Les souvenirs sexuels sont des coarctations aortiques…
Troisième partie
“Désir et amour ne font pas bon ménage. Ils sont antagonistes, se combattent, s’excluent souvent. Les mots nous trompent : plus on aime, plus on a du mal à faire l’amour. Plus on adule, plus on respecte, moins on bande. Stendhal a cent fois raison, ce malheur est extrêmement commun. C’est le syndrome trop belle pour moi. Trop admirable. Trop aimable, au sens exact du terme. Peu d’hommes le savent, moins encore l’avouent, mais tous le sentent. C’est leur angoisse fondamentale dès qu’une femme leur plait. C’est le grand secret de la désinvolture amoureuse des garçons dont les filles se plaignent depuis la nuit des temps. De leur besoin de découper la femme en morceaux, en bout de désir et de fantasmes, les cheveux, les seins, la bouche, le cul, les hanches, les jambes, les chevilles, tout et n’importe quoi, mais surtout pas la femme entière qui vous rappellerait qu’on l’aime tant. De la nécessité de draper ces morceaux de fantasmes de tissu (..) pour les voir sans LA voir, pour transformer les jambes dans leurs bas, la poitrine gainée dans sa guêpière, comme autant de marchandises prêtes à l’achat. Une désacralisation. Une protection. Une armure. Une garantie du plaisir des garçons, mais aussi celui des filles. Paradoxe cruel.”
E. Zemmour, Le premier sexe.
Epistaxis comme une larme, claudication neuronale partielle, je suis un handicapé du devenir à cause d’elles. Toutes ! Conclusion : la simplicité n’a aucun intérêt. L’épanouissement dans la monogamie est une revendication sociale plus que physique, artificielle et périssable, son but ultime, éviter l’anarchie sexuelle pulsionnelle : déculpabiliser l’homme sur sa nature profonde serait l’anéantissement d’un pilier économique et relationnel, Monsieur et Madame, gèrent, Monsieur et mesdames, digèrent. Alors la soupape saute autrement, dans un divorce, le secret d’un autre prénom, d’autres corps gratuits ou payants.
Ma queue est un manche de bilboquet, il lui faut des formes, des problèmes, du silence et des maux, du pathologique et de la névrose, de l’étoile ou du carré, de l’étrange chaud, du rassurant froid, et deux trous, parce que seul le temps a droit au linéaire.
La vie est un escalier violent, déchiré, chaque pas est un choix grisâtre, un poids ajouté comme une avalanche de conséquences inattendues, la marche parfois s’esquive comme une plaque neigeuse se détache, instabilité permanente, sans çà, aucune beauté, un Non est toujours plus aguichant qu’un oui.
Frustration, projection et doute sont donnés quotidiennes, entrelaçant les secondes de sensations visuelles ou tactiles, de régurgitations verbales sordides à la mode fordienne, le tout, appliqué à des lois sociales incontournables.
Je suis l’autre et rien de plus, alors je l’aime comme on simule, par peur et devoir. Sans lui je n’existe plus, je suis kafkaïen décomposé sur mon lit, une putréfaction inerte, indéfinissable puisqu’inconnu. L’amitié, l’amour, le copinage sont érigés sans autre hasard que celui d’une naissance sociale spécifique. Le devenir et la possibilité de rencontre, d’appréciation d’un tableau, d’une idée, d’un corps découlent déjà d’un dictat plus ancien indépendant d’une volonté propre. Le lit comme une couche sociale.
La pensée contraire est souvent illusoire puisque réfutée par probabilités et statistiques, le mouton revient toujours à la bergerie. Le goût des autres ressemble au mien, parce que leur maison ressemble à la mienne, leurs études, leurs amis, leurs lectures sont clonées sur mon étagère; les chattes se rasent dans certaines chaumières, dans d’autres on y élève déjà les premiers mioches, souvent moches. Quand certains trous sont des orifices, d’autres sont des garages, tourmentés ou libérés, le plus souvent ils sont simplement codifiés. La singularité individuelle et la dissonance culturelle, puisqu’elles existent, ne sont que des extrasystoles bénignes, désolidarisées un temps de la masse vivante systémique à juste titre. Les lieux fréquentés, les thèmes de vie, travail, loisirs, centres d’intérêts sont le plus souvent arbitrairement dictés par un bas âge révolu et difficilement contestable parce qu’agissant en véritable ancre psychologique.
Quand et comment “la lever” alors que nous sommes “elle“. Merci papa, merci maman. L’oeil est formaté. Les chiffres parlent d’eux mêmes, homogènes, démoniaques, la fille de médecin ne suce pas l’agriculteur. Ils ne se rencontreront sans doute jamais. Une femme Juive ne se sodomise pas avec un saucisson, ce n’est pas Kascher…, de même, faut-il se circoncire pour se faire sucer par une Juive ? Angoissantes révélations…
Anna est Juive de religion, Russe d’identification planétaire…, cette jeune femme a quelque chose, florale, elle embaume la normalité d’un délicat accent ; apparemment ce n’est pas une pute, pas encore… Les heures en sa compagnie défilent au rythme d’une plongée dans la projection. Une russe de 30 ans, d’1m83, vraiment n’importe quoi, évidemment qu’elle se tirera dans deux ans, évidemment qu’il y a un mur droit devant. Mais c’est ça, une vie.
Aucune stratégie possible face à ce regard, ce rire, ce coin d’oeil un brin salope, juste se laisser aller en flottant, imaginer le pire prochain et vivre le mieux présent parce qu’il est rare. Alors je regarde ses photos de Russie, de la grand-mère et des gamins sous la neige, quelle naïveté, je me demande comment cette bouche suce, puis j’oublie, je me baigne, garde une photo, règle l’addition, aucun merci; il devient rare ce merci, même avec les françaises, exceptionnel trop souvent, les temps n’ont jamais changé. L’acquis est un dû, dommage. Elle, sera pardonnée, parce que ses gènes jouent avec moi mieux que les autres, et que cette jeune conne sait s’y prendre, ou justement parce qu’elle à tout l’air de ne rien savoir.
Elle veut que je choisisse son diner, comme Vendredi déjà, les clés d’un étrange pouvoir alimentaire, c’est comme ça là bas, alors j’exécute, dominé soumis malgré moi. Petite conne. Mlle prendra un filet de bœuf Rossini et un verre de St Joseph Chapoutier, ce soir Mlle prendra un Porc sauce aigre douce et un thé au jasmin ; elle sourit. Cette fille est belle. Elle ne m’embrasse pas mais prend ma main, parle à mon oreille, fait naitre un frisson. Facile. Je suis con, mais vivement demain.
