C’est fin août et début septembre, dans la poussière dorée de la fin de saison, qu’il faut découvrir le bijou.
Aux confins du Latium, Porto Ercole, à 150 kilomètres de Rome, est le refuge des grandes familles italiennes.
Le petit port au charme désuet n’a jamais cédé aux sirènes du show off et cultive en toute élégance les mille et une nuances de la dolce vita.
Un Saint-Tropez italien version années 60, qui séduira les nostalgiques ravis de mettre leurs pas dans ceux de Charlie Chaplin, Jackie Kennedy ou Sting.
Un hôtel superbe le surplombe : le Pellicano, adresse mythique, où viennent s’isoler Hugh Grant, Monica Bellucci et Kate Moss.
A croire qu’en Italie tout est romanesque !
L’histoire mondaine de Porto Ercole commence le 2 juin 1965 avec l’inauguration d’une villa magnifique entre cyprès et oliviers.
Comme sortis d’un roman de Scott Fitzgerald, ses distingués propriétaires ont imaginé un paradis pour abriter leurs amours et leurs amis aussi célèbres que fortunés.
Lui s’appelle Michael Graham et est un ancien pilote britannique.
Seul survivant d’un crash en Afrique, il est tombé sous le charme de la fascinante Patsy Daszel, une jeune héritière américaine autrefois fiancée à l’acteur Clark Gable.
Leur rencontre a eu lieu en Californie au Pelican Point.
A l’invitation de leur ami le prince Tinti Borghèse, c’est sur le Monte Argentario, sur la côte toscane, que le couple follement épris va s’installer.
Leur villa s’appellera Il Pellicano en souvenir de leur coup de foudre.
D’abord maison d’hôtes de luxe (Picasso et Ted Kennedy y séjourneront), l’endroit va devenir au fil des ans un hôtel mythique qui fera la réputation de la petite péninsule.
Parallèlement, les familles romaines choisissent le village de pêcheurs comme lieu de villégiature.
De superbes villas se construisent sur les hauteurs.
A une heure et demie de la capitale italienne, les Bulgari, les Agnelli côtoient les Borghèse qui voisinent avec une personnalité moins locale, Juliana de Hollande.
Chaque année depuis 1964, la reine et son époux Bernhard prennent ici leurs quartiers d’été.
A flanc de colline, leur propriété domine les eaux turquoise de la mer Tyrrhénienne.
Aujourd’hui, la demeure est mise en vente mais, à lépoque, la reine des Pays-Bas a pour habitude de loger ses hôtes au Pellicano, à deux pas de chez elle.
Le très discret Ricardo, qui officie toujours derrière le bar depuis près de quarante ans, garde un souvenir mémorable du prince qui, comme personne, avait l’art de conjuguer savoir-vivre et décontraction : smoking et pantalon de golf, sport qu’il pratiquait avec Bob Hope sur le parcours voisin.
Ici le chic est de mise, l’envers de Saint-Tropez ou Ibiza, trop tape-à-l’oeil.
Dans les villas, à l’abri des regards, on joue au rami, on regarde les albums de photos, on évoque les souvenirs, on sirote un thé glacé, on lézarde au soleil, avant de plonger dans un roman ou, en contrebas, dans les eaux limpides de la baie de Cala dei Santi.
Cet été, comme chaque année, la princesse Giovanna Borghèse reçoit les siens.
Les grands de ce monde ont séjourné chez elle.
Parmi eux, les soeurs Bouvier, Jackie et Lee.
En 1964, dans les mois qui ont suivi l’assassinat du président Kennedy, la jeune veuve est traquée par les paparazzi.
Elle réclame l’aide de son amie italienne qui lui offre l’hospitalité garantissant calme et sécurité.
Jackie, ses enfants et sa soeur Lee Radziwill séjourneront dans la ravissante bâtisse bordée de glycines et d’hortensias, à l’abri des regards indiscrets.
Car Porto Ercole est avant tout gage de discrétion et de tranquillité.
Atouts qui séduisent aussi Charlie Chaplin, fidèle du Pellicano où il occupait, avec sa famille, le cottage D, de Ducula, nom d’un oiseau égaré de la réserve naturelle de la Laguna di Ponente.
L’hôtel Il Pellicano, nommé ainsi en souvenir du lieu de rencontre des premiers propriétaires, avec son bâtiment central ocre rouge et ses six cottages, s’ouvre sur la Méditerranée.
Sur la terrasse suspendue, une piscine d’eau de mer chauffée domine la baie.
Le soir, le jeune chef Antonio Guida, propose une cuisine inventive.
La cave offre quelque 15.000 crus.
Son sommelier, Costantino, est aussi excellent pour la dégustation des huiles d’olive.
Robert Scio est devenu, en 1979, l’heureux propriétaire de l’hôtel.
Cette « victime de l’esthétisme », comme il se définit lui-même, n’a pu résister à la tentation de posséder ce « paradis sur terre où l’on ne s’ennuie jamais ».
