Pornographie…
Sur le terrain autophage du porno classique, qui se nourrit essentiellement de beautés parfaites et stéréotypées, la présence du freak est comme un animal rampant, subversion du regard et mise à mal des normes corporelles, mélange de théâtre érotique des zones interlopes des capitales modernes et revival des heures les plus sombres du zoo humain, de la foire du trône et du Barnum.
Le porno des freaks, des fat mammas, des old’s et des matures, le porno des nains et des prégnants, le porno zoo, le porno des big big dicks (plus de 30 cm), le porno des amateurs (ces monstres du quotidien) est un terrain de jeu sauvage qui a ses rites et ses mythes mités.
La figure du monstre comme signe pornographique signifie le refoulé et l’indigeste, en résumé tout ce qui n’a pas sa place dans le gigantesque estomac du transit socioculturel, médiatique, politique et économique.
C’est pour cette raison que le porno bizarre, le porno des freaks, tout comme la contre-culture, a un rôle hygiénique à jouer au sein de la société.
Le monstre fermente et est rejeté dans une déjection estampillée bizarre, et rejoint le rôle de l’underground et des contre-cultures en tant que rectum social, espace d’évacuation du trop-plein et du refoulé.
Surenchère, extension du domaine du rut, acteurs et actrices transformés en sportifs de haut niveau et performers…, le porno traditionnel est devenu un porno-monstre qui affiche une rhétorique nouvelle, hypertrophiée à coup de gang bang, bukkake, fist and foot fucking, double anal, double vaginal, six pack.
De façon clinique, exponentielle, maladive, l’homme veut tout voir, tout savoir.
Ainsi, toutes les perversions, toutes les pratiques sexuelles et toutes les formes de pornographie possèdent leur site (du site sur les ballons de baudruche à celui des fétichistes des ongles de pied !).
Le porno bizarre touche à l’immontrable, à la partie douloureuse du regard, au pli discret rendu public sur le web où la partie monstrueuse de l’homme s’est développée, pullule et a trouvé une place de choix, une terre d’accueil hors lois, hors normes.
Big lips, big tits, big dicks, for nice trip.
Welcome in a brand new world !
Et oui, les vrais freaks du quotidien ne se trouvent pas dans le circuit des films pornos mais plutôt sur Internet, à travers des drunk movies, des hidden cameras (caméras de surveillance dans des parkings, des cinémas, webcams planquées), avec parfois de vraies bizarreries, parfois des moments de grâce aussi, ces moments que l’amateur de films pornos recherche désespérément, où l’œil se plisse, le visage se tord, le corps se livre, fragilité de brume, et où l’on sent se dévoiler ce qu’il y a de plus humain et d’universel dans l’homme, comme dans Shadows de Cassavetes, Deep End de Skolimowski ou encore Monika de Bergman.
Loin des Hot d’or et de la rhétorique d’un porno de luxe, le porno freak navigue en steady-cam entre les cuisses offertes d’une étudiante filmée à son insu et le sexe difforme d’un réel freak branlé par une sœur freak de cent trente kilos ; il plonge son œil de vérité sale sur une femme enceinte en pleine extase arrosée par une dizaine de queues de mâles ; il frôle l’aine experte du porno gonzo ; ciné amateur en mini DV, ciné rock’n roll, ciné drunk, ciné punk, porno déviant, scato, partie de jambes en l’air avec jambes-moignons ou jambes-saucisses flétries de soixante-dix ans, le porno freak oscille entre fun et hérésie, entre jouissance extatique du monstre et regard pervers de celui qui filme, en somme entre le droit d’exister, de vivre au grand jour sa folie, et l’abjection visible provoquée dans l’œil de la normalité, qui se rétracte comme sous l’effet d’une drogue, mais étend son règne économique à cette partie souffrante de l’humanité….
Le porno freak, c’est l’œil du réel ; le porno freak montre et démontre l’immontrable et ce qui est réservé habituellement à l’intimité la plus secrète, cela même que le cinéma traditionnel est inapte à capter pour le moment : soit un réel insoutenable, soit des moments de grâce réservés à la plus pure intimité (moments parfois très ludiques : jeux sexuels ou enfantillages)… donc, pour étoffer cet article qui, diront certain, est une enculade de première, en ce quoi, ben dis-donc ils n’auront pas tout à fait tort, j’ai résolu d’y adjoindre l’avis de quelques amis que vous connaissez tous…
Qu’est-ce qui vous semble pornographique, aujourd’hui ?