Oui et Non dans une même phrase, un pourquoi pas permanent, un regard appuyé et fuyant, les soirées avec Anna passent et repassent dans une platitude déconcertante. Elle n’a pas de seins, alors sorti de ses yeux bleus je m’ennuie vite. L’accent lasse déjà, le brin salope laisse place à des phrases inaudibles, des compliments niais, je ne suis pas celui là, si elle savait. Elle me dit qu’elle chante, qu’elle danse, alors je fais hum!, je souris, elle est belle, alors tout s’autosuffit pour quelques jours encore, probablement. Elle ne conduit pas alors je la ramène. Voilà comment nait la honte des premières habitudes, le dégout du commun, la frustration de l’autre. L’étrangère devient une banalité simple, juste un peu plus grande, juste un peu mieux faite. Faut-il préférer de beaux seins qui écrivent de beaux blogs… Il suffit de peu de choses ! La place rouge était vide…mais je reste. Se croire le dernier valorise, être le premier exorcise.
Alors promenons nous, ici, dans cette ville ou cette fille n’existe pas, ou ce physique métamorphose mon égo en gouffre béant gavé d’envie.
Il faudra aller plus loin, pousser à leur bout les limites de ce potentiel fulgurant, palper du fantasme et retourner du cul, prête à tout elle l’est à l’Est, j’attends à l’Ouest ou l’on se couche. Nous verrons. La fragilité, la grâce et la pureté sont ennemis de l’excitation primaire ; jamais le moindre sursaut érectile en face d’Anna, même ce soir, alors que je sentais un bout de langue slave dans ma bouche, timide et aérien. Si la nouveauté est essence de l’attirance, la virginité est le paralogisme de la modernité, devant moi Lascaux, des bisons dessinés, du silex à tailler, une vulve étrange emprisonnée, et tourner, tourner autour avant de tout déchirer. Epuisant. Cette fille est une chose docile, je choisis son menu, je décide parce que sa vision du mâle est archaïque, admirable, elle offrira son cul fatalement, monstrueux pouvoir, domination ultime, créer à partir d’un corps féerique une chose sexuelle unique, modelée selon mes envies, mes fantasmes, mes folies. Enivrant.
Un peu plus loin, arrive une voix, délicate névrose du bout des mots suggérée, qui est cette fille, pourquoi ce mail, là, maintenant. Envie d’une boite libre, et je l’entends, vêtue de blancheur et d’ombre. Merci. Il manque parfois quelque chose de simple pour réussir une soirée : le rapprochement de plusieurs corps.
Et que tout s’échange puisque tout déraille au fond des verres, le long des pailles, flotter un instant et laisser l’alcool envahir l’espace, cette bulle crée autour d’un groupe, heures après heures. La tension sexuelle est une ombre palpable en milieu nocturne, fondante dans l’air à chaque bouffée, à chaque gorgée elle se transforme et mute, systémiques et lymphatiques, les queues sont éveillées, les chattes se lèvent et nous saluent. Je bande un moment, puis sors un autre, reviens saupoudré d’envies nouvelles. Chacun se cherche.
Coulées au fond de ma gorge, horizontale, musicale, jouons tous ensemble. Chaque soirée doit se terminer par une orgie, parce que chacun attend sa jouissance, et ses seins là, ouverts au monde, cette main ici, fermée sur le mien, enfumé. Quand nait le dessein, le désespoir accouche d’un fantasme, ici, entre deux poubelles vertes, je suis assis, vomissant sur cette ville l’exaltation de la nuit, et tout recommence, infernal, quelques grammes de paracétamol pour une tête qui hurle. Toujours. Navigation permanente, mettre en équation le système relationnel dans le couple. Le rêve de couple du jeunisme se transforme rapidement en simple ambition pour finalement s’écraser dans un contentement malade. C’est ce contentement de l’autre qui attise une frustration intérieure; notre nature progresse dans l’évolution, la multiplication d’essais, la recherche quasi permanente de sa propre connaissance. L’autre est d’abord une limite, celle des possibles.
La stagnation entraine la banalité, et chaque psychisme se doit de lutter en permanence entre ses caractéritiques endogènes et leurs représentations, le plus souvent sociales. Nécessaire pour partager, pour parader et rassurer, l’autre est l’handicap de l’instinct, haïssable. La passion meurt dans l’oeil de l’envie, l’intensité de l’amour est proportionnelle à la profondeur des frontières qu’il érige pour perdurer. Alors l’autre caresse comme il punit, parce qu’un pilier du couple est fissuré, que la fidélité s’apprend plus qu’elle ne se vit, son statut de loi rigoriste est un appel à la transgression naturelle, aux tensions qui se créent quand un seul autre ferme la porte à tous. Si chacun trouve un semblant de sérénité dans le calme d’une relation durable, les brèches et profondeurs de notre nature pensent à son anéantissement; pour détruire le fantasme il faut y inclure la réalité. Le monde relationnel est un métronome oscillant entre la naissance des désirs et leurs frustrations immédiates. La réalité jaillit souvent après l’éjaculation.
“Notre malheur n’atteint son plus haut point que lorsque a été envisagée, suffisamment proche, la possibilité pratique du bonheur“
M.Houellebecq
Ainsi c’est le mécanisme archaïque de la jouissance masculine qui rend possible l’autodestruction de l’homme. Quelque part ce soir, un jet de sperme brisera un couple. Quelque part ce soir, la nature combat encore et toujours la possibilité du bonheur. On tourne en rond, on tourne en rond. On a peur alors on avance pas à pas, on y va doucement pour se laisser croire que la lenteur évite l’échec. On fait dans les verres en fin de journée, on envahit les restaurants, on détaille, on analyse, on observe ce qu’on pourrait devenir avec lui, ou elle. On écoute plus qu’on ne parle, pour voir si ça s’accorde, si ça parait stable, si les surprises seront gérables. On s’invite dans son appartement au début, parce qu’il faut bien baiser quelque part, et poursuivre l’analyse. Le sexe structure. Alors On se structure beaucoup au début. On inspecte, on se dit oui ou non. On cherche à définir notre future place et la sienne. On se met entre parenthèses un temps, juste pour voir ce qui s’y trame. Si la passion nait, il faudra la domestiquer pour survivre, la rendre honnête et morale, alors on vérifie toujours, ou s’arrêtera l’étincelle, et quel est celui qui brûle. On s’invite un peu plus longtemps dans l’appartement, on laisse quelque chose, mais le reste est ailleurs, sait on jamais, si le compte n’est pas bon. Pas à pas, toujours.
