Les souvenirs sexuels sont des coarctations aortiques…
Première partie
“Les femmes donnent une impression d’éternité, avec leur chatte branchée sur les mystères -comme s’il s’agissait d’un tunnel ouvrant sur l’essence du monde, alors qu’il ne s’agit que d’un trou à nain tombé en désuétude“.
Extrait du roman : La possibilité d’une ile… de M.Houellebecq.
Je viens juste de passer 3h à analyser des chiffres : les pages vues, les pages lues, les pages enregistrées, les pages téléchargées… les plans d’actions marketing, les résultats d’impact, les relations publiques à organiser… tout cela pour mon site-web GatsbyOnline et je vais essayer de me convaincre que ces heures me permettront de passer d’autres heures demain avec un Mojito à la main pour les oublier. Dieu ne joue pas aux dés, parait-il… cette nuit quelque chose d’étrange est arrivé : j’ai compris que je pouvais être un type d’homme exceptionnel, avec qui dort une Pin-Up… de rêve !
Non, je ne suis pas encore au stade de compréhension, j’en suis au stade de constatation, évidemment je n’ai pas fermé l’œil, évidemment je suis fatigué. Fatigué d’avoir lutté toute la nuit : la chèvre de Mr Seguin en érection à l’orée du bois vous connaissez ? Flots de pensées sexuelles quand la caresse d’une cuisse se fait sentir vers 2h du matin. Le pire ? Imaginez un chien abandonné sur la route qui recroise le chemin de ses maitres par hasard après une nuit à errer dans l’Aréa : “oh…il est là le mignon petit chien, comme il est gentil il nous a retrouvé“.
C’était ça mon petit déjeuner, une voix douce, des gestes presque délicats; est ce possible que cette fille ne se soit pas rendue compte…, la porte a claqué, mais je l’ai aidé… Les choses ne se passent pas comme un dimanche quand c’est lundi, je me suis retrouvé sur Meetic, coté en bourse, voilà donc l’économie des désespérés concrètement analysable… le nombre de personnes se masturbant tant l’esprit que la queue sera donc un paramètre concret dans la fluctuation du cours de l’action.
Aujourd’hui j’ai virtuellement rencontré une certaine Nathalie, affichant 24 ans, sans enfant… et voilà que cette “nat43” (ce qui semblait indiquer qu’elle était soit née en 43 soit qu’elle avait 43 ans) me demande si j’ai une web-cam, si elle peut me voir, si je l’autorise à ce qu’elle puisse lui prendre l’envie de me rencontrer physiquement devant un café… (comme les web-cam sont maintenant intégrées aux écrans, je penche vers 43 comme année de naissance, sous réserve).
En parfaite habituée du système, elle s’arrange pour que je lance en premier mon image… et je fais le naïf, oui, elle a des excuses minables pour attendre de voir ma tête, oui je ne verrai jamais son visage si je ne suis pas à son goût, on sait tout ça, rien ne change et ne changera jamais… même sur internet, nous sommes toujours dans une conversation biaisée ou Monsieur doit tout faire pour plaire à Mlle, Mme.
Je ne suis pas rasé depuis 4 jours ; habillé comme une sorte de déchet puisque ma mini haggen dasz chocolat/brownies a fini sa course sur mon vieux t-shirt oxbow ; mais malgré tout, Nathalie va enfiler quelque chose et lancer sa caméra. Mon égo gagnera un point ce soir quelque soit son physique.
Surprise, elle est mignonne, maquillée, souriante, mince. Manifestement je lui plais. Echange de numéros. Appel de 13 minutes. Quelques blagues, un ton posé, le plus dur est fait. On sait déjà tous les deux que j’ai un premier pas dans son lit. Le but étant pour elle de le dissimuler le plus longtemps possible et moi de fermer les yeux sur ce manège. Il n’est pas si tard et je me sens déjà demain. Ce mardi est un dimanche. Voilà que je me prends à écouter Nora Jones alors que je n’aime pas, pas trop, et puis finalement c’est pas mal du tout. C’est un peu le même problème avec les rencontres, les mots sont juste dans le mauvais sens.
Je ne sais pas qui je vais rencontrer. Meetic est un hypermarché, et je vais beaucoup moins à Carrefour depuis que j’y suis inscrit. Trop d’offres tue la demande. Je ne m’en sors plus avec toutes les variétés de Yaourt, avec 3 ou 4 choix j’étais un consommateur rassuré, depuis qu’une dizaine est disponible, je suis perdu dans mon acte d’achat, je rachète les mousses Nestlé.
