Je suis au milieu d’une foule de connards… Ils puent la pisse. Y en a un qui gerbe sur un autre au fond. Çà déclenche une bagarre. J’aimerais y participer mais çà se passe trop loin, à contre courrant dans la foule alors l’envie s’en va. Çà me démange pourtant. J’ai besoin de casser de la gueule ce soir… Voilà que j’ déboule au beau milieu de la salle… Y a des crêtes d’iroquois où que je tourne la tête… On se croirait dans une saloperie de basse-cour… çà sent la fange tout pareil. J’arrive même pas à voir mes groles tellement qu’on est serrés. Heureusement j’ai mes rangers. Je crois bien qu’ le sol est recouvert de tessons de bouteilles et d’une purée de vomi ou de chiasse (je sais pas trop… p’tête même les deux.). J’entraperçois la scène… Y a ce connard de Sid Vicious à la basse. Enculé d’anglais de merde. Y a un mec qui vient de lui balancer une Budweiser en plein dans sa gueule de rosbif de mes couilles…, elle éclate en plein sur son arcade sourcilière et manque de peu de l’éborgner. Il en a rien à foutre et continue de jouer. Il pisse grave le sang pourtant. J’me faufile à grands coups de coudes… Y en a qui tentent de me les rendre mais tout est trop confus, d’autres morflent à ma place. Rotten gueule comme une crécelle… J’crois qu’il chante God save de Queen… C’est vrai qu’on est dans un putain de concert… C’est accessoire tout çà. J’entends que dalle de toutes façons, mes tympans me font mal.
Soudain, un type manque de peu de me péter le genou en plongeant du cul alors qu’on le bouscule. Je lui fous deux trois coups de pied dans les dents comme il est à terre pour marquer le coup, la prochaine fois il fera gaffe, l’enculé… Vicious vient d’éclater sa basse sur le crâne d’un pauvre connard du premier rang… Il est rancunier le bougre ! çà commence à sauter de partout… Tout le monde est torché à la mauvaise bibine. Tant mieux c’est celle qui fait dégueuler plus loin et plus fort… Waaaaaaaaa, faut oublier ta vie ! T’es là pour te défouler vieille pute… çà va pogoter dur ! Je sautille sur mes deux pieds comme un con de cabris manchot. Je décoche un coup de boule à un morveux qui croise mon chemin. Je viens de lui enfoncer son pif jusqu’à la trachée. Il hurle comme une merde, je me casse après lui avoir broyé deux trois cotes… il est trop bruyant ce con. Je fais tournoyer mes poings garnis de quincaillerie. J’espère énucléer deux trois connards dans l’assemblée, mais ils ont tous des tronches molles de lopettes. Çà leur fait que des éraflures superficielles.
Une petite chienne vient d’amortir ma chute. Elle s’est retrouvée sous mon cul. La conne comme je l’asphyxie me griffe l’épaule. Je me relève et lui fait face. Elle a une gueule trop parfaite, trop lisse. Elle est jeune, sa tronche est recouverte d’un maquillage de pouf mais, cela dit, je lui décapsulerais volontiers l’hymen avec les dents sur le champ. J’vais te donner une leçon de vie, cocotte ! Elle me regarde avec des yeux ronds, apeurée. Piting, mais qu’est ce qu’une petite bitch comme elle, fait à un concert des Sex-Pistols ? Ces mecs sur la scène sont sensés dénoncer l’exploitation de la jeunesse par les records companies, Barbie ! Tu crois que Punk c’est une mode ou quoi ? Punk c’est la négation de tout ce que t’es, vache à lait consentante, lobotomisée volontaire de mes couilles ! Elle me fait un bras d’honneur, je crois que le bruit de la salle couvre mes paroles de toutes façons. Le langage des signes est tout indiqué… S’en suit un cri aigu. J’viens de lui arracher une de ses deux boucles d’oreilles en tirant de dessus. Un bout de son lobe s’est barré avec… son t-shirt rose clouté, flanqué d’un improbable emblème anarchiste se couvre soudain d’hémoglobine. La pute hurle, me flanque un grand coup de pied dans les burnes et se jette sur ma gueule avec ses dents aiguisées. Elle mord dur, la salope ! Elle vient de se retirer alors qu’une douleur tétanisante m’envahit. Je tâte la plaie avec mes mains mais j’ai un trou à la place de ma joue. Je vois la conne recracher au sol un bout de viande ensanglanté. Je lui décoche comme par réflexe un coup de poing dans sa p’tite gueule de vierge. Elle tombe sur ses genoux et vomit une flopée de dents. Waaaa piting, j’arrive à faire sortir ma langue alors que ma bouche est fermée !
