Les souvenirs sexuels sont des coarctations aortiques…
Deuxième partie
“Bien avant que l’on n’invente le premier restaurant, offrir de la nourriture a fait partie des stratégies de séduction, depuis la nuit des temps. Ce comportement se retrouve dans les lignages animaux indépendants, ce qui prouve que c’est sans doute une invention récurrente de la vie. Le plus souvent, ce sont les mâles qui offrent, afin d’immobiliser les femelles lors de la copulation.”
André Langaney, Muséum d’histoire naturelle, Genève.
“Tu ne le sais pas encore, mais tu es déjà mort” : Voilà exactement ce qu’on pouvait penser pendant ma prestation téléphonique du soir avec Caroline, la chronique d’un échec annoncé… je ne connaitrai jamais sa beauté intérieure, ses gouts littéraires ou musicaux, jamais je ne la regarderai dormir en frôlant ses cheveux du bout des doigts, n’irai en vacances avec elle, jamais ses amis ne me feront rire en parlant des anecdotes de son passé, jamais nous n’aurons de photos de nous, jamais elle ne se lovera contre moi, après avoir fait l’amour… et jamais elle ne me dira : que j’ai oublié d’acheter la lessive… que mon copain Orang-outan est un peu lourd… qu’elle m’aime plus que tous les autres et que je dois dire pareil… que je bois trop de mojitos… que je dois choisir entre elle et d’autres… que je dois bruler les photos de mes ex… que j’ai trop d’imagination sexuelle… que ma copine Anamary est trop présente… que je dois effacer tous les numéros de téléphone des filles dans mon agenda… que l’amitié homme-femmes n’existe pas… que la fidélité n’est pas un mythe… qu’elle veut un chien… que je conduis trop vite des voitures de dingues… qu’elle préfèrerai que je roule en Mercedes qu’en Corvette… qu’elle n’aime pas mon Pick-up jaune… que je me sers trop de mon PC… que je dépense beaucoup et de manière irresponsable… qu’elle veut me présenter sa famille… qu’elle veut un sac Vuitton comme sa copine (qui est une de mes ex)… que je ne la regarde pas aussi intensément qu’elle voudrait… qu’elle a envie d’avoir cinq enfants… que je dois manger chez ses parents dimanche… qu’elle va vite perdre ses nouveaux kilos… que je regarde trop sa copine… qu’il faut faire un cadeau à sa soeur… qu’elle voudrait que je lui achète une petite voiture pour la ville… qu’on ne sort plus comme avant… que ce qui se passe dans les films X n’est pas naturel à reproduire… que si j’étais elle demain, je ne m’appellerais pas…
Jeudi soir, je revois la russe de Meetic. Elle aime beaucoup se faire inviter à diner. Ses lèvres sont refaites, son nez également ; les premières sont enkystées et partiellement insensibles, le second est épaté, trop présent, vulgaire comme son regard est froidement aguicheur. L’Urss est décédée. Notre deuxième rencontre fut vendredi après midi. Son français n’a ni verbe ni temps, elle s’exprime peu mais rit très fort, grassement, d’une voix grave, caverneuse, asexuée, vide de sensualité. Ses seins dodus sont probablement retouchés ; je les regarde hypnotisé, elle ne dit rien, se laisse faire, je sens mon œil obscène, immobile, je suis derrière un miroir sans tain, sans miroir, je consomme et me sers, la gondole est là, sans verbe, ni temps. Nous sommes au fond du Styx. Sa poitrine est éternelle pendant quelques secondes. Pull chaussette rouge. Irina fait très salope, mais je suis pire.
L’animal exposé a des stimulations sexuelles répétées et gratifiantes peut passer sa vie à chercher à s’accoupler ou à se masturber jusqu’à en oublier de manger, passant du simple plaisir à l’addiction. Ainsi, l’utilisation permanente, par la publicité ou les médias, d’images exposant des créatures hypersexuées ou idéalisées pour des propagandes commerciales qui n’ont rien à voir, pourrait bien détourner nos semblables de leur bonheur quotidien au profit de paradis aussi virtuels qu’inacessibles.
A midi, je me suis gavé de petits Corayas, digérés avec un fond de Bacardi en dessert, repu avec un café. Chair de poisson 38%, eau, blanc d’oeuf, amidon de blé, fécule de pomme de terre, huile de colza, sel, sucre, arôme crabe, stabilisant : sorbitol, polyphosphates, exhausteur de goût : glutamate monosodique, colorant : extrait de paprika… Je suis un homme sain qui va finir son dimanche devant Desespérate Housewifes. Je suis une brève histoire du temps comme Stéphen Hawking. La journée dominicale est mon trou noir, absorbant neurones et photons, je n’ouvre pas les stores, je sens la bougie vanille-orchidée Carrefour, Ella Fitzgerald berce une flamme. Mon érection du matin me parle : “que vas tu faire de moi”. Je suis un solitaire silencieux, je pars en vadrouille dans ma cuisine, mon sexe agonise devant la porte du frigo sans voir se vider la bouteille de Tropicana Pulpissimo, bien meilleure que le Tropicana Orange et pulpe. L’Univers est arbitraire. Une femme qu’on baise avec amour, un autre qu’on sodomise à la Hussarde, inconciliables sans doute ; quand d’autres tentent de lier relativité générale et mécanique quantique dans une équation du tout, mon problème n’a qu’une inconnue, un prénom.