Je devrais rappeler une de mes ex ? Surtout pas ! Une seule solution : préférer une rapide masturbation avant de passer l’appel malheureux.
L’envie passe de manière foudroyante avec un : “j’ai failli faire une grosse connerie“.
Je n’ai eu aucune érection ce matin, et j’écoute Dont Know why…
Il n’y a pas de vulgarité, il y a juste de l’intolérance. Il n’y a pas de salopes, il y a juste un manque de communication. Il n’y a pas de mauvaises suceuses, il y a juste des hommes intolérants ne sachant pas communiquer.
Mon ex-1 cherche à vivre un conflit avec chaque amant, le rapport de force et la domination sexuelle, l’impudeur et les pleurs après chaque coït, elle crie fort dès la première pénétration en se malaxant les seins gaiement, ils ont la fermeté d’une pâte à pain en entrée de chambre de pousse.
Mon ex-2 est une huître ; fermée c’est une coquille bourgeonnant de parasites verdâtres, ouverte elle présente une anxiété pathologique, elle suce comme une fillette qui vérifie si le père Noël à une vraie barbe, par gène et par attouchements ; seulement ensuite elle se laisse aller à de profondes gorgées. Je ne suis pas le Père-Noel.
Mon ex-3 s’intéresse à la magie noire, l’astrologie, le karma et les énergies émanant du corps. Elle est ésotériquement bonne, je dis ça certainement parce que je suis Taureau ascendant Gémeaux… ses seins sont deux mains posées de chaque coté des joues et un baiser sur le front, ils content l’histoire d’une nuit de rêves au creux de deux onctueuses berceuses.
Mon ex-4 est cambrée comme une danseuse étoile, la croupe arrogante et la vulve rasée de prêt par Gilette Vénus le jour même. La perversion d’un visage d’ange qui n’est attiré que par de profonds et soudains coups de reins. Elle est dans l’air du temps, oscillant entre besoin et répulsion, entre fuite et harcèlement… elle ne lit que Cosmo format poche, attendant qu’on l’appelle.
Mon ex-5 a un visage carré sans expression, des cheveux ternes frisants à la moindre intempérie, un regard parfois bovin et un rire saccadé… sa voix semble mutilée par un mauvais logiciel, nasillarde, au timbre dérangeant.
Mon ex-6 a le cul bombé, une chute de rein mémorable, des jambes longues et minces, elle nourrit une passion pour les les mini jupes accompagnant ses talons hauts et les décolletés outrageux bénissant une péninsule mammaire aussi fière qu’énorme. Tomber amoureuse en 1 jour est une de ses habitudes, 2h après notre premier verre, et assis sur un canapé, elle plongeait déjà sa main à la recherche d’un membre à mettre en bouche, avalant ardemment ce qu’elle avait physiologiquement activé…
Le meilleur menu (à regrets) d’un Dimanche soir : s’enfiler de la poudre dans le nez à la truelle, siffler une demie bouteille de whisky, une escalope de foie gras de chez Picard (enfin deux, elles sont petites), et avoir autre chose comme nouvelle voisine qu’une mastérienne en français qui a volé le physique de Marguerite.
J’ai finalement rencontré Nathalie dans un parking, tellement de monde que j’ai du la rejoindre dans la file de voiture, plutôt original. Et puis après tout, pourquoi ne pourrais je pas avoir une envie de relation sérieuse avec une fille affichant un 85B et qui écoute Kyo. Je me suis posé cette question en boucle tandis qu’elle me parlait de sa vie, de son travail, de son ex.. Je crois qu’elle a apprécié la manière dont je faisais semblant de m’intéresser à son passé, son présent aussi, moi qui sur le moment n’envisageait qu’un futur en forme de lit. Il faut dire que le maniement du hochage de tête ne s’improvise plus depuis quelques années déjà ; il faut le ponctuer de “hum, je comprends“, “c’est dingue quand même“, “oui j’imagine“, “mais comment tu as fait…“.
Elle a passé un bon moment parait-il.
Le coté pratique de ce genre de rencontre est qu’elle est validée dans l’heure, voire au pire, dans les 12h suivantes, par un sms. L’homme invite, la femme actionne le mode T9. Ce simple sms signifie : tu m’as écouté, tu me plais, tu m’intéresses, j’ai apprécié ce moment, je peux envisager quelque chose avec toi, rappelle moi, tu pourras sans doute me baiser. Tout un poème. Le mâle sait donc par ce biais, s’il reste ou non sur le chemin du verger.
Le mien est arrivé dans la soirée, cool. Les temps deviennent durs pour les hommes. Internet à première vue facilitait la chose, la rencontre de l’autre.
