Saint-Trop…
Passé de mode, le lieu fétiche des people et des grosses fortunes ?
Pas du tout, l’entreprise tourne à plein régime.
Et elle se transforme : à la bande de joyeux fêtards d’Eddie Barclay ont succédé des hommes d’affaires à l’excentricité plus discrète, mais sans limites…
Le roi est mort, vive le roi !
Pour que se perpétue le mythe d’un village orphelin depuis la disparition de l’homme en blanc, la dernière balise en date de la jet-set, le nouveau parrain de ceux qui, l’été, font de cette bourgade de 5.500 habitants (80.000 en haute saison), à peine plus vaste que le Champ-de-Mars, l’épicentre de tous les excès, n’a rien de l’icône nonchalante qu’était Eddie Barclay dont la maison du Cap, au bout de la plage de Pampelonne, vendue en 2.000 (pour 4 millions d’euros) au magnat de la métallurgie Michel Coencas, fait désormais figure de mausolée.
Tony Murray, c’est son nom, sera-t-il l’homme de la relève ?
Une chose est sûre, ce poids lourd franco-britannique du monde des affaires, qui a fait fortune dans le marché de l’extincteur, dont il est n° 1 mondial, après avoir démarré à la fin de la guerre comme pompiste dans une station à essence, incarne un tout autre visage de Saint-Tropez : celui des grandes fortunes discrètes et des patrons locataires du CAC 40, taille XXL.
A l’âge où l’épicurien Eddie Barclay barbotait avec nonchalance dans ses piscines, butinant des conquêtes éphémères, Tony Murray, qui est tout le contraire d’un excentrique, se forgeait, en homme d’affaires inspiré, une carrière de nabab.
Cet ancien héros de la France libre, qui marche à 100 à l’heure, n’a rien de commun avec Eddie, l’ami des pique-assiette et des «potes à Johnny» : businessman dans l’âme, Murray rêve toujours, à 85 ans, de business angels qui délivreraient la France de l’ISF et des 35 heures.
Tandis que chaque jour qui passe le voit embellir la somptueuse demeure qu’il possède dans la résidence des Parcs, cette enclave que protège une armée de molosses et de digicodes où viennent se réfugier, chaque été, quelques-unes des plus solides fortunes européennes.
Ce domaine unique, doté d’un héliport que le propriétaire met volontiers à disposition des Tropéziens quand l’urgence l’impose, est constitué de quatre imposantes villas réunies en une seule, située à fleur de flots, le tout d’une valeur estimée à 100 millions d’euros.
Le kiosquier de Tony Murray et quelques-uns de ses amis petits commerçants du village, des Provençaux de souche, ont beau avoir reçu, début juillet 2006, et comme les années précédentes, et comme les futures années…, un bristol les conviant à participer à l’édition annuelle de sa prestigieuse Soirée gitane, la plus belle fête de Saint-Tropez dans le lieu le plus prisé de l’été, ils se sont sentis bien seuls au milieu des quelque 1.000 invités triés sur le volet.
Ce soir-là, le confident de François Pinault et de Bill Gates naviguait de groupe en groupe, entre Albert de Monaco, Naomi Campbell, Elton John, les industriels Lindsay Owen-Jones, Flavio Briatore et Bernard Arnault ou le baron belge Albert Frère, que côtoyaient le vice-PDG de TF 1 Etienne Mougeotte et le milliardaire Mohamed al-Fayed.
Tony Murray qui, l’an passé, avait affrété son jet privé pour que la jazzwoman Natalie Cole vienne pousser quelques vocalises au bord de sa piscine, n’a pas eu à faire sponsoriser sa soirée, contrairement à une coutume locale qu’instaura Eddie Barclay et dont il usa abondamment : musiciens, pépiniéristes, décorateurs, traiteurs et artificiers, tous ont été payés rubis sur l’ongle. Montant de la facture pour la soirée: aux alentours de 350.000 €.
Pour l’industriel, Saint-Tropez reste une start-up de la fête et du luxe que rien ne paraît pouvoir entamer : quand, chaque début de saison, les Cassandre annoncent la fin du mythe, la noria des people qui déferle à nouveau constitue le meilleur des démentis.
Dans ce village où peu de choses semblent avoir changé en apparence, les rites ont la peau dure.