Newton découvre la loi de la gravité : tout corps attire tout autre corps selon une force proportionnelle à la masse de chacun des corps. Dans les relations humaines, tout corps féminin repousse un corps masculin selon une force proportionnelle à la masse de ce corps, sauf si il y a de l’alcool et aucun ami pour être témoin de la faiblesse du second corps. Je suis né en tétant un gros sein, je n’y peux rien. Et que répondre à cette érection “qu’as tu fait de moi”…? Une petite masturbation est la réponse appropriée ! Il y avait moi. Et puis autour il y avait environ 80 femmes.
Magasin Zara, 16h. SOLDES !!! Euphorie gratuite, je suis accoudé à un présentoir devant le monde et sa misère, des joutes de regards hostiles vers les paires de bottes à 45 euros, et des trous, des petits trous, partout. J’accompagne Delphine, chienne folle dans un champ de truffes, elle accuse la trentaine flagrante à coté des vendeuses, des clientes; son expression, son regard pétillant ont un effet délavé, ridulé. Elle m’a demandé de l’accompagner aux Soldes, me promettant ensuite quelques privautés… La relativité trouve sa splendeur dans la comparaison, dans la fatalité du temps et de son observateur. Je la laisse fuir sans l’accompagner au premier étage.
Surprise, un petit cul à demi nu se dévoile à ma gauche, le jean taille basse est mon meilleur ami, c’était un string à fleurs turquoises, sans connaissance, sans prénom mais immortel. Je suis un fantôme, invisible, envie de voler du regard une paire de seins, un maquillage trop marqué, une blonde méchée asymétriquement, des brunes aux cheveux tirés, plaqués, enfilées les unes près des autres devant les collines de chaussures dépareillées comme elles. La vie à l’état brut : bactérienne. Elles ont 15 ou 60 ans, sont là, heureuses et fourmillantes, se dandinent et jonglent avec les 36 ou 42, se dévisagent, essayent, payent et font la queue devant la mienne. Si une d’entre elles pouvait se casser une patte, si une seule pouvait s’isoler dans un coin du magasin loin du troupeau, je serais dans un documentaire animalier, prédateur dans les hautes herbes, près à déchirer de la chair, du cul, faire une romantique boucherie, et l’inonder de roses ou de sperme, sous la narration de Pierre Arditi.
Vient mon tour, l’ambiance est plus calme, un gentil gay me touche le bras quinze fois pour me dire que ce costume Kenzo me va tellement bien, que ce jean’s est parfait, que ces basquettes bleu-Armani iraient si bien avec. Une mignonne petite blonde aux gros seins est collée à mon caddie et s’y éjecte parfois, propulsant avec entrain son mètre soixante dans les rayons comme un yo-yo, revenant qui avec une tablette de chocolat, qui avec un paquet de tampax.
Découverte : Il y a beaucoup de femmes seules. Validation d’une ancienne découverte : l’homme accompagné a un succès décuplé.
Explication. La rencontre humaine reste à la base primitive, son but : l’accouplement. Trouver un partenaire en bonne santé, au sperme fertile, un minimum dominant pour assurer la pérennité de la portée. La tâche est compliquée car prenant un temps de plus en plus long avec le degré d’évolution de l’espèce. (la beauté sociale du mâle entrant en jeu). Vient alors la déduction féminine primaire : Si cet homme devant moi, si celui ci est accompagné, a été choisi par cette belle femme à ses côtés, le travail a déjà été fait. Il a déjà été jugé, jaugé, par une congénère de même espèce et de même rang dans la hiérarchie physique (et sociale). Elle ne peut être avec lui, l’avoir sélectionné, que s’il regroupe les qualités essentielles à la condition d’homme bien. Il devient plus attirant, plus visible. Ce travail est inconscient, essentiel, animal. N’importe quel homme sait et sent qu’il a plus de regards, plus de pertinence et de crédibilité quand il est avec une ou deux amies, et que son attirance est proportionnelle à la beauté des filles qui sont avec lui à ce moment précis.