Aujourd’hui la sélection est cruelle, on est loin d’un regard excusé de cette belle blonde dans un bar qui dit gentiment non. On est sur Internet :
Premiere sélection : Fiche client : qui es tu, ou habites tu, qu’écoutes tu, et plus globalement, que fais tu de ta belle vie pour atterrir dans cette cave à ciel ouvert.
Seconde sélection : Pas de photo ? Pas de photo signifie aujourd’hui, Second sous-sol. Exit les filles mignonnes. Grande sera la chance de tomber sur la chose qui se cache au fond du couloir, ce genre de femme qui pourrait dire : bonsoir Agent Starling…
Troisième sélection : La conversation, fautes de grammaire, d’orthographe, désolation de pathétisme du discours “t’as dja été sans culotte?” etc. comportement, caractère, passion, tout est analysé, codifié.
Quatrième sélection : Le téléphone. Intonation, voix, rire; s’ajoute la spontanéité de réaction qui manquait cruellement derrière l’écran… seulement ensuite, on rencontre, parfois même dans un parking.
Il y a 10mn, “severine38” d’Aol a décidé sans que je lui propose, de me montrer ses seins par webcam. Je n’ai plus pu toucher mon dîner après cette expérience (une tourte aux 4 fromages). Comment peut on oser se montrer quand on est victime d’un attentat mammaire de dame nature ? Bien que de taille relativement moyenne, deux gants s’offraient ainsi au monde par un focus mal adapté, partiellement pixélisés, serrés de près par des bras gélatineux et fiers de l’être. A coté de ses doigts boudinés pointait une part de pizza copieusement garnie de fromage, elle sera je pense rapidement ingérée.
“Severine38” se concentra sur un téton, le tordant avec vigueur, action qui m’infligea immédiatement un franc dégout. Ceci dit, elle avait l’air de beaucoup s’amuser, je la laissais continuer en regardant Canal+. Quelques minutes plus tard, le message “Tu es très excité pour plus parler ?” s’affichait sur mon écran.
J’ai répondu “Excité comme une tourte“, elle s’est déconnectée.
Une amie au téléphone (Delphine) vient de me dire que son plus grand plaisir était de se faire baiser par moi. Horreur, je crois qu’elle a raison, moi aussi.
Effectivement, mon rendez vous de ce soir ne me plait pas plus que ça ; non, l’envie n’est pas si grande de passer la soirée avec elle. Maintenant que je sais que je peux, le charme est retombé. Les codes relationnels féminins sont trop clairs. Il n’y a rien de déroutant, rien d’excitant, rien qui sorte un peu de la banalité quotidienne. Elle n’est ni assez salope, ni assez perturbante. J’ai cassé ma ficelle et mon bout de carton. Je vais noyer ces pensées dans l’alcool, le reste suivra. Surtout, surtout, aucun épisode masturbatoire là maintenant. Restons chargés. J’ai failli annuler cette soirée. J’ai failli faire le con.
Delphine est partie de chez moi à 05h45 après une infusion Pomme-cannelle. Pas très sexe comme image. La soirée pourtant était tout autre. Exceptionnelle en fait. Comment est il possible qu’une fille relativement originale dans ses tenues, sans excès dans son travail, puisse venir habillée comme ça. Rarissime sensation. Le Roi de la ville hier, c’était moi. Divinement sexy, homéopathiquement vulgaire, totalement femme.
Je détaille : bottes noires talons 10cm, guêtre noire Chantal Thomas, mini jupe rayures et gros nœud sur le devant (H&M), haut noir moulant épaules nues, et petit gilet noir; frange asymétrique et cheveux plutôt courts, maquillage soirée, regard vertigineux. Intelligente, agréable de conversation, tantôt légère et sérieuse en fin de soirée, un bonheur. Hélas, alors que l’envie naturelle à suivre serait d’appeler dès maintenant, de la voir dans l’après midi; il va falloir devenir stratégique, ce ne sera pas un coup d’un soir, aucune erreur de possible. Une pipe intégrale est toujours un grand moment dans la vie d’un homme.
Ce soir donc, un rendez vous s’improvise en début de soirée avec la muette, une voisine, aussi timide qu’en recherche de personnalité sexuelle.
Je ne l’avais pas vu depuis 1 an et demi, le temps de sa dernière (première) relation. C’est toujours flatteur une fille qui revient.