“Un amour conjugal fait d’apaisement, d’amitié affectueuse, de complicité, de soutien et de générosité mutuelle, de tendresse“
V.Caradec.
Ne pas finir comme ceux d’avant, qui se mariaient pour passer dans l’âge adulte, parce que les temps ont changé, et changent encore. Jouer aux dés, voilà ce qu’on fait, parce qu’on ne maitrise rien, qu’on ne se connait pas. On sait bien que le lien social a fondé ce sentiment. Que les yeux sont différents parfois, autour, partout : un matelas semble toujours plus douillet quand on y est allongé à deux. La précarité commence dans la rencontre de l’autre, mais ici les nouveaux contrats ont gagné. On est mis en scène, provisoires, accessoires. Même un oui remet tout en question. On recherche la structuration, on évite la dépersonnalisation, on veut prendre pour soi d’abord, après parfois, on se laisse à donner un peu. Rentabilité. On le sait bien, si on reste, tout ne deviendra qu’attachement, respect du à l’autre de nous avoir apporté un temps, et supporté le reste. Si le On devient vieux, alors le sentiment devient choix. Le beau hasard devient réflexion. Et On, à masquer tout ça, pour le mythe.
“Le sentiment construit l’individualité et l’unité, la sécurité ontologique et la positivation, c’est à dire ce que chacun recherche pour lui-même. Il y a donc un double bénéfice à être amoureux quand l’amour est partagé : l’élan passionnel fixe l’identité sur un objet, la stabilisant ainsi, et la personne aimée renforce en retour le travail personnel de construction de soi.”
J.C Kaufmann
Je vais me branler dans 5 minutes… La simplicité est une chose, l’esprit tortueux une toute autre. La simplicité ni ne suce, ni ne se fait sauter, principalement parce que son but premier est d’effleurer plus que toucher, de guider la passion plus que se l’enfoncer d’une main. Que reste-t-il d’une beauté sous plexiglas, d’un paquet cadeau qu’on regarde avec envie sans oser l’abimer, rien qu’un peu. La langue aussi russe soit elle, ne nourrit pas, elle attise simplement une envie ardente. Je passe le plus clair de mon temps à me faire allumer par une délicatesse exotique pour le résultat d’une soirée bas de gamme. L’addition svp.
La vie dans un fantasme d’apparence plus réelle que d’autres, mais finalement une projection abstraite auto construite. Fertilité d’imagination, voilà la perte du moment présent. Evaluer c’est déjà constater un mal. Son gâteau aux pommes est bon, pourtant. Mais il faut bien continuer, ne plus s’arrêter à attendre l’improbable, et profiter parce que le choix est une chance, qu’elle roule comme un cycle, et moi dedans. Je contacte la muette. Elle répond rapidement. Facilité du second degré. Pourquoi toutes ces filles offrent leur cul à la pire espèce de mecs, les instables ? Parce que la salope qui sommeille s’accorde aujourd’hui le droit d’être un moment ce qui fait penser que les couples sont déjà morts. Sa propre perte. Etre une autre, même un soir, même une heure, même avec ce type qu’on ne voudrait surtout pas dans sa vie. Mais peut être, et puis non, surtout pas. La découverte de soi passe par le tiraillement, par la manifestation de son côté sombre, par l’expérience du mal : ne pas se brûler pour comprendre la flamme, se brûler pour connaître la douleur, une frontière qui cache la compréhension. Alors parfois, se consumer dans une bouche, c’est bon !
Anna franchit le seuil de la chambre. Une première. Je franchis celui de son jean’s, moulé sur mesure sur un cul fermement bombé. Rien qu’une main. J’ai envie de la baiser, sans respect, en faire une marque indélébile, emprunter son vagin sans timidité, entrer dans sa tête. Un ver dans ces souvenirs. Finalement ce ne seront que roucoulades en restaurant japonais. Du poisson cru sans trop l’être, le monde nous regarde, tout le temps, partout. Je dîne avec une névrose, alors je suis un peu chez moi. Elle est finalement bien. Rassurante. Il faut du conflit, extra et intra. Elle est très jalouse et demande des mots qui valorisent, cherche la démonstration. Conclusion : celle là partira facilement avec un autre et deviendra tout ce qu’elle déteste, tout ce qu’elle refoule.
La possibilité d’une autre, pas d’une île ! En profiter en attendant. Fatigué, drogué, alcoolisé, bétabloqué, pas rasé, habillé en noir. Tout noir.
Matinée en terrasse, un journal et des gens qui passent. Des cafés. On croise des têtes connues, un cul connu. Promenons-nous. Discutons. Doliprane 1g, puis Xanax 0,25mg pour myorelaxer, comme un sucre. Du soleil dans les yeux. Sensationnel. On vieillit quand on traite les autres de jeunes cons et qu’on ne sait plus ou est le bon côté de la barrière. Il y en a moins quand il pleut. Quand on se dit que les cacahouètes et les Curly c’est pas si bien, qu’on se saoule au vin et plus à ce qu’il y a dans le verre devant, quand on boit autant qu’avant sans vomir, quand on dit facilement : “Et si on rentrait ?” : le meilleur est passé.
Hier j’ai bu, j’ai enfilé de la cc, le tout en hypertension chronique. Pathétisme doit prendre une majuscule.
J’ai l’âge de mon Grand-Père cette année et je vais bientôt baiser une russe de 30 ans qui m’appelle “mone chairi“. Je dois pouvoir encore faire mieux…
Piting ! Pas trop grosse ! Pas trop bête ! Parfois, pas trop courte cette jupe, pas trop différente, pas trop nature, pas trop jalouse, pas trop blondes ces mèches, pas trop moulant ce haut, pas trop semblable aux autres, pas trop démonstrative, pas trop indépendante, pas trop petits mes seins ?
Pas trop superficielle, pas trop maquillée, pas trop discrète, pas trop fort quand je rigole, pas trop de cellulite ici, pas trop originale ma copine, pas trop gentille en général, pas trop l’âge que j’ai vraiment, pas trop petite quand même, pas trop mauvaise mine en ce moment ? Pas trop fourchues mes pointes là, pas trop bu l’autre soir, pas trop gloss ce gloss, pas trop collante, pas trop naïve, pas trop pénible avec mes questions, pas trop réservée, pas trop (fo)folle, pas trop exubérante, pas trop salope ?” Répondre Non à toutes, répondre Jamais à une.