Orang-outan : Ben…, piting ! c’est dur, là, enfin pas là, mais là…, les films porno, je sais pas moi ! Pourquoi jouer avec les mots, tourner autour du pot ? Le porno c’est le porno, point. Le porno c’est des gros plans de bites qui bourrent des culs et des fois y’a des langues de lesbiennes qui lèchent des clitos en gros plan et ça me fait bander. Et allez pas me faire des théories là-dessus merde ! Le porno c’est du cul, aussi sûr que la baguette c’est du pain ! Bonne ou mauvaise la baguette (la pipe) c’est une autre histoire…
Lolita : Presque tout.
Claire : Tout ! Le monde entier ! Que penser du passage de la pornographie au porno ?
Orang-outan : Euh… pouvez répététer la question, là ? La différence entre le porno et la pornographie ? ! On se f… de ma gueule ou quoi ? ! Et la différence entre ma couille gauche et ma couille droite ?… Vous sais pas ? Moi non plus, piting !…. Porno c’est le pseudo de Pornographie, la grosse qui suce tout le quartier.
Lolita : Baisse de niveau.
Claire : Nuance de taille, la pornographie, finalement, a-t-elle apporté quelque chose dans le genre de la résolution de la crise de la philosophie Lacannienne ?
Orang-outan : Waouuh ! Intello la question ! Piting, mais une question entraine une réponse à-la-con, non ? C’est vrai que votre vieux cul trop enculé il doit être grave porno filmé en macro votre anus plein d’hémorroïdes explosées qui giclent ! Et toc !
Lolita : Oui, puisque la philosophie a disparu.
Claire : Question grotesque. Pensez-vous que le porno est pornographique ?
Orang-outan : Ben…, ça demande réflexion, là…
Lolita : Eh non.
Claire : Comment voulez-vous que je le sache ? Pensez-vous qu’un film comme L’Empire des sens est possible en France ?
Orang-outan : J’ai pas vu et je m’en branle pas plus mâle, mais j’aimerais bien. Il paraît qu’il y a des jap’s qui se font enculer pendant trois heures en gros plan ! Le seul truc chiant y paraît que c’est en noir et blanc et les anus de salopes sodomisées en noir et blanc ça le fait pas pareil qu’en rose bonbon. Piting ! Faut que j’aille aux toilettes là, une envie irrésistible, attendez-moi, OK ?
Lolita : Non. Problème de la femme blanche, ce qui, d’ailleurs, a fait son temps.
Claire : Bien sûr. La pornographie est-elle subversive ? Que renverse-t-elle ? Comment renverse-t-elle ? Le porno a-t-il quelque chose de subversif en lui-même ?
Orang-outan : Arrêtez votre ton délire ! Subversif le porno ? ! N’importe quoi ! Subversif à deux balles pour la télé ! Le porno c’est une bande de gros bourges qui prostituent des filles jeunes et pauvres pour se faire plein de fric vite fait. Le jour où je vois Dorcel se faire enculer lui-même en double fist, là ouais ça peut devenir un peu submachin peut-être. Si vous voulez faire du porno subversif, tournez le sosie d’Ariel Sharon en train de sodomiser Arafat en suçant le sosie de Bush. Piting ! C’est des questions à-la-con !
Lolita : Elle l’était, elle ne l’est plus.
Claire : Le porno renverse qui ?L’immixtion, via Internet de la pornographie dans notre vie quotidienne est-elle un phénomène qui provoque la réflexion ? L’inquiétude ? L’ennui ? Le rire sardonique ?
Orang-outan : L’immixtion de la bite dans mon cul ou de la chatte autour de ma queue me dérange pas trop. Ca me provoque l’inquiétude de pas bander, l’ennui de pas avoir de chatte à sauter ce soir et de me branler tout en riant d’un rire sardonique de violeur imaginaire, piting !
Lolita : L’indifférence.
Claire : Internet ne m’intéresse pas ! COSTES subit depuis 1997 deux procès par an de l’Union des Etudiants Juifs de France qui cherchent à le censurer par tous les moyens, judiciaires et autres : pressions et menaces… Qu’en pensez-vous ?
