Waterloo, morne plaine…
Qui donc eût pu prévoir que le sage de 1800 serait l’insensé de 1813 et de 1815 ? Oui, on aurait pu le prévoir, en se rappelant que la toute-puissance porte en soi une folie incurable, la tentation de tout faire quand on peut tout faire, même le mal après le bien. Que les citoyens viennent à leur tour apprendre une chose : c’est qu’il ne faut jamais livrer la patrie à un homme, n’importe l’homme, n’importent les circonstances !
(A. Thiers, Histoire du Consulat et de l’Empire, 1862.)
Il ne fut ni bon ni méchant, ni juste ni injuste, ni avare ni libéral, ni cruel ni compatissant, il fut tout politique. Il ne vivait que pour ses desseins. Il faisait avec la même indifférence le bien toutes les fois qu’il le croyait utile, le mal lorsqu’il le jugeait nécessaire. Son esprit le portait même plutôt vers le bien parce qu’il savait qu’à chances égales c’est une route plus sûre que le mal vers le succès. Toute sa morale ne tendait qu’à ses lumières, elle ne venait jamais de son instinct et encore moins de son sentiment. Il était évident, en l’écoutant, qu’il avait employé en Europe les mêmes principes de guerre qu’en Egypte. Le fait est qu’à ses yeux la vie humaine était une partie d’échecs et les hommes, les religions, la morale, les affections, les intérêts, autant de pions ou de pièces qu’il faisait avancer… et dont il se servait selon l’occasion.
(Mathieu Molé, Souvenirs d’un témoin de la Révolution et de l’Empire.)
Reconstitution de la bataille de Waterloo…
A la date commémorative de la bataille, sont reconstitués, aux emplacements de l’époque, plusieurs Bivouacs des différentes armées qui ont participé à la bataille de Waterloo.
Le dimanche matin, a lieu la reconstitution simplifiée des mouvement de troupes en costume d’époque, occasion unique de découvrir le champs de bataille dans les conditions quasi-réelles.
C’est la Province du Brabant wallon qui organisait le week-end des 21 et 22 juin 2008, cette magnifique reconstitution historique, en partenariat avec l’asbl Bataille de Waterloo 1815, les Communes de Braine-l’Alleud, Genappe, Lasne et Waterloo, la Maison du Tourisme de Waterloo, l’Association pour la Recherche et la Reconstitution historique et la société Culturespaces, avec le soutien du Commissariat général au tourisme de la Région wallonne.
Près de 1.200 reconstituants en uniforme sont venus de 12 pays : Allemagne, Belgique, France, Grande-Bretagne, Italie, Irlande, Luxembourg, Pays-Bas, Roumanie, Russie, Suisse, Tchéquie et Ukraine.
Deux lieux de bivouacs étaient prévus : les Français au musée provincial “Dernier Quartier-Général de Napoléon” (Genappe), les Anglo-Hollandais et les Prussiens dans la ferme d’Hougoumont (Braine-l’Alleud).
Les visiteurs pouvaient y faire connaissance avec les groupes de reconstitution historique et se plonger dans une ambiance impériale en obtenant des explications sur les bivouacs, les armes, les équipements, assister à la préparation des repas et revivre les scènes de la vie d’un campement : tirs au fusil et au canon, revues, relèves de garde et patrouilles.
Le dimanche 22 juin se sont déroulé les différentes reconstitution des combats, dans les champs proches de la ferme d’Hougoumont (Braine- l’Alleud) entre les Alliés et les troupes françaises.
Ces reconstitutions ont commencé à 10h00 précises pour se terminer vers 12 heures ou les troupes ont alors mimé la retraite vers le Hameau du Lion.
Les photos qui illustrent cet article ont été réalisées le samedi 21 juin pour les deux bivouacs et le dimanche 22 juin pour la reconstitution simplifiée de la bataille de Waterloo…, elles ne suivent donc pas la chronologie de la description de la bataille de Waterloo et d’une partie de la vie de Napoléon…
Photos : Copyright Patrice De Bruyne
Napoleone Buonaparte…
Lorsque Napoleone Buonaparte naît à Ajaccio en 1769 (la date de sa naissance a fait l’objet de controverses), la Corse vient d’être rattachée par la force à la France.
L’île avait été indépendante depuis 1756 sous la conduite de Pascal Paoli.
Son père, Charles Buonaparte, avait été un des lieutenants de Paoli ; après s’être battu contre les Français jusqu’à la défaite de Paoli, il se rallie à la France, et s’emploie activement à gagner la faveur des nouveaux maîtres.
A l’âge de neuf ans, le jeune Napoleone est envoyé en France pour y recevoir, dans une école militaire (celle de Brienne), l’enseignement que le roi paie aux fils des familles nobles dépourvues de fortune.
Dans ce milieu très monarchiste, où il est considéré comme étranger et est en butte aux sarcasmes de ses camarades, le jeune garçon deviendra, par réaction, républicain et patriote corse exalté.
Devenu officier d’artillerie à seize ans, il voit surtout dans la Révolution l’occasion de rendre à la Corse sa liberté.
L’échec de ses tentatives dans ce sens, et sa brouille avec Paoli (1793) l’obligent à quitter l’île et à renoncer au rêve d’être le grand homme de la Corse.
Revenu en France, il écrit un petit ouvrage politique : “Le souper de Beaucaire“, dans lequel il se montre jacobin convaincu.
Nommé commandant de 1’artillerie au siège de Toulon, il est nommé général après la prise de la ville.
Traînant en semi-disgrâce à Paris en vendémiaire an IV, il est pris comme adjoint par Barras, chargé de défendre la Convention menacée par une insurrection royaliste.
Quelques coups de canon ont raison des insurgés et valent au général Bonaparte de sortir de l’ombre sous la protection de Barras, dans l’entourage duquel il rencontre Joséphine de Beauharnais, qu’il épouse le 9 mars 1796.
Ayant reçu le commandement de l’armée d’Italie, il révèle aux autres, mais aussi à lui-même, ses qualités exceptionnelles de stratège et d’homme d’état.
Menant en Italie une conduite très indépendante vis-à-vis de son gouvernement, rendu très populaire en France par ses victoires qu’une habile propagande rendent miraculeuses, il devient vite encombrant pour le Directoire.
Lui-même sent d’ailleurs que la situation n’est pas mûre et il prend la tête d’une expédition française en Egypte, destinée à menacer les intérêts britanniques dans les Indes.
Une confiance presque aveugle en la sûreté et la supériorité de son jugement, une croyance superstitieuse en son destin (ce qu’il il appelait son “étoile“) vont lui servir de ligne de conduite et alimenteront une ambition qui ne fera que croître avec le succès…
Arrivé au pouvoir à la fin de 1799 (19 brumaire an VIII), Napoléon Bonaparte était perçu comme l’homme providentiel qui pouvait assurer à la France l’acquisition des conquêtes de la Révolution, tout en mettant un terme aux excès, aux désordres et à l’insécurité que celle-ci avait déchaînées.
Servi par une habile propagande, il était parvenu à créer l’image d’un guerrier invincible et pacifique, d’un législateur sage, d’un génie universel.
Mais, grisé par ses succès, l’ambition de Bonaparte est d’arriver au pouvoir suprême.
Par une politique de réconciliation nationale, sachant répondre pleinement aux aspirations des Français, il entend être payé en retour.
L’opinion est si bien préparée qu’il obtient d’abord le Consulat à vie (constitution de l’an X), puis le titre et les pouvoirs d’Empereur.