Je reçois. Je prends. Je vole. Il manque parfois à la particularité un côté monstrueux post moderne. L’usurpation par le don, une ambition perverse. Mais voilà, le marché se base sur un échange, le système sur un engrenage cyclique parfois vérolé, la relation sur un fil d’équilibriste. Pas de place pour deux ici. Le monstre accentue sa perfidie dans une relation d’offre et de demande en tourmentant les règles du jeu ; qui est l’offre, ou est la demande. Rejeter la simplicité. S’en souvenir comme une comptine. Si la demande modifie l’offre, si la demande n’était finalement qu’une simulation, le scénario un peu moins simple, une embuscade. Longtemps dans les prémices, dans les courants d’airs d’internet, lui et elle cherchent un rôle. Se définir, toujours. Se comprendre, enfin, même si parfois un connard peut aider la quête. Se sentir différent, trop souvent. Etre une particularité qui finalement oublie qu’être ne suffit pas, qu’il faut être mieux, que la standardisation des particules ne se fait qu’uniquement par le biais de la médiocrité. Alors le Docteur Maboul reprend vie, il déjante à taille réelle en appuyant ici ou là, en faisant sonner quelques membres, spongieux parfois.
Combler les alertes par du temps, de l’attente et une présence. Toujours ce sentiment : se sentir différent, cette putain de faiblesse. Dans ce marché relationnel, la souffrance est l’offrande facile, omniprésente, libre de se donner pour dissoudre, rien qu’un peu, rien qu’un temps, son existence épileptique. Alors quand on peut aider… Parce qu’aujourd’hui, la vie ne s’arrête pas à une journée qui découle d’une autre, que plus rien ne coule sans analyse, parce qu’un simple bon moment a ses propres questions. Est ce que je suis vraiment bien ? Est ce que je ne pourrais pas être mieux ? Le quotidien s’analyse dans un présent ayant pour échelle un conditionnel permanent. Le doute règne.
Le droit au doute est contemporain, omniprésent, poussé par un capitalisme générationnel dans lequel le contentent est l’ennemi de la consommation, valorisé par une presse souvent féminine, un bras droit libéral sexué toujours plus imaginatif. Retourner le monde à soi est le meilleur moyen de constater ses besoins et d’en créer de nouveaux, un catalogue de jouet pour Noël, un catalogue de possibilités nouvelles. Après les sempiternels kilos printaniers à perdre, le vieux Passeport classe de 5ème devient Cosmo ou Elle format poche, et avoir ainsi sur soi, toujours, les raccourcis vers une identité virtuelle si tentante.
Chez l’homme, c’est l’industrie pornographique qui retranscrit depuis 50 ans, les vicissitudes de ses rapports avec les femmes. Les scénarii partant à l’époque d’un érotisme grégaire, aux scènes entrecoupées d’échanges verbaux ou la femme mélange les statuts d’adolescente à initier, de secrétaire ou d’infirmière, valeurs sures et rassurantes du fantasme masculin dans une société de 68, émancipation de la petite bourgeoisie, fantasme d’aristocratie ou roule lentement dans l’allée, une rutilante limousine. Le féminisme prend un pouvoir important quelques années plus tard et le X remplace l’érotisme pour “un règne du porno virtuel et la mondialisation”….
En 90, quand les inégalités hommes-femmes disparaissent dangereusement et qu’un air de matriarcat embaume la société occidentale, la pornographie devient le bastion de la résistance des queues, le monde de l’homme préservé, le X devient Hard. Le même qui éduque l’adolescence d’aujourd’hui et maintient dans un état d’excitation permanente, les gens comme moi, connectés sans lâcher prise.
2000, le film amateur et le Gonzo font leurs apparitions, et la femme ne parle plus, uniquement présente pour satisfaire le besoin ultime, la supériorité psychologique et physique violente de l’homme. Elle devient garage à bites, les éjaculations faciales en groupe sont banalisées, doubles sodomie et black teams étant l’apogée d’une vengeance sociétale filmée. Alors aujourd’hui, la chatte se rase jeune, les 25-30 ans s’acclimatent sur le tard ou nouvelles lois d’un marché dominé par une relève post adolescente sans tabous autre que ceux qu’il reste à inventer. La référence devient l’âge furtif ou tout ce qui tombe retombe pile ou il faut. Plus de limites, les Princes en foutent plein la gueule, en face parfois, on sourit. Ce qui doit arriver, arrive, la tentation est partout dans les pores, comme des spores.
Elle s’appelle Claire, 28 ans, belle blonde aux cheveux raides, méchée, tenue sobrement noire, grande, mince, agréable au son comme à l’œil. L’opposition des styles est un contraste d’extrêmes rares. A ma droite, une russe typée mannequin, souriante, fraîche, tombée d’une rose dans mon jardin, prête à assouvir désirs physiques et alimentaires avec un naturel terrorisant. Envie d’apprendre sans comprendre. Une fable sans moralité. Anna, son vagin comme du Prozac. A ma gauche, une fille en couple qui doute, une qui a roulé, qui connait ses atouts, ses névroses, qui assomme d’un regard brun les idées d’un coup d’un soir, une qui se mérite au labeur, à l’expérience, qui demande concentration sans tâtonnements, admiration et déjà compromis. Une qui travaille, qui paye, qui classe ses factures, qui joue des coudes, qui écrase les utopies comme elle doit sucer en profondeur. C’est bien, non ? Apparente simplicité, cruelle complexité. La recherche de la connaissance de soi et des questions en vrac.
Pourquoi cette attirance, pourquoi rechercher celle-ci, puis celle là, pourquoi vouloir les deux, quid du regard des autres quand déjà un nouveau barmaid me dit “c’était la même hier soir ?” Pourquoi organiser ce match, ce combat de différences ? Baiser n’est plus suffisant. La possession n’excite plus quand elle est fulgurante. Le chaînon manquant. Quel prénom ? Les possibilités de rencontres, les choix d’un oui, d’un nom, d’un appel, sont autant de facteurs à risques, abaissant mon seuil épileptogène. Un orage potentiel d’actions sexuelles comme une constante récurrente. Chaque nouvelle est un futuricide. L’instabilité d’une vitalité terrifiante. Je navigue entre les futurs possibles devant un café, un lit, un verre, un écran. Je suis un mauvais casting, une vie-réalité mouvante, une file d’attente, un jury qui crée lui même ses propres candidates. Des femmes comme des pommes, des poires, des prunes, des anti-radicaux libres. Des femmes comme de l’huile, des alicaments, mes oméga3 à moi, je m’en tartine la tête comme elles s’enduisent de Sisley. Parce que c’est doux, parce que ça rend jeune mes crèmes à moi, toujours disponibles, toujours concurrentes, toujours en rayon.
