Le cheval du vingtième siècle…
Le pick-up est le cheval du vingtième siècle et peu d’éléments de technologie, s’il en ait, sont aussi important aujourd’hui chez les Navajos et dans les autres réserves indiennes que le pick-up.
Les Indiens des zones rurales, particulièrement les jeunes étudiants indiens, ont grandi avec le pick-up qui a tant d’usage différents dans les communautés.
Chevrolet, GMC, Ford et Dodge forment l’éventail des pick-up que l’on trouve sur les réserves.
Mais comme la plus grande part de la société américaine, un nombre croissant de pick-up plus petits, Toyota, Nissan, Isuzu et Courier, sont apparus sur les réserves indiennes ces dernières années.
On trouve des pick-up à deux et quatre roues motrices, mais habituellement la préférence va au 4×4 à cause de leur facilité à rouler dans la boue, la neige, l’eau et sur la glace.
Pendant les mois de janvier et février de l’hiver particulièrement rigoureux de 1985, seuls les pick-up 4×4 pouvaient se déplacer dans les réserves du sud-ouest.
Toutefois, la consommation élevée reste un inconvénient majeur du 4×4.
L’entièreté de la nation indienne a un pouvoir d’achat faible, particulièrement sur les réserves où la plupart des emplois sont des emplois manuels.
Les emplois dégagent peu de ressources pour le grand nombre de chômeurs qui se disputent les rares emplois existants.
Donc, lorsqu’on décide d’acheter un deux ou un quatre roues motrices, les Indiens des réserves doivent prendre en compte et le prix d’achat du véhicule aussi bien que le coût élevé du carburant, dans les stations, les magasins et les trading posts.
Le prix du carburant sur les réserves indiennes est généralement plus élevé, habituellement de 20% à 50% de plus qu’en dehors des réserves à cause de la situation en zone rurale de la plupart des réserves et des terres indiennes.
Le carburant doit être acheminé spécialement des grandes artères de circulation vers les réserves, où le réseau routier est mal adapté et rare pour les gros camions.
La plupart des nouveaux pick-up achetés par les Indiens le sont en dehors des réserves.
Malheureusement, il existe peu de marchand de voitures sur les réserves : ces commerces sont tenus par des non-indiens qui peuvent se permettre de s’établir dans des affaires aussi onéreuses.
La plupart des véhicules sont achetés neufs, parce que les vendeurs proposent des crédits à long terme ( mais avec un haut taux d’intérêt) auxquels les indiens peuvent souscrire.
Les crédits bancaires sont plus difficiles à obtenir par les Indiens, et les grosses sommes en espèces ne sont pas disponibles.
Pour ces raisons, la plupart des Indiens achètent des véhicules neufs qui sont de plus attirants parce qu’ils n’ont pas été conduits “jusqu’à ce que leur queue racle par terre.“.
Beaucoup de véhicules sont achetés dans les villes qui entourent les réserves comme Gallup au Nouveau Mexique, Yakima dans l’état de Washington et Rapid City dans le Dakota du Sud.
D’année en année, ce phénomène a causé un apport financier énorme des réserves vers les grandes villes limitrophes.
Les Indiens sont l’une des populations les plus pauvres, et le flot d’argent vers l’extérieur des réserves vers les villes limitrophes fait un tort significatif à l’économie des réserves, faisant peser une charge financière sur chaque Indien qui y vit.
Ceci est particulièrement important au vu des tensions raciales entre Indiens et blancs des viles limitrophes, où la grande majorité des affaires sont tenues par des non-indiens qui fournissent biens et services, y compris les pick-up, aux populations des réserves.
Les Indiens n’achètent pas seulement leurs véhicules dans ces villes limitrophes, ils s’approvisionnent aussi en épicerie, meubles, quincaillerie, et un large éventail de tissus.
Les pick-up sont utilisés pour transporter les gens vers les villes où les Indiens font leurs courses.
Les pick-up fournissent un moyen de transport aux familles indiennes pour se rendre vers les villes limitrophes ce qui constitue un contact social, culturel et économique avec le monde extérieur.
Se déplacer est une nécessité pour acheter les fournitures indispensable à la survie quotidienne.
De plus, les pick-up sont utilisés par les Indiens pour se rendre dans les lieux de loisirs : cinéma, restaurant et boutiques.
Les lieux de loisirs et les centre commerciaux sont absents de la plupart des réserves et les Indiens doivent par conséquent se rendre dans les villes limitrophes pour trouver de tels services.
En outre, les bureaux officiels, et les aménagements médicaux de qualité se trouvent hors des réserves, aussi les Indiens doivent-ils se déplacer vers les villes pour y accéder.
Et puisque leur principal moyen de transport est le pick-up truck, ils utilisent ce véhicule en tant que cheval du vingtième siècle.
