Les larmes des anges…
J’ai fait un rêve, je vous le raconte.
Vous êtes habitués maintenant.
Si ça vous plait pas, allez vous promener, coupez le net, faites quelque chose d’intéressant, prenez un livre, mais ne venez pas me les casser en disant que c’est de ma faute, c’est pas moi qui m’ennuie à me lire, c’est vous !
Ahhhhhhh, je suis content, vous restez, vous avez bon goût finalement et bon cœur et vous faites le bon choix.
Alors je vous raconte… :
L’humour m’a sauvé la vie, le fait de prendre tout légèrement sauve la vie de la mort, la mort n’a jamais sauvé la vie…, c’est ensuite que j’ai dégusté, lorsque j’ai tout terminé et que j’ai fini par oublier l’humour…
L’humour, ce superbe parasol qui fait de l’ombre mais qui n’enlève pas le soleil.
C’était entre deux partouzes, des océans d’inepties à s’enfiler dans le trognon pour mieux comprendre qu’il n’y a rien à comprendre.
Tout n’est pas fait pour s’élever… et si tout serait fait pour s’élever il suffirait…
Cette fille avec son moignon, par exemple, toutes celles qui voulaient se faire fister lui demandaient comme des chiennes.
Elles haletaient rien que de voir le moignon.
C’était vulgaire.
Dans ce fourbi du diable, je me demandais où était mon chemin, mais en fait, tous les chemins étaient sensiblement orientés sur la baise.
Dans ces taudis sexuels, “ceusses” qui comprennent la vie essaient d’avoir des esclaves…
On me dit que des mondes intérieurs s’ouvrent entre mes lignes et derrière les double-sens de mes mots… et même des mondes extérieurs qui se font passer pour des mondes intérieurs.
Certains et certaines aiment ce que j’écris, parfois non.
Mais je ne suis pas dupe.
Dans mon terrier, dans ma niche, ce sont des mondes extérieurs, qui se maquillent en mondes intérieurs, des constellations.
C’est souvent lourd de sens.
C’est là que je l’ai connue.
A force d’amour, de baise, de mots, de phrases en tous sens.
Elle me soutenait.
Elle me portait à bout de bras.
Elle était toujours là.
Pour moi.
Je dormais contre ses seins, c’était sexuel, c’était aussi comme se souvenir de la première fois que j’avais vu des seins, des seins fripés, quel choc, des vagues.
J’avais été ému comme ça en les voyant, c’était bête mais c’était vrai.
Les seins sont d’une grande douceur, comme les océans.
Pour mieux aimer vivre, pour mieux supporter les occasions que nous avons de toucher des choses dures, repoussant des limites fictives, les limites absurdes, imposées là par un temps qui ne devrait pas trop la ramener.
Etant donné mes propres limites, je me croyais infaillible.
Mon sexe sucé par sa bouche…, qu’est-ce que ça pouvait bien signifier ?
Elle partait alors dans des délires grandiloquents et voyait l’avenir grâce à certains dosages.
Elle riait avec moi.
Beaucoup.
Son âme grinçait dans son corps, on se savait écrasés, mais ça ne faisait rien, on riait quand même, alors que des chiens errants, par meutes, passaient ici et là, la nuit, fouillant dans les poubelles.
Elle nettoyait le lit, les draps mouillés de sperme, d’alcool, elle nettoyait son âme, elle me frottait le dos, elle me caressait les cheveux sur le lit.
Je me recroquevillais, pour me sentir à l’aise avec cette femme aux seins parfaits, cette jeune femme.
On entendait, on se questionnait.
Moi contre ses seins.
Elle me caressant les cheveux.
C’était quoi qu’on regardait ?
Drucker !!!
Elle regardait, absente.
Je lui disais : c’est débile.
Elle ne répondait rien.
Je regardais aussi mais contre ses seins, la faiblesse d’être humain, celle de tomber dans l’addiction.
Je n’aurais rien dit si elle avait su se modérer, si elle avait gardé le contrôle, si elle avait su changer de programme, si pour ce, quoi, elle m’avait demandé de l’aide.
Ce n’est pas vraiment d’aide qu’elle avait besoin.
Moi, plutôt que me faire Druckériser, je regardais ses seins de longues heures, je regardais aussi les arbres faire un pacte avec le vent.
C’était mon trip pendant un moment.
Regarder les feuilles au vent.
Je trouvais ça extraordinaire.
Et puis un jour, j’ai trouvé ça con de regarder ses seins, les feuilles et le vent.
J’avais besoin d’un nouveau truc.
Plus fort.
Plus dur.
Il existe des hiérarchies partout, même dans la constellation du néant.
Elle avait des formes animales, on aurait dit un éléphant de mer pied noir… et d’ailleurs elle ne se privait pas pour imposer son petit pouvoir, on lui en imposait un bien plus violent.
Cette folle.
Tout l’amour qu’elle savait donner, c’était quand on lui demandait un doigt dans le c…
Elle était vulgaire.