Pour s’assurer les acquis de la Révolution, la bourgeoisie, sur laquelle Bonaparte s’appuie, n’hésite pas à renier les principes sur lesquelles elle s’était fondée pour acquérir ses avantages : la liberté, l’égalité et la fraternité.
Pour assurer son pouvoir, Napoléon est entraîné dans le cycle des guerres sans fin : imposer son alliance à tous les Etats et les puissances du Continent, et ruiner celle qui, par sa position géographique et ses ambitions économiques, restera toujours son adversaire : l’Angleterre.
Afin d’asphyxier économiquement l’Angleterre, Napoléon doit fermer tout le continent aux marchandises anglaises.
Ce qui entraîne la formation d’Etats vassaux dans lesquels la loi du maître s’impose lourdement et suscite rancoeurs et haines.
Ce qui entraîne aussi des guerres dont le résultat sera désastreux pour les armées françaises : Portugal, Espagne, Russie.
La guerre d’Espagne (1808-1813) révèle à l’Europe la véritable nature de la domination napoléonienne et lui apprend que les armées françaises, confrontées à un peuple insurgé luttant pour ses droits et sa liberté, ne sont pas invincibles.
En 1812, pour imposer à la Russie le respect de ses engagements contre l’Angleterre, Napoléon dirige contre elle la Grande Armée, augmentée de contingents de tous les pays vassaux et alliés, comme la Prusse et l’Autriche.
Il entre à Moscou, mais ne peut contraindre le tsar à négocier.
La retraite tourne à la catastrophe : surprise par le terrible hiver russe, la Grande Armée est engloutie.
Un immense deuil frappe la France.
Un tel désastre ne s’était jamais produit de mémoire d’homme…
Napoléon abandonne l’armée et court à Paris rétablir son pouvoir un instant menacé par la conspiration du général Malet et procéder à de nouvelles levées d’hommes pour reconstituer ses régiments.
Les alliés de la veille se soulèvent alors contre leur “protecteur“.
Sous la pression du peuple, la Prusse devient l’âme d’une nouvelle coalition à laquelle adhèrent successivement l’Autriche et tous les Etats de la Confédération du Rhin.
A l’issue de la campagne d’Allemagne (1813) et de la défaite de Leipzig, la France est envahie.
Les Alliés occupent Paris et Napoléon est contraint à l’abdication (6 avril 1814.)
L’ancienne dynastie des Bourbons, dans la personne de Louis XVIII, est replacée sur le trône, mais les acquis principaux de la Révolution sont maintenus.
Napoléon reçoit par le traité de Paris du 30 mai 1814 la souveraineté de l’île d’Elbe, mais très rapidement, il s’y ennuie.
D’autre part, les émigrés rentrés avec Louis XVIII commettent maladresse sur maladresse, exaspèrent l’opinion… et en arrivent à faire regretter Napoléon à l’armée et à une partie du pays.
Napoléon rentre en France et fonce vers Paris…
Tous les régiments envoyés pour lui barrer la route se rallient à lui… et c’est à la tête d’une armée enthousiaste que Napoléon entre à Paris le 20 mars 1815.
Réuni à Vienne, un congrès s’occupe à redessiner l’Europe lorsqu’il apprend la nouvelle que Napoléon, échappant à la surveillance anglaise, a débarqué en France et a reconquis le pays.
Le congrès de Vienne déclare alors que “Napoléon Buonaparte“, en rompant le traité de Paris, s’est mis hors la loi, qu’il a démontré qu’il ne saurait y avoir ni paix ni trêve avec lui.
Il affirme sa volonté de maintenir la paix : “et d’étouffer dans sa naissance tout projet tendant à la détruire par tous les moyens que la Providence a placés entre leurs mains.“
La bataille de Waterloo…
Plutôt que d’attendre que les Alliés aient pu rassembler leurs forces pour l’attaquer, Napoléon est décidé à prendre les devants.
Les alliés ont formé quatre armées pour agir ensemble :
– L’armée des Pays-Bas, aux ordres du duc de Wellington, comprend les armées anglaise, hanovrienne et néerlandaise.
– L’armée du Bas-Rhin, sous les ordres du maréchal Blücher, est composée de troupes prussiennes et saxonnes
– L’armée du Rhin moyen est formée de troupes russes, sous les ordres du maréchal Barclay deTolly.
– L’armée du Haut-Rhin sous les ordres du prince Schwarzenberg compte des troupes prussiennes et des différents Etats allemands.
Décidés à agir ensemble, les Alliés prévoient une marche convergente, mais ils doivent attendre l’arrivée des Russes et ne peuvent pas prendre l’offensive avant le 1er juillet.
En attendant, les Anglais et les Prussiens se concentrent dans les Pays-Bas afin de couvrir le nouveau royaume (formé par l’union de la Belgique et de la Hollande) contre une offensive de Napoléon.
Napoléon décide de porter l’offensive en Belgique, avec le maximum de ses forces disponibles (à peu près 120.000 hommes), de battre séparément les armées de Wellington et de Blücher, puis de se retourner contre les Russes et les Autrichiens, dont les armées sont encore en route.
Son plan aurait consisté à se porter avec toute son armée par Charleroi vers le point de jonction des deux armées, s’enfoncer entre elles, empêcher leur réunion par un gros détachement, pendant que l’armée principale bat l’armée prussienne, avant de se retourner contre les Anglais et de les battre à leur tour.
Napoléon concentre son armée à la frontière belge.
Les Alliés sont informés de ces préparatifs, mais de façon incomplète et craignant une feinte, ils ne peuvent dégarnir leur ligne : pour pouvoir faire face à toute éventualité, ils sont obligés de garder leurs troupes disséminées sur une grande largeur et une grande profondeur.
L’assaillant aura évidemment l’avantage, dans un premier temps.
La rapidité de concentration et de liaison des armées alliées entre elles sera un élément déterminant pour l’issue de la campagne.
Napoléon quitte Paris le 12 juin, et arrive le lendemain soir à Avesnes où il passe la nuit.
Le 14, jour anniversaire de Marengo et de Friedland, il dicte une proclamation enflammée à l’armée dans laquelle il désigne l’ennemi : “les princes ennemis de la justice et des droits de tous les peuples“, (oubliant que lorsqu’il dominait l’Europe, il distribuait des royaumes à ses frères, il annexait des pays, contre la volonté des peuples) ; puis il porte son quartier général à Beaumont, où il dicte un ordre de mouvement extrêmement détaillé pour le lendemain.
Le 15 juin, à 3 heures et demie du matin, les premiers éléments franchissent la frontière.
L’armée française marche sur trois colonnes : à gauche les corps de Reille (2e) et de d’Erlon (1er), par Thuin et Marchienne ; au centre, Vandamme, Lobau, la Garde impériale et la réserve de cavalerie, par Ham-sur-Heure et Marcinelle ; à droite, le corps de Gérard par Florenne et Gerpinnes, vers Châtelet.
Mais partout il se produit d’importants retards.
Suite à un accident dans la transmission des ordres, le 3e corps, de Vandamme, qui n’a pas reçu son ordre de mouvement, quitte ses bivouacs avec cinq heures de retard et retarde ainsi toutes les troupes qui devaient le suivre.
Pire : sur la droite, un des généraux de division du 4e corps, Bourmont, passe à l’ennemi avec quelques officiers de son état-major, pour rejoindre le roi Louis XVIII à Gand.
Le premier obstacle qui se présente à l’armée française est la Sambre, qui peut être traversée sur les ponts de Thuin, Marchienne au Pont, Charleroi et Châtelet.
Napoléon a prescrit de passer la rivière à midi.
A gauche, le pont de Marchienne est enlevé un peu avant midi et franchi par le 2e corps (Reille), mais le 1e (d’Erlon) ne commence à le traverser qu’à 4 heures et demie.
