Vidéo : Les Secrets Interdits…
“Mais que sommes-nous donc si nous avons l’obligation constante de nous faire être ce que nous sommes, si nous sommes sur le mode d’être du devoir être ce que nous sommes ? Cette impossibilité n’est pas masquée à la conscience, elle est la gêne constante que nous éprouvons, elle est notre incapacité même à nous reconnaitre, à nous constituer comme étant ce que nous sommes, elle est cette nécessité qui veut que, dès que nous nous posons comme un certain être par un jugement légitime, fondé sur l’expérience interne ou correctement déduit de prémisses a priori ou empiriques, par cette position même nous dépassons cet être – et cela non pas vers un autre être : vers le vide, vers le rien”.
Jean-Paul Sartre, L’être et le néant
“Ce n’est pas seulement la vacuité des choses et des êtres qui blesse l’âme, quand elle est en proie à l’ennui ; c’est aussi la vacuité de quelque chose d’autre, qui n’est ni les choses ni les êtres, c’est la vacuité de l’âme elle-même qui ressent ce vide, qui s’éprouve elle-même comme du vide, et qui, s’y retrouvant, se dégoûte elle-même et se répudie”.
Fernando Pessoa, Le livre de l’intranquilité
“Il y a des consciences qui, à de certains jours, se tueraient pour une simple contradiction, et il n’est pas besoin pour cela d’être fou, fou repéré et catalogué, il suffit, au contraire, d’être en bonne santé et d’avoir la raison de son côté”.
Antonin Artaud, Van Gogh le suicidé de la société
Dans l’impression de tourner à vide il y a cette abolition complète de l’importance de moments qui ne sont plus vraiment distingués ou conscients, il n’y a plus qu’un large temps flasque et assourdissant qui se déroule comme pour en finir, comme une attente que l’on accepterait de supporter au nom de la chose attendue. Mais parce que rien ne se manifeste finalement comme ayant été attendu l’angoisse point dans la torpeur et l’empêche de s’oublier, l’engourdissement n’a même plus le privilège d’une anesthésie stable, au milieu d’une insensibilité qui avait cru pouvoir exister les sens se réveillent et leur réveil est douloureux parce que pendant leur sommeil les opérations continuaient à vif. L’hébétude n’est pas une solution du point de vue déjà tatillon des sens mais ce qui l’interpelle n’est jamais qu’une exigence, c’est-à-dire le désir simplement directif d’être autre chose, d’être ailleurs, d’ouvrir les yeux, de bouger les bras, d’activer ses mouvements, mais sans offrir, ni aux uns ni aux autres, l’image positive de leurs objets, le contenu alternatif de leurs remuements. Ce qui a à se dessiner en creux de ce que nous ne voulons pas être n’est pas qu’un envers induit par l’endroit, il n’y suffirait pas, c’est un espace à construire, un lieu d’actes et de paroles qui doivent être façonnés, qui réclament une vertigineuse et désarmante faculté d’invention, une présence inhumaine de tous les instants.
Que reste-t-il de réel au milieu de nos humeurs, entre un jour où les choses s’incarnent et une période où elles se diluent ? Les variations de teinte des émotions ne se laissent jamais saisir que sur le mode de l’incompréhension : il y a un autisme des humeurs passées qui, confinées dans le formol du temps révolu, ne veulent plus répondre de leur cohérence ou des circonstances de leur naissance et qui par cet aplomb gagnent leur bien-fondé. Cet hermétisme fragmente et éparpille, il forge une nouvelle temporalité, celle d’une scène de théâtre où l’on observe revenir comme des acteurs consciencieux le prisme des humeurs qui colorent cycliquement nos perspectives, sans pouvoir faire autrement que donner raison et crédit à la plus extrêmement actuelle, à celle qui trône devant nous comme si elle avait supplanté les autres. On ne peut pas se saisir en guettant ses différences d’approche des moments parce que les moments ne s’approchent pas comme des mystères à cerner, ils se colorent, ils se colorent tant et si bien qu’ils semblent présentement toujours endosser leur teinte naturelle, objective. Il n’y a pas de tristesses passagères, il n’y a que des tristesses fondamentales que le projecteur de notre conscience décide ou non d’éclairer. Ce qui est dans l’obscurité existe toujours, toutes les cordes restent à mon arc, joies et tristesses sont toutes là et il y a de cette égale mais non indifférente disponibilité une lucidité vertigineuse à tirer, un élan de puissance qui doit pouvoir s’extraire des « catégories sentimentales du milieu ».
