Vidéo : Straight to Number One…
Par Anamary del Miguel Saavedra
Le BDSM peut avoir des vertus inattendues. J’ai fait un bon bout de chemin vers l’acceptation de mon corps tel qu’il est, avec ses parties que j’aime, et celles que j’aime moins. Je kiffe mon grain de beauté sur la joue, mes lèvres pleines et mes petites mains ; je complexe sur mes seins, mes cuisses qui se touchent et mes bras tout mous.
Ça ne m’empêche pas de me mettre en mini-short, d’aller à la piscine ou de faire l’amour en pleine lumière. Je n’ai pas appris à tout aimer, mais j’ai appris à faire la paix avec tout. Par contre, ce que je n’avais pas imaginé, c’est qu’une séance de BDSM m’aiderait à me trouver plus belle.
Rappel pour le non-initié : le BDSM (pour bondage et discipline, domination, soumission & sado-masochisme) regroupe diverses pratiques sexuelles plus ou moins vénères. On peut le pratiquer au creux de l’oreille ou avec une douzaine d’accessoires coûteux, c’est chacun(e) son style ! Dans mon cas, comme beaucoup de femmes (socialisation genrée oblige), je suis du côté soumis de la Force : ce qui me fait décoller, c’est d’obéir, de m’abandonner et de prendre des baffes.
Eh, ça ne s’explique pas, hein.
J’ai trempé mon premier orteil dans la sexualité BDSM il y a pas mal d’années maintenant, mais ça faisait un moment que je n’avais pas eu l’occasion de le pratiquer. Mes derniers partenaires ne mangeaient pas de ce pain-là et ça n’a aucun intérêt de recevoir une bonne fessée si ça ne fait pas kiffer la personne qui l’administre. Il se trouve qu’au gré de mes rencontres et de ma technique de drague extrêmement subtile (qui consiste à demander à un mec que j’aime bien : « Au fait, on se pécho ? »), je me suis retrouvée un samedi matin, en petite robe et nerveuse comme pas deux, à attendre un jeune homme pour le week-end. En me renseignant à son sujet, j’avais appris qu’il était plutôt très dominant, et je lui avais fait comprendre que c’était LOIN de me déplaire.
C’était parti pour deux jours de luxure avec des coups de ceinture dedans, et j’étais une boule d’impatience.
Mais au fond de moi, j’avais les mêmes craintes qu’avant chaque « première fois » : et si je ne lui plaisais pas ? Et si mon corps le décevait ? Et si, comme moi, il n’aimait pas mes seins pas assez ronds, mes cuisses pas assez fines, mon ventre pas assez plat ?
Bon, je me doutais qu’il n’allait pas s’exclamer « LOL NOPE ! » en me voyant nue, mais voilà, j’étais nerveuse. On n’y peut rien. Il est arrivé et j’ai très vite arrêté d’avoir peur, plutôt concentrée sur mon désir et mon amour sans bornes pour tout ce qui se passait. C’est un peu bizarre, de mon côté, le BDSM ; j’aime être soumise, mais j’ai toujours un genre de fierté qui se réveille. J’en ai envie, mais je lutte. Et c’est dans le lâcher-prise que se trouve le plaisir.
Une fois les préliminaires bien — TRÈS bien — entamés, mon partenaire de jeu s’est confortablement assis dans le canapé et m’a dit de me déshabiller, lui qui n’avait retiré que sa veste et son sac à dos. C’est une chose de se dévêtir à deux, dans l’urgence et l’appétit mutuel, en mode collé-serré ; c’en est une autre de se tenir debout, en pleine lumière, nue, face à un mec tout habillé. Qui ne fait que regarder. Au début, je n’osais pas trop, je gardais les bras croisés sur ma poitrine et mon ventre, jusqu’à ce qu’il les place avec autorité le long de mon corps. J’étais un peu voûtée, un peu honteuse. Et puis j’ai eu ce déclic de fierté, mon bon petit caractère de cochon qui est remonté.
J’ai levé le menton, planté mes yeux dans les siens, redressé les épaules, cambré les reins. J’étais nue et je n’avais ni honte, ni peur. Dans son regard, il se passait plein de choses.
Déjà, c’était clair qu’il allait vite me faire regretter cet air de défi et qu’on allait voir comment je crânais après quelques morsures de cuir. Ensuite, il me désirait. Et enfin, il me dévorait. Tout mon corps lui plaisait, comme une toile vierge, comme un terrain de jeu. Cette dynamique millimétrée mais forcément déséquilibrée me donnait de la force là où elle était censée me soumettre.
Bien sûr, j’allais douiller — parce que j’en avais envie — et ressortir de là en larmes, hors d’haleine, avec des zébrures plein le dos et plus du tout de rouge à lèvres. Mais c’est moi, c’est mon corps, mon arme dans cette délicieuse bagarre. D’un coup, je n’ai plus eu honte de mes seins, de mon petit bide, de mes cuisses.
Pourquoi en avoir honte, alors qu’elles allaient parfaitement s’enrouler autour de ses reins ? Pourquoi regretter les courbes qui créaient un tel désir dans les yeux d’un mec que je désirais aussi ?
En m’offrant, dans un jeu de soumission, à un regard aussi inquisiteur, j’ai vu que je plaisais. Peu de gens m’ont regardée comme ça, comme une oasis dans le désert. Alors je vous le dis comme c’est : juste avant de sentir la ceinture claquer sur ma peau, je me suis sentie foutrement empouvoirée. Preuve qu’on peut l’être même à genoux devant un mec, tant qu’on vit ce qu’on aime, en accord avec soi-même.
Huh ! its’nt !