La voilà donc, toute de mini jupe bon marché vétue, avec des chaussures d’un gout extrême, sortes de boots à talons presque compensés, presque coquées, laides quelque soit l’angle de vision. La tenue d’une dépressive forçant ses souvenirs sexuels. Aucune trace de maquillage, cheveux noirs, fins, très et trop longs, plats. Sorte de vieille prof d’histoire en fin de carrière qui pense à tort que ses cheveux sauveront sa perte définitive d’oestrogène et l’attirance inévitable de son corps vers le sol. Bref, l’érection n’est pas gagnée. Elle l’est d’autant moins que la muette m’apprend que pipe il y aura quand dans Corvette elle roulera. Bref bis, je m’exécute, il est déjà tard. Je vais chercher la voiture.
Me voilà donc sur un bord de route, une amorce de chemin champêtre, la queue à l’air, une bouche au dessus. Ok on est mal dans une Corvette, Ok, il fait sans doute très chaud quand on suce un mec, Ok, c’est d’autant plus chiant que ça ne vient pas en 5mn quand on suce mal… mais c’était son idée.
J’ai eu beau passer en revue mentale, toutes les filles qui me faisaient un énorme effet, passant par mon ancienne colocataire, une parisienne, quelques gros seins, rien n’y faisait. Tout était à recommencer dès qu’elle faisait une pause. Laborieusement, une fin arriva et la muette avala; à peu près en même temps qu’une Peugeot 206 qui nous éclaira en plein phare, n’ayant bien sur pas vu la voiture garée près de la route. Evidemment, mon premier reflexe de mec pas encore blasé fut d’appeler un copain. Il y a trop de salopes, il faut que ça se sache, mais surtout pas que ça s’arrête.
“Les femmes intelligentes m’ont toujours fait bander. A vrai dire l’intelligence n’est pas très utile dans les rapports sexuels, elle ne sert qu’à une chose : savoir à quel moment il convient de poser sa main sur la bite de l’homme dans les lieux publics.“
M.Houellebecq
Quand je suis assis en face d’une fille je me demande souvent les phrases qu’elle va vouloir entendre pour offrir son cul le plus sincèrement possible.
En général, ces phrases sont le résultat d’un regroupement de plusieurs paramètres parmi lesquels, l’âge, le travail, l’environnement familial immédiat et passé, le niveau social et culturel des parents, son physique actuel et surtout celui de son adolescence, sa relation particulière pendant cette période avec sa mère, puis son père, ses gouts vestimentaires, son niveau de féminité. Ces variables forment une équation qui, une fois résolue, offre une vue globale du comportement requis pour plaire ou déplaire, baiser ou passer ses soirées sur le web. Chaque rencontre a ses règles. Laissons de coté volontairement la rencontre rare alchimique, qui découlera de codes physiologiques plus complexes et ou n’est possible pour l’instant qu’une place de spectateur. Il est impossible de diminuer le nombre de variables, en revanche, il est possible de les simplifier. Une femme de 30 ans par exemple, tend fatalement vers une équation chaotique. Ce qui est le plus problématique dans le célibat c’est le budget rencontres féminines. Ainsi, chaque soirée complète et plus ou moins offerte débitera 150 euros environ. Fin d’après midi et soirée : Delphine, 150… Dimanche, La soviétique de Meetic, 150… Lundi, La muette, qui est une sorte de supplément gratuit de TéléZ, et se contentera de quelques cacahouètes chez moi. Elle veut tout autant se faire sauter, elle a juste la politesse de ne pas y mettre la forme. Il faut également prévoir un soir de semaine pour Audrey la boulangère, et sans doute samedi prochain pour “Nath43”.
Round 1 : le déjeuner convivial, échange de banalités. Formule express, avec café.
Round 2 : Laisser passer une semaine. Modérer l’envoi d’un ou deux sms courtois marquant une certaine présence.
Round 3 : Diner, restaurant tendance, verre bar lounge, conversation plus personnelle (parler des échecs qui nous rendent si forts) + ponctuation banalités. Dernier verre en appartement, correction exigée, musique fin de soirée, conversation intimiste, oui ma petite exprimes toi, je vais le faire en fonction.
Round 4 : Ce soir, apéritif chez elle, et le calvaire du choix du présent : chocolats, bouteille, fleur simple ou en bouquets, vieilles valeurs qui d’un coup ressurgissent sur le chemin de la vulve. Elle devrait sentir la vanille et le feu du rasoir à cette heure ci. Je me demande si un samedi soir à la nuit des temps ils s’emmerdaient aussi à offrir une peau de bête faisandée, un bon tirage de cheveux devait suffire amplement. Cerveau reptilien tu me manques.
Mon Bonsaï a une cinquantaine de feuilles jaunes ce matin. Je crois que le terreau est beaucoup trop compact pour que le drainage s’effectue correctement.
Je vais essayer de le sauver.