Vendredi soir : Je dîne en face de Claire, nous sommes 4. Elle est retard, poliment excusée par une veste en cuir usé asymétrique près du corps qu’elle tarde à enlever. Elle inaugure le petit haut en dessous me dit-elle, alors elle hésite, regarde à droite, à gauche. Tout et rien pour ne pas en faire trop, ou plutôt le contraire. Evidemment qu’elle ment, évidemment qu’elle le connait son petit haut ultra décolleté, qu’il a déjà été testé avant, ailleurs, avec une ou deux copines. Elle a 28 ans. Et moi l’âge de mon Grand-Père ! Un pub transpirant. Du monde en quantité, nous sommes nombreux, collés, largement alcoolisés.
Les mouvements de corps semblent chaotiques; il n’en est rien. Ici on se rapproche, on va lécher une oreille dans quelques minutes, un pas de plus, un verre à prendre sur le comptoir, ça frôle et ça bande doucement. Ici la vie à l’état brut. Qui est là pour s’amuser ? Qui est là pour baiser ? Devant moi qui est là ?
Claire, le cul de Claire, les longs cheveux blonds de Claire.
Les regards se décroisent autour de nous, ces regards qui enclenchent, qui accouchent des premières envies sous les cris lumineux d’une musique hypnotique. Là, leur double pouvoir, leur intensité palpable et leurs frustration. Oeil pour oeil. Un Yin contre un Yang. Une pupille qui dilate les possibilités pour s’effondrer sur elle-même, parfois. Dans les yeux, simplement. Il suffit de quelques centimètres, ici encore, pour changer les statuts, il suffit d’un pas de ma part vers elle, vers sa fente “enjeanée” pour que les doutes deviennent certitudes, pour qu’une fois retournée, je ne sois plus tout à fait le même. Claire.
J’avance, je la touche. Qui est là ? Son bras s’immobilise et tombe lentement le long de ses hanches. Là, plus bas, ma main et quelques doigts levés; ils sont chauds, enflammés presque humides. Deux devient quatre puis oublient leur nombre. Là, nous communiquons. Nos extrémités se serrent comme deux corps se découvrent, une première rencontre à lieu. Là, sa main s’accouple, pressante pour faire suinter mon cerveau, du bout des doigts. Qui suis-je ? Des pensées nous caressent quand ses fesses balancent leur gauche à droite. Là, ce moment se grave dans nos moelles sans aucune immunité. Le monde se raccompagne. La revoir. Qui est là ? Que reste-t-il de nos amours, que reste-t-il de ces beaux jours, une photo, vieille photo de ma jeunesse… Que reste-t-il des billets doux, des mois d’avril, des rendez-vous, un souvenir qui me poursuit, sans cesse… Piting !
Samedi avec Claire.
Haut moulant décolleté, jean’s, baskets noires et petits pieds. Lunettes Gucci dans les cheveux. Promenade découverte en Excalibur Phaéton. On se balade n’importe au son du V-8 glou-glou-tant, le but étant de se découvrir. Claire est assumée, charmante, extrêmement énergique, travailleuse, ambitieuse, parfaitement autonome. Extrêmement assumée surtout. Claire a un labrador de 40kg, et puis ils courent ensemble. Pour un numéro spécial de Cosmo sur les Working girls du début XXI, Claire est une réussite, à la fois féminine et autoritaire, Claire a une paire de couilles et des seins en wonder bras. Alors Claire fait peur aux hommes, à beaucoup du moins, cette peur d’être un de ses gods un peu plus chauds que ceux qui traînent déjà sous le lit. Alors pour rassurer elle fait comprendre qu’elle aime bien le cul -pour l’exogène- comme un membre avec un prénom. Pour cette génération qui se gave directement des retombées féministes vingt années auparavant, la remise en question est permanente. Ne pas être de “trop“. Trop masculine, trop possessive, trop agressive, trop indépendante. Y mettre de la délicatesse et de la douceur, y mettre une chatte parfois, y mettre tout ce qu’il lui a souvent fallu dissimuler pour gravir les échelons de la modernité. Et nager entre, éviter les extrêmes au nom de la vulgarité, de ringardise, de salope parce qu’il ne reste plus que ça. Claire a réussi cette mission. On respecte, et ensuite seulement, pour les plus courageux, on baise.
Dimanche avec Anna.
Anna apprend, Anna roule des grosses pelles sans contenir sa salive, Anna masturbe mécaniquement pour voir comment ça fonctionne, une bite.
Anna la met dans la bouche, ça ressemble à une pipe. Anna avale. Meetic et Picard, mes amis pour la vie. Quelques tours en Cobra, même son glou-glou-tant, les voitures commencent à me fatiguer. Ensuite, s’accrocher les bras, regarder les mêmes canards, croiser des gens comme nous, qui regardent d’autres canards. Et puis les cacahouètes au caramel…hum, ça croque. Et puis ces enfants qui gambadent, on leur sourit, elle me regarde. Mais une journée à deux, c’est pas bien sans une petite réflexion qui gâchera juste 30mn, pas plus, juste pour dire : “oh hé, fais gaffe ok“.
Juste pour dire que ces minutes grandiront grâce à ce sentiment d’acquis, celui de l’autre. Picard lance un Gaspacho ce mois ci, 8 minutes au micro-ondes, 15mn au frigo. Peu de temps, manque de temps, la semaine est passée presque sans moi. Je ne suis nulle part ailleurs qu’avec Claire et Anna, qui s’alternent un jour sur deux. La pate à modeler et la barre de fer. Dans tous les cas, un budget conséquent ! Parce que ça mange, ça boit, ça parle, ça se fait ramener, ça se fait inviter si facilement. Chaque soir, c’est comme si je m’achète une paire d’Adidas, un jeu de Gamecube et 140 chaines numériques.