L’établissement, fleuron italien de la chaîne Relais & Châteaux, s’est étendu sur la colline arborée.
Loin du stress, on y vient en amoureux ou en famille.
Une piscine d’eau de mer chauffée domine la baie, tandis qu’en contrebas un ascenseur dissimulé dans la roche permet aux partisans du farniente d’accéder en quelques secondes à la plage privée.
Le bâtiment central ocre rouge et les six luxueux cottages qui abritent une cinquantaine de chambres pur style toscan s’ouvrent sur la mer ou le jardin méditerranéen foisonnant.
A l’heure du dîner, sur la terrasse suspendue au-dessus de la Méditerranée, le jeune chef Antonio Guida, dont l’habileté a retenu l’attention du guide Michelin, s’ingénie à faire découvrir chaque soir une cuisine inventive parsemée d’herbes cultivées dans son propre potager.
La cave est au diapason, elle propose pas moins de 15.000 crus, de la Maremma, cette partie sud de la Toscane, et du monde entier, mais aussi une quarantaine d’huiles d’olive que Costantino le sommelier prendra le soin de faire découvrir une à une.
Au bar, Ricardo s’affaire et prépare un Cosmopolitan, le cocktail le plus prisé de la clientèle du Pellicano.
L’atmosphère « élégance décontractée » pousse à la confidence.
Depuis le temps, il a vu passer tant des célébrités !
Là, à gauche, il revoit le couple terrible Burton-Taylor attablé les yeux dans les yeux autour d’une bouteille de whisky, sur la droite c’était Barbra Streisand, dans le fond Michael Caine ou Soraya, la princesse aux yeux tristes.
Plus récemment Hugh Grant roucoulait avec sa fiancée Jemima, et Kate Moss inséparable de sa copine Stella McCartney a découvert qu’ici les mots « dolce vita » prenaient tout leur sens.
Il y a vingt ans, Alain Delon était, dit-il, aussi irrésistible au bord de la piscine qu’il l’était dans le film de Jacques Deray.
Pas vraiment d’extravagance donc.
Néanmoins, on se rappelle un couple d’Indiens richissimes dont la femme exigeait chaque fin d’après-midi de se prélasser dans un bain de lait.
Plus modernes, les clients d’aujourd’hui entretiennent leur forme dans la salle fitness et en dépensant sans compter à la luxueuse boutique tenue avec goût par Lavinia.
Si la péninsule Argentario est l’une des destinations de prédilection de la jet-set, chacun peut rêver sur le port du village qui n’est pas sans rappeler celui de Saint-Tropez dans les années 60.
Après un passage au Bi Hotel, bar à fruits où l’on se délecte pour quelques euros d’un jus tout juste pressé, on poursuivra la soirée devant un plat de calamars à la plancha servi sur la terrasse du restaurant le plus en vogue du port, Il Gambero Rosso (La crevette rose).
Pour la nuit, Don Pedro offre dans son charmant trois-étoiles des chambres à partir de 145 euros.
Bien sûr, les jolies touristes feront un tour chez Safari Blu qui propose toute une gamme de tuniques et blouses en lin.
A quelques kilomètres de là, coincée sur une bande de terre bordée par deux lagunes, Orbetello, cité attrayante par le style hispano-flamand de sa cathédrale, est un passage obligé.
Les boutiques élégantes foisonnent.
Ce serait péché de ne pas goûter aux granités à l’amande et aux glaces au tiramisu de Romolo sur le Corso Italia ou de savourer un verre de chianti au Marameo, un bar kitsch de la vieille ville
Y aller? Pour un week-end « princier » au Pellicano, Jet Tours a conçu un forfait à partir de 1.660 euros par personne.
Il comprend le vol A.r. Paris-Rome, les transferts en voiture privée (140 km) et 2 nuits avec petit déjeuner.
Renseignements chez Secrets de Jet Tours au 0820 832 000.
Ouvert jusqu’au 31 octobre.
Chambre à partir de 341 euros, appartement à partir de 585 euros.
Si vous ne résidez pas à l’hôtel, osez le restaurant gastronomique pour un dîner inoubliable ! Dîner : 90 euros environ par personne.
Renseignements au (00 39) 0564 85 81 11 et sur www.relaischateaux.com/pellicano
Hôtel à Porto Ercole : Hôtel Don Pedro, Via Panoramica, 7. Chambre à partir de 145 euros. Tél : (00 39) 0564 83 3914.
Hôtel à Orbetello : Relais Presidi 3-étoiles à partir de 130 euros. Via Mura di Levante, 34. Tél : (00 39) 0564 86 76 01 et www.ipresidi.com
Sur le port :
Restaurant Il Gambero Rosso.
Glacier Gelateria Polo Nord.
Bar à fruits Bi Hotel.
Shopping I Gioielli del mare, pour ses bijoux en corail et perles de verre et Kube, pour sa vaisselle, Safari Blu, pour ses robes en lin, Il Campanile, pour ses sandales, ses ceintures, ses paniers.