Quand je l’ai vu habillée d’un vieux jean’s, je pensais que j’aurais du mal à la baiser. Quand elle a choisi un restaurant familial et pris une pierrade royale pour deux, suivie d’une fondue au chocolat, l’impression s’est confirmée. Quand elle a payé la note, et me proposait une infusion vêtue d’un large pull de mec une fois chez elle, j’ai su que je ne la baiserai jamais. Une fille trop naturelle est stupide. Je suis rentré à 5h.
Mon Bonsaï est presque mort. J’ai annulé la russe, et mangé des chataignes.
Dimanche, fin de soirée, sortie de bain. Une vibration, un sms, un prénom : Carole. Rencontre estivale, rencontre hormonale et mammaire. Aucune nouvelle depuis début Juillet. Souvenirs précis néanmoins, rencontre en boite de nuit. Je me souviens avoir énormément bu, que cette fille était quant à elle ivre morte, au milieu du couloir principal, juste après l’entrée. Elle est venue glisser quelques mots ou sa langue dans l’oreille d’un ami, m’a vu, et m’a littéralement léché le visage pendant les 4h suivantes. J’avais fait tout ce que je détestais, embrasser à pleine bouche une fille aux 4 coins d’une discothèque, s’arrêtant juste pour respirer et continuer à vider les verres disponibles. Nous étions l’attraction de mauvais gout de la soirée, et je m’en foutais, divine régression.
Derrière deux énormes seins, oncteux et rassurants, se cachait un visage banal, une fille toutefois mignonne quoique plutôt charpentée, d’1m80. Carole est libre et libérée. Carole ne parle pas, carole vit et communique souvent avec une main posée sans retenue là ou les flux sont tendus. Houellebeck dirait d’elle qu’elle transpire l’intelligence. Je ne me souviens pas avoir autant aimé embrasser quelqu’une. Nous avions cette rare compatibilité buccale qui entraine une érection immédiate. Pour cause de départ pour moi, et de vacances pour elle, je ne l’avais revue qu’une fois pour un bref diner. Le sms demandait si mes serpents allaient bien, et me glissait son envie de venir en prendre un en main, si je le “spermettais”. Je la vois Vendredi soir.
Deux jours de conversation avec une coiffeuse de Meetic, qui est d’après sa fiche signalétique : “ronde“, elle “garde son poids pour elle“, mais est “plutôt agréable à regarder“. Le plus attirant chez elle : “sa bouche“. D’après sa recherche, elle n’est pas très regardante puisqu’il me semble que toute personne ayant une queue peut répondre à ses critères. Entre 1m70 et 1m97 il y a quand même du monde. Pas de bol pour celui qui mesure 1m98… Sa bouche donc, effectivement, sur 3 photos, on ne garde en mémoire que ce maquillage labial extrêmement poussé. Oscillant entre pur mauvais gout et vraie pétasse sur la dernière. Je ne me souviens plus de son prénom, mais je me souviens de sa fierté d’avouer rapidement un 90E étonnant.
La webcam branchée, lancée sans même une demande de ma part, elle ne montra toutefois que son visage, sans demander la mienne en retour, épatant. Ses gros seins et elle trainent en ville en fin de semaine et ne sont pas contre une rencontre, sa bouche doit se voir d’extrêment loin ces soirs là. Je n’ai pas été en contact avec un bonnet E depuis mes 19 ans et demi ; une nuit à l’Hôtel Bellevue, avec une petite boule vraiment ingrate. Grand moment. Un bonnet E est un reflexe pour le mâle. Il transperce la cornée, dilate la pupille, affole le cristallin, inonde l’humeur vitrée pour se graver dans la rétine sous forme de bite déjà durcie. Le second effet du Bonnet E est plus surprenant : il rend incroyablement perplexe. Que faire de tous ces seins ? Ou mettre les mains, la bouche, la tête, la queue…? Je me suis posé la question toute la nuit, ai beaucoup joué avec ses seins, sans jamais trouver de réponse.
Il y a deux types de femmes : les libres, et celles qui ne le sont pas encore. Chacune d’elle éprouve un besoin commun : faire état de son statut le plus rapidement possible dans une conversation avec un inconnu ou un collègue. La normalité doit etre revendiquée, l’anormalité, combattue quotidiennement.
Après quelques banalités échangées en début de conversation, souvent de type météorologique, puis de politesse sur nos entreprises mutuelles, il en va de leur honneur et un certain coté vital de faire passer le message suivant : Il y a un “do not disturb” rouge façon chambre d’hôtel à l’entrée de mon vagin, ou, “veuillez faire la chambre svp“.