Scooter et cigare au bec, on déboule des villas cossues, dès le milieu de matinée, pour venir s’échouer chez Sénéquier.
A chaque tribu ses horaires et ses habitudes.
Les m’as-tu-vu du port, à la dérive après une nuit de virées en boîte, s’affichent au bras de femmes-enfants sorties des castings de la Star Ac’.
A quelques tables de là, des entrepreneurs, rodés aux réveils matinaux, ont fini d’éplucher la presse et s’apprêtent à regagner leurs yachts, qui les emmèneront se réfugier du côté de l’île de Porquerolles ou sur les plages de Pampelonne, à l’heure où la meute des demi-sel du show-biz et de la téléréalité prend possession des lieux.
Sur le «banc des mensonges», au bout de la digue, à quelques mètres de la rangée de yachts, que leurs propriétaires amarrent à des anneaux loués à prix d’or, les anciens du village vomissent cette déferlante d’argent et de pacotille sans laquelle, pourtant, Saint-Tropez serait un mouroir.
Chaque année, Saint-Tropez rejette néanmoins son lot de résidents ou d’estivants lassés, de grandes familles de vieux Tropéziens ou de Parisiens propriétaires de bâtisses cossues que la lourdeur des droits de succession, conjuguée à la lassitude que leur inspire la cohue estivale, incite à l’exode.
Industriels ou stars du show-biz, ils sont de plus en plus nombreux à préférer prendre cette année leurs quartiers d’été dans le golfe de Sperone, en Corse, un îlot épargné et le refuge paisible (de Christine Ockrent ou de Jacques Séguéla) des déçus de Saint-Trop’ et du Luberon.
Est-ce un signe des temps ?
Toujours est-il que la douceur tropézienne se savoure désormais entre soi.
Certes, les badauds se consoleront en apercevant ici, sur le port, Vanessa Paradis et Johnny Depp, Arthur et Estelle Hallyday, ou là, dans les ruelles adjacentes, Michèle Morgan, Evelyne Bouix, Marc-Olivier Fogiel et Eddy Mitchell, manière de rappeler que la péninsule vit encore et toujours.
Mais à l’abri des persiennes, sous les auvents de Sainte-Anne et du Capon, dans les Parcs ou à la Moutte, les vrais rois de Saint-Tropez savourent la beauté du lieu, claquemurés.
Ces maisons de maître qui abritent Vincent Bolloré – propriétaire de plusieurs domaines et qui s’est offert la Bastide blanche – les Seydoux, les Arpels, François Lafon, propriétaire des laboratoires du même nom, Jean-Claude Darmon, l’ancien patron de Sportfive, Daniel Hechter, Nicolas Rachline, l’une des fortunes de Publicis, ou Bernard Arnault et François Pinault, dont le parc paysager conçu par Louis Benech, qui conseille aussi Bernadette Chirac, est orné de sculptures de Niki de Saint Phalle.
Un monde qui n’a guère de raisons de s’éloigner de ses oasis, où l’on vit reclus dans des maisons sarcophages, en faisant tourner à distance l’entreprise tropézienne à plein régime.
Le dernier installé en date, et dont l’acquisition fait jaser le Tout-Saint-Trop’, a pour nom Stéphane Courbit.
Il aura fallu tout le talent d’un agent immobilier brillant, celui du gotha, Olivier Le Quellec, pour convaincre une vieille famille de viticulteurs de céder, il y a quelques mois, au jeune et fortuné patron d’Endemol France, producteur de télévision (Loft Story, Qui veut gagner des millions ?, La Ferme célébrités, etc.), un terrain unique et convoité d’une superficie de 10 hectares les pieds dans l’eau, situé à quelques pas de la plage des Salins et sur lequel l’enfant de la télé fait bâtir une splendide maison en voie d’achèvement, le tout pour un coût tenu secret, mais que le marché évalue à 6 millions d’euros.
La dernière folie de Saint-Tropez.
C’est un village où l’argent a pris le pouvoir.
De l’euro, du rouble, du yen, du dollar, par liasses entières, tant le «liquide» y circule.
Trop même, aux yeux des responsables du Crédit lyonnais, qui ont fini par dépêcher sur place, il y a peu, l’un de leurs cadres descendu de Paris pour regarder de plus près sa succursale tropézienne, dont les coffres, véritable caverne d’Ali Baba, s’apparentaient à ceux d’un casino du golfe Persique.
