– Chef, chef, j’ai une idée !
– Doucement … Tu respires lentement par le nez, deux ou trois fois, et ensuite, tu m’expliques calmement.
– J’ai un pitch d’enfer, chef, conceptuel et tout, mais assez racoleur quand même, ça peut être vendeur !
– La dernière fois, c’était l’essai d’un tricycle et j’ai du te rappeler que je l’avais déjà fait …
– Ok, ok. Mais cette fois, c’est du béton. On va faire un truc façon fiction-reportage, un peu comme Cloverfield façon trash-automobile, sauf que là, ce sera pour de vrai, des plans hyper-bien cadrés d’une nana avec des gros nichons à l’air qui conduit un camion géant. On fait un reportage sur elle avec un gros plan sur ses tétons, un reportage-vérité, bien sûr, avec des extraits de ses prouesses sexuelles avec tous les ouvriers, dans la benne du camion géant.
– Tu sais, le film C’est arrivé près de chez vous, c’est sorti depuis un bon moment déjà…
– Soyez pas si taquin, chef. Effectivement, au niveau de la forme, c’est un peu l’esprit. Ca va rien nous couter : quand on interviewera la nana avec les gros lolos à l’air on va en profiter pour tous la sauter. Y’aura qui ? Moi à l’appareil photo… et un pote journaleux au chomdu qui fera ça par pur plaisir de la tringler par la même occasion. Pour les séquences en pleine action, là, ce sera du brutal, la nana qui court à poil dans tous les coins. Brut. A la rigueur, on peut le faire nous-mêmes, tous les deux, plus c’est crade mieux c’est, le budget va tenir sur un timbre poste.
– Continue, tu m’intéresses …
– Bon, voilà le pitch : on fait ce reportage et ça va faire comme un bond dans les statistiques.
– On a déjà dépassé les 3.350.000 visites en 16 mois d’existence !
– Attendez que je vous explique. En résumé, dans sa tête, quand elle roule dans son gros camion géant avec ses gros nibards géants, la nana aux gros seins se dit que puisque parité et tout ça, typiquement lorsque tu t’engueules avec un automobiliste et si c’est un homme, y’a pas de raison de le traiter différemment d’un gros con lambda qui lui grille la priorité, donc grand coup de manivelle en travers de la gueule. Bon, elle s’est aperçu de ça un peu par hasard, elle a le sang chaud et un jour, elle a mis un pain à un ouvrier, on verra plus tard pour quelle raison précise. Bref, ça a été une révélation, et depuis, elle provoque les engueulades sciemment de façon à les latter.
– Bon, et après ?
– Attendez … Déjà pour commencer, elle ne va pas nous expliquer ça de manière aussi directe, elle va atermoyer, noyer le poisson, nous servir des considérations à la fois plus générales, plus grandioses et plus confuses, même si on aura peut-être droit à la scène primitive presque in extenso, à voir. Ce n’est qu’au fur et à mesure qu’on comprend à peu près la psychologie de la nana aux gros roberts et ses motivations sexuelles réelles. Ca c’est la partie interview. Dehors, on la filme en train de regarder des mecs en Marcel avec des gros muscles et des énormes bites en érection : engueulade, le ton monte et les pains dans la gueule arrivent. C”est juste un exemple, hein, chef.
– Si je te suis bien, on alterne les plans montrant la nana dérouiller des mecs musclés et ceux où elle se prend pour la vierge Marie en train de nous expliquer le vrai sens de la vie.
– En gros, oui. Mais ça peut être monstrueux. Déjà, les plans en extérieurs, faut les faire vraiment reportage. Sinon, ça fera chiqué : certains peuvent être pris de loin au zoom, les suivants de plus près, serrés, avec un côté bien craspec style voyeur qui capte le sang avant de s’enfuir vite fait. Sans compter qu’en plus de l’interview direct (immonde, bien sûr), y’aura les gros lolos…
– Ca me semble un peu léger, quand même…
– D’abord, y’a pas que ça. On va finir par se rendre compte que c’est que la partie émergée de l’iceberg. Qu’en fait, elle se fait du blé en acceptant du flouze pour branler les ouvriers.
– Des témoins ?
– Ouais, ouais … On finira par voir dans le champ, assez loin, des mecs, toujours les mêmes, voire toujours LE même. Et en mettant ça en corrélation avec ses délires sur nous-les-femmes aux gros seins-brimés et tout le tremblement, on finira par comprendre qu’elle leur procure des snuffs softs mais en live. A tel point, que, pendant une baise, quelqu’un… et c’est pas vous, chef, de notre équipe fera un shot au télé du témoin. Imaginez le tableau : on voit 1) la nana en train de se faire latter…, 2) moi en train de photographier ça avec fébrilité et 3) le témoin hésitant, n’osant pas trop, reculant, etc … On monte ça en imbrication d’images avec Phoroshop et ça donne dans le super grandiose !
– Ah ouais, le fondu peut aussi avoir monté une sorte de club d’ouvriers qui lattent des secrétaires, tu vois, un peu comme dans Fight club…
– Non, là, ça risque de virer à la Zèderie Rape and Revenge. Mais dans l’esprit, c’est ça : un reportage wébbien au deuxième degré avec un petit côté transgressif comme alibi.
– Euh, mais juridiquement, ça craint pas un peu de laisser des ouvriers musclés se faire tabasser par une nana hystérique avec des gros seins pendouillants ? Non assistance à personne en danger et tout ça ?
– Chef … Ce seront des vrais ouvriers. La nana aussi, c’est une vraie conductrice de camion géant. Mais l’idée, c’est de photographier ça dans un chantier sans prévenir personne pour recueillir les réactions des badauds. Ca peut être un peu chaud, mais je pense que ça vaut le coup. Le tout, c’est de décaniller avant que les flics ne se pointent.
– Bon, tu me gardes ça sous le coude, faut que j’en discute avec mes investisseurs virtuels : Lorenza, Pécan et Orang-outan, les uniques qui publient dans le forum. Tu crois pas qu’on pourrait inclure des scènes de torture, aussi ?
– Chef, c’est génial…