Internet, qui regroupe une importante part de la population mondiale, ne lisse ni n’uniformise la pensée, tant toutes les idées s’exposent, s’opposent, se juxtaposent, y compris lorsqu’il s’agit des pratiques sexuelles.
Les textes de loi des divers pays du monde donnent une meilleure appréhension de ce que sont nos pratiques, ils sont porteurs de l’histoire de nos cultures et de la manière dont les mœurs évoluent, ou au contraire stagnent ou régressent.
Quelques articles de loi font sourire tant ils semblent aussi désuets que l’interdiction du port du pantalon pour les Françaises sauf autorisation expresse de la préfecture de police…, par exemple, il est interdit dans certains pays du Moyen-Orient de manger l’agneau avec lequel on a copulé.
En Indonésie, celui ou celle qui est coupable de masturbation pourra être puni par décapitation, de même que les femmes ne sont pas autorisées à être plus grandes que leurs époux.
En Bolivie, un homme ne peut faire l’amour à sa femme et à sa fille en même temps.
Dans l’Iowa (U.S.A.), les baisers ne sauraient durer plus de cinq minutes.
Au Japon, un frère aîné peut se marier avec la petite amie de son frère au nom de l’honneur.
Au Liban, un homme peut faire l’amour avec des animaux à condition qu’il s’agisse de femelles !
En Norvège, l’hiver est si rude que les femmes doivent se soumettre à toutes les pulsions sexuelles de leurs époux.
D’autres, plus sérieusement, demandent que l’on s’interroge, comme par exemple la disparité des âges de la maturité sexuelle.
Chez les hétérosexuels, elle est de 12 ans en Argentine, au Chili, en Colombie, au Panama, au Paraguay, en Hollande ou au Zimbabwe, alors qu’il faut attendre 21 ans à Madagascar.
Mais beaucoup de pays situent plus tard la maturité sexuelle pour les homosexuels, en faisant quelquefois des distinctions entre hommes et femmes.
A la Barbade comme aux Bermudes, il faut avoir 16 ans si l’on est une fille, mais 18 si on est un garçon.
Au Burkina Faso, la sexualité hétérosexuelle commence à 13 ans, les homosexuels doivent, eux, attendre d’avoir 21 ans.
A Hong-Kong, un gay doit également attendre d’avoir 21 ans (contre 16 pour l’hétéro), mais la lesbienne n’existe pas dans le cadre de la loi.
La société sud-américaine fait-elle des adolescents plus rapidement matures qu’à Madagascar ?
Les adolescents homosexuels doivent-ils attendre plus longtemps pour passer à l’acte parce qu’ils seraient plus puérils ?
Bon nombre de pays interdisent encore l’homosexualité sous toutes ses formes, (l’Algérie, la Tunisie, l’Arménie, l’Inde, l’Iran, la Jamaïque, le Kenya, le Liban, la Roumanie…).
Globalement, elle est interdite dans 70 des 195 grands pays du monde, mais dans 40% de ces pays, les lois ne concernent que les hommes.
A croire que, plus que l’homosexualité, c’est la sodomie qui est insupportable pour les hommes de loi, qui en Assyrie ont commencé à l’interdire dès 1075 avant J-C : le coupable était émasculé.
Elle est toujours punie très sévèrement dans beaucoup de pays d’Afrique, d’Asie et d’Océanie, et dans certains cas, le coupable est emprisonné à vie ou exécuté, alors qu’en France, elle est autorisée depuis 1791.
La plupart des pratiques considérées comme hors norme (et dans ce cas “dans les normes” se résume le plus souvent à la position du missionnaire), sont interdites dans une grande partie du monde, avec une logique qui peut être parfois difficile à suivre, comme par exemple le fait que le sexe oral soit interdit dans la plupart des pays musulmans, ou que dans certains Etats américains la vente et l’usage de sextoys sont prohibés (Alabama, Colorado, Géorgie, Kansas, Louisiane, Texas, Mississippi et Virginie).
Si on peut comprendre que dans certaines religions les rapports sexuels sont interdits certains jours du mois, avec peut-être dans l’idée que c’est cette absence qui va régénérer le désir et faire durer le couple (c’est le cas chez les juifs et chez les hindouistes), on voudrait savoir pourquoi les hommes de loi au travers du monde ont trouvé à un moment donné que ces lois étaient nécessaires, comment ils ont envisagé la stricte application de celles-ci, quelles ont été leurs propres pulsions pour imaginer des interdictions quelques fois si saugrenues… et comment ils ont attendu que le zèle policier s’exerce ici ou là : un agent a t-il les moyens d’empêcher qu’une fellation ou un cunnilingus aient lieu ici, qu’un sextoy ne soit pas utilisé là, ou que des lèvres amoureuses cessent tout contact après 4 minutes et 59 secondes ?
En attendant de résoudre cette question, il est intéressant de noter que la curiosité qui nous pousse sur Internet à observer les mœurs sexuelles de nos voisins pour nous aider à nous forger une opinion de ce qui nous semble possible et souhaitable, pourrait, à terme, avoir pour conséquence l’effondrement progressif de ces frontières morales.
Les hommes de loi n’auraient alors d’autres buts que de donner un cadre sur lequel se construire.
Libre à nous de transgresser ou non…