Les pick-up font tellement partie intégrante de la vie des réserves que de nombreux gouvernements tribaux en achètent pour un usage officiel plutôt que des automobiles ordinaires.
Les Indiens utilisent souvent leurs pick-up comme principal moyen de transport pour leurs travaux importants et leurs rendez-vous professionnels.
Les voyages d’affaires pour leurs tribus, y compris les rencontres avec les officiels de l’état, locaux ou du comté, sont faites en pick-up.
Ils l’utilisent pour leurs voyages vers le National Congress of American Indians, les associations régionales, nationale et d’état pour l’éducation indienne, les réunions de chefferie tribale; et autres réunions régionales.
Par ailleurs, les individus voyagent vers les villes limitrophes pour leurs affaires, et leurs opérations bancaires aussi bien que pour des raisons sociales ou religieuses.
Beaucoup d’Indiens se rendent à l’église (Native American Church ou Eglise Chrétienne) et aux événements religieux.
Ils vont au volant de leurs pick-up aux pow wows et un éventail de cérémonies variées dans et hors de leurs réserves.
Les événements sportifs font aussi partie de la culture amérindienne.
Aujourd’hui les Indiens parcourent de longues distances pour participer ou assister à des événements sportifs, parmi lesquels le football américain, le basket et le base-ball.
Mais le rodéo est l’un des sports les plus populaires parmi les amérindiens.
Et où que se déroule un rodéo, les pick-up abondent.
Comme leurs chevaux autrefois, les pick-up adoptent toutes les formes et dessins.
Certains montrent leur âge et leur long usage; d’autres apparaissent comme sortis d’un spot publicitaire.
De multiples couleurs et dessins ornent les chevaux du vingtième siècle.
Comme les chevaux d’antan, propres et bien entretenus, les pick-up stationnés près d’un rodéo sont la représentation de la richesse et du statut.
Souvent, des plumes sont accrochés au rétroviseur, et durant les cérémonies comme celle de la Voie de l’Ennemi navajo, des plumes décorent la carrosserie des pick-up (les chevaux étaient jadis ainsi décorés).
Des autocollants proclamant, “Vous êtes en territoire indien“, ou “Je suis Indien et fier de l’être“, sont un nouvel aspect de la décoration.
Les Indiens utilisent leurs pick-up décorés pour parcourir le pays vers les rodéos, mais ils transportent aussi leurs chevaux dont ils se servent pour les épreuves de calfroping, bulldogging, barrel riding et team roping.
Historiquement, les chevaux ont fait partie intégrante de certaines tribus indiennes depuis le dix septième et dix huitième siècles.
Ils restent aujourd’hui un élément essentiel à l’intérieur de nombreuses communautés, mais ils ne sont pas aussi important que les pick-up.
En plus des rodéos, les chevaux sont utilisés par les Indiens comme moyen de transport, d’échange et pour les loisirs.
Les Indiens remorquent leurs chevaux avec leurs pick-up de ville en ville, d’état en état, tout comme ils transportent leurs porcs, leurs vaches et leurs moutons.
Le bétail est vraiment une part importante du bien être économique de nombreux Indiens, qui utilisent leurs pick-up pour emmener leurs bêtes au marché, au pâturage ou dans les foires.
Les pick-up sont aussi employés de nos jours conduisant les troupeaux sur de longues distances sans l’aide de gros camions ou de wagon à bestiaux.
Dans ce cas, les pick-up deviennent fourgons et transportent les ustensiles, la nourriture et l’équipement.
Il est significatif que les pick-up servent de base de communication avec la CB et la FM.
Le soir, les employés des élevages se rassemblent autour de leurs pick-up pour écouter les cassettes de Willie Nelson, Waylon Jennings et Ricky Skaggs.
Les pick-up ont pris cette caractéristique supplémentaire ces dernières années, depuis que la communication et les loisirs sont devenus des éléments importants de la culture amérindienne actuelle.
Les Indiens qui vivent dans les zones rurales complètent aussi leurs revenus en cultivant.
Le fruit de leurs cultures est vendu dans les villes voisines ou le long des routes qui bordent leurs territoires.
Quelques indiens commercialisent leur production sur des étals de fruits et de légumes, alors que d’autres vendent simplement leur récolte sur le plateau de leur pick-up.
Maïs, blé, melons, potiron, pignon et de nombreux autres produits sont vendus de cette manière, et le principal moyen de déplacer ces produits est le pick-up truck.
Cela est n’est pas vrai seulement pour l’alimentaire mais aussi pour l’artisanat indien qui est vendu aux touristes visitant les territoires indiens.
Mocassins, peintures, tambours, tapis, couvertures, bijoux etc sont vendus à partir des pick-up sur et en bordure des territoires indiens.
