Je suis là, las, à boire des Mojitos, dans un bar qui passe du Big Black, et pour une raison qui m’échappe (ça pourrait être la plus mauvaise raison du monde), je décide de dire à un de mes voisins qu’il est un gros con.
Tout bourré, je ne vois pas venir la bouteille s’écraser sur mon crâne.
Y’a du sang qui me coule sur le visage, alors je rejoins la sortie en titubant, je m’affale sur le rebord du trottoir, me demandant s’il vaut mieux partir maintenant et parcourir les 8 kms qui me séparent de chez mon chez moi… et je rentre dans le bar, je choppe une chaise et je l’éclate dans la gueule de ce crétin.
C’est ça l’effet “Down” : une sorte de désespoir cautérisé par les Mojitos et la fureur.
Crier, crier, crier, crier, crier, j’veux crier, battre des gens, hurler, tuer, pleurer.
Rire aussi, en les regardant se laisser aller, croire qu’ils dirigent leurs petites vies sans intérêt…
J’aime les laisser croire qu’ils sont les seuls à savoir quelque chose, et qu’ainsi ils aiment croire qu’ils sont différents…
Rire en les regardant faire les mêmes choses tout les jours, se lever à 6h, dire bonjour à leur femme, rentrer tard le soir, manger, regarder la télé, dormir, se lever à 6h, dire bonjour à sa femme…
Le robot est l’aboutissement du cerveau occidental.
J’aime les voir déambuler dans les rues, comme des fourmis, au destin pré-calculé par la société qui leur fait croire qu’ils sont humains, qu’ils sont conscients.
Arrivé là, lecteurs, lectrices, vous croyez comprendre, comme avant déjà vous aviez cru comprendre ?
La société a choisi les loisirs pour faire oublier, que nous ne sommes que les ouvriers d’une multinationale, esclave de notre technologie, de l’illusion de communication de la télé, d’internet, du téléphone.
Voici un exemple concret : à travers le filtre des mobiles, vous avez du mal à reconnaître ceux qui vous sont proche, dans les coupures de réception vous les perdez et vous leur parlez encore alors qu’ils raccrochent.
Vous n’êtes qu’un maillon de la chaîne, je ne suis qu’un maillon de la chaîne.
Je fais mon geste, encore et encore, des milliers de fois, je suis un geste qui se répète des milliers de fois.
Les amis ne sont rien d’autre que des automates, réagissant de manière prévisible à chacune de nos actions, chaque journée est une succession de présent mécanique, chaque contexte implique une attitude mécanique, nos sentiments forment le mécanisme réactif de leurs éclats mis bout à bout, qui parviennent toujours à nous faire oublier de reprendre ma vie là où elle ne s’est pas arrêtée, cherchant à nous protéger des erreurs que nous pourrions commettre…
Ils ne savent pas.
Ils ne savent rien.
Je suis une erreur qui attend son heure pour se répéter plus loin…
On se fait manipuler et on rigole, peut-être parce qu’on se manipule déjà, car le crime global est le but inavoué de l’humanité.
On ne s’en sort pas.
On ne s’en sortira jamais.
Parce que nous ne sommes pas conséquence mais cause… et qu’on pourra toujours se fatiguer.
Ce que vous faites n’est pas la solution, ce que vous faites est une autre manifestation du problème.
Le but n’est pas de changer les choses, mais d’arriver à vivre avec.
Je veux crier, hurler, pleurer, me tuer, tuer, vous tuer et rire.
Rire de la société, de ma condition, de votre condition, de la morale, des normes absurdes, des valeurs désuettes, du pathétique que vous n’êtes pas capable de prendre du recul et que vous acceptez la merde en remerciant….
Et vous vous excusez de ne pas les respecter.
La conscience que vous avez de ce que vous êtes, rachète ce que vous faites.
Vous n’êtes que ce qu’on veut que vous devienniez et je ne suis que ce qu’on attend de moi.
On deviens ce que la société a décidé pour nous définir et nous abolir.
Je voudrais crier.
Etre seul.
Ne pas attendre demain.
Ne pas parler aux gens.
Ne pas sentir le vide de la vie.
Arrêter d’avoir peur.
Mais je suis pas faible, il ne m’arrive jamais d’oublier où je suis, même si j’ai l’impression de savoir où je vais, d’avoir un but, des projets….
Auriez-vous des problèmes de conscience de lire ce texticule si nihiliste, si dépouillé.
Auriez-vous des problèmes de conscience parce que mon style est peut-être un peu trop contemporain pour vous ?
Pas facile de lire quand on SMS à longueur de jours et nuits !
Partisan du moindre effort, non ?
Si c’est le cas, vous pouvez arrêter de lire cette chronique inutile et continuer de reculer dans votre vie.
Dans le cas contraire, ceci ne changera pas votre condition, mais aura le mérite de vous avoir ouvert les yeux, et vous vous retrouverez avec l’impression de vous être complètement leurrés, avec l’envie de crier, de tuer, de partir, d’être sourds, d’être aveugles.
Parce que tu ne pourras pas vous remettre de ce Bogue.
Erreur système définitive, porte ouverte sur la réalité.
Quelle atroce agonie…
Mon corps en pleine putréfaction, mes plaies encore béantes, ma chair pourrissante…
Mon sang s’écoule doucement, très doucement, j’ai des vertiges, mon cœur se ralentit, chaque pulsation pourrait m’exploser la poitrine…
Mon rythme cardiaque est lent, si lent…et tellement irrégulier…, il frappe fort, mais d’une lenteur si douloureuse que je pourrais me l’arracher…, si seulement j’en avais la force…
Les vers ont commencé à pénétrer mon avant bras, dont la peau est devenue noire par le pus et le sang. L’odeur écoeurante de mes membres cadavériques commence à se propager pour atteindre mes narines encore saignantes…, je sens que je vais vomir…, je sens les rats rôder tout autour de moi, tandis que les rats attendent ma dernière heure pour se gargariser de mon corps rongé par la souffrance…, mais je ne suis pas encore mort…, c’est la douleur seule qui me le rappelle… et l’odeur aussi…
Les yeux tournés vers le ciel, je voudrais regarder des nuages noirs me survoler, la pluie s’abattant calmement sur mon corps comme si elle voulait m’emmener avec elle dans un geste de pitié…, :mais ce n’est que béton sur béton, un métro de fin du monde…
C’était sans compter sur celui qui me parle d’une voix rauque, une voix de démon, gutturale, arrachée de toute lueur d’espoir, me répétant que ce n’est que le début…., ça va être bien pire après, me crie-t-il…, je ne peux retenir mes larmes…, je n’en peux plus, j’ai si mal…, j’ai si froid…, je veux mourir…
Ils ont décidé de m’éliminer, je suis leur objet, rien ni personne ne pourra les empêcher de me torturer jusqu’à ce que je meurs de douleur…
Si seulement j’étais le seul…, mais tout autour de moi, ce ne sont que des cadavres puants en décomposition…, un vrai champ de macchabées…, des corps à pertes de vues…les rats observent puis commencent leurs festin… et moi je suis au milieu de cette pourriture érigée en reine du monde dont la mort serait l’effigie…
Je l’attend…, je l’attend…
Enfin…la voilà…
J’aperçois au loin la faucheuse… et je l’accueille sourire aux lèvres…
Cauchemar !