Il suffit d’ailleurs de déambuler sur le port pour prendre la mesure du poids économique de la cité.
Le quai d’Honneur compte ainsi parmi ses clients quelques-unes des plus grosses fortunes du globe: à 1.150 € la nuit d’amarrage (le prix d’une chambre à l’hôtel Crillon, à Paris), la quinzaine finit par coûter cher.
Bagatelle pour cette clientèle australo-américano-saoudienne, à destination de laquelle le directeur du port, Hervé Le Fauconnier, qui estime faire sur ce petit plan d’eau, avec 17.000 demandes d’accostage par saison, de l’ «hôtellerie grand luxe», a édité avec succès une carte de membre en or 18 carats, incrustée de diamants.
La seule au monde de ce type.
Innover, surprendre et répondre à tous les caprices…, les professionnels du tourisme de Saint-Tropez ont appris à redoubler d’agilité afin de combler une clientèle chez qui l’argent n’est pas une question.
Pour satisfaire l’un d’entre eux, qui exigeait que le parcours menant de la grille d’entrée à sa demeure (de 1.000 m²) ne soit pas inférieur à trois minutes, chronomètre en main, de sorte qu’il puisse entendre le crissement des pneus de sa berline sur le gravier, il aura fallu beaucoup d’imagination et de longs mois de travaux.
A l’inverse, c’est un asphalte lisse comme un tapis de billard qu’exigea cet autre client fortuné, pour que le glissement silencieux sur le macadam de sa Rolls couleur betterave sonne comme une douce musique…
Certains des jardins environnants ont demandé des prouesses aux pépiniéristes de la région, qui proposent à une clientèle aux moyens illimités des plantes et des arbres presque introuvables, comme ces oliviers millénaires vendus 30.000 € pièce ou le sica, une «herbe à dinosaure» qui pousse dans une région reculée d’Amérique centrale et que quelques excentriques ne sont pas peu fiers de faire importer.
Des jardins exotiques aux plantations murales, de la pagode habillée d’arbres miniatures à la bastide provençale sertie de meulière, rien n’est impossible.
C’est ainsi qu’à Saint-Tropez l’immobilier (avec 57 agences pour 5.500 habitants) et les métiers de services sont les mamelles de toutes les extravagances, le pouls économique de la cité également.
A raison de 300 nouveaux clients par an, dont 95% d’industriels (contrairement à une vieille idée reçue qui voulait que le show-biz fasse tourner ce village), Olivier Le Quellec a bâti une solide affaire.
Non seulement les maisons s’arrachent à prix d’or, mais la situation de la presqu’île – où 70% des terrains et des habitations appartiennent toujours à de vieilles familles tropéziennes – en dit long sur le potentiel : hectares et demeures s’arrachent à coups de millions d’euros au sein d’une clientèle qui vient acheter ici «un peu d’histoire et de folie», souffle ainsi l’intéressé.
Si bien que d’ici à vingt ans, Saint-Tropez – où l’on réfléchit à une extension du port de plaisance et à l’implantation d’un casino – aura définitivement changé de visage: pour détrôner Marbella et devenir la plus vaste concentration de grandes fortunes au monde ?
Il n’en faudrait pas beaucoup pour que la place des Lices soit rebaptisée «place Vendôme», tant ce bijou d’authenticité provençale se transforme, peu à peu, avec sa colonisation par les géants du luxe, en vitrine pour millionnaires : Cartier, Vuitton, Hermès, Dior, Benetton, Dupont, Gucci, etc., les plus grandes marques du monde s’y affichent alentour et avec elles des prix à l’échelle d’une clientèle prête à toutes les fantaisies – des mocassins pour homme, couleur blanche, à 520 €? à la montre clipper à 2 830 €, en passant par paire de jumelles à 1 800 €.
Tout ce que le milliardaire russe et détenteur du club de football de Chelsea, Roman Abramovitch, achète par malles entières quand il débarque à Saint-Tropez avec sa bande. Patrice de Colmont, le propriétaire du célèbre Club 55, sur la plage de Pampelonne, à Ramatuelle, qui l’accueille chaque été sur sa plage privée et dans son restaurant mythique, les pieds dans l’eau, là où la planète défile, en sait quelque chose.