Mécanisme complètement différent pour une femelle accompagnée de plusieurs mâles, l’attirance féminine pour l’homme se faisant quasi uniquement sur des critères visuels et physiques; une paire de fesse, des seins volumineux, des cheveux longs et épais, une courbure de hanches.. et certainement pas par la présence de copains autour de la belle. Donner son sperme au plus grand nombre possible dans l’espoir d’avoir une descendance génétique pour le mâle; sélectionner le meilleur sperme pour la femelle, assurée de sa propre transmission d’ADN… Testotérone et oestrogène se cherchent et se baisent ; l’art et la manière différent… Je pouvais probablement sauter une blonde bouclée, renommée caisse 42. Je le sais parce nous sommes passés caisse 43 et que, dixit ma collègue avec élan : “elle a chaud celle là“… Stéphanie annule notre rendez vous pour cause : soldes avec une copine : la boucle est bouclée.
“L’amour est une poussée éphémère de dopamine, de noradrénaline, de prolactine, de lulibérine et d’ocytocine. Une petite molécule, la phénylathylamine (PEA) déclenche des sensations d’allégresse, d’exaltation et d’euphorie. Le coup de foudre, ce sont les neurones du système limbique qui sont saturés en PEA. La tendresse, ce sont les endorphines. La société vous trompe : elle vous vend le grand amour alors qu’il est scientifiquement démontré que ces hormones cessent d’agir après trois années. La majorité des divorces ont lieu au cours de la quatrième année : en Finlande, en Egypte, en Afrique du Sud, les centaines de millions d’hommes et de femmes étudiés par l’ONU, qui parlent des langues différentes, exercent des métiers différents, s’habillent de façon différente, manipulent des monnaies, entonnent des prières, craignent des démons différents (…) connaissent tous un pic des divorces après trois ans de vie commune. Cette banalité n’est qu’une humiliation supplémentaire.”
F.Beigbeder, l’Amour dure trois ans.
J’étais au feu rouge, en train de téléphoner à Lowen, une Bretonne, quand la 206 derrière moi oublie de freiner et heurte mon pare-chocs. Je regarde dans le rétroviseur. Je sors. C’est une femme simplement moche exhibant des traits anguleux aux chromosomes ambigus, un gilet mauve visant le fushia, les cheveux courts mais pourtant gras, il fait beau, le soleil luit. Arc en ciel microscopique entre les racines blondes et les follicules, mon pare-chocs est bien rayé.
Je rêvais pourtant de cet instant, une jolie blonde grande mince et maladroite, une carrosserie abimée, un constat à faire mais il pleut : “abritons nous, il manque des papiers, oui je note ton numéro, je passe du orange au rouge, revoyons nous veux tu, oui ce soir par un hasard comme celui ci, aidons le juste un peu”.
Je lui en ai voulu à ce boudin qui ne sait ni conduire ni s’habiller, à ce manque d’hygiène qui brise mes rêves là, en plein carrefour.
Solitude.
Alors ce n’est finalement pas grave, ma voiture n’a rien je l’ai décidé je suis pressé, elle est heureuse, pas de malus. Comportement exemplaire. Je n’en veux pas de toute façon à cette blonde conduisant sa voiture blanche immaculée qui sort d’un Disney seule et unique dans ma vie urbaine ; je veux des petites voitures conduites par des brunes, des utilitaires et des breaks à gros seins, des citadines méchées et des 4×4, je veux l’été en cabriolet Golf option pétasse, se baisser et ramasser, qu’on explose mes flancs, mes ailes, chaque jour que je vive sous les constats sans jamais faire le mien.
Je suis un collectionneur d’automobiles extraordinaires, et chaque jour qui passe, j’ai un peu moins de chance de me taper les copines de ma fille de 20 ans.
quelqu’un d’autre que moi-même a cassé ma libido. Ce soir, je vais sortir, et j’ai pas envie. Rien, pas envie de boire, pas envie de fourrer des choses dans mon nez, pas envie de me cogner aux murs en grommelant, de me perdre dans ma propre ville, pas envie de diner entouré de putes voire de serveuses, pas de envie de converser : “Tu as fait architecture ? mon père est archi aussi, un autre verre ?”
Quand la rencontre devient informatique, au bout d’une canne à espoir, un vers pop-up, quelques lignes embrayent sur une minuscule photo. Le teaser est rapide, on cliquera ou pas, secondes fractionnées, marketées, la magasin n’a pas de portes. Consommons !
Meetic est composé de rayons mouvants et de produits-clients, certaines lignes, certaines recherches orientent et guident vers les guichets, la queue est longue devant les tchats. Patience, les corps sont soldés, débusquer une bonne affaire n’est pas si facile. Cherchons. Trions. Poubelle verte ou grise…
“Je suis tres affectueuse, caline, resservè, et je cherche un homme gentil pour faire un chemain ensemble…Alors si vous vous reconnaissez….écrivez moi !!!! ses simples les choses de la vie.” Piting de fautes d’orthographes, avant de commencer, c’est déjà fini quand on lit ça…
Le magasin devient parfois animalerie, quand la femme se veut être petit mammifère docile et dominée, sorte de chiot propre qui n’aboiera jamais trop fort, assis là, quémandant promenade contre affection… avec ce regard désespéré face à l’amour de celui qu’on abandonne sur une aire d’autoroute, il a fait son temps…
“Femme féminine, tendre, dynamique, équilibrée, aimant la vie, souriante, raffinée, cherche homme même profil, libre, disponible, positif, stable, avec de vraies valeurs, motivé pour s’investir à deux, et vivre une belle histoire d’amour sans le mot fin””.