Au centre, la prise du pont de Charleroi est retardée par l’absence de l’infanterie de Vandamme.
Ce sont les marins et les sapeurs de la garde qui l’enlèvent.
A droite, le 4e corps n’arrive que tard dans l’après-midi à Châtelet.
Au sortir de Charleroi, quelques troupes prussiennes sont établies pour retarder l’avance française, mais offrent peu de résistance et se retirent vers Sombreffe.
Au cours d’une charge contre ces troupes en retraite, le général Lefol, un des aides de camp de Napoléon, est tué d’une balle dans la poitrine.
Le maréchal Ney, appelé au dernier moment à l’armée, ne rejoint Napoléon à Charleroi que dans le courant de l’après-midi.
L’Empereur lui confie le commandement des 1er et 2e corps, et quelques corps de cavalerie.
Napoléon lui reprochera à Sainte-Hélène de n’avoir pas pris les Quatre-Bras dès le 15 juin.
Ses défenseurs diront qu’il n’en avait pas reçu l’ordre et que ses troupes n’auraient pas pu effectuer une si longue distance tout en combattant.
Après avoir défait les Prussiens le 16 juin à Ligny, Napoléon envoie le maréchal Grouchy à leur poursuite, à la tête de la réserve de cavalerie et des 3e (Vandamme) et 4e corps (Gérard), le tout formant une force de 33.000 hommes.
Mais les Prussiens ne sont pas dans l’état de déroute que suppose Napoléon, et le IVe corps, celui de Bülow, qui n’a pu prendre part à la bataille, est intact.
Les premiers rapports envoyés par la cavalerie font croire que les Prussiens se retirent vers la Meuse, vers leur base d’opérations et que Napoléon a réussi à séparer les deux armées ennemies.
Napoléon lui-même se dirige vers les Quatre-Bras où il rejoint le maréchal Ney, tenu en échec la veille par l’armée de Wellington.
Celui-ci, qui vient d’apprendre la défaite des Prussiens à Ligny, décide à 10 heures du matin, de se retirer dans la direction de Bruxelles et d’occuper une position étudiée d’avance, celle de Mont-Saint-Jean, en avant de la forêt de Soignes, un peu en avant du petit village de Waterloo.
Il envoie un message pour en informer Blücher et lui dire qu’il accepterait la bataille s’il pouvait compter sur l’appui d’un corps prussien au moins.
Sous une pluie battante, l’avant-garde française menée par l’Empereur, talonne l’arrière-garde britannique, et c’est vers six heures du soir qu’elle arrive à hauteur de la Belle-Alliance.
Napoléon fait ouvrir le feu par quelques pièces.
La réponse de l’artillerie ennemie montre que les Alliés ont pris position.
Mais il est trop tard pour forcer le passage : “L’horizon, qui était gris, ne permettait pas à l’œil nu de voir distinctement “, écrira le mameluk Ali.
L’épaisse couverture nuageuse avance la tombée de la nuit.
Le général Drouot, le sage de la Grande Armée, aide de camp de l’Empereur, raconte ainsi l’arrivée : “Il faisait un temps affreux. Tout le monde était persuadé que l’ennemi prenait position pour donner à ses convois et à ses parcs le temps de traverser la forêt de Soignes et que lui-même exécuterait le même mouvement à la pointe du jour“…
Dans ces conditions, la nécessité ne se fait pas sentir de procéder à un examen méthodique du terrain. Cette erreur sera lourde de conséquences le lendemain.
Napoléon se retire en arrière, à la ferme du Caillou.
Dans ses “Mémoires pour servir à l’Histoire de France en 1815“, il a raconté qu’il est sorti pendant la nuit pour procéder à une minutieuse reconnaissance du champ de bataille.
Conscient de ce que la méconnaissance du terrain lui avait coûté, il a raconté ce qu’il aurait dû faire.
Mais vu les conditions climatiques, cette sortie nocturne, qui n’est confirmée par aucun témoignage, n’aurait rien pu lui apprendre.
Les mémoires de son valet de chambre Marchand et de son mameluk Ali, le témoignage du général Bernard laissent peu de place au doute : Napoléon n’est pas sorti du Caillou pendant la nuit.
D’ailleurs, il est épuisé, il reste dans son lit, mais il ne dort pas beaucoup, étant dérangé sans cesse par les allées et venues des officiers porteurs de rapports.
Vers 2 heures arrive une lettre de Grouchy, écrite de Gembloux à 10 heures du soir, qui lui annonce qu’une colonne prussienne se retire vers Wavre ; mais cette information ne paraît pas lui faire prendre conscience du danger d’une jonction des armées de ses adversaires car, malgré les instances de l’officier qui en était porteur, il ne dicte pas de réponse.
Chez les Alliés par contre, la liaison est bien établie.
Wellington reçoit un message de Blücher : le vieux maréchal répond qu’il viendra non pas avec un corps, mais avec toute son armée et il propose, si Napoléon n’attaque pas le 18, de l’attaquer ensemble le 19.
Les troupes françaises sont disséminées entre Genappe et la Belle-Alliance.
La pluie n’a pas cessé.
Triste nuit pour ces hommes trempés, affamés, exténués, qui n’ont pas eu le temps de trouver du bois, et n’ont donc pas de feux pour se sécher, ni de quoi se mettre à l’abri de la pluie.
On dort à même le sol, dans la boue, ou dans les moissons trempées.
Pour se préparer à livrer la bataille la plus importante de leur carrière, les conditions sont loin d’être idéales. Bien qu’on soit au mois de juin, il souffle un vent d’est glacé.
Ce qui augmente la rancœur des Français, c’est l’idée que ceux d’en face, eux, ont de meilleures conditions : bien nourris, bien à l’abri des intempéries.
Pourtant, il n’en est rien.
Pour les Anglais et les Alliés aussi, la nuit est détestable, peu de ravitaillement et des abris précaires.
Les vétérans d’Espagne ne se rappellent pas avoir eu une aussi mauvaise nuit pendant toutes leurs campagnes de la Péninsule.
Le lendemain, les soldats voient venir le jour avec plaisir.
Les plus débrouillards trouvent de quoi manger, un peu de bois pour allumer quelques maigres feux.
Les armes sont démontées, séchées, graissées, les amorces sont renouvelées, car l’humidité de la nuit les a mises hors d’état de tirer ; quand il y a moyen, les soldats font sécher les capotes.
Mais le moral, chez les Français, est bas.
Vers huit heures, l’Empereur déjeune en compagnie de quelques généraux, parmi lesquels Bertrand, Soult, Jérôme.
La scène, habilement racontée par Napoléon dans ses Mémoires, et reprise sans discernement par tant d’historiens, a transmis l’image d’un Napoléon clairvoyant et d’un Ney un peu simplet.
Mais plusieurs témoignages montrent que Napoléon reste longtemps convaincu que les Anglais ne tiendront pas la position, et que ce sont Ney et d’Erlon qui le détrompent.
Au cours de ce déjeuner, l’Empereur dit : “La bataille qui va se donner sauvera la France et sera célèbre dans les annales du monde. Je ferai jouer ma nombreuse artillerie, je ferai charger ma cavalerie pour forcer les ennemis à se montrer et, quand je serai bien sûr du point occupé par les nationaux anglais, je marcherai droit à eux avec ma vieille Garde“…
“Forcer les ennemis à se montrer“…, ces mots révèlent que l’inspection du terrain à laquelle l’Empereur a procédé ne lui a pas donné une idée bien nette du dispositif ennemi.
