Les SecretsInterdits de Chromes&Flammes…
On a tous commis des erreurs de jeunesse, vous toutes et tous plus que moi qui vient de plus loin dans le temps (j’avais 19 printemps en mai’68, l’année de la révolution étudiante), mais on a tous en commun un passif honteux que quelques clichés pris à l’appareil photo jetable (le Polaroid existe depuis 1949, l’année de ma naissance) ont immortalisé à jamais dans le fond d’un carton soigneusement fermé au double-scotch dans le grenier des parents. Seulement, parfois, on se rappelle qu’il faudrait quand même penser à se débarrasser de ses vieilles fripes d’autrefois, qui traînent également dans des cartons un peu humides dans le fond des combles. Quand on retombe sur ces sapes, un violent coup spatio-temporel se fait alors ressentir et nous ramène plusieurs dizaines d’années, au minimum, en arrière. L’époque pseudo bénie de la rébellion adolescente où le but absolu était de choquer. Choquer. Se ridiculiser oui, mais bon, à 18/19/20 ans, cette période notre cerveau ne l’imaginait pas de cette façon, pour vous, comme pour moi. Mon époque c’était YéYé et Rock Guimauve, la votre c’était la découverte du Métal, le vrai, le dur, le clouté. Nirvana and co étaient loin derrière, vos jeans déchirés et vos converses avaient fini à la benne depuis belle lurette, tout comme le tee-shirt Nevermind acheté sur un stand tenu par des africains lors d’une ballade un dimanche au marché… Non, là, c’était beaucoup plus sérieux, vous écoutiez du Métooooool et la panoplie n’était radicalement pas la même, alors direction le minitel, pour commander les premières friperies métal sur le site Backstage, bien connu dans les publicités des magazines Métooooool.
Un tee-shirt coûtait une couille, alors vous n’aviez droit qu’à en acheter un et fallait pas vous gourer. Le premier sésame fut sans doute un Korn, imitation Adidas, qui s’étirait comme une serpillière au bout de 2 semaines. Dégouté, mais pas résigné vous étiez. Alors, vu que vous n’aviez pas de fric (la majorité d’entre-vous piquiez Chromes&Flammes et tapissiez votre chambre avec les posters), vous vous la jouiez un peu rom et vous faisiez vos Tee-Shirts avec du papier transfert. Bordel, que c’était dégueulasse, mais bon, au moins vous pouviez faire “tout-quoi-tu-veux” pour choquer à mort. Le résultat découlait invariablement sur une imitation foireuse d’un tee-shirt que portait Rob Flynn de Forbidden (en 1985) puis Vio-lence (entre 1986 et 1992) avec un joli “Team 666” en gros dessus. Le truc de merde par excellence, qui ne fit même pas une semaine et trois lavages. RIP. Heureusement, pour un événement marquant, un concert des doux-dingues Slayer par exemple, c’était la sortie. Niveau blasphème y avait pas mieux. Vos pauvres deniers ne suffisant pas pour acquérir un des précieux sésames vendu extrêmement cher, fallait faire preuve d’audace et d’intelligence en la jouant Roumain en voyage désorganisé. Et oui, actuellement faut la jouer Ukrainien fauché ! Bon, une fois le tee-shirt acquis il fallait le reste de l’équipement, c’est à dire : Treillis – Rangers – Perfecto… Putain de merde ! Bref, pour le treillis rien de tel qu’un bon vieux surplus militaire à la Porte d’Italie. Pour les rangers, les métalleux croisés ici et là avaient toujours affirmé : “Va aux puces de Clignancourt”. Bordel, les puces de Clignancourt !