Le magasin devient agence immobilière, le pavillon se commande, la location se cherche, libre de suite, avec ascenseur, sans vis à vis, belles prestations… prévoir cv et fiches de paye.
Puis viennent les autres, en libre service, qui courent après le temps ou un lapin, après cet espoir qui se pixélise, ça copie, ça culpabilise, ça invente, ça philosophe, ça achète une pelle et ça creuse en regardant passer les nuages…Je suis une bouillotte qui tourne à froid.
“Bonjour…comment décrire en quelques mots ce que je recherche…je pense la même chose que bcp d’autres personnes sur ce site. Alors si vous voulez discuter avec moi et me connaitre, n’hésitez pas à me faire signe”
“E. 25 ans Lyon je ne pas pourquoi je me suis inscrite sur ce site, alors prouvez moi que j’ai eu raison…”
“J’espère, j’attends mon âme soeur, mais pas seulement. L’amour commence quelques fois par une amitié, et mon coeur est assez grand pour y abriter les deux… PS: Je ne donnerais ma photo qu’à ceux avec qui je ressentirais un feeling”
“Je souhaite nouer contact avec un homme sympa, intello mais pas trop, sportif mais pas trop, ayant de l’humour…en bref…bien dans sa peau. Déprimé s’abstenir!!!! Nous partagerons de longues conversation et peut etre plus… Laissons faire le hasard.”
Là, le silence, amer, glacial. Là bas, une fusion d’atomes de cons. Demain, je change de monde et je plaide non coupable, je n’ai qu’une défense.
Mon chauffage s’est arrêté, je ne veux plus de cul, je veux baiser des cerveaux transpirants et humides, foutre ma queue dans un amas neuronal, et rester là, toute une nuit, synaptique. Je veux être un axone, le seul et l’unique, je veux cette jonction avec l’autre, fatale, sentir le vent qui l’amène, nue, juste pour moi…
La navette se gare près de moi, une blonde méchée au crayon labial appuyé ouvre la porte latérale coulissante, me présente un bout de chatte encore épargnée d’un string noir, et me fait signe de la rejoindre.
Bienvenue au Club Med.
Les unes arrivent, les autres débarquent des quatre coins du pays aux quatre coins du Club, toutes se rejoignent, grouillantes de gloussements torturés, elles ont entre 20 et 30 ans, caquètent et pondent des rires sous les pupilles dilatées de mes homologues masculins, eux qui, se paralysent devant ces culs parfaitement taillés pour la compétition des corps, des maquillages soignés aux mains french manucurées pour 30 euros.
Elles sont un essaim hormonal sans reine ni miel, ces ouvrières perdues, enfumées par leur propres reflet, tournent et détournent en formant des huit, je veux y aller plonger ma queue pour qu’on m’envenime par centaines.
En option dans le pack séminaire, 100 gentilles organisatrices, uniquement payées pour éviter que je m’emmerde, en gage, open bar quotidien de sorte qu’il y a ait plus de molécules de culs dévoués que d’azote dans l’air. Inspiration, expions…
Tout n’est pas si rose au pays des cases, dans la salle de plénière, l’immense silence bat au rythme de mes systoles bétabloquées par 100mg d’Aténolol.
Je suis assis, la tête serrée par un micro casque, oppressé d’un titre de Beyoncé; près de moi, un présentateur répète, il est temps de m’introduire ma co-animatrice, Sophie, compagne de l’enfer des 600 regards. Sophie parfaitement à l’aise, frôle le mètre soixante dix, son haut est blanc, moulant, zippé, ouvert, elle sourit comme une Miss Aquitaine; ses yeux sont d’un bleu coquin en forme d’amande. Banale efficacité d’une jolie blonde souriante, ni conne, ni le contraire, réalisme anthropomorphique, il y a de ces amandes qu’on retrouve accoudées au bar entre les cacahouètes et les cendriers. Les portes s’ouvrent, bruits et pas entrent lentement comme un médecin soucieux, je suis malade sûrement, la nouvelle s’annonce par tous ces corps qui s’assoient et discutent sans comprendre que je suis là, avec ma blonde, à attendre la fin par un début en souffrance. Applaudissements.
Je me lève. Sophie est déjà sur scène, ses seins sont comprimés, je suis tendu. Les projecteurs me brulent, mais je ne vois rien ni personne, le micro lance ma voix contre un mur blanc et chaud, je ne la reconnais pas. Alors, étrangement, la lumière devient nativité, douce, rassurante, le murmure qui monte des sièges une berceuse enivrante, je dégorge du Warhol, les minutes passent, je suis toujours là à sentir ces regards qui parlent et critiquent, je suis un autre que j’aime.