La réussite et l’échec. Dans le cas d’une fille en couple, le code rarement subtil, sert d’une part à afficher la normalité sociale de femme mariée, et d’autre part à éviter tout quiproquo qui entrainerait à l’inviter boire un verre ou échanger nos numéros de téléphones, l’homme seul engageant conversation étant la plupart du temps assimilé à un prédateur potentiel. On entend dans le second cas :“oui parce que moi j’ai pas de copain”, “le week end je fais pas grand chose comme toutes mes copines sont prises”, “comme je suis seule dans mon appart depuis peu”. Le message doit être concis mais précis, facilement assimilable et appuyé par un regard franc. La femme célibataire n’emploie jamais ce mot qui s’assimile à une maladie de plus en plus grave au fur et à mesure qu’elle s’éloigne des 30 ans.
Estelle, croisée 25mn il y a 2 semaines, (assez pour exprimer compulsivement sa solitude) m’appelle au déjeuner, j’ai beaucoup aimé sa phrase : “Je me disais que peut être, si tu en avais envie, tu pourrais m’appeler un jour pendant la semaine pour qu’on déjeune ensemble”… Remarquable. Elle a une poitrine inversement proportionnelle à la profondeur béante de ses décolletés, ce qui a pour effet général de casser tout effet érotique.
Elle s’inspire également de vidéos clips du début des années 80 pour son maquillage et a le mérite de réussir à stocker une quantité impressionnante de mascara sur le coin extérieur de ses paupières, dont l’objectif premier devait être sans doute d’étirer le regard et non d’avoir l’air d’une prostituée de 65 ans.
Sa grande qualité est de privilégier les jean’s très tendances et d’avoir un cul qui s’y moule parfaitement, sorte d’hypnose paroxystique primaire qui étire le temps toujours trop court du regard qu’on lui porte.
J’ai envoyé 8 sms dans l’après midi à des filles non vues, non planifiées depuis plusieurs semaines ou mois. Seulement 4 réponses. Evidemment, j’ai désormais envie de revoir les 4 qui n’ont pas eu envie de répondre. Tant pis. J’ai quand même téléphoné à chacune…
Amandine m’avoua que ça n’allait pas trop en ce moment…
Christelle m’a affirmé qu’elle aimerait vraiment me voir…
Laure, m’a dit qu’elle pense à moi souvent…
Florianne m’a susurré qu’elle sera dans ma ville dans 15 jours…
La première est donc toujours célibataire, la seconde a des soucis avec son mec, la troisième a apprécié notre dernière nuit, la 4ème n’est pas pressée de me revoir, mais pourquoi pas.
Amandine est une bimbo blonde aux yeux bleus, sorte de fantasme sexuel d’hommes de 40 ans et plus. Je n’avais pas remarqué jadis qu’elle parlait aussi fort et riait si grassement. Elle était de plus totalement dénuée du coté sensuel qu’on pourrait attendre avec ce genre de physique. Se reposer sur ses acquis est souvent le principal problème. Je ne vois plus que ça aujourd’hui, ou sont passés ces acquis !? Ils ont disparu sous d’épaisses couches d’Oméga3 en crème, d’anti-oxydants anti-âge, de kit peeling mircrodermabrasion, soins nutritif-fermeté, lissant-raffermissant; ils sont devenus budget mensuel et s’endorment souvent avec du Stilnox en essayant de s’oublier. Son studio est meublé en bois de cagette, elle écoute Corneille, n’a aucun autre intérêt dans la vie que de fréquenter les boites de nuits et les magasins pour lolitas branchées, mais elle a de beaux restes pour 29 ans.
Un été, au volant de sa fiat cinquecento bleue, vêtue d’une mini jupe ultra moulante, je la voyais se garer en bas de chez moi. Elle se faisait, sans conséquences, agresser dans mon allée quelques minutes plus tard par un pauvre type. Elle avait le bonheur/malheur de déclencher souvent les pulsions sexuelles sur son passage, et se balader avec elle entrainait plus fréquemment des emmerdements que de la fierté. Nous avons couché ensemble une quinzaine de fois en 10 ans, ponctuellement, retour acide de jeunesse et improbable avenir. Amandine est un peu comme un Rubik’s cube posé sur une table.
On a tout de suite envie de le prendre et de jouer avec tout en sachant très bien qu’on aurait du le laisser à sa place décorative.
Les femmes ne comprennent pas qu’il n’y en a pas qu’on épouse, qu’on copine, qu’on largue ou qu’on baise, il y a juste un cycle à respecter, seul l’ordre change avec certaines. Je la verrai samedi après midi chez moi, pour boire un thé.