Pour se faire pardonner, l’an passé, d’avoir fait bloquer une table pour 15 personnes sans honorer sa réservation, l’oligarque, que le restaurateur avait du coup rayé de ses tablettes, lui commandait, le lendemain, une quinzaine de bouteilles de Dom Pérignon à 200 € pièce.
Elle est loin l’époque où le père de Patrice de Colmont offrait dans son cabanon de plage de l’eau fraîche aux voyageurs égarés, avant que Vadim y plante ses caméras, en 1953, et que Bardot y installe ses premiers quartiers d’été.
Cinquante-deux ans plus tard, ce lieu parmi les plus branchés du globe est une formidable affaire.
Le Club 55, qui sert l’été jusqu’à 800 couverts par jour, a su étrangement garder, grâce à son propriétaire, une forme d’authenticité devenue une véritable recette marketing : que vous soyez VIP ou plaisancier de passage, le maître des lieux et sa centaine d’employés vous logent à la même enseigne.
Cette année, derrière les cannisses de cet établissement pris d’assaut aux premières heures de l’été, se côtoieront tout ce que la jet-set compte de stars, du prince saoudien al-Walid à Mick Jagger.
De moins en moins de Français, précise Patrice de Colmont, mais de plus en plus d’industriels et d’hommes d’affaires étrangers fortunés, venus en famille.
Il n’est pas rare que l’on s’installe pour déjeuner sur cette plage après qu’un jet privé vous y a débarqué de Londres ou d’Amsterdam, avant de repartir le soir même.
Ou que des tycoons inconnus aux fortunes majuscules déboulent sans crier gare avec des exigences rares.
C’est le cas de Mark Keiser, ce milliardaire sud-africain, propriétaire d’un empire de casinos : il a fait durant des semaines le siège du Club 55, jusqu’à ce que l’on consente à lui en ouvrir toutes grandes les portes, le 22 août, pour 80 de ses amis, qu’il a conviés à son anniversaire, alors que l’établissement regorge de réservations.
Tout ce beau monde a été transporté à bord d’une dizaine de yachts affrétés pour l’occasion et une dizaine d’hélicoptères ont accompagné la flottille, au cas où la mer aurait été trop mauvaise. L’addition de cette soirée (plusieurs dizaines de milliers d’euros), n’a eu guère d’importance, un autre Keiser a doublé la mise quelques semaines plus tard et a assommé Saint-Trop’ de ses millions.
Une inquiétude parmi d’autres chez les Provençaux de souche, l’OPA des milieux d’affaires issus du golfe Persique sur une bonne partie du littoral varois, où nombre de splendides terrains et propriétés tombent, un à un, dans l’escarcelle de nababs en djellaba.
Pour vous loger à Saint-Tropez, sous réserve d’avoir accumulé assez d’euros pendant toute l’année, vous pourrez vous essayer aux hôtels de luxe tels que Le Byblos ou La Messardière. Autrement gîtes, chambres d’hôtes, vieilles connaissances, maîtresse(s) etc… feront l’affaire.
Un seul conseil : prenez-y vous suffisamment à l’avance !
La jet set en jet-ski c’est ce qui se fait de mieux.
Le yacht est, certes, un inclassable mais le jet-ski confère une image plus sportive et dynamique !
De plus, c’est le plan drague à la mode cet été.
Côté bronzette, la plage privée est plus que recommandée !
La Voile Rouge (attention bouteille de champ’ à 150 euros minimum), La Tropezina…, le Club55, à vous de choisir où vous serez le ou la plus à l’aise pour le topless.
Trouver un m2 de sable disponible où poser votre serviette relève de l’expédition.
Et puis la plage privée est le meilleur moyen de croiser les stars dans le plus simple appareil, où ça ?
« Soooooouuuuuus le soleil », exactement !
Enfin, pour vos folles escapades de noctambules infatigables commencez par un verre ou un resto dans un des lieux mythiques comme Le Bar du Port, Le Sube ou le Sol e Luna.
Puis terminez la nuit sous les spot lights du VIP Room, du Papagayo ou des Caves du Roy. Sélection plus que « sélect » à l’entrée oblige !