Fin du spectacle.
Le noir éteint la salle, Sophie devient complice tactile, le zip se dézippe et ses seins se dessinent sous mes yeux rougis, dilatés et sincères. Des gens aux énormes salaires viennent nous voir, me parlent, on pose des mains sur mon épaule, on me sourit de près, on me regarde de loin, on serre ma main, me frôle, j’entends mon prénom là bas, puis ici dans la gorge d’une grande brune ou je me verrais tant. Au bar, ça ribambelle, ça sert, ça met du citron vert, des glaçons qui glacent et sourient, un peu plus par là, ou alors là, tiens. Et puis non. Je pars de la gauche en visant la droite, le monde est là, partout. Je commande, Sandra se lève et marche vers moi pour une conversation de 20mn, inutile. On me dit que je sens bon, Armani Code à tout prix. Delphine nous rejoint, Sandra valse et s’enfuit, une beauté frappante diluée sous cette lumière instable. Je bois, nous buvons, elles boivent. Quelque part sur l’arc en ciel je suis caché. Audrey nous regarde, puis Sandy passe, je marche derrière Vanessa, la “Go” à queue de cheval si tirée que ses yeux n’ont plus le temps d’implorer les hommes, alors son cul s’offre à nos vues. Je bois un Martini-Gin.
Au milieu du bar, je m’arrête avec Emilie, une pause sociale pour une fille moche, sans avenir ici, la concurrence est trop rude, délicat instant. Elle est en plus spécialement stupide et rigole comme une truie qu’on saigne, elle me touche beaucoup et ça m’horripile. Envie de lui hurler “casse toi“, mais “j’aime beaucoup ta robe” sortira à la place, elle me touche encore, je n’explose pas de justesse. Cette petite conne ne comprend rien. Baiser une commerçante, c’est comme posséder un petit hamster dans une cage.
J’étais garé là, en fin de journée, observant quelques minutes Audrey la boulangère, et son haut petit bateau à col V couleur marine, qui rangeait les dernières flutes sous le sillon d’un cul ferme et accueillant légèrement enfariné. J’avais du prendre un pain au chocolat par jour le matin, plus une baguette chaque soir pendant de longues semaines, peut être trois, avant d’oser l’inviter à boire un verre. Et beaucoup parler à sa caisse enregistreuse, la faire rire, ne plus venir pendant quelques jours, puis changer subitement d’horaires, oublier ce piercing enflammé dans sa narine gauche et sa voix nasillarde tueuse de sensualité : venir en costume, puis en haut Adidas rouge, être distant, sérieux, touchant, parfois ne pas aller très bien pour qu’elle se demande… venir avec une amie pour qu’elle se demande… acheter deux pains au chocolat un dimanche matin pour… un oui.
Le plaisir a duré trois semaines de nuits à y penser, de jours à la regarder, parfois jouer avec ma monnaie là, sans la rendre, faire tomber une pièce, servir ce client derrière moi, sourire comme après un premier réveil en tendant juste un pain au chocolat.
“Non c’est moi qui vous remercie”
“Il vous fallait autre chose ?”
Oui, il me faut toi, ici maintenant, vire moi tes sucettes et tes guimauves, tes p’tits pains briochés, ouvre cette porte de fournil et offre moi cette vulve en vitrine qu’on partage une couronne et du souvenir comme une galette frangipane et sa fève.
Oui.
2 jours et 2 nuits de cet été, sans presque parler, nous n’avions rien à faire ensemble à part se sauter, s’échanger, se boire et se toucher.
Nous jouissions l’un sur l’autre, pour le reste elle répondait : “je ne sais pas”.
Notre complicité est morte au premier baiser. Alors perdus, c’est tout ce qu’il nous restait, du jaune d’oeuf et du lait.
Aujourd’hui, j’ai joué dans mon bain, longuement. Il n’y avait que cette bougie, sa flamme et de la mousse, pour commencer. Et puis France-info mais ça ne fait pas très bain, c’est un peu comme se faire sucer devant le journal télévisé, on apprécie moins une bonne pipe devant une image de syndicalistes en grêve ou de touristes en panne d’avion à l’aéroport.
Alors j’ai changé. J’ai mis de l’ambiance bain, parce que tout se résume à cela, à ce que l’on peut créer d’une situation, d’un corps dans l’eau, et d’une bite qui joue avec de la mousse Palmolive Sensual.
“Vincianne38” d’Aol était en bas de chez moi, il y a 6 mois, jour pour jour… A notre rendez vous, elle est arrivée avec une robe chinoise fendue et moulante. Très joli visage au grain de peau délicat. Ce fut ma seconde pensée. La première étant plutôt dubitative, comment fait elle pour se présenter comme “un peu ronde“.., est ce que cette robe était fendue quand elle l’a mise pour la première fois.