Orang-outan : Je suisse bien placé pour savoir que la censure de l’art, de la culture et de l’information est massive en France, tellement massive et bien faite qu’on s’en aperçoit même plus ! Pour moi qui souffre de cette censure au point d’être devenu clochard et de risquer la prison et le lynchage, le débat sur le porno censuré est vraiment un attrape-gogo ! Pour le coup, les jérémiades des pornographes dans la misère, ça c’est vraiment PORNO ! Piting ! J’en connasse un, particulièrement qui se fait poursuivre par des Juifs pour avoir écrit un livre, il s’est fait saquer, insulté, diffamé, s’il avaient su ou il était planqué ils l’auraient violé, sodomisé avec du fil de fer barbelé et la tête dans un four à gaz, piting ! Et pourtant, dans le livre de ce mec y avait rien de porno, sauf une scène BDSM pas trop dégueu, jouissive et tout, du grand art.
Lolita : La censure porte maintenant sur la capacité de lecture.
Claire : La censure n’est pas une preuve de talent, vos œuvres récentes publiées sur ce site participent-elles à un degré ou à un autre de ce type de réflexion ?
Orang-outan : J’écris ma vérité vraie et vécue que j’imagine. Quand je vois un cul dans ma tête je montre un cul dans le texte que j’écris. Quand je vois un enculé qui pose des questions cons j’écris que je vois un enculé qui devrait aller se faire mettre. Je suis vraiment porno parce que j’écris vraiment, en gros plans. Je suis cru, explicite. J’édulcore pas, je dévie pas, je sous entends pas, je poétise lorsqu’il le faut, pour enrober, je stylise. Le vrai porno c’est du cul, une âme enfermée dans un cul, une âme prisonnière d’un cul, une âme qui crie au fond d’un cul. C’est jouissif, non ?
Lolita : Bien sûr. Mais… La pornographie est une chose ignoble, frustrante, débile comme un pénis, c’est le prozac du fachisme intellectuel. La pornographie c’est souvent la bétise, la spoliation, le niveau zéro de la créativité, le palais des clichés, de la vulgarité, du machisme… un placebo.
Claire : Y a-t-il un rapport ? J’en sais rien et De quoi parler aujourd’hui ? de la vulgarité, du manque d’idées, du suivisme, des vieux rangés qui nous font chier, des nouveaux, dégoutés, qui créent pour eux dans leur chambre, des nostalgiques fétides, des inclassables, des gens qui se droguent parce qu’ils n’en peuvent plus, du sentiment de non-retour…
Orang-outan : Je m’en fous de vos histoires à-la-con, je me fends toutefois ici de ma petite note explicative à l’attention des sourds et des mal entendants qui se branlent trop, je suis moi même un mâle explicant… Ce que je souhaite faire passer dans ce texticule, c’est l’idée fort simple que si le porno fric est un porno carnassier qui va jusqu’à dévorer les nains, les femmes grosses, les hommes hypertrophiés de la queue, etc., dans sa rhétorique gros plan, piston, éjac de préférence faciale ou anal distendu, c’est que des moments de grâce très purs peuvent apparaître comme des lapins sortis du chapeau d’un magicien, là où j’essaie de glisser mon chibre dans un con, ce moment de grâce où je sens qu’un truc est en train de se passer…, et bien ce truc se trouve en germe et parfois éclos dans un film où des nains voltigent entre des montagnes de cellulite et viennent s’abreuver à des vulves en forme de gargouilles au regard torve.
Lolita : Je ne m’émeus pas de ce circuit que j’assimile souvent à la prostitution.
Claire : L’écrivain n’est-il pas lui-même une pute ? Avez-vous parfois envie de plonger avec les monstres jusque dans leur nudité érectile…, jusqu’au bout de leur queue rougie pour interroger cette forme moderne de la pornographie qui est née dans la soupe primordiale, le jour où le premier unicellulaire s’est dédoublé ?
Orang-outan : Votre réflexion à-la-con contient ce côté guerrier et tous les missiles inféconds qui viennent exploser sur votre crâne fertile, là, piting ! Bon, je voudrais publier ici un poème que j’ai écrit spécialement pour cette occasion, je vous le lis, OK ?
<< Baisons enfants des parties,
le jour des glaires est arrivé.
Contre nous de la Friquerie,
laids, tant de dards sans gland sont levés.
écoutez-les, dans leurs campagnes,
chérir les slogans des magnats.
Ils viennent jusque dans nos draps
enculer nos enfants nos compagnes.
Aux moules aux burnes, citoyens,
aux burnes aux moules, citoyennes,
léchons, foutons,
de jets d’azur, humectons les sillons…>>
Lolita : Jolie chanson, Orang !
Claire : La honte !