Je vais avoir envie d’elle dans les 5 premières minutes, certainement dès qu’elle aura enlevé son manteau et bombée sa généreuse poitrine; puis elle va parler, tortiller ses cheveux entre ses doigts, rira à gorge déployée, balancera ses longues mèches sur la gauche ou la droite, essaiera de comprendre pourquoi le célibataire en face d’elle n’a plus envie de la baiser, et repartira.
Il faut que j’achète un nouveau pull. Joan porte bien le jean’s moulant. Elle ne ressemble absolument pas aux clichés classiques de ces femmes qui m’entourent dans mon quotidien, c’est une dure. Marquée par la vie, de larges cernes sous les yeux oubliées d’être camouflées, Joan affiche la couleur rapidement, elle est seule, sans enfant et habite dans une petite bourgade de lointaine banlieue à loyers modérés.
Une petite cicatrice au coin de l’œil, un coté garçon manqué, une voix dénuée de toute sensualité, elle a choisi volontairement de laisser la féminité aux autres, mais comme elles, a ses propres besoins sexuels.
Joan est directe : “viens avec moi”
Je résiste avec un franc : “non, pas tout de suite“.
Le combat est lancé. Le titre : Qui baise qui ?
Effectivement pour réussir une incursion dans son lit, il faut du physique, du caractère, une bonne dose de conflit ouvert et oublier la gentillesse. Joan sait certainement changer un pneu plus rapidement que beaucoup de mecs. Don’t panic. Dans un lit, ce genre de fille est une sensation mémorable, résolument anti gestes tendres, c’est souvent “au fond de sa gorge“, la réponse à la question “ou est passée ma queue ?“… Surtout ne pas penser bougies, diner romantique, musique douce. Là, il faut inviter et rapidement baiser, le temps est une porte qui se referme. Ne jamais se poser de questions, être un primate dénué de politesse, faire ce qu’on veut du corps d’en face sans contrôler ses gestes. Et ce corps est tendu, musclé, partiellement délicat, exagérément déchainé.
Le tabou n’existe pas. Elle ne devrait d’ailleurs rien avoir contre un premier rapport en extérieur, cette fille vit à coup de spontanéité, d’impulsivité. Elle parlera donc sans doute rapidement au lit, possibles insultes ou morceaux choisis de vocabulaire pornographique. En fin de compte, il y a en elle le charme d’un voyage à peu de frais, un dépaysement relationnel instantané, un dégrif’tour sexuel de banlieue.
En bavardant ce matin, je pensais à ma premiere sodomie réalisée dans une allée jouxtant un pub; ce n’est pas sans une certaine fierté et un brin de malice que j’allais demander le code de la porte au patron du bar. Etre romantique à 20 ans, je vois encore mal l’intérêt de la chose. Nous avions poursuivi dans une chambre de l’Hôtel de L’Europe, vers 3h du matin. Je n’ai jamais été autant insulté dans ma vie qu’une nuit entière avec cette fille. Une fille ne m’a jamais autant demandé de la traiter de salope. Il y a quelque chose de délectable dans l’exégèse orale de certaines vérités. Sexe rime parfois avec violence, avec profonds coup de reins donnés à une inconnue; là, sexe rime avec inoubliable. Souvent, le regard est perçant, il dénude sans mutiner, il viole une pupille pour transpercer les non dits et les valeurs d’usage, il est une ligne droite qui ne s’arrêtera qu’une fois empalé sur un membre dressé. Joan est l’antithèse de Candy, sans astuce, sans espièglerie, c’est ça son pays.
La soirée prévue était : boire un verre avec un ami et essayer sa nouvelle voiture, puissante de 450 chevaux. Ce genre de soirée est atypique. C’est quand on ne prévoit rien que de jeunes culs s’invitent. La Corvette C6 se soustrait aux illuminations de la ville quand elle apparait dans ma rue, ronronnant à 700 tours, un bijou monté sur un écrin de 18 pouces, l’odeur du cuir embaume le sourire, je suis déjà collé au siège sous la barre des 3000 tours. Bref une soirée de mecs entre mecs ou l’on parle voiture, moteur, accélération, consommation, 0 à 100 et 1000m départ arrêté, soumission de testostérone au règne des soupapes.
