C’était décidé. Il fallait que je montre à mon épouse les merveilleux paysages d’Afrique, sa faune, sa flore sans oublier ses populations, pendant qu’on le pouvait encore.
Nous partirions donc au Zimbabwe, pays dans lequel j’avais résidé au milieu des années soixante-dix en tant que gérant de ferme. A cette époque, “l’ex-Rhodésie” de Jan Smith était encore le grenier à grains de ce continent. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, une fois de plus, politique oblige. Où sont donc passés “nos Sages”?
Nous arrivons aux chutes après un long voyage Paris-Londres-Harrare-Victoria Falls, heureusement dans un confort acceptable, rien à dire, les premières classes de BA sont parfaites. Après avoir déposé nos bagages à l’hôtel, pris une bonne douche et nous être rassasiés, nous sautons dans le minibus en direction des fameuses chutes du Zambèze, frontière naturelle entre le Zimbabwe et la Zambie.
A l’approche, tout est humide, un grondement sourd arrive aux oreilles, puis, soudain, apparaissent les “Falls” derrière un massif d’arbres. Quelques dizaines de mètres plus loin, nous sautons du bus pour aller voir ce spectacle inoubliable.
On approche, déjà trempé par la bruine remontant du fond du “canyon” profond de 108 mètres. Quel bruit, assourdissant ! On ne se parle plus, on admire. Que l’homme est petit face à la nature. Je m’approche du bord non sécurisé. Tout est glissant, attention mais tant pis, à un mètre du précipice on aperçoit le fond bouillonnant, un arc-en-ciel permanent entoure cette vapeur d’eau éternelle.
Autre chose que notre cascade de Coo “belche” et de son lunaparc “touristique”. Ici, tout est nature, tout est resté en l’état, à part les petits sentiers “bétonnés” qui font le bonheur des privilégiés. Nous resterons deux jours avant de partir en taxi à Hwange, parc naturel et grande réserve animalière.
Je profite de l’occasion pour féliciter le Zimbabwe pour son réseau routier, les 280 kms de routes asphaltées, sans nid de poule s’il vous plait, laissent rêveur ! Eh !, cher ministre Daerden, va un peu jeté un petit regard là-bas plutot que boire à la bouteille parce qu’il n’y a plus de “verts” au Parlement Wallon !!!
Nous descendons au Safari Lounge Hôtel, situé en bordure de la réserve, pas trop loin de l’aéroport. Premier soir, diner que nous apprécions : en entrée, nous choisissons du crocodile. Vous n’allez pas le croire, c’est meilleur que la langouste, plus fin, excellent, surtout de se dire qu’il vaut mieux le manger que de se faire croquer par cet animal. Nous en reprendrons, chaud ou froid, toujours un délice. Après une bonne nuit, nous avons rendez-vous au petit déjeuner à 4h30 pour partir en “Safari-Game”. Ce sera le seul point noir du voyage.
Partir en groupe, dans une Land-Cruiser spécialement aménagée avec ses banquettes “à touristes” c’est nul ! On a froid et on ne verra pas grand chose, quelques gazelles, girafes et c’est tout. Je décide donc de louer une voiture pour partir à l’aventure à deux. Pas de tout-terrain disponible, on se rabat donc sur une Datsun Micra qui ne nous lachera pas, heureusement, on ne fait pas le poids…..
Entrée dans le parc de Hwange, nous nous dirigeons vers le sud, vers la frontière namibienne. Et là, fabuleux ! Un élephant sur la route, à cinquante mètres, énorme. Il se promène, on le suit, il se retourne, regarde puis s’enfonce dans le bush.
Girafes, hippos, buffles, zèbres, élans, lions, rhinos, chacals, multitudes d’oiseaux, grues, maraboux, passeraux aux couleurs somptueuses, nous découvrons enfin la vraie nature. Le temps passe, on ne le remarque pas.
On s’arrète à un point d’eau, on regarde la faune s’abreuver qui se reflète dans l’eau. Pas d’éléphants en vue, nous remontons dans la Micra. La chance nous sourit, un éléphant suivi d’une dizaine d’autres sortent de la brousse. Et m…, nous nous trouvons en plein sur leur passage. Action.
Je me fais poliment réprimander. Pharaonique, la matriarche n’est pas contente et charge. Je reste sur mes gardes, enclenche la marche arrière au cas où mais reste sur place.
Le mastodonte s’arrête à 15 mètres, barrit, souffle, piétine et recule de quelques pas. C’était son premier avertissement. Les noms d’oiseaux pleuvent, tandis que pupuce micra, rouge comme une voiture de pompiers, attend. Soudain, la voilà qui remet ça, piting…, maintenant ça sent mauvais, elle dépasse le premier arrêt. Vite, arrière toute.
Eh zut, ma moitié a touché à la boite, elle a enclanché la marche avant… M…, réflexe, ouf, on part à fond la caisse, en arrière sur trente mètres puis j’arrète. Gagnante, la vieille éléphante fera encore quelques avertissements puis s’en ira. Elle avait gagné, nous avions reculé ! J’ignorais que ma charmante épouse connaissait tout ce vocabulaire. Elle a certainement vu autres choses que la VF ou le Val. Mais ce spectacle dans lequel nous avions été “figurants” avait été grisant. On se sent vivre, les capsules travaillent.
Retour à l’hotel, la journée fut inoubliable. Ce soir il pleut. Le déluge. De notre chambre, la vue donne sur la plaine avec dans le lointain un point d’eau. L’hôtel est ceinturé par un fossé de deux mètres de large sur un mètre cinquante de profondeur : sécurité “éléphant” ! De gros hallogènes éclairent les alentours. Un troupeau de gazelle fuit puis s’arrète. Une lionne suit. Jamais l’herbivore ne laissera approcher le félin à moins de cinquante mètres. Le spectacle dure 15 minutes, sous cette pluie battante. Tous disparaîtront. Réveil “chambard”. Cris inhumains, vacarme.
Je sors de la chambre et tombe nez à nez avec un couple de babouins qui me regardent stupéfait. Je vous dérange, pardon, continuez de vous amuser mais faites moins de bruits. J’aime pas trop ces singes agressifs, toujours prêts à mordre, toujours présent pour tout casser.
Nous restons cinq jours à Hwange et partons pour Harrare en avion. Aéroport de Hwangé, cette nuit les éléphants ont défoncé les clôtures, gnous et autres herbivores ont envahis la piste et ses abords.
Bon, notre avion ne peut se poser, pas grave, système “D”. Autopompe et autres tout-terrains partent à l’assaut toutes sirènes hurlantes, pourchassant les indésirables.
Le jeu de poursuite durera une demi-heure et enfin le Fokker 27 tout neuf peut atterrir. Embarquement et rebelotte. Pompiers en action, gnous en débandade, cette fois-ci encore vingt minutes de retard. On décolle en vitesse, bye-bye Hwange et merci.
Harrare, on descend à la rencontre de James Bond au Meikles hotel. Un véritable palais, un service impeccable, un choix de restaurants exemplaires et une cave où vous trouverez et apprécierez les meilleurs crus sud africains. Nous y restons deux jours pour revoir ces “belges” du bout du monde. Merci à vous tous pour votre accueil. Merci aux Shaunas, peuple autochtone, à ses rires, et aux plaisirs qu’ils nous ont offerts.
Voyage retour sans histoire, les premières de BA, Londres puis Paris. Aux douanes, bronzés en plein hiver, pas normal, papiers, d’où venez-vous, Harrare, connais pas, bref retour dans notre civilisation “dictatucratique”, avec fouilles corporelles et tout et tout.
Vite, repartons ! L’aristo
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