Je la connaissais depuis 2h, conversation internet avec une voisine de quartier, un hasard comme un autre, un hasard qui déjà enfourne dans une large bouche un énorme rouleau de printemps, dégoulinant légèrement mais lapé au coin des lèvres, rien ne sort de cette fille qui mange de tout, tout le temps, et en grandes quantités. Pire encore, elle l’assume. Joie des plaques d’athéromes et de l’hypertrophie myocardique, une qui nourrit sa vie à coup de Nutella entartiné, qui fait des bombes du plongeoir du 3 mètres et qui trémousse des morceaux de chair sur le podium de la discothèque; la cellule adipeuse plastronne et revendique. Elle a un rire d’enfant mais se maquille comme une pute. Ses seins cognent la table à chaque enfeuillage de nourriture, le restaurant chinois devait aller avec sa robe, devant nous des serveuse fluettes, devant moi ça bouffe de la métaphore et s’en fout plein les doigts, ça parle peu mais ça boit du coca light dont je saisis parfois les relents oesophagiens, ses seins sont des mamelles absurdes, là, un courant d’air, une transpiration, ça suinte aussi, je veux fermer les yeux alors je bois. Maintenant, le dessert vient comme elle se plaint, “à chaque fois que je rencontre un mec, il a qu’une envie c’est de me sauter, je comprends pas”.
Le précipice est à mes pieds, est ce que je peux être l’un d’entre eux si je bois encore, si je finis cette bouteille qu’elle ne touche pas, est ce que je serais devenu envie, est ce que je le serais encore… Comment se réveiller quand je finirais là, engagé dans ma propre perte dressée dans le noir cherchant l’accueil.
“Il parait que je suce bien”.
Elle vient chez moi. Et c’est le drame. Elle s’assoit à mes côtés, sur mon vieux petit canapé…, mais ça ne passe pas. Elle, ne passe pas, mais me comprime comme un piston contre l’accoudoir, je contiens un fou rire. Elle ne dit rien. S’assoit en face. Elle assumera encore. Le temps se tait. Je suis dans mon bain, j’écoute France-Info, je joue en y repensant, en la raccompagnant je lui prête un moule à gâteau, irréaliste, toujours chez elle aujourd’hui quand ma bite sort de sa mousse comme un périscope intemporel, en soldat parfois épargné.
J’aimerais parfois me dire qu’il y en a eu une ou deux, peut être trois ou quatre, et me souvenir vraiment, intensément. Et puis raconter, du début à la fin, ces deux, peut être trois ou quatre histoires, avec leur fil et leur trame, leur flèche et leur sens. Banalités plaisir. Mais ce n’était pas comme ça. Une autre chance. J’ai tout cassé, tout déchiré, comme un caprice instable, excusons moi. Et ces prénoms comme autant de canettes à renverser, à culbuter pour des peluches qui perdent leurs yeux, pour des montres même pas à quartz, de la pomme d’amour j’en veux pas parce qu’elles se ressemblent toutes avec leur manche à moi, mais faire encore un tour ça oui, et youpi. Quelque chose d’énorme grandit devant ma fenêtre. Et le jour baisse.
Ma mémoire est un diaporama du freemovieportal.com, plein de thumbnails frénétiques, je suis un stroboscope qui ventile des chattes, une orange mécanique les yeux fermés. Wagner dans l’autoradio de Oui-Oui, telle est ma vie. Les images se mêlent et fusionnent dans un néant totalitaire, rien ne reste sauf un samedi parfois jeudi, une sodomie frelatée, des nationalités aux pseudonymes, ou des coins de bars.
Piting !.
L’indiscible serait-il pire que l’inénarrable. Le temps confonds les histoires. Je croise dans une épicerie une fille baisée un soir, un paquet de Curly en main, elle veut que je sache qu’elle ne me sourit pas. Qui est ce ? Je suis en voyage, un jumeau de Langevin, qui part ou qui reste, ma vitesse est un petit c à la masse au carré. Le tout s’effondre sur lui même. Elle s’appelle Sandrine et mange des Curly, le reste est dans un puit.
Entouré de plantes vertes et de rhum, de gadgets et de favoris, les soirées passent et fondent, doucement. Je suis entouré de pigeons paraplégiques.
Il a fallu le faire, parce qu’il faut se tromper, parce que la vie n’est pas une ligne si droite, qu’elle avance à tâtons, par erreur, par mutation, parce ma bite est darwinienne et cherche en aveugle un sourire un regard.
Alors Vendredi soir, j’en découvre plus, et je tombe un peu plus bas encore.
Splendide.
Mlle X est une occasionnelle. Je suis un pigeon malade grippé au H5n1, sans attaches ni ports, mais surtout sans conscience. Pourquoi ce bar à hôtesses, je suis désormais seul, je suis entré pour regarder la fille dans les yeux, chercher son message et ses heurts, entouré comme un roi d’égouts vomissant cotillons et paillettes, mini shorts et Marivaux. Autour de moi, douze filles, quelques portugais au comptoir, un fond sonore mielleux, une consommation à 20€, et des coupettes partout, des coupettes comme des trous, à 40€, je poinçonne comme je titube, je divague et pleure comme je ris, maman, si tu voyais ma vie…
Conversation engagée, je suis une balançoire en été, seul et ivre au vent. Argent pour sexe, je hais ce pouvoir causal, alors partons. Et puis Non.