Quant aux Prussiens, Napoléon ne croit toujours pas qu’ils puissent intervenir.
D’après Fleury de Chaboulon, le secrétaire de Napoléon : “il ne vint dans l’esprit de personne que les Prussiens, dont quelques partis assez nombreux avaient été aperçus du côté de Moustier, pussent être en mesure de faire sur notre droite une diversion sérieuse“…
Seul Jérôme Bonaparte ose hasarder l’hypothèse d’une jonction des alliés.
Mais il n’est pas pris au sérieux : “La jonction des Prussiens avec les Anglais est impossible avant deux jours, après une bataille comme celle de Fleurus, répond l’Empereur, suivis comme ils le sont par un corps de troupes considérable“…
Pourtant, Blücher a donné ordre au IVe corps de se mettre en route dès la pointe du jour et de se diriger par Wavre vers Chapelle Saint-Lambert, afin d’observer de là l’état de la situation, et d’agir en conséquence : si Wellington est sérieusement engagé, il doit tomber sur le flanc de l’armée française.
Le IIe corps devra suivre le IVe, alors que le 1er devra marcher plus au nord pour joindre la gauche de l’armée de Wellington.
Quant au 3e corps, il devra tenir Grouchy en échec et assurer la liberté d’action des autres corps.
Entre neuf et dix heures, Napoléon sort, monte à cheval, observe la position, et charge le général du génie Haxo de s’en approcher davantage : “Pour s’assurer s’il avait été élevé quelques redoutes ou retranchements“…
Puis, Napoléon va se placer sur le tertre de Rossomme, en arrière du champ de bataille, un peu en avant de la ferme du Caillou.
Répondant enfin à la lettre de Grouchy qu’il a reçue pendant la nuit, il lui donne comme instructions de se diriger vers Wavre “Afin de se rapprocher, et de lier les communications“…
Il n’est donc pas question à ce moment d’un retour du corps de Grouchy pour participer à la bataille.
A quel moment Napoléon prend-il conscience de la menace prussienne sur sa droite ?
Ce point reste un des plus obscurs de l’histoire de la bataille.
Il semble qu’il ne l’ait fait que progressivement, mais trop tard de toute façon, et sa volonté de masquer l’importance de sa faute a brouillé les données qui auraient permis de discerner la vérité.
D’après le bulletin, c’est dans la matinée que Napoléon aurait appris qu’un corps prussien menaçait son flanc droit : “C’est une ntention qui nous avait été connue par nos rapports et par une lettre du général prussien, que portait une ordonnance prise par nos coureurs“…
Dans sa lettre écrite à 10 heures à Grouchy, Soult écrit : “Cependant des rapports disent qu’une troisième colonne qui était assez forte a passé à Gery et Gentinnes se dirigeant sur Wavre“…
Mais, d’après un officier de l’état-major de l’Empereur, on croit qu’il s’agit “d’un corps égaré et échappé à notre poursuite, qui se mouvait comme pour se porter sur ses derrières“…
L’importance de la menace n’est pas perçue et il semble que Napoléon n’ait pris aucune mesure pour y faire face.
En fait, cette colonne aperçue du côté de St Gery semble être la reconnaissance du major de Witowisky, envoyé de grand matin reconnaître les défilés de la Lasne et qui a signalé avoir rencontré une patrouille française à Maransart.
Installé sur la hauteur de Rossomme, Napoléon a devant lui ce qui sera le champ de bataille, mais il s’en fait une image fausse.
Le temps est encore brumeux, et le relief et la végétation lui cachent la physionomie réelle du terrain.
Pour beaucoup, le “coup d’œil” est une qualité essentielle d’un général.
Ce 18 juin, Napoléon n’a pas eu le “coup d’œil“.
La description qu’il fera du terrain dans le bulletin dicté le 20 le confirme.
Baudus, un aide de camp de Soult, décrira Napoléon : “dans une espèce d’apathie assez semblable à celle qu’on avait eu à lui reprocher le jour de la bataille de la Moscowa“…
Devant lui, à gauche, un bois.
Mais personne ne sait que ce bois cache un ensemble fortifié qui va absorber une grande partie de l’infanterie française.
Le commandant Lachouque, dans “Le Secret de Waterloo“, a écrit : “Certains officiers d’état-major et aussi quelques généraux ignorent même que, derrière les frondaisons d’Hougoumont, se trouvent un château, une ferme ; ils pensent que ce boqueteau est une avancée de la forêt de Soignes jugée impénétrable par Napoléon“…
Mais Lachouque n’ose pas aller plus loin.
Pourtant, le bulletin de l’Empereur écrit le 20 montre que lui aussi ignore ce que cache le bois d’Hougoumont.
Et les lettres écrites peu après par Jérôme et par Foy, les deux généraux de division qui mènent les attaques contre la position, montrent qu’eux non plus n’étaient pas conscients, même après la bataille, de ce que recelait le bois.
Au centre, la chaussée de Bruxelles s’enfonce dans un bosquet d’arbres d’où dépassent, à gauche, quelques toits.
Napoléon croit qu’il s’agit de la ferme de Mont-Saint-Jean, qu’une erreur sur la carte place d’ailleurs du côté gauche de la route.
Et le village de Mont-Saint-Jean n’est pas derrière la crête, comme le croit l’Empereur, mais mille mètres plus loin.
Un paysan de l’endroit qu’on a réquisitionné comme guide, le cabaretier Decoster, qu’on a dû lier sur un cheval, aurait pu sans doute éclairer Napoléon.
A la lecture de l’ordre dicté par Napoléon, et à la lecture du bulletin rédigé à Laon, il est manifeste qu’il ne l’a pas fait.
Napoléon ne comprendra le terrain que quand il lira à Sainte-Hélène les relations anglaises.
En 1816, le général commandant le génie de l’armée écrira encore que le centre de l’armée anglaise était : “fortifié par le village de Mont-Saint-Jean au nœud des routes de Charleroi et de Nivelles à Bruxelles“…
Ce que Napoléon prend pour la ferme de Mont-Saint-Jean est la ferme de la Haie-Sainte, occupée par le 2e bataillon léger de la King’s German Legion, et sommairement mise en état de défense.
Le général Haxo revient rendre compte de sa reconnaissance, et dit qu’il n a pas aperçu de trace de fortification.
Haxo n’a pas bien regardé.
Il y a un abattis et une barricade jetés en travers de la route, à la hauteur de la Haie-Sainte, et le château et la ferme de Hougoumont sont bel et bien fortifiés.
Mais il n’était pas allé voir ce qu’il y avait derrière le bois d’Hougoumont.
Il ne serait d’ailleurs probablement pas revenu.
L’armée française prend position : le 1er corps à droite de la route, depuis celle-ci jusque vers la Papelotte, le 2e corps de l’autre côté de la route, la division Jérôme à la gauche, touchant au bois de Hougoumont.
Le 6e corps est placé en réserve, derrière la droite du 1er corps.
C’est la place que lui donne Napoléon dans le bulletin, ainsi que la plupart des témoins.
Dans la dictée de 1818, Napoléon le place plus au centre, à droite de la chaussée de Bruxelles, et dans la dictée de 1820, à gauche de cette route.
Ce déplacement n’est pas dû à une mémoire défaillante, mais à une volonté de la part de Napoléon de masquer ses fautes les plus importantes.
A onze heures, Napoléon dicte un ordre pour la bataille.
