, simplement quelconques…, pas bien méchants, mais qui exsudent une banalité agaçante, un conformisme mou, tout en se permettant une suffisance (mentalité sexiste, arrogance professionnelle, dédain ordinaire…) qui les rends tristes et petits, minuscules, drôlement pathétiques.
C’est que la vie domestique charrie constamment un humour crissant, jaune étouffé… et avec lui l’horreur sourde d’une routine existentielle qui englue, punaise… et c’est assez terrible de voir ça…