Le web n’aime guère les longs textes où l’on peut aussi bien trouver de l’érudition, de l’humour déjanté et de l’amertume désabusée, alors que le web regorge de pédantisme et de bouillie…
Le web n’aimerait, parait-il, que des messages courts, pas politiques, non philosophiques, peu profonds de pensées mais profonds de sexualités pénétrantes, des annonces de demandes de masturbations assistées gratuites et des offres de services et sévices sexuels…
C’est une histoire bizarre que le web, à la limite de la blague et du résumé d’identité d’un pseudo qu’on aurait surpris la tête dans son écran, qu’est-ce que ce foutoir semblable à nul autre, une superposition de masques, entre turbulences et truculences, entre langues qui râpent et dérapent et langues très corrigées qui frétillent plus de lèches que de bons mots à grignoter ?
Une sorte de petit monde assez exotique ou l’on a, plus que partout ailleurs, peut-être, l’occasion de croiser des plumes, des sexes, des barbares, des irrégulières, des sodomisables et des sodomisés se noyant dans un puits sans fond qu’ils et elles imaginent remplis de spermes et cyprine… alors que nus et nues, d’esprit surtout, les uns contre les autres, intrinsèquement dépouillés même de leurs corps nus, ils et elles s’imaginent excessivement importants et royaux. Tellement, qu’imbus d’eux-mêmes, certains animateurs et animatrices s’efforcent d’effacer à tout va pour ne garder qu’une sorte de bouillie sexuelle qui donne la nausée…
Tout ça pour ça ! Alors, le monde réel s’éloigne, s’éloigne au loin des derrières d’écran, derrières tout court aussi…
J’ai l’habitude, le soir, bien avant d’y être poussé par la fatigue, d’allumer mon ordinateur.
Après quelques minutes d’hésitation et de surprise, pendant lesquelles j’espère peut-être pouvoir m’adresser à un être, ou qu’un être viendra à moi, je vois des fantômes qui foncent sur les obstacles qui les séparent de la réalité.
D’entre les débris de l’écran troué par leur force, les fantômes apparaissent à l’extérieur, blessés eux-mêmes et portant les traces d’un douloureux effort.
Ils viennent dès que mon ordinateur s’allume, comme s’ils étaient tapis derrière.
Et j’ai compris qui ils étaient…
Ce sont les solitudes de milliers de millions de pseudos qui viennent me hanter, ce qui à présent me pèse, ce pourquoi j’aspire subconsciemment à sortir de l’écran moi-même, sans savoir encore comment.
Alors je l’exprime ici, de cette sorte, y trouvant, surtout au plus fort des coups, une grande satisfaction amusée.
Mais pour sortir vraiment de la solitude, les fantômes devraient être moins violents, moins énervés, moins stupides, et ne pas avoir une âme à se contenter d’un seul spectacle, parfois, non seulement eux, mais moi-même, avec un corps fluide et dur que je me sens, je fonce à mon tour avec impétuosité et sans répit, sur les écrans de vos nuits et jours.
J’adore m’y lancer de plein fouet. Je frappe, je frappe, je frappe, j’éventre, j’ai des satisfactions surhumaines, je dépasse sans effort la rage et l’élan des grands carnivores et des oiseaux de proie. J’ai un emportement au-delà des comparaisons. Ensuite, pourtant, à la réflexion, je suis bien surpris, je suis de plus en plus surpris qu’après tant de coups, les écrans ne se soient pas encore fêlés, que les disques plus durs que vos sexes n’aient pas eu même un balbutiement.
Mais…. Mais quoi ? C’est que, en ce temps d’avant du début…….
Ils m’ont écrit les internautes, comme un rêveur m’avait parlé de la forêt.
“Voilà”, qu’ils m’ont dit, “vous ne pouvez pas vous tromper c’est juste en face de vous”.
Et j’ai vu les grands panneaux, des sortes de listes à lire sans fin, dans lesquelles on discernait des âmes à remuer, mais remuer à peine, comme si, elles, ne se débattaient plus que faiblement contre je ne sais quoi d’impossible.
Ce n’est que ça Internet !