Un des aides de camp de Ney, le commandant Levavasseur, a raconté la scène : “Un peu avant midi, l’Empereur dicte l’ordre que Soult écrit sur son calepin, puis le major-général déchire la feuille et la donne au maréchal Ney, qui, avant de me la remettre pour la communiquer aux généraux en chef, écrit en marge au crayon : “Le comte d’Erlon comprendra que c’est lui qui doit commencer l’attaque“…
L’ordre dicté par Napoléon était le suivant :
“Une fois que l’armée sera rangée en bataille, à peu près à 1 h. après-midi, au moment où l’Empereur en donnera l’ordre au Maréchal Ney, l’attaque commencera pour s’emparer du village de Mont-Saint-Jean, où est l’intersection des routes. A cet effet, les batteries de 12 du 2e corps et du 6e se réuniront à celle du 1er corps. Ces 24 bouches à feu tireront sur les troupes du Mont-Saint-Jean, et le Comte d’Erlon commencera l’attaque, en portant en avant sa division de gauche et la soutenant, selon les circonstances par les divisions du 1er corps. Le 2e corps s’avancera à mesure pour garder la hauteur du comte d’Erlon. Les compagnies de sapeurs du premier corps seront prêtes pour se barricader sur le champ à Mont-Saint-Jean“….
On voit que pour l’Empereur, ce qu’il a devant lui, c’est le village de Mont-Saint-Jean.
La portée des pièces de 24, d’ailleurs, ne permettrait pas d’atteindre le hameau à l’endroit où il se trouve réellement.
C’est donc que Napoléon croit que le village se trouve derrière la crète.
C’est aussi pour cette raison qu’il ordonne aux sapeurs d’être prêts à se barricader sur-le-champ, ordre qui n’aurait pas de sens si l’objectif était encore un kilomètre plus loin, avec une armée anglaise à traverser !
Le commandant Levavasseur s’élance pour porter l’ordre : “Je pars par la gauche, au galop, et j’atteins d’abord le prince Jérôme, dont les troupes occupent en masse un vallon, en arrière d’un petit bois.
Les mots griffonnés par Ney étaient les suivants : Le Comte d’Erlon comprendra que c’est par la gauche que l’attaque commencera, au lieu de la droite. Communiquer cette nouvelle disposition au Général en chef Reille“…
Ney n’avait voulu que préciser l’ordre de Napoléon, il y a porté de la confusion.
D’après Reille et Levavasseur, c’était la gauche du 1er corps, au centre de la première ligne, qui était visée. Certains historiens, par contre, ont à tort interprété ces mots comme voulant dire que c’était la gauche de l’armée, donc la division Jérôme qui devait commencer l’attaque.
Il n’est donc pas étonnant que Jérôme ait pu, lui aussi, mal interpréter l’ordre. Car il écrira, le 15 juillet :
“A midi un quart, je reçus l’ordre de commencer l’attaque ; je marchai sur le bois que j’occupai à moitié après une vive résistance, tuant et perdant beaucoup de monde ; à deux heures j’étais entièrement maître du bois, et la bataille était engagée sur toute la ligne“…
Pourtant l’ordre que lui porte Levavasseur dit bien que l’attaque commence sur Mont-Saint-Jean.
Et Reille, qui commande le 2e corps, dira que Jérôme a outrepassé les ordres.
L’hypothèse d’une méprise de la part de Jérôme, due à la formulation imprécise de Ney, n’est pas à écarter.
La façon dont les attaques contre Hougoumont ont été menées a toujours été un sujet d’étonnement pour tous les militaires qui ont étudié la bataille.
La seule explication plausible est que Napoléon et ses généraux ne savaient pas ce que cachait le bois d’Hougoumont.
Ceci est confirmé par tous les récits écrits après la bataille par les combattants français.
Aucun, pas même Foy et Jérôme n’ont connaissance de ce qui s’est réellement passé dans ce bois où ils envoyaient leurs troupes par petits paquets.
Ce n’est qu’au cours des combats qu’ils apprennent qu’il y a : “des maisons, un village“.
Mais aucun d’eux n’a conscience de la configuration réelle de l’ensemble, un château et une ferme dont les bâtiments forment un rectangle fortifié.
Quatre compagnies de Guards anglais occupent le château qu’ils ont mis en état de défense pendant la nuit, un bataillon de Nassau et deux compagnies hanovriennes occupent le bois et les abords.
En 1816, le bois d’Hougoumont fut rasé et plus personne n’imagina que Napoléon avait pu ne pas voir un obstacle qui n’était devenu visible qu’un an après la bataille !
Dans ses Mémoires dictés à Ste Hélène, Napoléon écrit qu’avant de donner le signal à la grande batterie, il aperçut dans la direction de Saint-Lambert : “un nuage qui lui parut être des troupes“.
Ignorant s’il s’agissait de Grouchy ou d’un corps prussien, il aurait envoyé dans cette direction les divisions de cavalerie légère de Domon et de Subervie.
Un quart d’heure plus tard, un hussard prussien fait prisonnier lui aurait été amené.
Mais toute cette histoire est-elle vraie ?
Sans même s’arrêter au fait que le temps brumeux ne permettait pas de voir bien loin, et que des troupes sur un terrain détrempé ne produisent pas de nuage, il semble que Domon, Subervie et le 6e corps n’aient pas fait mouvement à ce moment là.
Est-ce bien à ce moment là que Napoléon dicte à Grouchy la lettre que celui-ci ne recevra qu’à sept heures, et qui contiendrait ce post-scriptum : “Une lettre qui vient d’être interceptée porte que le général Bülow doit attaquer notre flanc droit. Nous croyons apercevoir ce corps sur les hauteurs de Saint-Lambert. Ainsi ne perdez pas un instant pour vous rapprocher de nous et nous joindre, et pour écraser Bülow que vous prendrez en flagrant délit“…
Cette lettre ne se trouve pas dans le registre du major-général, et plusieurs indices donnent à penser que celle qui est connue a pu être “arrangée“.
“Je ferai jouer ma nombreuse artillerie“, avait dit l’Empereur.
En effet, une concentration de canons, qui devait originairement être composée de 24 pièces de 12, fut augmentée par les batteries divisionnaires pour arriver à constituer : “La grande batterie“, dont Napoléon porte le chiffre à 80 pièces.
Elle fut disposée sur une arête devant la Belle-Alliance, à droite de la chaussée.
La grande batterie ouvrit le feu vers une heure pour préparer l’attaque du 1er corps.
Mais ce feu d’artillerie, qui ne pouvait se faire que par approximation contre des troupes dissimulées à la vue, sur un terrain détrempé où les boulets ne ricochaient pas, n’eut pas les effets qu’en attendait Napoléon.
Conformément à l’ordre dicté à onze heures, Ney et le comte d’Erlon lancent l’attaque contre les positions anglaises.
Les quatre divisions du premier corps d’armée sont rangées selon un dispositif inhabituel, qui n’est pas prévu par le règlement : les bataillons déployés alignés les uns derrière les autres formant des masses compactes.
Ce dispositif ne permet pas aux troupes de prendre une formation défensive en cas d’attaque de la cavalerie.
Napoléon, dans ses dictées, n’a jamais critiqué la disposition adoptée.
C’est Jomini qui le premier y voit une des causes du désastre.
Et puisque faute il y avait, il convenait de trouver un responsable, un coupable : Ney ou d’Erlon, (puisqu’il était impossible d’imaginer que Napoléon ait pu commettre une telle faute), lequel des deux pouvait avoir été assez inepte pour ordonner une telle formation “macédonienne” ?
Pourtant, vu la latitude que laissait Napoléon à ses subordonnés, il y a tout lieu de croire que c’est lui même qui a ordonné cette formation.