Piting ! Et la tendresse bordel ? La dopamine, un prix en euros. Le célibat est un cycle financier qui se vit mal sans carte de crédit. Ici, le pouvoir d’achat est un pouvoir de rencontre. Parier pour gagner plus, miser et continuer, insérer des coins pour augmenter les chances de réussite. Chaque fille a son niveau.
Chaque niveau sa fin. Claire et les énigmes du niveau couple en crise, ou l’on avance pas à pas, en mode furtif, à demi mots concédés. Splinter cell et une mission qui s’annule à la moindre erreur. Claire Fischer. Anna et la nostalgie d’un space invaders, d’un bon vieux pac-man, facile, une petite gomme à avaler comme des simples mots à dire pour retourner une situation, pour la retourner tout simplement. Un huis clos aux murs propres. Je suis dans un jeu géant, chaque prénom une partie, à chaque chatte son héros, simplement comprendre comment y entrer, un jeu livré sans notice. Le mode d’emploi s’écoute devant un repas, un verre, un coup de fil. Toujours. Simplicité déconcertante.
Me manger comme des granules, un placebo vivant, le nez bouché, stressée, fatiguée… Fixer un point, là, sur le mur, il est 5h du matin, tout le monde dort.
Ne pas respirer, ne pas bouger. Tout est liquide, foie, cerveau, œsophage, cœur, tous souffrent d’une soirée d’extrêmes. Il y avait Claire hier. En attente d’une situation, de mettre des mots sur des envies ; alors on parle avec les mains, discrètement, sous la musique et les traits. Tout est liquide et tout coule dans les gorges, les hormones neigeuses, l’alcool sans mots. Fixer le point sur le mur, une minuterie coincée le long de l’estomac et un tic tac dans les tempes. Ne pas bouger, ne pas respirer. Entre Anna et Claire, il y a demain.
Demain et deux coups de fil pour prévoir ce déjeuner, un de ma part, un de la sienne. Qu’ils sont doux ces moments catastrophiques d’idéalisation, mélange d’espoir et d’illusion, loin de la négativité ambiante. Quelle belle défense psychologique à la médiocrité relationnelle que cette douce projection vers un demain, somme de tous les identiques. Imaginer, trembler des idées toutes plus farfelues les unes que les autres.
Demain, un déjeuner comme un dernier-dernier combat, une jeune et jolie jeune femme médecin, juste pour moi. Elle doit avoir 29 ans. Je ne sais rien de plus que son physique et un air habilement sûre d’elle. Un naturel pour une grande, mince, brune aux yeux bleus, médecin à forte poitrine. Mais les secrets comme les failles sont toujours présents, la conversation de demain est déjà digne d’intérêt. Mettre les pieds, la queue ou tout le reste, peut être. Alors si demain est attendu, demain est vécu aujourd’hui, cette journée a un goût sucré, un bonbon fondant dans la bouche comme une pute glisse dans un lit. Alors comme une scène pornographique exprime le fantasme, une rencontre se distingue parfois par une excitation des possibles, une imploration irréelle qui le restera consumant le présent comme une pensée concrète, sur d’elle, fatale. Ne pas fermer les yeux. La regarder en face, se faire posséder pour profiter du vrai, de l’instant de ce soir, dramatiquement simple. Etrange capacité de titiller demain comme pour vomir l’avenir, ses frustrations, son réalisme. Trop de bonbons à sentir l’écœurement ou pire : l’acoeurement, certainement plus juste.
La standardisation des excitations entraine certains couples dans l’échangisme, la ritualisation monogame creuse une culpabilisation de l’autre comme un silllon adultérin latent, engrangeant à chaque rencontre un flot de résignation. Ici, une boulimie relationnelle comme on pioche des haribos. Des chattes comme des dragibus. Demain, ne pas y penser. Presser Backspace, Delete, n’importe quoi mais vite. Vite pour oublier l’existence de cette fille, une erreur de parcours. Je ne sais plus si la douleur d’un couteau enfoncé lentement entre mes côtes s’est faite au moment ou elle parlait de son départ fin mai pour 7 mois à Tahiti, ou si c’était pour y rejoindre son copain de 42 ans. C’était avant de déjeuner, encore dans la voiture, le moment idéal pour comprendre que le repas serait long, unilatéral et parfaitement fade. Du Tricatel. Un début, un fougueux début d’histoire d’amour, voilà avec quoi j’ai mangé. C’était la sienne. 80 euros… Le reste est d’un classique affligeant, se revoir bien sur, échanger, papoter, faire des soirées, pire “se faire une bouffe“, l’an prochain elle sera de retour.
Pire encore, l’an prochain j’y serai aussi. Revoir l’état de la fougue, saine porteuse de sa fin.
Je suis dépassé par l’orgie de possibilités, presque malade des culs comme on tousse. L’ impossibilité de penser à autre chose que qui quand ou. Jamais le temps n’a été aussi soudain, aussi physique. Une utilité étrange, des scènes qui se rejouent, changeant juste une couleur de cheveux. Une queue comme un bâton de sourcier déambule dans un chaos électrique, des cellules et du derme, magnétisés, possédés par l’emprise du pouvoir. Une chatte, un endroit comme ailleurs. Claire a quitté son copain, Anna a quitté la Russie. Quand j’étais enfant, pendant les grandes vacances, mon grand père me racontait l’histoire de la chèvre de Monsieur Seguin, en écoutant à la radio l’arrivée du Tour de France. Il faisait chaud. Je pourrais raconter, pendant des grandes vacances, comment au même âge que mon Grand-Père, ce matin j’ai baisé Claire de 28 ans et l’après midi Anna, une soviétique de 30 ans, l’une et l’autre sur le même lit embué par d’autres culs passés, comme on dessine un morpion dans le miroir de la salle de bain. Du “mone chairi” a en perdre la tête. Anna, la Russe, s’était rasée, petite biquette entrée toute seule dans l’enclos… Consommer de l’histoire comme on mange des chips.
Quand la culpabilité se transforme en une onde improbable, quand la satiété n’existe plus, quand la nouveauté vieillit prématurément, le monde devient une hotline gratuite, désabusée et pernicieuse. Le contact est permanent, une main là qui tient ma bite, cherchant une source. Ne pas savoir de quoi. Ne pas comprendre. La vie comme un choc tactile, comme un malaise vagal. Piting !