Beaucoup s’installent dans leurs pick-up vendant leurs produits tout en vivant dans des caravanes ou des unités d’habitation attachées ou posées sur leur pick-up pour de courtes périodes de temps.
Les pick-up sont aussi importants pour aller chercher de l’eau, du bois et du fuel.
Comme les réserves sont souvent établis dans des régions reculées, terres que les Indiens ont occupées depuis des centaines et parfois des milliers d’années, l’eau est parfois absente de ces territoires et celle-ci doit être amenée de loin; des rivières et des lacs, des sources et des points d’eau.
Elles est transportée sur les pick-up dans de gros bidons métalliques.
Quelques Indiens, suffisamment fortunés, ont leur propre citerne sur remorque et la tirent derrière leur pick-up.
Toute vie dépend de l’eau, et la survie de nombreux Indiens dépend de l’eau transportée par les pick-up pour les êtres humains, les cultures et le bétail.
L’eau signifie la vie pour les membres de la famille, assurant également la survie de la communauté amérindienne au sens large, incluant les anciens, les infirmes, et ceux qui n’ont pas les moyens d’acheter leur propre pick-up.
Le fuel, le bois et le charbon sont aussi importants, fournissant chaleur et feu de cuisson.
Le bois et le charbon se trouvent parfois sur les réserves indiennes, particulièrement celles situées dans l’extrême ouest.
Si l’on ne trouve pas toujours de fuel près de chez soi, alors on transporte sur des miles le bois et le charbon dans les pick-up.
C’est un des rôles importants de ces véhicules lié à la survie physique de nombreux Indiens qui mourraient de froid sans chauffage.
Cela se vit durant l’hiver 1984-85, quand des Navajos et des Hopis moururent à cause du froid extrême.
Neige, vent et boue empêchèrent la livraison de fuel aux familles vivant des endroits reculés des réserves.
Quelques Indiens ont l’électricité; le gaz naturel ou le propane pour chauffer leurs maisons, mais de nombreux Hopis, Navajos et d’autres dépendent uniquement des dons naturels de la terre qui entoure leur maison.
Parfois le fuel est transporté sur de grandes distances et les Indiens manquent l’école et le travail pour charrier du bois et du charbon pour leurs familles.
Déplacer quoi que ce soit dans des véhicules à travers la plupart des réserves indiennes est difficile vu la pauvreté du réseau routier.
A cause du manque d’argent pour construire des routes, de nombreuses voies de communication sur les réserves sont réduites à des pistes couvertes de sillons de pick-up coupant de vieilles empreintes de pas et des traces de chevaux.
De profondes ornières courent dans toutes les directions sur le sol et constituent le système de route le plus commun sur les réserves.
Comme les rides d’un vieux visage, les traces de pneus courent sans fin à travers le territoire indien.
Sur la réserve Navajo, la plus grande de toutes, plus de 5000 miles de routes sillonnent les plateaux, les déserts et les montagnes. Parmi celles-ci, seulement 1500 miles sont goudronnées et toutes sont à deux voies.
La plupart l’ont été seulement ces vingt dernières années.
A cause du grand nombre de routes non goudronnées et peu sûres des réserves, les pick-up, et non les voitures, sont le moyen de transport le plus approprié dans les régions rurales appartenant aux Indiens.
Durant les vingt dernières années, beaucoup de conseils tribaux ont mis en place leurs propres programmes d’amélioration des routes, ponts et fossés.
Parfois les tribus ont pu travailler avec les instances officielles du comté ou de l’état pour construire et entretenir les routes.
Le plus souvent toutefois, l’état et le comté sont plus intéressés par l’amélioration des routes qui traversent les territoires indiens et qui servent à la population non-indienne, plutôt que de construire et d’entretenir des routes qui servirait spécifiquement aux citoyens indiens.
Les employés du gouvernement disent que ces routes ne sont pas de leur ressort, affirmant parfois que les Indiens ne paient pas de taxes au comté ni à l’état et par conséquent ne devraient pas recevoir le bénéfice des projets de route publics.
Bien évidemment, les Indiens paient des taxes, mais ils n’ont pas d’influence politique assez forte pour agir sur les décisions.
En dépit de tels problèmes, des routes ont été nivelées, gravillonnées, et goudronnées sur les territoires indiens.
Et la situation de nombreuses routes s’est améliorée ces dernières années, mais le réseau est loin d’être aussi développé que celui des communautés non-indiennes qui entourent les territoires autochtones.
En raison des carences du système routier, les Indiens sont très dépendants de leurs pick-up.
A cause des difficultés crées par les conditions météorologiques, les pick-up ont une fonction d’outils en territoire indien.
Les fléaux que sont la boue et la neige empoisonnent la vie sur pratiquement toute la région en hiver et au printemps, et les pick-up sont utilisés pour prendre en remorque les engins d’équipement, les fourgons et les autres pick-up.