Bugeaud d’ailleurs écrira en 1833 au maréchal Soult : “Il est bien surprenant que Napoléon ait plusieurs fois commandé lui-même cette ordonnance de combat, qui ne vaut même rien comme manœuvre préparatoire, car on ne peut qu’avec de grandes difficultés se former sur l’un des côtés du carré“…
La 1ere division attaque la ferme de la Haie-Sainte, les 2e et 3e traversent le vallon et avancent avec difficulté dans les terres détrempées.
Au moment où les troupes s’apprêtent à franchir le chemin, elles sont assaillies à la baïonnette par l’infanterie de Picton, puis par la cavalerie lourde britannique.
Celle-ci taille dans les colonnes françaises, qui ne forment plus qu’un troupeau désorganisé et sur sa lancée, traverse le vallon et vient jeter le désordre dans les pièces de la grande batterie.
Mais une brigade des cuirassiers de Milhaud et le 4e régiment de lanciers anéantissent pratiquement les dragons britanniques, dont les débris sont recueillis par la cavalerie de Vandeleur.
Pendant ce temps, à gauche de la route, une brigade de cuirassiers, chargée par Ney de nettoyer les abords de la Haie-Sainte, se fait ramener par la brigade des Guards à cheval de Somerset.
L’échec de l’attaque du 1er corps est complet.
Les Alliés ont fait 3000 prisonniers, mis hors combat une quinzaine de pièces d’artillerie et pris deux aigles. Les 2e et 3e divisions sont absolument désorganisées.
La 1re et la 4e vont poursuivre, pendant des heures, un combat d’escarmouches contre la ligne anglaise, en portant leurs efforts sur la ferme de la Haie-Sainte d’une part, et sur le hameau de Smohain de l’autre, tandis que de furieux combats se livrent autour du château d’Hougoumont.
Afin de soustraire ses troupes au feu de l’artillerie française, Wellington les fait reculer de quelques pas. Ney, voyant ce mouvement de repli, pense que les Alliés entament la retraite.
Il lance sur eux les cuirassiers de Milhaud.
Ceux-ci sont suivis par la cavalerie légère de la Garde.
Les cuirassiers escaladent le plateau, ce qu’on appelle le “Mont-Saint-Jean“.
Le centre droit allié, objet de cette attaque, s’est disposé en carrés.
Les artilleurs anglais, placés en avant, tirent une dernière décharge, puis courent se réfugier dans les carrés.
Les canons anglais sont aux mains des Français, inutiles trophées, puisque les Français ne songent ni à les enclouer, ni à les emporter.
A plusieurs reprises, les cuirassiers vont s’attaquer aux carrés, en vain.
Napoléon estime le mouvement prématuré, mais il le fait soutenir par le corps de cavalerie de Kellermann.
Les grenadiers à cheval et les dragons de la garde, du général Guyot suivent le mouvement : Napoléon n’a plus de réserve de cavalerie.
Pendant des heures ont lieu sur le plateau des charges insensées, car elles ne sont pas combinées avec l’artillerie et l’infanterie.
Pendant qu’ont lieu ces grandes charges, la Haie-Sainte finit par être emportée.
Les Français peuvent alors s’approcher encore davantage de la ligne anglaise et harceler par un feu de tirailleurs les troupes qui se trouvent en face d’eux
Le 27th Enniskillen regiment of foot, exposé au feu des tirailleurs et d’une batterie d’artillerie à cheval, perd plus de la moitié de son effectif.
C’est, pour Wellington, le moment le plus critique de la bataille.
Le centre de son armée est à découvert.
Il suffirait d’une dernière poussée des Français pour percer la ligne et remporter la victoire.
Mais les troupes françaises sont épuisées, à bout de forces.
Et Napoléon, à cause de la disposition du terrain, ne se rend pas compte de l’état exact de la situation. D’ailleurs, son attention est attirée ailleurs.
A quatre heure et demie, des coups de feu et d’artillerie se font entendre sur la droite.
D’après l’ensemble des témoignages, Napoléon ignore s’il s’agit de Grouchy ou de Blücher.
Mais il ne tarde pas à être renseigné.
Ce sont les Prussiens qui le prennent en flanc.
Ceux-ci ont marché depuis Wavre, par d’affreux chemins étroits, encaissés, défoncés par la boue.
Ils sont stupéfaits de ne trouver aucune opposition dans leur marche.
Ils débouchent sur le champ de bataille sans avoir vu un seul Français, alors que le plus petit peloton aurait pu retarder une armée dans les défilés de la Lasne.
Aucune force française dans le bois de Paris, ni même au-delà.
Domon Subervie, Lobau n’ont pas exécuté les ordres de Napoléon.
Mais les ont-ils reçus ?
Et ces ordres ont-ils réellement été donnés ?
Ne serait-ce qu’à quatre heures et demie que Napoléon aurait envoyé l’ordre à Grouchy de marcher sur Saint-Lambert et d’attaquer Bülow ?
Grouchy a reçu l’ordre, mais à sept heures seulement….
Combien de temps aurait-il fallu à un officier pour joindre Grouchy ?
C’est Napoléon lui-même qui nous donne la réponse : deux heures !
En sortant du bois de Paris, les Prussiens forment leur ligne parallèlement à la chaussée de Bruxelles et l’étendent vers la droite, en vue de joindre la gauche de Wellington, et vers la gauche, dans la direction du village de Plancenoit, afin de prendre l’armée française à revers et de lui couper sa retraite.
Napoléon dirige vers eux le 6e corps et la Jeune Garde. Malgré leur infériorité numérique, les Français parviennent à contenir Bülow.
A l’extrême droite, les troupes de la division Durutte redoublent d’efforts pour empêcher la jonction des Prussiens et de la gauche alliée, et ils s’emparent du hameau de Smohain.
Mais pour Blücher, l’objectif est atteint : donner de l’air à l’armée de Wellington, qui résiste jusqu’à la limite aux furieuses attaques de Ney.
Un peu avant sept heures, on aperçoit à la droite de la première ligne française, dans la direction d’Ohain, un feu d’artillerie et de mousqueterie.
Est-ce Grouchy qui prend les Alliés à revers ?
Napoléon fait annoncer l’heureuse nouvelle aux troupes sur toute la ligne, afin de stimuler leur ardeur.
Mais ce n’est pas Grouchy.
C’est le corps de Ziethen qui, parti de Bierges à 2 heures, était arrivé vers 6 heures en vue du champ de bataille.
Sur les instances pressantes du général Müffling, attaché prussien auprès de Wellington, le 1er corps, au lieu d’aller rallier le corps de Bülow, va renforcer la gauche anglaise à Smohain et la Papelotte.
Ces nouvelles forces prussiennes se joignent à l’armée de Wellington à l’angle de jonction des deux lignes françaises.
Napoléon jette alors ses dernières réserves dans la bataille : les bataillons de la Moyenne Garde s’avancent, gravissent la pente du plateau, renversent une ligne de tirailleurs, mais sont accueillis par le feu le plus terrible de mousqueterie et de mitraille.
Un des bataillons de la Garde voit se dresser devant lui un mur rouge : ce sont les Guards de Maitland qui étaient couchés à terre et qui, se dressant au commandement de Wellington, font feu pratiquement à bout portant.
Cette attaque trop faible n’est soutenue ni par la cavalerie, ni par l’artillerie, ni par les débris des 1er et 2e corps épuisés.
Arrêtée par les Guards britanniques, prise en flanc par les Néerlandais de Chassé et par le 52nd light Infantry, la Moyenne Garde chancelle, recule.
A la vue de l’échec de cette troupe réputée invincible, l’armée, dont le moral a été affecté lorsqu’elle s’est rendue compte que l’arrivée annoncée de Grouchy n’était qu’un leurre, se débande.
