Nuit d’orage…
Une nuit de la semaine dernière, la foudre et le tonnerre ont respectivement lacéré le ciel et grondé de manière imprévisible et violente, sans interruption pendant une heure ou deux, aussi le matin je ne fus pas tellement surpris en voyant les pompiers s’affairer dans une petite cour formée par l’encadrement de divers bâtiments…, la raison en était très particulière, le décès d’une voisine, une jeune dame prénommée Brigitte, décédée dans des douleurs épouvantables dans la nuit.
Je l’apercevais de temps à autre l’après-midi, elle vivait seule et venait de temps en temps me parler lorsque je promenais mon fidèle Cocker Blacky, espérant que je lui prodigue des conseils sexuels…
Le Bdsm ne la laissait pas indifférente, elle s’était prise au jeu de l’auto-bondage et passait ses après-midi à se ficeler dans son appartement après s’être enfoncé un plug électrique dans l’anus et un gode électrique dans le vagin…, elle était tombée aussi sous le charme envoutant d’une certaine Stéphanie qui avait un commerce de bijoux fantaisie et qui l’avait entrainée dans quelques orgies ou elle l’avait contrainte à subir les foudres de la fée électricité, lui fixant un appareillage complexe destiné à décupler ses jouissances.
Brigitte revenait à chaque fois de ces séances, les yeux pétillants et le souffle court d’une femme ayant joui très longtemps…, un jour, il y a de cela plusieurs semaines, elle s’était écroulée en larmes, confrontée à la méchanceté d’une employée de la Fnac qui venait de lui vendre un format de piles inadéquat pour son plug et son gode électrique, et, après que Brigitte s’en fut aperçue et retournée aussitôt à la Fnac, l’employée avait refusé de les lui échanger prétextant que le magasin était maintenant fermé depuis cinq minutes, que si elle se trouvait encore derrière son comptoir c’est qu’elle avait deux trois bricoles à régler avant de partir en week-end, mais qu’elle n’était plus habilitée à satisfaire les désirs sexuels des clientes, qu’il faudrait de fait repasser non pas demain parce que demain c’était fermé mais lundi… et Brigitte toujours très polie même devant tant de vitupération et d’inconséquence, avait obtempéré ; puis après avoir marché quelques mètres, à l’idée qu’elle allait être privée de son plug et de son gode électrique tout le week-end, s’était écroulée en sanglots…
Cette histoire me fut rapportée avec émotion par Stéphanie qui, revenant de la poste, la voyant en larmes, paniquée, “comme une âme abandonnée”, lui demanda si elle pouvait de quelque manière que ce soit lui être secourable.
Après que Brigitte lui eut racontée, en étouffant ses larmes, son histoire de piles, Stéphanie s’en alla d’un pas décidé à la Fnac arracher le bon format à la vendeuse éberluée qui haussait les épaules et soufflait comme une baleine pour bien signifier qu’elle avait eu une journée fatigante, pensez vous un samedi…, et n’était pas à la merci du bon vouloir des clientes après l’heure de fermeture!
Quand Stéphanie eut rapporté triomphalement les bonnes piles à Brigitte, celle-ci dont les larmes de tristesse s’étaient changées en petites larmes de gratitude, rieuses, invita Stéphanie à prendre une tasse de thé dans son appartement…., plus si affinités…
Les jours qui ont suivi l’orage, j’ai songé à Brigitte qui avait raconté à Stéphanie combien elle était solitaire par la force des choses et pas très fortunée, pratiquement sans ressources à l’exception de son chômage et de ce minuscule appartement dans un quartier chic hérité de sa mère.
Puis elle avait proposé à Stéphanie de venir la visiter de temps en temps pour qu’elle puisse jouir de ses auto-bondages, d’y participer et de les perfectionner, ce que Stéphanie s’était empressée de faire, devenant la guide et la Maîtresse-infirmière de Brigitte.
J’étais également convié à leurs séances électro-stimulantes, mais la peur de déranger même des personnes qui adoreraient être dérangées par quelqu’un d’autre que le releveur de compteurs EDF…, et la vie qui apporte à chacun son lot de tracas à surmonter et d’énigmes solubles ou insolubles à résoudre au quotidien, ont fait que je n’ai pu aller partager “leurs loisirs” le soir de ce fameux orage…
Aujourd’hui Brigitte est dans une section psychiatrique de l’hôpital des grands-brûlés de Nanterre et Stéphanie a disparue, on n’a retrouvé d’elle que ses chaussures… brûlées !
J’ai su que Brigitte s’était, comme à son habitude, auto-bondagée après s’être enfoncé plug et gode en vibrations…, par jeu elle s’était aussi attaché les tétons avec des pinces reliées à une chainette, elle-même attachée à un bout de fer qui pendouillait du plafond…
Les pompiers m’ont dit que c’était le paratonnerre…
Lorsque la foudre est tombée sur le paratonnerre, Brigitte est partie dans le sub-space, les cheveux hérissés…., les 250.000 volts de l’éclair ont fait fondre les pinces, le gode et le plug…, on n’a jamais su ce que Stéphanie faisait à ce moment, on suppose qu’elle faisait un cunnilingus à Brigitte…, la salive est conductrice d’électricité !
Je n’ai pas parlé de cette “petite-mort” à mes lecteurs et lectrices internautes qui ont leurs lots de soucis et sont d’une fragilité extrême quant à la vie…, j’y ai donc pensé seul, et gardé cette histoire pour moi, jusqu’à ce que je l’écrive maintenant, maintenant que le soleil revient et qu’il rend déjà lointain la nuit d’orage de la semaine dernière.
J’ai aussi pensé à cette fille de la Fnac, qui n’y travaille plus depuis un bon bout de temps, mais qui doit exercer ailleurs sa mauvaise humeur à la fin d’une semaine difficile…, c’est comme ça, que voulez-vous, il y a une vendeuse qui avait eu une journée exténuante, qui rêvait de dormir, dormir, dormir… et dont la cliente qu’elle venait d’envoyer sur les roses, va, elle, trouver le repos quasi-éternel après avoir connu le sub-space, au milieu d’une nuit agitée.
Electrisant, non ? Bof !