Mlle X arrive, petite brune parmi tant d’autres, en simple jean’s et haut rouge, prête à rentrer chez elle les seins gavés de billets. Bonne soirée.
Et puis parlons. Les minutes comptent et coûtent, son charme est certain, son oeil est ange, des mots raisonnent et j’oublie trop vite. Professionnalisme… Ethylisme… Elle reste puisque je suis là. Pars te changer. Reviens. Là, métamorphosée en ma fin, une robe or courte et moulante, elle est parfaite pour me suicider. Son corps appelle au crime, à l’erreur fatale, je suis une clé USB qui la prend des yeux pour une mémoire si vive que mes gestes bégaient sans moi, je sors ma Visa, on m’enlève 200€. Nous descendons dans l’antre ou les hôtesses remontent le temps, dans un petit salon glauque ou je deviens client, et elle simplement pute. Et puis le mal se fait. Moi je ne la veux pas comme les autres, particulier.
Parlons. Elle se méfie et lâche peu à peu prise Pretty woman de 24 piges, 200 euros pour 35 minutes chronométrées, nous en sommes à 400, 600, 800.
Microsociologie. Ou va-ton. Troublée. Rien que des mots et leur pouvoir, paroles, paroles. Et puis pourquoi ne pas se revoir si tu en as envie aussi, Mlle X, je fais rougir une pute.
La rencontre est un virus psychologique, le mal est d’être seul.
Derrière ses yeux maquillés et sa culotte exhibée, une petite fille sommeille, encore là dans sa chambre à accorder ses Barbies.
Mlle X m’offre son numéro et y ajoute sa langue, profonde et douce, avec gène donne ses mains, tremblante, m’accompagne et m’embrasse encore.
Qui y croit ? Elle décroche le lendemain, souriante. Rendez vous… Demain… Voilà qu’elle arrive, ah non, un peu trop dans ma tête, un peu trop dans mes verres, les minutes en atteignent quarante de trop. Une blonde entre, les cheveux bouclés, je la connais de temps anciens, baisé dans des débuts, sans conviction autre que celle d’apprendre. Elle s’accroche à moi en attendant son rendez-vous, me parle, raconte, mariage, divorce, travail, enfant, appartement, oublie volontairement les éjaculations faciales. Elle a vieilli, forci, ses rires l’ont marqué là, au coin des joues, au coin des yeux, ses seins ont été tétés par quelqu’un qui disait “suce moi” et un autre qui l’appellera bientôt “maman“.
Alors ils sont tombés comme elle dans une vie qui ne court plus. Sur le marché sexuel, elle ne vaut déjà plus grand chose, et dans ce bar foulé par de jeunes pétasses fermes, galbées, courbées et affutées, sa présence me dérange, je veux vivre mon humiliation tout seul comme un grand, regarder ma montre encore et encore, appeler des gens pour me donner consistance et attendre simplement qu’elle ne vienne pas, cette jolie pute. Le temps me lasse, je sors. Evidemment je vais appeler, évidemment personne ne décrochera. Le champagne est bon ce soir, merci.
Désormais je veux des mélis-mélos. Poudre blanche dedans et dehors, surfeurs d’argent sponsorisés et petites groupies anorexiques; c’est mignon mais fragile à presque sentir les os du bassin craquer à chaque coup de reins. On fera avec.
Le tout est en huit-clos, plusieurs étages d’orgies hypothétiques, dormons tous ensemble et chauffons l’air pur avec un jambon dans la cheminée et un verger dans le salon, les chattes sentiront bon l’huile essentielle avant de quitter leurs chaumières et d’entrer en chalet rasées de près. Le plus pratique, c’est le côté sempiternel de la fumette mal contrôlée. Attendre patiemment, voilà la meilleure solution d’autant que la fille de soirée fume finalement peu, ou comme ça, pour faire plaisir, valeur ancestrale.
En général, la jeune moderne lit Cosmo, flirte chez H&M et Mango, parce “qu’en cherchant bien y a des trucs sympas“, porte des jean’s dans la botte, boit des cafés près de Zaza et Séphora, papote devant Sex & the city et Desperate Housewives et n’a pas raté hier, la nouvelle Star.
Si elle n’a pas d’épis et les cheveux suffisamment nombreux, elle a une frange asymétrique depuis quelques mois, et si elle est embourgeoisée ou de classe prolétarienne, une french manucure, douteuse dans le dernier cas.
Si tu te reconnais, j’ai déjà envie de te baiser.