Tous, infanterie, artillerie, cavalerie confondues, se précipitent sur la route, dans l’espoir d’échapper à l’étreinte des troupes anglaises et prussiennes.
La brigade de cavalerie légère anglaise Vivian, ramenée de la gauche au moment de l’arrivée de Ziethen, est lâchée dans la plaine et sabre les fuyards.
Wellington, conscient de ce que le moment est venu de transformer une défensive acharnée en victoire retentissante, sous peine de laisser le profit politique de la bataille à ses alliés prussiens, donne l’ordre à son armée d’avancer.
La Vieille Garde, qui n’a pas encore donné et qui est formée en carrés le long de la chaussée, contient pendant quelque temps l’avance alliée.
Mais dans la panique générale, elle ne peut pas changer la face des choses.
Quelques moments de résistance, sans doute ornés de gros mots plutôt que de phrases héroïques, seront grossis outre mesure et fourniront matière à tableaux consolateurs.
Entraînée elle-même par ce mouvement inexplicable, la Garde suit, mais en ordre, la marche des fuyards.
A Plancenoit, où la lutte s’est poursuivie avec un acharnement extraordinaire, deux bataillons de la Vieille Garde ont tenu le village jusqu’à la tombée du jour, permettant le repli des débris de Lobau.
Les Prussiens de Ziethen, qui débouchent du chemin d’Ohain, ont repoussé les Français devant eux ; ils ont comme objectif le cabaret de la Belle-Alliance, bien visible de loin.
C’est là que Blücher rencontrera Wellington en le saluant en français : “Quelle affaire !“…
Les deux commandants en chef conviennent que la poursuite sera confiée aux Prussiens, les troupes anglaises étant dans un état d’épuisement qui leur interdit tout effort supplémentaire.
Les débris de l’armée française s’engouffrent le long de la chaussée vers Charleroi.
Dans la petite ville de Genappe, le pont sur la Dyle, passage obligé, forme un défilé étroit qui ne fait qu’accroître le désordre.
L’arrivée des troupes prussiennes chasse les fugitifs qui avaient pensé pouvoir y passer la nuit.
Napoléon manque être pris au moment où il monte dans sa berline.
Il n’a que le temps de s’échapper, la voiture et tout ce qu’elle contient tombe aux mains des Prussiens.
L’armée française n’est plus qu’un troupeau en déroute.
Napoléon n’était plus : “le plus grand génie militaire de tous les temps“…
Napoléon avait été l’homme d’un moment, doué de capacités peu ordinaires, mais qui ne convenaient qu’à un moment très court de l’histoire.
Ce fut une grave erreur de le nommer consul à vie, puisqu’il y avait toutes les chances qu’à partir d’un certain moment, il ne corresponde plus aux critères qui l’avaient rendu indispensable.
Napoléon était “Napoléon” parce qu’il était doué, parce qu’il était ambitieux, mais aussi parce qu’il était jeune.
En vieillissant, il avait toutes les chances de devenir gâteux (l’exercice du pouvoir absolu accélère grandement ce processus).
Car comme l’écrivait Thiers : “La toute-puissance porte en soi une folie incurable“…
A Waterloo, Napoléon n’était pas encore vieux, il avait 45 ans.
Accroché à ce qui l’avait amené au pouvoir, il n’a pas pu voir que la tactique avait changé, et que la sienne n’était plus adaptée à celle de ses adversaires.
“Waterloo, écrira le professeur Bernard, est un tournant dans l’histoire de la tactique. Si l’artillerie britannique joue un rôle capital à Waterloo, les feux de l’infanterie alliée sont également meurtriers. L’une et l’autre désagrègent les formations d’attaque adverses beaucoup trop massives ; elles annoncent les changements que devrait subir la tactique devant la puissance accrue de l’armement. Pour longtemps, le feu posté va disqualifier la méthode du choc. Waterloo inaugure ainsi une ère de la tactique qui va durer 124 ans, 1815-1939 : celle de la primauté de la défense sur l’attaque“…
Napoléon, en cherchant par ses écrits à masquer sa responsabilité dans la défaite, a empêché les militaires français de tirer de la défaite les enseignements qui s’imposaient.
En 1900, le colonel Foch (futur maréchal) écrira : “Les lauriers de la victoire flottent à la pointe des baïonnettes ennemies. C’est là qu’il faut aller les prendre, les conquérir par une lutte corps à corps, si on les veut“… (Des principes de la Guerre.)
De 1914 à 1917, ignorant les leçons de Waterloo, l’armée française attaquera : “à la pointe des baïonnettes“.
Charles de Gaulle, prisonnier en Allemagne, écrira dans ses carnets, en 1916 : “quelle erreur d’avoir voulu faire la guerre au XXe siècle d’après les formes de Napoléon“…
A quel prix ?
Les pertes des Français se montaient à 25.000 hommes , celles des coalisés à 22.000.
Napoléon avait échoué dans son projet téméraire d’écraser 220.000 hommes avec 120.000.
Aucun nom n’a plus profondément retenti que celui de Waterloo dans l’imagination des hommes.
Nul lieu ne rappelle au voyageur de plus grands et de plus émouvants souvenirs.
“Arrête, toi qui passe, c’est la poussière d’un Empire que tu foules aux pieds.
Ici sont ensevelis les débris d’un tremblement de terre…
C’est ici que l’aigle prit son dernier essor et fondit sur ses ennemis : mais la flèche des nations abat soudain l’oiseau orgueilleux, qui traîne après lui quelques anneaux brisés de la chaîne du monde ; l’ambition désespérée voit le sceptre des peuples échapper à ses mains.
Mais la terre est-elle plus libre ?
Irons-nous rendre des hommages aux loups après avoir terrassé le lion ?
Irons-nous fléchir humblement le genou devant les trônes et leur payer le tribut d’une servile admiration ? Non, attendez encore pour louer…: Waterloo, témoin de la chute de celui qui fut le plus extraordinaire mais non le plus méchant des hommes ; mélange inexplicable de principes contraires, son esprit se fixait un moment sur les objets les plus grands et revenait avec la même attention aux plus légers détails !
O toi qui fus extrême en tout, si tu avais su garder un juste milieu, tu occuperais encore le trône, ou tu n’y serais jamais monté…
II est un feu et une agitation secrète pour les âmes qui ne peuvent être contenues dans un cercle étroit et qui vont toujours au delà des bornes d’un désir modéré.
Embrasées de ce feu toujours plus difficile à éteindre, elles sont tourmentées de la soif des dangers, et ne se lassent que du repos; fièvre du coeur fatale à tous ceux qu’elle dévore, à tous ceux qui en furent atteints”…
(Childe-Harold, chant III, écrit en 1816).
L’Empereur vaincu rentra à Paris dans la nuit du 20 juin.
C’est à l’Elysée, où il se retira, que se passèrent les dernières heures de son règne.
La nouvelle du désastre de Waterloo se répandit bientôt dans Paris, où elle causa une stupeur profonde.
La Chambre des représentants, qui, à la nouvelle de la bataille de Ligny, avait eu pour première pensée de chercher des garanties contre l’Empereur, marquant ainsi qu’elle craignait les victoires de Napoléon autant que ses revers…, la Chambre, après Waterloo, pensa que Napoléon tenterait un nouveau 18 brumaire.
Sur la proposition de Lafayette, elle déclara la patrie en danger, appela la garde nationale à la défense des représentants, réputa crime de trahison toute tentative faite pour la dissoudre et invita les ministres à se rendre au sein de l’Assemblée.
Ces dispositions étaient tout à fait inconstitutionnelles ; c’était un coup d’État par lequel la Chambre s’emparait du pouvoir exécutif.