Claire est finalement trop déléguée syndicale, trop agressive, trop autoritaire, trop revendicatrice. Ses conversations m’ennuient profondément. Mais Claire adore se faire sodomiser, alors il faut revoir Claire. Anna vient de passer 3 jours chez moi. Lundi, nous étions dans la forêt, le dos contre un arbre, Anna me suce profondément, je suis plein de résine. Ce qui est perturbant en se faisant sucer dans une forêt, c’est qu’on a beaucoup de mal à pouvoir imaginer que c’est une autre fille qui nous suce. C’était finalement moyen, mémorable, mais monochrome. Alors en retour j’ai du la baiser, médiocrement appuyé sur un rocher mousseux, étonnamment lisse.
L’exotisme sexuel nécessite une concentration, une présence dans l’acte profondément réelle ; les lieux divers hors lit personnalisent la pénétration comme jamais, les corps y sont visualisés, incorporés dans un contexte géographique, l’œil est attentif. Ce genre de relation sexuelle est bien souvent plus excitante à raconter qu’à vivre. Les petits couinements soviétiques furent finalement suffisants pour que l’acte aille à son terme, je jouis vulgairement sur quelques pommes de pins, partiellement moisies.
Les 3 jours passèrent comme une vie de couple, un mélange ambitieux de télévision, de promenades, de digital versatile disc, de celui qui cuisine laisse la vaisselle à l’autre, de caresses périodiques et de profonds moments de silence, pour terminer par les sempiternels regards interrogateurs : “Est ce que ça va ?”
Je suis une pomme de pin.
18h00 Je m’ennuie.
18h15 Je contacte la Muette.
18h17 Elle accepte un rendez vous.
19h00 Je bois un Mojito pour motiver sa présence.
19h10 Atarax 25mg pour potentialiser l’alcool.
19h45 L’envie de la voir est passée.
20h15 Quelques verres de plus….
20h45 Elle sonne.
21h00 Elle a dit 3 mots.
21h15 Elle me suce après mes propres mots.
21h30 Je bande pitoyablement.
21h45 Seconde tentative.
22h00 Troisième tentative.
22h10 Je la raccompagne à ma porte.
22h15 Deux steaks hachés dans une poêle.
Total : 4 sms, un égo en berne, une masturbation salutaire. Changer les draps. Et dormir, beaucoup dormir, sais pas dormir !
22h30. Au coin de mon chez moi, un resto-bar sympa, j’entre, j’ai faim, je vois une jeune et jolie avec des gros seins pendouillant… 27 ans, Margot. Un diner ?
Des ravioles aux morilles, un magret de canard. Je lui offre un diner à l’œil. Margot me parle, Margot a changé depuis 2 ans, Margot a pris du poids. J’en sais rien, je la connaissais pas, c’est la première fois que je la vois… Alors je passe le début de soirée à dire des : “hum“, “c’est dingue cette histoire“, “super cette idée d’arreter les cours“…, attendre et attendre encore.
Moi je suis ailleurs, moi je suis dans une cabine de sex-shop à patienter, moi je veux du gros sein ce soir, moi, j’aurais voulu être un autiste mammaire. Juste ça.
Attendre que ce putain de haut cotonneux laisse place à l’unique raison de sa présence à cette table. Un bonnet D. La soirée sera visuelle et auditivement désabusée. Je viens vivre une expérience alimentaire. Manger des seins la tête dans un magret de connard. Une heure plus tard, une pensée soupire enfin, la petite a chaud. Et puis je le vois finalement ce sillon mammaire qui bouffe ses ravioles. Il transpire même un peu. Mais non. Non et non. Quelque chose ne va pas. Les quelques kilos pris depuis deux ans s’associent sans aucune délicatesse au temps qui coule gravement comme un graviton. Ils semblent déjà s’alourdir, peinent à trouver une place symétrique, ils bavent à droite, là, sur une bretelle trop fine. Manifestement son haut est beaucoup trop mince pour accueillir sa poitrine et je fais du camping devant la voisine allemande de la caravane d’à côté. Tout va mal. Mon regard dérape sur une tête ronde, un petit goitre naissant, de grosses lunettes de vue rectangulaires. J’ai dit oui sans réfléchir. Dit oui parce que son cul de 27 ans… J’ai dit oui parce que je dis rarement non. Piting ! Prochaine étape les Lolitas, va falloir évoluer, revenir à des vioques de plus de 30 ans, question de morale et de moral ! Elle boit et mange quand je veux juste qu’elle respire, qu’elle gesticule, qu’elle s’étire. Rien n’y fait, je suis dans une file d’attente sans spectacle. La soirée s’achève avec Margot, la bouche de Margot, les seins de Margot. Mon invitée invite sa langue. La timidité prend une autre consistance avec un bonnet D. Piting ! Je spermate, je jouis !
Entouré de beaufs, de cons purs et durs. Il y a ceux qui foncent sur mes bagnoles pour toucher, bien gras, qui discutent même pas, qui claquent les portières comme s’ils donnaient une gifle à une pute. Il y a ceux qui sortent leur Nokia, leur Samsung, pour les prendre en photo. Il y a ceux qui remontent les manches de leur costume pour venir m’apostropher : “C’est quoi TON dernier prix pour la Mustang ?“, un peu comme Zack Morris dans “Sauvés par le Gong” au début des années 90. Les shows automobiles, un enfer social. Obligé de boire un verre pour oublier les conneries… Obligé de partager les anecdotes inutiles, je suis dans “vis ma vie” sans autre caméra qu’une conscience alcoolique puisqu’il ne reste que ça. Il y a plus de pétasses que d’habitude dans les shows de bagnoles, la saison les arrange admirablement. Chaque jour, une cascade de relents avant de discuter encore et encore de leur planification de leurs budgets et les retours sur investissements possibles car les prix montent… On se fait insulter pour un regard de travers. Même une belle salope n’y couperait pas. Envie de vomir sur tout ça, sur tous ces cons ! J’enfoncerais volontiers un doigt dans le cul de cette brune penchée dans le capot moteur de ma Thunderbird, il est affolement attirant. Elle me regarde, je lui donne ma carte de visite…
Il y a les vacances en camping, en caravane, en club all inclusive, en location, mais, pour le prix d’une semaine en Tunisie, il y a les Girl Friend Experience, nouvelle mode dans l’escorting de luxe. La pute petite copine. Bénit soit internet. Pour une semaine de vacances, vous avez quelques heures avec une fille.