De larges plaques d’acier sont fixées aux pick-up et on s’en sert pour dégager la neige et la boue des routes.
Pendant les autres saisons, les lames d’acier sont utilisées pour niveler les routes, mettre les sols de niveau pour de nouvelles constructions et nettoyer.
Les treuils sont souvent fixés sur les pick-up et utilisés pour arracher les souches, tirer les troncs et redresser les clôtures.
Peuple qui s’accommode de tout, les Indiens utilisent ingénieusement les roues de leurs pick-up comme source d’énergie pour scier les bûches et pomper.
Les Amérindiens ont appris à utiliser leurs véhicules de multiples manières et à les conserver en bon état de marche.
Si les garages automobiles n’existaient pas sur de nombreuses réserves jusqu’à récemment, un phénomène culturel particulier a émergé sur les territoires indiens : le culte du “mécanicien indien”.
Des hommes comme des femmes sont devenus légendaires pour leurs exploits en mécanique.
Avec des boîtes de conserves, du fil de fer et du chatterton, les Indiens sont réputés pour réparer leurs pick-up et les garder en état de marche efficace pendant des années.
Ceci est impressionnant si l’on considère qu’ils entretiennent souvent leur pick-up avec des tournevis, des marteaux, des pinces des clés.
Avec cet échantillonnage d’outils et une bonne part de sens commun, les Indiens gardent leurs pick-up en état de marche en toute saison.
Sans conteste, le pick-up est devenu un élément de la culture et de la société indienne.
Les hommes comme les femmes utilisent le pick-up partout sur les réserves, et attachent une importance non négligeable à leur véhicule.
Avant que n’apparaissent le pick-up, les chevaux étaient l’un des grands symboles de richesse et de statut.
Les Indiens vantent leurs chevaux et font des paris sur leurs montures ; le jeu faisant partie de la vie indienne depuis toujours.
Les chevaux restent une composante importante de beaucoup de sociétés indiennes, mais la grande part de l’importance sociale qui portait sur eux s’est reportée sur les pick-up.
Cet engin est devenu le symbole moderne du statut pour beaucoup d’Indiens qui comparent leurs pick-up entre eux.
Ils l’utilisent pour transporter des personnes, du bétail, et leur production. Ils commercent sur lui, et l’utilisent comme accessoire de leurs transactions.
Le pick-up est utilisé pour déplacer des objets lourds, pour déneiger et couper du bois.
Il est important pour la survie de nombreux Indiens qui dépendent de ce véhicule pour se fournir en bois, eau et nourriture.
Mais il est aussi un symbole du statut parmi les Indiens.
Ainsi, dans des directions si différentes, le pick-up est devenu une part de la vie des Amérindiens.
Des histoires humoristiques se sont développés autour de lui, comme celle qui implique un blanc à qui un Indien demande de regarder si les feux de détresses fonctionnent sur son pick-up.
Le blanc se planta à l’arrière du pick-up truck et examina les feux pendant longtemps.
Perdant patience l’Indien assis à la place du chauffeur descendit la vitre de sa portière et cria au blanc : “Alors, ça marche ou pas ?”
L’Anglo répondit : “Eh bien, il marche, il marche pas, il marche, il marche pas…”
Le pick-up est devenu une telle part de la vie des Amérindiens qu’ils fait aujourd’hui partie de la tradition orale.
Par de nombreux points le pick-up est devenu une structure de la vie amérindienne d’aujourd’hui, y compris de la culture matérielle.
On peut voir des pick-up sur de beaux tapis navajos.
Ces dernières années, des pick-up ont été tissés sur les tapis navajos et apparaissent dans des scènes comportant des montagnes, des déserts, des hogans, des moutons et des chevaux.
Par ailleurs, des boucles d’argent, des rubans de chapeaux en perles, et des toiles représentent les relations de l’Indien du vingtième siècle avec le pick-up.
Indiscutablement, le pick-up est important dans toute la société rurale américaine, de l’Illinois à l’Idaho en passant par l’Alabama et l’Arizona.
Mais c’est particulièrement vrai dans les territoires indiens où le pick-up est souvent l’élément de technologie moderne le plus important.
Le pick-up est devenu une partie de la riche culture amérindienne au même titre que l’arc, le canoë et les raquettes à neige.
Il a été adopté et adapté à la vie rurale de la plupart des Indiens, et il est utile à de nombreuses communautés amérindiennes à travers toute l’Amérique du Nord.
Comme leurs ancêtres qui chevauchaient fièrement des chevaux peints, les Indiens modernes conduisent leurs pick-up sur leurs territoires.
Ainsi, pour beaucoup d’Indiens au nord du Rio Grande, le pick-up est devenu le cheval du vingtième siècle.