Elle aurait dû mieux user de ce pouvoir dont elle s’était emparée.
Les représentants chargèrent leur bureau d’aller, avec celui de la Chambre des pairs, nommer, de concert avec les ministres, une commission qui négocierait directement avec les puissances coalisées : “Il n’y a qu’un homme entre la paix et nous ; nous avons assez fait pour lui, notre devoir est de sauver la patrie“… Fouché, qui, dans ces tristes journées, joua sans cesse ce double jeu où il excellait, augmentait encore le trouble par ses avis menaçants.
On en vint à parler de déchéance, si Napoléon n’abdiquait pas.
On lui imposa une heure pour se décider.
Pendant ce temps, l’Empereur, accablé sous le poids de tant de désastres, épuisé de fatigue, de tristesse et de maladie, hésitait, temporisait, discutait avec les ministres et son frère Lucien.
Enfin, sentant que tout était désormais perdu, il écrivit lui-même et signa les lignes suivantes, qui sont l’acte de sa seconde abdication :
Français,
En commençant la guerre pour soutenir l’indépendance nationale, je comptais sur la réunion de tous les efforts, de toutes les volontés, et le concours de toutes les autorités nationales : j’étais fondé à en espérer le succès, et j’avais bravé les déclarations des puissances contre moi.
Les circonstances me paraissent changées. Je m’offre en sacrifice à la haine des ennemis de la France. Ma vie politique est terminée, et je proclame mon fils sous le titre de Napoléon II, Empereur des Français.
Unissez-vous tous pour le salut public et pour rester une nation indépendante.
NAPOLEON
Ce fut le duc d’Otrante qui porta cet acte, “son bulletin de victoire“, dit M. Thiers, à la Chambre des représentants.
Il était un peu plus de midi et demi.
Après quelques instants d’émotion, la Chambre des représentants décréta la nomination d’un Gouvernement provisoire composé de cinq membres : trois élus par elle, et deux par les pairs ; ce furent, d’un côté : Fouché, Carnot et Grenier ; de l’autre : Caulaincourt et Quinette.
Celui qui désormais va conduire les événements est le duc d’Otrante : sa conduite pendant les Cent-Jours lui valait bien l’honneur de succéder à Napoléon après l’avoir tour à tour servi, abandonné, servi de nouveau et abandonné encore !
C’est lui qui, par l’intermédiaire de Manuel, jusque-là inconnu, fit déclarer que, l’abdication de l’Empereur appelant naturellement son fils au pouvoir, il n’était pas besoin de le proclamer.
La Chambre éludait ainsi le dernier de ses devoirs envers le souverain déchu.
Le 22 juin, soit quatre jours après la défaite de Waterloo, devant l’Elysée, dès l’aube, une foule considérable hurle : Vive l’Empereur !
Ce sera bien la seule fois qu’on verra dans ce siècle, une foule s’ameuter autour du palais d’un souverain, non pour l’en expulser, mais pour l’y maintenir…
Napoléon laisse une France exsangue.
Démographiquement, la France a perdu environ 1.700.000 hommes depuis 1792, dont la majorité pendant les guerres napoléoniennes.
Économiquement, la France est ruinée.
Ses ports et ses arsenaux sont ruinés.
La France a perdu toutes les colonies qui lui restaient de l’Ancien Régime.
Son influence internationale, mise en place depuis Richelieu et Louis XIV, est réduite à néant.
Napoléon laisse une France plus petite territorialement que sous Louis XVI.
Même la Sarre et les villes de Marienbourg, Philippeville et Landau, acquises sous Louis XIV, sont cédées aux coalisés.
Napoléon laisse une France occupée, qui en outre doit payer une lourde indemnité de guerre pour l’entretien des troupes étrangères établies sur son territoire.
Lorsque Napoléon quitte la France, il n’est pas regretté.
C’est à Sainte-Hélène que va pourtant se forger sa légende.
Demandant l’asile au “plus constant de ses ennemis“, l’Angleterre, il est d’abord pris en charge par le Bellérophon, puis transféré le 7 août 1815 sur le Northumberland qui le déposera à Sainte-Hélène.
Il ne met pas un seul pied en Angleterre, les officiers britanniques voulant éviter absolument que Napoléon puisse demander le droit d’asile en invoquant l’Habeas Corpus Act.
Napoléon est emprisonné et déporté par les Britanniques sur l’île Sainte-Hélène, commandée d’abord par l’amiral Cockburn puis par Sir Hudson Lowe, avec une petite troupe de fidèles, parmi lesquels le comte de Las Cases, le général Montholon, et le général Gourgaud.
Il se consacre à l’écriture de ses mémoires pour la postérité qu’il dicta à Las Cases.
Napoléon meurt un samedi, le 5 mai 1821, à 17 heures et 49 minutes, rendant ainsi “le plus puissant souffle de vie qui eut jamais agité l’argile humaine” (Chateaubriand).
Cependant, les causes de sa mort ont fait l’objet de controverses ; officiellement les médecins ont conclu à une mort des suites d’un cancer de l’estomac, mais il fut avancé l’hypothèse d’un empoisonnement à l’arsenic.
Hudson Lowe, geôlier de Napoléon à Sainte-Hélène, devant son lit de mort, déclare : “Messieurs, c’était le plus grand ennemi de l’Angleterre, c’était aussi le mien, mais je lui pardonne tout, car à la mort d’un si grand homme, on ne doit éprouver que tristesse et profond regret“…
Son corps fut rapatrié triomphalement à Paris et enterré aux Invalides, dans un grand sarcophage de porphyre rouge…
Bibliographie…
Issu d’une enquête minutieuse dans les livres, les archives et sur le terrain, voici la synthèse d’une vision nouvelle sur la bataille, débarrassée des manipulations introduites par le plus grand stratège de tous les temps… 18€
La bataille vue… et revue par Napoléon…, un recueil des relations, notes et conversations de Napoléon sur la campagne de 1815 en Belgique…, un livre qui bouleverse l’étude de la bataille de Waterloo… 32€
Reconstitution…
22e demi-brigade d’infanterie de ligne : http://www.demi-brigade.org/indexfr.htm
9e Régiment d’infanterie légère : http://www.9eme.com
2e Régiment de Dragons : http://www.2dragons.be
10e Escadron Chasseurs à cheval de la Garde : http://10escadron.free.fr
Freundenkreis Lebendiger Geschichte : http://www.f-l-g.org
Liens utiles…
Gallica : http://gallica.bnf.fr/
Association Suchet, histoire et reconstitution : http://www.associationsuchet.com
Jours d’Histoire : Herodote.net : http://www.herodote.net
Annales historiques de la Révolution française : http://ahrf.revues.org/document573.html
Histoire du Consulat et du Premier Empire : http://www.histoire-empire.org/
Forum Passion Histoire : http://www.passion-histoire.net
Forum Napoléon et l’Empire : http://www.napoleonetlempire.com/
Napoleon1er : http://www.napoleon1er.com
L’Empereur : http://www.empereurperdu.com
Peintures de Marie-Céline Aubert : http://www.napoleon-paintings.com
Napoléon prisonnier : http://www.napoleonprisonnier.com
Figurines napoléoniennes : http://www.gloriousempires.com
Cambacérès : http://www.cambaceres.fr
Tuttostoria, site d’histoire italien : http://www.tuttostoria.net/
Annuaire de l’histoire de France : http://annuaire.histoiredefrance.net
Histoire de la presse, journaux anciens, annonces : http://www.sagapresse.com/
Charles de Flahaut : http://www.charles-de-flahaut.fr/