Une occasionnelle qui travaille à plein temps. Dans l’hyperconsumérisme et la logique de marché, pourquoi se contenter d’un banal acte sexuel, d’une pipe à la sauvette dans un coin de parking avec le levier de vitesse de la Scénic familiale qui gène. Pourquoi une simple bouche, une chatte de trottoir, un trou poly-clients ingrats quand le scénario peut être tout autre. La hiérarchisation des plaisirs à son stade ultime, le paraître et la comédie ; ne plus payer qu’un corps, ne plus se voir comme possesseur de mal-aise mais dépenser pour une expérience. Payer encore plus cher pour ne plus avoir l’impression de payer.
Génial. Des centaines d’euros par heure pour ce sentiment léger de déculpabilisation mue par un impitoyable narcissisme. La Girl Friend Experience, une sensation pure. Dès lors la prostitution divisée en plusieurs branches, trouve de nouvelles ramifications. D’un côté la sensation de supériorité, de pouvoir, de risque, celle qu’on ne choisit pas, qu’on trouve dans une rue, une pulsion sexuelle inférieure, sale, profondément sauvage et dénuée de toute raison.
Quelques dizaines d’euros et une passe comme un coup, une vidange gonadienne âpre et humiliante partagée par l’offre et la demande.
De l’autre, la préméditation, le choix, la valorisation narcissique. L’arrivée des Girl Friend Experience comme une descente dans l’enfer, la prostitution comme repère social.
Payer pour ce qu’on a connu, payer pour ce que certains n’ont jamais connu, payer la reconnaissance de soi, quitte à être dans l’illusion de l’instant, quitte à être dans l’appartement d’une prostituée. Sur quelques sites-web d’Escort-girls, des débats et des notes, des compétences techniques, des récits de rencontres, une foultitude de critères et des phrases qui raisonnent : “Avec elle, on a vraiment l’impression d’être son copain, une excellente GFE“.
Le marché du sexe se diversifie pour répondre à une demande simple, parce que les problèmes sexuels sont dépassés par des problèmes relationnels, rationnels. La belle histoire est rarement une longue histoire, certains moments, certaines scènes d’un couple naissant deviennent fantasmes au même titre qu’une éjaculation faciale. Il faut développer ce sujet. Me masturber !
“Non seulement le désir sexuel ne disparaît pas, mais il devient avec l’âge de plus en plus cruel, de plus en plus déchirant et insatiable – et même chez les hommes, au demeurant assez rares, chez lesquels disparaissent les sécrétions hormonales, l’érection et tous les phénomènes associés, l’attraction pour les jeunes corps féminins ne diminue pas, elle devient, et c’est peut etre encore pire, cosa mentale, et désir du désir. Voilà la vérité, voila l’évidence, voilà ce qu’avaient, inlassablement, répété, tous les auteurs sérieux.”
M. Houellebecq
Ecrire dans un jardin verdâtre parsemé de roses et de géraniums. Devant moi un vieux puits, quelques pierres apparentes, un vent du Nord plutôt frais.
On siffle dans les branches, des choses volent et m’agacent par intermittence. Un peu plus loin, Anna s’expose sous un soleil fuyant à quelques rayons qui la rendront rougeâtre. Elle m’oblige un sourire, de ceux qui veulent juste dire tout va bien. Depuis l’échec sentimental violent avec Francesca, il y a 5 ans, le goût des autres s’est muté en une bouillie amère qu’on avale pour survivre, la sexualité quant à elle, est devenue divertissement. Un fluide psychologique comme une thrombose profonde; Francesca est ce caillot mouvant, embolisant ici et là comme un fantôme endogène. Je suis porteur sain d’un passé infecté.
Plus aucun sentiment ne passe par le bout de ma queue; tout au plus quelques jets transparents ou blanchâtres, victimes de sensations tactiles déclinables comme une hierarchie de prénoms. Une sexualité honnête, plutôt moyenne.
Hier soir, sur un air reconnu, conscience est définitivement prise que l’exclusivité sexuelle n’est qu’un artifice absurde, un dogme improbable. La fuite se fera dans le sexe, la fuite sera une perte par les autres, se gaver pour tasser, baiser pour la comprimer, cette fille qui coagule durablement la possibilité de sentiments aussi fugaces puissent il être. Pour l’heure, il reste 15 jours sous un air de cccp. Une suite a peu de malchance. La domination ultime ne laisse pas de choix au non. Cette relation avec Anna prend des tournures de dictature embuée de sourires. Aucun non n’est jamais sorti de sa bouche, seul ma bite y entre avec entrain et sympathie, reconnaissance et filets de salive. Je suis avec un être by Sony, un e-robot étrange crée pour satisfaire l’autre, programmé contre tous conflits, une pute vietnamienne pour un soldat US, sucky sucky 5 $. Le premier touriste sexuel sédentaire, by Meetic. Pourtant, malgré un corps spectaculaire, le désir perd toute consistance quand il devient acquis. Le désir d’un corps est inversement proportionnel à l’idée de sa possession. Pour baiser heureux, il faut la cacher. Pour désirer, il faut la changer.
Je croise Delphine, devenue blonde, elle semble avoir 5 ans de plus. Le temps, accablement de la condition féminine. La femme profite d’un pouvoir immense, intense mais cruellement éphémère. Sa beauté est à composante essentiellement physique quand l’homme potentialise son corps par un attrait social non négligeable. Un pouvoir féminin, une perte, dont le déclin commence à 30 ans ; triste possession. Si l’atout physique peut, l’espace d’une illusion nocturne, revivre par un attirail cosméto-vestimentaire de plus en plus subtil, les matins ravageront sans cesse la chimère nocturne. Cette condition si puissante pendant leur jeunesse : mettre à genoux une facile majorité de mâles et leur cerveau primaire, restera une vie durant une recherche permanente comme une fuite de tissus : quand le derme marque les expériences vécues, la queue se faufile et file. La femme d’occasion devient alors une expérience, un fantasme quelconque, basique, destinée à une paupérisation certaine.
Un constat violent, arbitraire, celui d’un jeu perdu d’avance et dont les règles sont hélas souvent dévoilées après la trentaine ; dans une terreur certaine pour celles qui ont cru voir un prince dès l’adolescence et qui déboulent tardivement en célibataire sur un marché révolu. Delphine, toute de vert vêtue, talonnée et blondie, touche du doigt les débuts d’un combat éternel. Son image est sa lutte. Bientôt, les maçons siffleront moins sur son passage, l’ouvrier du bâtiment, est un baromètre à égo, un ennemi improbable. Baisons…
Suite sur le prochain panneau…