A l’époque, Morsay ne faisait pas encore partie des murs, non, on cliquait pas comme des crevettes. A l’époque c’était “Tout ce que le métalleux voulait, les puces lui apportaient”, même les piercings dans des “Van’s à putes” où l’hygiène était totalement absente et ce pour l’éternité. Les rangers y étaient, à pas trop cher, les perfs’ aussi, les tee-shirts, les bracelets en cuir, bref toutes les merdes que le métalleux portait (et porte encore) y étaient, et n’attendaient que le blé. Une fois la panoplie accaparée, fallait la montrer et quoi de mieux qu’un bon bar métal, pour ça, de surcroît dans la capitale. Un bon bar métal sur Paris à l’époque c’était quoi ? Les furieux… Putain, ce repaire rempli de connards tous les vendredi et samedi soirs était ce qui s’apparentait le mieux à un bar métal. On y croisait des stars de la scène black métal parisienne, mais aussi, et surtout, des bon gros FilsDePutes. Le genre de FDP qui pensait que son coin du bar lui était loué à vie. Le genre de sac à merde pédant, draguouillant de la gothopouf torchée à la mauvaise absinthe, servie par un sosie de Bertrant Cantat qui ne connaissait même pas l’Amstel. Mais c’était l’endroit métooooool, alors vous y alliez souvent, trop souvent, et vous finissiez un peu par devenir comme les autres connards. Des années ont passé, des années à vouloir être différent (sans l’accent de Legitimus dans Les 3 Frères SVP), à vouloir servir la cause du “Brother of métal ta race la pute”... et à lire Nitro plutôt que Chromes&Flammes. Mais quand c’est trop c’est tropico frère, alors à un moment t’as eu besoin d’être remis dans le droit chemin, de te ressaisir, de voir la lumière, et elle vint à toi, un jour.
Un chanteur d’hardcore-punk te fit découvrir “la vraie musique de bonhomme”, pas comme comme les groupes qui ont un tracteur en guise de batterie, du Sick Of’, du Strife, du Madball, et là t’as pris un coup de schlass en pleine tronche. Bowdel, c’était puissant ce truc ! Oui, ça l’était, et bien plus virulent que les trucs de corbacs cloutés. Alors t”as appris, t’as écouté, t’as, petit à petit, compris le sens du mot “puissance” et t’as, au fur et à mesure, laissé tomber toutes ces conneries métooooool à 2 balles pour te concentrer sur ce genre inconnu qui t’était venu comme ça, sans crier garde. T’as troqué, toujours petit à petit, tes rangers, treillis, perfecto, pour des jeans, baskets, polos, et t’as fini par devenir, au bout du compte, un mec bien qui ne gueule pas comme un con devant les concerts, qui ne casse pas des bouteilles de bières “parce que c’est marrant”, qui vénère la pizza, les chats, qui fait du sport, ne lis plus Nitro et découvre que Chromes&Flammes est devenu www.GatsbyOnline.com (fin du siècle passé 1999). Ben oui mon Popu, il fût un temps où l’humain s’échangeait des peaux de bêtes contre de la nourriture, des perles contre des métaux. Ensuite, on en est venu aux terres et aux châteaux. Puis, avec un magistral bond dans le temps, on s’échangeait des cartes Pokémon ou des stickers Panini, des petits mots, puis des numéros de téléphone, pour finir avec les profils Facebook. Tu croyais ça cool, une bonne initiative, fédérateur, et ça arrangeait tout le monde, c’était même plutôt chouette, le malheur de l’un fait le bonheur d’un autre, tout ça tout ça… Sauf que vu que t’avais 30 voire 40 balais t’en oubliais un dans ce joyeux mix : l’échange de partenaire.
Cette pratique tribale, aujourd’hui appelée “échangisme”, et peut être expérimentée dans des “clubs échangistes”. C’était difficilement abordé par les adeptes, mais tout le monde avait une idée là-dessus : choquant, malsain, incompréhensible ou libérateur, excitant et communautaire ! Aujourd’hui, la section SecretsInterdits de www.GatsbyOnline.com te fait pénétrer dans le monde du libertisme assumé et lève le voile sur cette pratique autrefois réservée à l’élite (et qui aurait peut-être dû le rester). À ton arrivée, un vieux loup de mer t’explique le déroulement. N’écoutant pas un mot, ton regard s’aventure déjà vers la salle derrière le rideau de velours rouge. Tu passes aux vestiaires, tu retires tes vêtements et… Hum… Il semblerait qu’il faille déjà commencer… Que diable, tu pénètres dans le bar. L’odeur, un mix de latex, de transpiration, de bouffe et de jasmin, est à la fois excitante et dérangeante. Tu regardes partouze, sans pour autant oser… Puis tu vas te servir au buffet et te voilà à manger du bout des doigts ! Une quinqua recouverte de latex découpé partouze où il faut (ou pas) se déhanche, toute émoustillée par David Guetta qui vient de lui mettre le diable au corps. Des hommes mûrs se baladent en slip/chaussettes (Bèèèèèèèrk !), des couples boivent un verre sur les banquettes et guettent leur proie. Il va te falloir du courage, tu invoques donc la toute puissance du Gin Thackeray. La serveuse au bar est pas “mâle” dans son trans-genre. En fait il/elle casse pas trois ailes à un hippocampe, mais avec ce qui traîne autour, ça le/la rend bouffable. Sauf que t’as pas le droit de serrer.