J’en fut dégoûté.
Au point d’avoir une haine.
Comme les vagues, comme l’horizon, comme au petit matin, voir le soleil se lever.
Avec le vent dans les feuilles, les petits oiseaux, l’amour qui se résumait à un seul geste.
Des mers de plaisirs artificiels.
Elle prenait soin de moi parce qu’elle avait besoin de prendre soin de quelqu’un.
Une mer de plaisirs artificiels…
Dans le fond des verres de mojito que je buvais pour oublier, des images. j’avais vu une fée, un ange avec des ailes noires gigantesques.
Une sorte de gargouille.
C’était un mauvais trip.
Elle n’était pas artificielle, avec moi, en dehors, oui, pour des raisons de survie.
Elle ne m’écoutait pas, elle faisait semblant.
Comprendre sans parler, elle était dans la caresse qui apaise, dans l’amour de la chaleur de la chair, car la chair, une fois chaude, provoque de l’amour.
Le cerveau décode les choses de cette façon.
Toutefois lorsque j’étais dans la demande, une demande muette…, elle était bourrée jusqu’à la gueule de crainte, de refus, de frustration.
Je régressais lorsqu’elle me caressait les cheveux, lentement, avec affection, parce que…
Ce n’était pas une excuse, c’est vrai.
Elle me regardait avec dureté mais comprenait pourquoi.
La petite chambre d’hôtel était plongée dans la pénombre, les rideaux tirés en pleine journée.
Si on avait laissé la lumière entrer, elle aurait été terne, et grise.
Elle pleurait en sortant.
Je lui demandais : tu vas bien ?
Elle me souriait…
Choisir, mentir, ou mourir !
Elle me répondait : oui. Maintenant, ça va bien. Oui. Je vais bien.
A force de polémiquer de polémiques sur le web, j’ai fini par être invité dans des partouzes chics et chères de chaires chic…, rencontrant hommes et femmes du monde d’en très haut, des saints et des seins…
Que de souffrances à tirer les bons mots à la place des mauvais.
Ne croyez-pas que polémiquer nu sur canapé permet de parler la bouche pleine…, comme certains ministres dans les débats politiques qui ne veulent pas polémiquer, surtout la ministre de l’injustice qui ne polémique jamais, elle a la vérité dans les doigts !
Elle racontait des conneries sur l’écriture, que c’était très grave mais qu’il n’y avait pas…mort d’homme.
Donc ne pas pleurer.
Elle disait des choses intéressantes de temps à autre, pas conne, sauf qu’elle était très sexuelle, dans son apparence, dans ce qu’elle dégageait d’elle, contrairement aux femmes qui sont très beauté froide.
Comme elle m’a dit.
Elle aurait été ravie de baiser avec quelqu’un comme moi.
Elle l’a dit deux fois.
Elle voulait me faire lire mes textes pendant qu’on improviserait autour, danses et orgies.
Pendant que je lirais.
Mais bon, j’étais occupé.
Elle avait cette sorte de… vacuité qui lui allait si bien, que je voulais, non pas pour niveler vers son niveau mais pour me reposer un peu.
Je crois qu’en me lisant, à force on s’habitue.
Les holocaustes on s’habitue de toute façon, les Juifs et les Arabes, les disparitions inquiétantes on s’habitue…, les disparitions non inquiétantes aussi.
On s’habitue.
Moi je me suis habitué à presque tout, d’accord un petit peu de culpabilité mais on s’habitue.
Et je me suis habitué, aussi.
Elle avait de beaux seins la ministre.
Mais, on ne se touchait pas encore.
Je lui ai dit : Je vois les autres corps d’une façon sensuelle. Sans le sexe. Je veux dire comme je l’ai déjà dit : même une bouche de travers, un nez crochu, même un aspect objectivement laid c’est érotique. Tout dépend de l’angle dans lequel on se place… Vous méritez mieux qu’un saltinbanque, même milliardaire, vous méritez quelqu’un.
Elle m’a répondu : J’ai l’impression que vous voulez être ce quelqu’un…
Cherchez l’erreur, il existe une erreur quelque part.
Comment faire alors ?
J’ai dit : Je voudrais bien, j’ai le démon dans le coeur…
Elle m’a répondu : Je connais un homme haut placé qui aurait bien voulu étrangler sa femme qui voulait le quitter, ensuite pendant toute une après-midi il s’est allongé à côté d’elle sur le lit pour la serrer contre lui, morte. Vous imaginez ce que ça représente ? Il a divorcé, plus simple, moins risqué, s’est remarié avec une artiste…
Je trouvais que ça commençait bien.
Je lui ai dit : Oui, une artiste qui pose nue, pour faire de l’art, et faire du lard, participant ainsi à cet effort si beau, si puissant, si utile, si grandiose…, hum…, et se faire payer 40 euros au lieu de 30 de l’heure, ce qui est considérable. A la place de continuer de baiser son psy, poser nue… et peut-être qu’avec un peu de chance, ça va virer en baise dans la peinture. Dans l’émission Strip-tease ils avaient montré ça, un artiste qui allait prier à l’église et qui demandait à des couples de baiser sur des toiles qui se vendaient très cher. C’était…Particulier. Mais les fesses s’attrapent moins facilement.