Et puis tout autour et au-dessus de l’écran jusqu’au ciel, un bruit lourd et multiple et sourd de torrents de cœurs, durs et parfois tendres, l’entêtement des âmes à tourner, rouler, gémir, toujours prêtes à casser d’autres cœurs ou les englober.
“C’est donc ici”, que je me suis dit.
Je me suis approché de plus près, jusqu’à la porte des sites ou j’ai cru lire sur un message que j’étais bienvenu… La première s’appelait “Vide”, elle m’écrivit que c’était très compressible les âmes qui cherchent leur peine, ce qu’elle trouvait bien ici c’est qu’on y embauchait n’importe qui et n’importe quoi.
C’était vrai, elle n’avait pas menti.
Je me méfiais quand même parce que les miteux ça délire facilement, il y a un moment de la misère ou l’esprit n’est plus déjà tout le temps avec le corps, il s’y trouve vraiment trop mal.
C’est déjà presque une âme qui vous parle et ce n’est pas responsable une âme….
A peine entré on me hurla “ASV”… à poil en fait pour commencer.
Une fois rhabillé, je fus tiraillé dans divers apartés que pour y être à nouveau déshabillé.
Un délicieux supplice, avec toujours en fond, le fracas des âmes en dérive.
Tout tremblait dans le site, et moi-même des pieds aux oreilles possédé par les vibrations, j’en voyait venir de l’écran en doses hallucinatoires….
J’en devenait virtuel aussi moi-même à force, dans ce bruit de rage énorme qui me prenait le dedans et le tour de la tête et plus bas, m’agitant les tripes et remontait aux yeux par petits coups précipités, infinis, inlassables.
A mesure que je les lisais, je les perdais les internautes.
Je leur faisais un petit sourire, un petit mot, quelques phrases, un texte, un poème, même un (je t’aime) avec des parenthèses, comme si tout ce qui se passait était bien gentil.
A un moment ce fut comme une fièvre de délires, on ne pouvait plus écrire que le fiel coulait à flots, un océan de méchancetés pour une “Mer” de bonté…
Les internautes pseudo nommés soucieux de vous arracher l’âme finissent par écœurer, à se passer des messages fielleux et des messages débiles encore et encore jusqu’à la nausée.
C’est pas honte qui leur fait baisser la tête…
J’ai cédé à ce charivari comme on cède à la guerre, je me suis laissé aller à lire ces délires avec des idées qui restaient à vaciller tout en haut derrière le front de la tête…. J’ai aimé aussi… Elle s’appelle Elle, elle rêve aussi, trop, d’amour difficile, pour défier des amours faciles qui brûlent le corps pour effacer l’esprit…
C’est paradis.
Une infinité de messages d’amours et de lèches, parlé aussi, pour l’infini du rien…
Que du souvenir qui chauffe le cœur et fait pleurer aussi, l’esprit, les yeux et le cœur.
C’est de tout cela qu’est parti SecretsInterdits, un site autre, sans commun, hors du commun et sulfureux de sexe, déjanté d’humour, caustique et hors normes !
Mais nul ne peut bâtir sur un terrain ou on n’est que toléré, construire sur du sable, même le plus beau château le verra tôt ou tard engloutit par la marée.
Effacé !
Pas de pourquoi, pas de comment, rien que morgue, pédantisme, suffisance et mépris… En suite ce que je lisais et regardais, tout ce que je touchais était froid et n’avait plus de goût dans la pensée.
Quand l’ordinateur s’arrêtait, j’en emportais le bruit des âmes dans ma tête, j’en avais pour la nuit entière de fracas et fureurs, comme si on m’avait déchiré l’âme, pour toujours.
Maintenant, peu à peu, je suis devenu un autre…
J’ai recréé une autre liberté.
La liberté d’écrire, la liberté de publier, la liberté de rire sur un web non régenté par une pensée unique et par l’esprit de “l’ordre nouveau”!
Venez aussi vous y recréer, à l’inverse des utopiques illusions, loin de la “dictatucratie”, sans la crainte de la censure imbécile et des effacements.
Une trace, quelques mots, des phrases et myriades de textes en liberté d’écrire et penser.
En écho des bruits, les âmes hallucinent de viandes vibrées à l’infini… mais moi c’est maintenant un vrai corps que je veux toucher, un corps en vraie vie…