L’entrée en bar fut l’accouchement d’une soirée différente et imprévue. Ce soir là, le pub regorge de filles élancées, sexy, blondes, brunes, majoritairement en grappes groupées autour de regards audacieux. Au milieu d’un premier mojito, la soirée s’emballe sous la forme de deux corps crystallisants une pulsion sexuelle subite, prenant place à coté de nous. L’une est brune, l’autre est métisse. Elles n’ont pas 30 ans. L’élasticité de leur peau, la pureté de leurs traits, l’imposante poitrine d’une obscure clarté de la brune, la bouche sollicitante de la métisse, leur complicité dans un amas de rire ostentatoire est une invitation au fantasme : celui d’en prendre une et de la baiser, là, maintenant sur cette petite table sombre. Dieu reconnaitra les siens.
J’ai mis 1h10 à trouver une place en centre ville pour déjeuner avec Delphine qui attendait depuis 45mn devant son assiette. Pire encore, après une navigation intense sur le net, je m’aperçois que les Escort girls sont quasiment introuvables. Paris, Nice, Monaco, Lille, Cannes, la prostitution de luxe n’est pas encore décentralisée. Il faut lutter contre les inégalités. Les bars à hôtesses ou ouvriers et cadres supérieurs s’accoudent au comptoir d’une misère partagée, sont paupérisés sous la forme de la même vieille blonde à la voix broncho-obstruée. Elle fut belle un temps, pute à plein temps, et finira le sien entrepreneuse et tenancière. Quand on entre dans l’établissement, c’est la maman des filles qui se présente à nous, elle est d’abord là, derrière le bar, pour nous montrer combien le temps fait souffrir les corps. Elle affiche une tenue volontairement dénuée de sens, son but est une confidence : elle est la représentation dénudée de ce que la chair usée fait de plus mal au regard, elle est la présence d’un contraste humain, placebo de nos bites, les filles qu’elles embauchent n’ont aucun intérêt si leur devenir physique qu’elle incarne n’a pas place immédiate auprès d’elles. Le chemin est tracé, il faut d’abord échanger quelques phrases avec elle, lui offrir une coupe à 20 euros, deviner son ancienne beauté, après quoi seulement de jeunes étudiantes pour la plupart apparaitront. Ici comme dans tout bar, les habitués peu nombreux sont partie intégrante du décor. Ils sont minimalistes eux aussi. L’ambiance rappelle que le simple passage dans ce bar est de mise, que pénétrer dans cette antre n’a de raison que le but, quelques filles, 5 ou 6, qui ont soif tout simplement. Compter 20 euros pour une première approche. Avec cette somme, le quidam parle à un corps dévoué, sexy, tendu, prêt à consommer et à l’être.
Tour de table : à mes côtés, un homme en costume de 45 ans qui me regarde amicalement, un peu plus loin, de vieilles basquettes blanches appartiennent à un homme un peu plus jeune avachi contre un jeu vidéo érotique, enfin parlant à la patronne un grand chauve vouté d’une soixantaine d’année en costume gris : il repose sa main droite tremblante sur l’épaule de la vieille blonde, tout le monde se regarde, personne ne parle. Il est 2h.
Au fond de la salle, une jeune blonde monte les marches éclairées d’un escalier rouge, l’action se passe en bas ; elle est suivie d’un quatrième homme, plutôt petit, péniblement musclé. Il lui susurre une phrase à l’oreille, entrouvre la large porte en bois cloutée, jette un œil à l’entrée sur le retour de caméra, puis sort.
Voilà ce qui se passe dans un bar à hôtesses, une danse chorégraphiée, des tables au sous sol ou l’on suce et se fait sucer, ou l’on boit pour oublier qu’on se branle sur des filles en master 1 pour le prix minimum d’une bouteille de champagne à 150 euros. La vulgarité n’est qu’un piètre souvenir d’un temps ou une jupe faisait d’un corps la beauté et non la perte. Les souvenirs sexuels sont des coarctations aortiques…, ascendant, descendant, symptomatique.
A travers les mois écoulés, le bégaiement de certaines piètres soirées, le souvenir fissure le présent, force du silence entre deux secondes, ponctuel, il est diastolique. Parfois, il revient sous une forme mammaire, des cheveux qu’on relève pendant une pipe, un regard persistant venu d’une table un peu loin, une voix téléphonée un soir, une insulte, une requête. Le souvenir sexuel aboli les échecs, surpuissant, érectile, il est un but qui dilue les objections de conscience.
Inconstant, imperméable, il oublie sans comprendre, se borne sur un age, un détail, un prénom et son corps.
Ferme les yeux.
Une allée, une blonde, elle est grande, petite et brune, buvons, vacances, elle crie fort, voilier, bus, train, elle est ronde, tout s’emmêle, voilà une main, un pantalon moule, regarde par la fenêtre ça viendra moins vite, une jupe remonte, et le temps court, certaines images se potentialisent ou s’annihilent sans raison et surtout sans débat.
Suite sur le prochain panneau…