Elle m’a dit : C’est étrange que vous me disiez cela. Je m’intéresse à la vie de déclin que mènent les villes, un maire voulait me remercier et me remettre un prix, c’était émouvant et hilarant mais je ne suis pas comme ça, je fais de l’esprit, mais moi je sais à quel point la vie est une saloperie… Le rythme de la télévision, l’écran qui est si noir, comment dire à quel point je regrette, je n’aurais pas dû. Je n’aurais pas dû. J’étais faite pour être douce.., oui, ça n’a aucun sens comme je parle, il ne fallait pas me prendre pour une femme à l’époque où je n’étais qu’une enfant. Maintenant voilà le résultat. Prenez-en de la graine, c’est triste et j’ai mal. C’est quelque chose qui fait mal, est-ce que vous entendez cela ? Vous pouvez le comprendre ? Que ce n’est pas dans le plaisir mais dans l’obligation ?
Une vraie salope.
On s’entendait bien.
J’aime les Bourgeoises comme les Pétasses, certaines Bourgeoises sont très Pétasses et l’inverse est parfois vrai.
C’est comme ça que naissent les fleurs…
C’est comme ça qu’on croit pouvoir diriger nos embarcations, qui prennent l’eau de partout, comme dirait Nicolas Hulot le syndrôme du Titanic et il a raison le bougre, il n’est pas sexy mais lucide.
Cohérent.
Prenez-en de la graine, la graine pousse, et la mauvaise graine pousse tout autant, et ça fait des champs de mauvaise herbes comme la fleur et le Coquelicot…
Je lui ai dit : Un jour mon cerveau va pourrir et je connais des gens qui vont se dire que je méritais ça.
Elle m’a fait un sourire gêné, rentré, pas gêné plutôt rentré, ravalé dans la bouche, du genre qu’elle n’était pas d’accord avec ce que je venais de dire, se gardant bien de le dire à voix haute pour ne pas me choquer, pour ne pas me perdre.
Généralement, la colère fait ressortir le vrai visage de ceux qui ont des choses à dire mais qui les gardent en attendant la soupe du soir, en l’occurence une tasse de verveine.
Elle m’a demandé si je n’étais pas un peu pervers : La nuit en ce moment dans mon lit je suis obligée de rester en petite culotte ou en string, il fait trop chaud. Je ne sais pas à quoi c’est dû. Sinon comme d’habitude, je rêve d’eau qui inonde les villes et de crucifixions de femmes et d’hommes condamnés lourdement… Rien d’inhabituel. Qui êtes-vous vraiment ?
J’ai respiré profondément, puis j’ai dit : Je suis quelqu’un de sérieux. Un peu brouillon mais ordonné, un écrivain cinglé, c’est antinomique mais ce n’est pas de ma faute, je suis innocent, pas vraiment pervers, un peu stratège d’accord, mais pas pervers pour autant. Pour autant que j’ai pu le voir, être inséré dans la société ne donne pas automatiquement un passeport de respectabilité ou ne serait-ce que de normalité ça donne surtout le pouvoir de survivre, les êtres humains veulent vivre, d’autres veulent qu’on crève, de toute façon c’est pareil. Bah, je m’emporte.
Je l’ai emportée…
S’il reste encore quelque chose car elle a cramée dans un feu de joie, 100 litres d’essence, les sens en extase…
L’été prochain je vais déterrer son corps, pour le faire sortir de ce trou dans lequel je l’ai mis.
Je vais nettoyer ses os, car les fleurs et les plantes poussent au travers des cages thoraciques possédant encore de bonnes portions de chair avariée.
C’est un spectacle magnifique, macabre pas morbide, morbide c’est pas la mort c’est la maladie, macabre et c’est aussi la fin, peut-être avec un peu de chance une rose aura traversé sa mandibule séchée.
C’est quelque chose qui est de l’ordre du fantasme, de déterrer les os.
Personne ne veut jamais m’aider, personne n’aime la littérature lorsqu’elle est en abondance ?
Ce sont les larmes des Anges, me disait-elle alors, qu’attachée, nue, je déversais sur elle la rage de m’être fait berner… et j’ai ressenti une sorte de tristesse lucide : c’était mieux pour elle et pour le monde.
C’était le genre à rire lorsqu’elle voyait un corbeau mort.
On avait trouvé un corbeau mort, encore un.
Et l’odeur de la putréfaction, de la mort avait envahi ma gorge.
Elle jouait avec les sens.
Sa mort m’a rassuré.
Je me suis dit, entre deux juges qui baisent dans les chambres de putes, en repensant à elle : finalement, il y a parfois une justice, ce ne sont pas toujours les meilleurs qui partent en premier, regarde Hitler, il est mort bien après la Chute de Dieu…