Gasppppp ! Une saloperie de gros porc vient de me foutre un coup de bide. Je suis projeté au sol. Des bouts de tessons s’enfichent dans mon dos. Waaaaaaaaaaa, c’est trop bon ! Il peut pas savoir à quel point çà me fait plaisir… Il me met dans une rage monstre, j’en ai une putain de gaule dans le calebute… Je me relève avant d’être piétiné, et je fonce dans le tas de graisse qui déborde de son treillis pourri. J’y saute dessus les pieds devant. Je vais te faire tâter de la semelle, grosse merde ! Je crois que je viens de lui exploser deux trois organes mais j’suis pas sûr, il ondule comme un bonhomme en jelly et s’affale sur son gros cul. Est-ce qu’il s’est chié dessus ? J’ai vraiment trop de considération pour ce pauv’ type. En même temps, j’m’en fous. C’est pas ma pute, j’vais pas passer la nuit avec. Qu’il aille se faire mettre. La foule l’emporte. J’en ai fait une proie facile pour deux, trois gringalets qui profitent de l’affaiblissement momentané du gras double pour le rouer de coups. Rien à battre. Je fais un plongeon en arrière à l’aveugle en écartant mes bras. Çà pue la sueur, çà chlingue l’aisselle pourrie, comme dans une salle de gym à l’abandon. Piting… Ma tête cogne contre le mur. Çà fait un bruit pas possible. J’ai l’impression d’avoir le goût de mon cerveau dans la bouche.
Je crois qu’on est sous une avalanche humaine… L’inconnue se réveille et ses yeux interrogateurs plongent dans les miens. Elle est sur le point de défaillir de nouveau lorsqu’elle voit mes deux fémurs ensanglantés émerger de mon jean déchiré mais elle se reprend comme la poussée du mur vivant s’intensifie et me presse inexorablement contre elle. Je me tiens les deux bras contre la paroi et forme une sorte de bulle autour de l’autre conne qui se met à paniquer et à foutre des coups dans tous les sens. Comme je peux rien faire d’autre pour la calmer, j’embroche une de ses cuisses avec mon fémur, d’un mouvement sec… L’autre truie gueule sa race mais cesse de paniquer. Elle me regarde droit dans les yeux… J’y lis la résignation alors que je ne peux plus rien faire pour lutter. Voila que j’ tremble, que je chancelle. Je lâche tout…
Sur le front-stage, Vicious vient de se taillader plusieurs fois l’avant-bras avec une lame de rasoir. Il lèche le sang et le postillonne dans la foule en furie. Tout le monde devient hystérique et çà pogote de plus belles. On se croirait au beau milieu d’un tremblement de terre. Piting faut que j’ me réfugie dans les chiottes avant qu’un raz de marée humain ne me compresse contre le mur ! Je relève l’autre conne à terre et tente de l’emporter avec moi. Elle est inconsciente et je la sers de toutes mes forces contre ma poitrine pour la protéger. Trop tard… D’autres merdeux ont eu l’idée de la planque et se sont barricadé de l’intérieur. Une lame de fond difforme de crêtes, de cuirs cloutés, de chaînes et de salles gueules, nous happe alors soudain. Je roule, je prends des coups, j’ai l’impression que tous mes os éclatent en même temps, je roule et je roule encore… Lorsque çà se calme, je n’y vois plus rien. Ma tête a heurté de nouveau le mur et en glissant, j’ai été à moitié scalpé. Mon cuir chevelu a été traîné sur plusieurs mètres, complètement raboté contre la paroi. J’ai une fracture ouverte à chaque jambe, çà me fait horriblement mal. Mon crâne vient violement impacter le sien. Mes lèvres se retrouvent contre les siennes. Mes dents en fait sont contre ses dents, ma mâchoire s’enfonce dans sa mâchoire et nos langues humides s’entremêlent. Mon torse se retrouve écrasé contre ses petits seins, j’ai senti sa cage thoracique craqueler. Je crois que mes poumons ont explosé comme des ballons de baudruche. Mon souffle en reste coupé. Les cuisses de la jeune femme se sont écartées et mon bassin est venu broyer le sien. Mon sexe a plus ou moins pénétré son sexe. Ils ne forment plus qu’une mélasse difforme de toutes façons. Voila que mes gencives cèdent, que sa mâchoire se déboîte, que la mienne est arrachée. Mon nez écrase le sien. Elle sent le parfum bon marché.