Au début, l’excitation et la gêne priment. Les peurs ! Puis, le partage des SecretsInterdits te lie et tu se sens dans une bulle. Tu t’entends même dire d’une voix visionnaire et pleine d’espoirs : “C’est merveilleux de bannir l’hypocrisie de cette façon ! Cette quinqua ressemble à une pute sur le dancefloor mais elle s’en fout, elle s’éclate ! Et l’autre là-bas, elle est obèse, mais ici, personne ne la juge. Ces gens ne blessent personne, ils viennent juste laisser libre cours à leurs envies ici, ils partagent quelque chose ! Sait Bôôôô !”... T’y crois complètement. Tu te sens soudainement planer. Tu es est cool sur les sofas en skaï rouge ! Si le rez-de-chaussée est relativement sympathique, au premier étage règne un silence pesant. Des hommes rôdent dans les couloirs à la recherche de divertissement. On entend les douches couler et les jacuzzis bouillonner. Un labyrinthe de salles aux décors kitsch et cheap. Tu explores avec curiosité, sans bruit. Il y a des espaces cachés, des trous dans les murs. Et Hop ! Tu bandes ! T’es prêts à en voir davantage et tu enchaînes avec le deuxième étage. Un bar se dresse à ta gauche, tu dois être nu pour y entrer. À droite, une grande salle s’ouvre à toi : banquette à gang bang, balançoires, croix géante et chaines. Une petite foule s’est déjà amassée pour observer en silence cinq hommes s’affairant sur une femme à quatre pattes. Certains la touchent, un la baise, d’autres se pougnent. À côté, un plan à trois un peu mou prend place. T’es fasciné.
Une main glisse dans ton dos. Te retournant, tu te rends compte qu’il y a désormais cinq mains différentes sur toi. Tu es crispé, rigide, tu te marres nerveusement, une large foule s’est désormais amassée autour de toi. tu es au milieu d’une marée de mains, des vagues humaines, se transformant en sables mouvants dont il t’est difficile de te défaire. Tu n’arrives pas à te concentrer, tu bandes comme un taureau, on te branle.
-La peau de tes couilles est si douce…
-Ah ! Euh ! Merci c’est une nouvelle crème que j’ai testé ce soir en fait…
-Tu as un goût divin…
-Oh ! Non ! Ca doit être la crème encore ça à tous les coups…
-Tu es tellement sexy…
-C’est à dire que la lumière est flatteuse voyez-vous…
-Mon dieu que c’est beau de te voir éjaculer…
-Ah ! Euh ! Gnéééérmpfffgrrssgnaaaaaa ! Okayyyyyyyyy !…
Rideau ! Ce mix de chairs et de sécrétions devient soudain étouffant. Tu évites volontairement de croiser les regards insistants pour ne pas leur faire croire qu’ils peuvent y aller par derrière. Tu te fais sodomiser par un mec à qui tu as envie de cracher à la figure. Tu es désormais l’attraction de la soirée, traînant une horde d’inassouvis et d’inassouvies rampants derrière chacun de tes pas. L’odeur, ce mix de latex, de transpiration et de jasmin te dégoûte désormais. Et elle semble ne pas vouloir s’évanouir. Il est temps d’aller retrouver ce bon vieux Thackeray. La serveuse, un mix aussi inattendu que navrant de Roseanne et de Lil Kim, te demande d’où tu viens et ajoute en te massant les couilles puis en débutant une branlette : “Vous est-il déjà arrivé d’avoir envie de remercier ? Le coeur à ses raisons que la raison ne connais point. Tu me dois 1.000 euros mon chribibi !”… Tu souris béatement en éjaculant une dernière fois “Pour le sévice”…. Ton esprit machiavélique s’enflamme et cherche par tous les moyens à sortir de ta bouche pour lui dire : “Oupssss! Ohhhhhhhh ! That looks sooooo niiiiiice !”… Dégoulinant de sperme tu t’en retournes, le pas léger. Il est temps de partir. Tu te rhabilles, crevé, une grande tristesse et un vide t’envahissent. Tu veux juste rentrer chez toi et te coucher. Mais tu te rends compte que tu es marié, que tu as dis à ta chère et tendre que tu allais chez un ami voir son Hot-Rod et papoter de la section Chromes&Flammes dans www.GatsbyOnline.com… La messe est dite…