Evidemment, dans la masse, il y en a toujours une d’un peu plus névrosée, à l’enfance moins évidente, un peu bohème, plus naturelle, moins entretenue voire brouissailleuse, qui s’endort sous une photo de Brel, Brassens et Ferré et qui fume ses roulées toute la soirée… Elle mangera un peu moins parce que la végétarienne revendique autant les cinq fruits et légumes que l’envie de philosopher.
Elle a le rire discret, étouffé comme elle dans une personnalité feutrée… Elle se fera aussi baiser, fatalement, comme pour excuser sa présence. Il n’y a rien de pire que l’intolérance.
Delphine est venue hier parce que Delphine s’embête, alors elle fait quelques kilomètres pour dîner avec moi et essayer sa nouvelle robe dégriffée du moment, un soir pour un semblant de vie sociale, parce que les temps sont durs quand une femme touche les 32 ans. Toutes les têtes se tournent vers la baie vitrée du restaurant. C’est d’abord pour la surprise d’une vulgarité assumée ; Delphine est dans la rue, il est 21h. Trop tôt pour penser à une pute, effectivement, elle entre. La masse grouillante et le temps se taisent un instant, sa robe est plus courte que le dossier des chaises, alors sa chatte frôle un foie gras fourré aux figues ici, une escalope d’espadon là, elle nous rejoint avec un bonsoir nasillard… Le marché est ainsi, mû par nos apparences, par notre représentation… Et le corps est son âme, demandeur et offreur, sans connaître de cycle économique autre que celui d’une courbe déclinante, du début vers la fin… Et l’individu se perd entre ce qu’il sent et ce qu’il attend, ce qu’il voit et ce qu’il pense.
Alouette, le temps te plume, il faut combattre les autres qui poussent, qui grandissent dans le regard de ceux qui t’oublient, parce que l’homme aime jeunesse et fermeté, et si l’expérience attire encore quelques novices, le regard malicieux meurt quand apparaissent les ridules des premiers échecs passés. Tu as osé, Alouette, sur ces plages dorer tes courbes, exhiber tes seins nus tendus vers le ciel, tu as ri des années, là, plébiscitée par le peuple, désinvolte et moqueuse, tombe le haut encore, vite, le temps presse. Surenchérir, toujours, aller plus loin, encore, jusqu’à bruler ces ailes, exploiter son propre potentiel et l’ambition de le croire encore ami. Parce que depuis toujours, le salaire de l’égo se paye dans un regard, monnaie étrange qui se déprécie dès lors qu’on l’évalue. Etre visible c’est vivre encore, un doigt levé à l’indifférence, souffrance d’être belle qu’aucune petite obèse ne comprendra jamais, le temps lui prend la main quand il claque la première.
Alors Delphine ose ou d’autres renoncent, et mène sans doute son dernier round. Se sentir attirante ne suffit pas, il faut le constat qui drague, qui flatte, qui insulte et qui roucoule. Jalousie féminine, comparaison permanente. Entre elle, la femme est une traînée qui dévisage et assassine, dépèce par morceaux la chaire des autres. Rassurer et s’assurer un bon salaire d’égo, une rentrée de regard conséquente. Trop de pommes empoisonnées prêtes à être croquées.
“Je regarde ce que je perds, et ne vois point ce qu’il me reste”.
Molière
A côté de Delphine et ses bottes aiguilles brillantes, une serveuse de 23 ans en jean’s taille basse me sert un tartare de saumon, les mains fraiches, la peau lisse, le regard éclatant de naïveté, je rentre mon ventre… il est bientôt trop tard pour moi aussi, pour le reste il y a Eurocard Mastercard.
Ma boulangère a changé de boulangerie sans prévenir, sans me prévenir.
Surprise de la voir là, à l’autre bout de la ville, derrière d’autres croissants ou les brioches sont penchées près des St Genix; une femme ménopausée depuis peu l’escorte de près : la voilà accompagnée d’un “et avec ça ?” obsessionnel qui remplace son “il vous fallait autre chose ?” obsédant. Suprise aussi de me voir, elle pense maintenant que je l’ai suivie. Tant pis.
Hasard d’une petite faim, et puis elle, finalement jolie. Etrange sensation. Petit idéal extérieur, pourquoi ne parlais tu pas, pourquoi n’avoir rien à dire. Si on allait boire un verre, ça me fait plaisir de te revoir, intéressant ce hasard, je t’appelle ce soir.
J’ai tout gardé parce que rien ne change, ni elle, ni moi, se rencontrer deux fois ne donne qu’une fin.
9h30.
Dans cette petite boulangerie de quartier traine un résidu de sexe. Entre deux personnes qui s’interpénètrent un temps, il se crée à jamais un rayonnement fossile, sorte de bruit de fond de possession réciproque, de radiation chaude maintenue par les échanges de fluides passés. Je baise des atomes de façon discontinue, et des particules étranges dans une expansion sans limites. L’énergie d’une particule est reliée à sa fréquence. Pourquoi arrêter.
Suite sur le prochain panneau…